— Sous les racines anciennes
Le vent sifflait entre les branches des vieux chênes, portant avec lui les murmures des ancêtres. Myra s’agenouilla devant une large pierre couverte de symboles gravés, vestiges d’un temps révolu. Ses doigts effleurèrent les motifs usés, et un frisson parcourut son bras.
Elle savait. Depuis toute petite, elle sentait couler en elle un flux étrange, un lien profond avec la terre, l’eau, l’air et le feu. Ce don, transmis de mère en fille, avait traversé les siècles, porté par une lignée silencieuse de femmes gardiennes.
Mais cette force ne lui obéissait pas. Parfois, elle vibrait sans qu’elle ne puisse la retenir, la dompter ou la commander. Elle ressentait les pulsations de la nature, le fluide vital qui circulait sous ses pieds, dans l’écorce des arbres, dans le souffle du vent.
Pourtant, ce pouvoir restait indomptable, sauvage. Elle en était à la fois l’héritière et la captive. Une vérité lourde à porter, une responsabilité qu’elle ne maîtrisait pas.
« Un jour, » pensa-t-elle, « je saurai le faire. »
Mais ce jour-là semblait encore lointain.
— Le choc de l’acier rouillé
La nuit était tombée comme une chape d’encre quand l’automate apparut, massif et rugissant, une ombre mécanique au milieu des arbres. Ses membres d’acier frappaient le sol avec un bruit sourd, chacun de ses pas faisant trembler la terre.
Myra s’immobilisa un instant, le souffle court, son esprit déjà en alerte. Elle sentait le fluide vital palpiter en elle, comme une énergie sourde prête à éclater — mais elle savait que ce n’était pas ce pouvoir qui la sauverait.
L’automate leva un bras bardé de lames et s’abattit vers elle avec une lenteur terrifiante. Myra bondit sur le côté, évitant de justesse la lame tranchante. Elle ne pouvait rivaliser en force, ni en résistance : son salut serait dans sa tête et sa vitesse.
Elle courut entre les troncs, usant des ombres, de la terre meuble, des racines noueuses pour ralentir la machine. Le bruissement métallique la poursuivait, incessant. Elle sentait l’adrénaline monter, galvanisée par ce mélange confus entre peur et instinct, par ce flux intérieur qu’elle ne contrôlait pas mais qui l’aidait à tenir.
À un moment, elle sauta dans un ruisseau, glacé, laissant l’eau brouiller les capteurs du colosse. L’automate tituba, ralentit.
Myra n’avait pas peur de mourir — seulement de ne pas avoir fait assez. Elle repéra une vieille souche, solide, et avec un coup sec, la projeta vers le bras métallique qui s’avançait. Le choc fit grincer l’acier, créa une ouverture.
Profitant de ce bref instant, elle s’élança, se faufila sous la carcasse massive et courut vers la forêt, disparaissant parmi les ombres.
Elle ne sut jamais vraiment comment elle avait survécu. Son don, cette énergie qu’elle sentait couler en elle, avait peut-être été un souffle d’adrénaline, un allié dans son instinct de survie. Mais c’était son intelligence, sa rapidité, et son courage qui lui avaient sauvé la vie.
— L’enfant de la forêt et des papillons
Myra n’était pas une enfant du village. Elle était née sous le feuillage dense et les ramures tortueuses de la grande forêt, là où les rayons du soleil dansent à peine sur le sol couvert de mousse. Elle y connaissait chaque sentier, chaque pierre, chaque bruissement d’insecte.
Elle n’entrait au village que quand la faim la contraignait, ou quand la nécessité l’appelait à chercher des herbes, des objets, ou simplement un peu de chaleur humaine qu’elle avait apprise à apprécier. Par touches délicates et trop rares.
Dans ces rares visites, elle se mouvait comme une ombre, rapide, attentive, et pourtant pleine d’espièglerie. Myra adorait les papillons, ces petites créatures colorées et fragiles qu’elle traquait des yeux, rêvant parfois de les attraper, de les caresser, de les garder près d’elle. Ces instants de douceur contrastaient avec la rudesse du monde qui l’entourait.
Elle était naïve, comme une enfant solitaire, mais farouchement déterminée. Elle aimait jouer des tours aux villageois : glisser une pierre dans leur sabot, dérober discrètement un morceau de pain ou un pot de miel.
Les paysans la considéraient comme une originale, une sauvageonne aux manières étranges, aux yeux farouches et à la chevelure indomptée. Ils se méfiaient d’elle, ne sachant rien de ses origines ni de ses intentions.
Mais personne ne pouvait nier qu’elle avait un charme mystérieux, une énergie qui attirait et dérangeait à la fois. Myra avançait sur le fil du monde, entre enfance et destinée, entre innocence et un pouvoir ancien qu’elle portait sans encore le comprendre.
Les années dansaient autour de Myra et firent d’elle une magnifique jeune femme.
Les trois moments de la vie de Myra sont très sympas pour nous montrer sa personnalité et la vie qu'elle mène.
Et ma foi, j'aime déjà bien ce personnage aha
A voir ce que donnera la suite avec ses pouvoirs :)
"Le choc fit grincer l’acier, créa une ouverture" -- "créant"
Là c'est juste une proposition, j'ai trouvé que le mot "chasser" est peut-être pas le plus adapter : "Elle n’entrait au village que quand la faim la contraignait, ou quand la nécessité l’appelait à chercher des herbes, des objets, ou simplement un peu de chaleur humaine qu’elle avait apprise à chasser." -- peut-être "à éviter" ou rajouter après "chasser" -- "par crainte de" pour qu'on comprenne bien :) c'est une suggestion :)
Voilà, je continue :)