Nausée

Notes de l’auteur : Ce texte est totalement brut, mais je pense qu'il a tout de même sa place dans ce recueil. On pourrait sûrement le retravailler pour donner quelque chose de plus... littéraire, mais sa primitivité le rend, j'espère, plus poignant, malgré quelques incompréhensions.

Zac m’a dit d’écrire, alors j’écris. Quoi ? Je ne sais pas. Écrire était si simple, avant. Écrire m’aidait tellement. Mais j’ai l’impression de ne plus savoir comment faire. Je suis perdue, en ce moment. Je me suis trompée de chemin, ou il s’est effacé, je ne sais pas. Je continue à avancer. Pour aller où ? Et comment retrouver ma route ? Qui viendra me chercher ? Je tends la main mais même s’ils la saisissent, ils sont incapables de me montrer où je dois aller. Cette situation est un brouillard. Je ne sais pas où je suis. J’ai peur de ma destination. Pourtant, je n’ai pas le choix, je dois avancer.

C’est très étrange. Je ne sais plus écrire, tout est brouillon dans ma tête. Et pourtant, mes mots s’expriment seuls. Sans contrôle. C’était le pire Halloween de ma vie. J’écris encore mais j’ignore pourquoi. Avant, ça vidait mon esprit, mon cœur. J’écrivais, et même si ça n’allait pas mieux, j’étais plus posée. Plus sereine. Le brouillard s’est levé, remplacé par… autre chose. Quelque chose qui me terrifie. J’écris sans aucun effet. J’ai oublié la douleur. Comment y faire face. Comment étouffer les hurlements de mon cœur le soir. Je m’étais promis de ne pas souffrir. Tout a dégénéré si vite… Je déteste mon cœur merdique qui a déjà trop souffert. Je déteste mon honnêteté, dans ce monde hypocrite. On est tous blessés sans jamais le montrer. Suis-je dans le monde réel ? S’attacher signifie-t-il toujours souffrir ? Vivre dans un monde heureux, ne serait-ce qu’un instant ? Trop de questions aux réponses impossibles. Des doutes que j’essaie de brûler dans les flammes, entourée de noir. Réchauffée par le feu et mes larmes invisibles. Je veux juste un câlin, une couverture, et ne plus jamais penser. Ne plus jamais jouer à ce jeu de merde auquel je perds tout le temps. À chaque partie, chaque minute. On ne gagne qu’une fois au jeu de l’amour. Je ne suis qu’une amie. Je comprends beaucoup de choses. Tout m’échappe. Ses rêves de bonheur. Mes erreurs. Cette ligne rouge que je franchis sans arrêt. Je ne veux pas mourir. Je veux juste comprendre. Arrêter d’être si innocente. Arrêter d’espérer, surtout. Rendre des gens si importants. Je suis trop honnête. Je suis trop gentille. Je m’efface trop. Peut-être suis-je une gomme qui efface, efface, efface. La douleur, le vide, le bonheur. La vie, la mort. Le passé, mes souvenirs. Le présent, mes certitudes, mes doutes. Le futur, mes espoirs. J’efface, j’efface. J’oublie. C’est juste le brouillard. Dehors, la pluie. Je suis en tee-shirt mais peu m’importe. Je n’ai pas froid. Pas chaud non plus. Je ne suis pas vide. Je suis juste… rien. J’aimerais seulement deux bras protecteurs autour de moi. Des mots qui pansent mes blessures. Un soleil qui dissipe le brouillard. Demain je vais retrouver Zac. Il comprendra. Il y aura Aloys, aussi. J’ai peur. J’ignore de quoi. Je déteste le fait qu’il m’ait changée. Je déteste ces smileys qui rigolent. Les points d’interrogation après la question. Mes souvenirs. Cette chanson. Ces bonhommes de neige qui s’aiment jusqu’au pôle Nord. Je n’ai pas le courage d’affronter Noël. Demain. Ma vie. Juste, me blottir sous une couverture. Chaï Latte. Crème glacée. J’ai coupé mes cheveux, aussi.

Je déteste mon cœur. Il est trop idiot. Ne pas s’attacher était une règle si simple… Je m’en veux. Cette fois, je souffre physiquement. J’ai froid, je n’ai pas faim. Mon cœur, s’il ne se déchire pas, bat trop vite. Mon ventre se tord. J’ai le cœur au bord des lèvres. Tout le temps. L’impression que… je ne sais pas. Je ne crois pas avoir la nausée. Je ne veux pas aller en cours. Affronter Aloys. Enfin, affronter… Ce n’est pas correct. Sauf si c’est ma propre personne que j’affronte. Mes sentiments. En allemand… prions pour que je ne sois pas avec lui. Je devrai maîtriser mon regard. Le vide. Tout en suivant le cours… Je n’en ai pas la force. Rien que le croiser dans les couloirs. Je n’y prête pas vraiment attention, mais je crois sentir son regard sur moi. J’évite. J’espère que ce ne sont que des illusions.

