Dmor-Khal, dieu des sous-sols et des morts se lamentait de régner sur autant de corps inertes. Alors, à l’abri de l’infra-monde, caché de tous, il enseigna à quelques mages nains téméraires l’art occulte de faire renaître à la vie.
Dmor-Khal constata avec tristesse que le résultat de la nécromancie n’était pas à la hauteur de ses espérances. Cette magie noire ne permettait qu’à réanimer des corps putréfiant dénués de toute âme et totalement incontrôlable. Alors une armée de morts-vivants déferla sur le bouclier-monde pour le ravager. Les zombies avaient perpétuellement faim et mal. Alors ils ne cherchaient qu’à détruire pour se venger de leur état de souffrance continue.
Dès qu’il découvrit que son fils lui avait désobéi, Nunn punit Dmor-Khal. Il retira le peuple des golems au dieu des sous-sols et des morts pour les offrir à Fladalf-Khal car les morts-vivants avaient provoqué de lourdes pertes au sein des satyres.
Depuis, la nécromancie est une magie taboue, interdite sur le bouclier-monde. Nunn est le créateur de toute chose. Il est théoriquement le seul a possédé droit de vie et de mort. Pourtant, certains prétendent que les nécromanciens nains se sont transmis en secret l’art de ressusciter les morts.
La nécromancie
Encyclopedia Gnomnica
Alors qu’Epiphone, Hector et Tordur donnaient l’assaut à la ville haute, Nomrad demeura à l’arrière-garde. Elle donna ses ordres à ses officiers. « Sortez les cyclopes et les niffleurs, les arragoussets et les korrigans ! Vous connaissez tous vos objectifs ! Il faut agir avant le retour des dryades et satyres ! » Les peuples alliés demeurés cachés dans la pénombre des galeries envahirent les faubourgs abandonnés.
Melnar, le colonel nain désigné chef des cyclopes emmena ses immenses guerriers vers les bâtiments équipés de cheminées. Lourdement, besogneusement, mais avec leur puissance inarrêtable, les géants à un œil commencèrent à détruire tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une construction industrielle. L’un poussait un mûr pour l’effondrer. L’autre projetait le dôme d’un haut-fourneau pour ravager le peu qui tenait encore debout. Un nain accompagnait chaque cyclope pour lui expliquer la marche à suivre, sinon, ces créatures aux capacités cérébrales limitées aurait pu se blesser par manque de coordination.
Huldir commandait les niffleurs. Ces taupes géantes étaient certes plus alertes mais la lumière du soleil les aveuglaient. Elles avaient donc besoin de guides afin d’effectuer elles aussi leur œuvre de destruction. Les nains les dirigèrent devant la muraille des centaures. Alors les niffleurs s’enfouirent sous terre et creusèrent en dessous du rempart sur une portion de deux cents mètres. Celui-ci s’effondra en moins de dix