Ça va. Si on ne compte pas mes « nausées ». C’est comme… Peut-être que c’est un effet de l’adrénaline constante. Le cœur au bord des lèvres. C’est tellement bizarre… Je vais bien. Pas de tristesse, pas de douleur. Pas de vide. Juste cette nausée. Et le froid, parfois. Mes mains qui tremblent. Mais plus la nausée est forte, plus le reste l’est aussi. Quelques fois, elle se fait tellement discrète que je l’oublie. C’est souvent comme ça, en fait. Mais quand j’entends la voix d’Aloys, quand je me retrouve seule dans mon lit, quand Judith chante des musiques de Noël… J’ai juste envie de m’envelopper sous une couverture chaude, avec mon Chaï Latte. Et des bras protecteurs. Mais c’est impossible. C’est si étrange. À la fois, tout va bien, et quelque chose ne va pas. Peut-être que mon esprit refuse de souffrir à nouveau. Peut-être qu'il utilise mon corps. Peut-être que je ne saurai jamais !

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Phil Wayne
Posté le 07/09/2024
Salut salut,

C'est rigolo mais j'aime beaucoup ce texte. Il me parle, sans trop d'effort, sans trop de réflexion. Tu le qualifies de « brouillon » dans tes notes et tu sais quoi ? Eh bien, je suis d'accord avec toi. Il est « brouillon », c'est le mot, mais pas comme tu l'entends toi. En fait, c'est un compliment pour ton texte. Il est franche, il est nature, sans filtre, les questions fusent, s'enchainent souvent sans réponse. Ça correspond parfaitement bien au style qu'aurait une personne perdue, qui ne sait pas où elle va, qui désespéremment cherche un chemin. Je ne vois pas grand chose à retravailler dedans, honnêtement. On prendrait le risque de casser cet effet « brouillon » en forçant trop.

Juste un ou deux remarques :

- Pourtant, je n’ai pas le choix d’avancer. => Pourtant, je n'ai pas le choix, je [dois] avancer. (la première phrase signifie que l'option "avancer" n'est pas disponible)
- Dernière phrase de ton texte : je suis surpris par celle-ci. Tu pourrais ajouter quelques phrases supplémentaires peut-être ? Jusqu'à « mon corps », je suis OK mais « Et la nausée » ne me satisfait étrangement pas comme dernière phrase. Bref, c'est une suggestion d'amélioration, à toi de voir ;)

Voilà voilà, bravo pour ce texte et à une prochaine ! :)
coeurfracassé
Posté le 08/09/2024
Coucou !
ça fait super plaisir de recevoir un commentaire aussi positif et aussi long pour ce texte !
Comme on peut probablement s'en douter, j'étais un peu perdue quand j'ai écrit ce texte... Et je suis contente qu'il résonne en d'autres personnes.
Pour la première remarque, j'ai changé : merci pour la correction !
Pour la deuxième : je comprends ce que tu veux dire. Sur le moment, quand je l'ai écrit, c'était ce qui me perturbait le plus, alors c'était logique de terminer par ça, mais en le relisant, c'est vrai que c'est étrange. Mais, comme je serais bien incapable de retrouver l'état d'esprit dans lequel j'étais, je vais plutôt enlever les deux dernières phrases, pour terminer sur "À la fois, tout va bien, et quelque chose ne va pas. Je pense que c'est une fin qui résume bien le sentiment d'être perdu.
Alors merci, merci, merci pour ce commentaire. Et à la prochaine <3
Phil Wayne
Posté le 08/09/2024
Tout le plaisir était pour moi :)

Oh tant que j'y pense, pour la fin, j'en profite pour te donner une autre option. Tu peux tout simplement t'arrêter à "corps" mais pour cela, il serait mieux de mettre un "?" comme dernière marque de ponctuation. Ça correspondrait bien à la réflexion d'une personne perdue qui ne sait plus comment interpréter les signaux de détresse que son corps lui envoie ? De cette façon, tu pourrais pratiquement tout garder. J'avoue que maintenant que j'ai lu cette première version, l'avant dernière phrase me manquerait presque si tu l'enlevais.
coeurfracassé
Posté le 08/09/2024
J'ai lu ta proposition, et j'ai fait un mélange de tout ça... Qu'en penses-tu ?
"Mais c’est impossible. C’est si étrange. À la fois, tout va bien, et quelque chose ne va pas. Peut-être que mon esprit refuse de souffrir à nouveau. Peut-être qu'il utilise mon corps. Peut-être que je ne saurai jamais."
Je trouve que ça laisse le champ des possibles, que ça reste confus. Mais ça ne résout rien, contrairement au premier jet, qui conclut que c'est la nausée, la clef, au final. Et puis, j'aime bien cette anaphore de "peut-être", mais il y a celle des "quand" peu avant, ça pourrait éventuellement faire trop lourd... ?
Phil Wayne
Posté le 08/09/2024
Ta réécriture est top. Le seul truc que je modifierais, c'est la ponctuation finale, si tu es d'accord. Je crois que mettre un point d'exclamation à la fin mettrait l'emphase sur le fait que tu es perdues et que tu cherches des réponses ? Ta conclusion est ainsi naturellement une question, une fin ouverte.
Qu'en penses-tu ? Est-ce que ça resterait fidèle à ce que tu voulais à l'origine ?
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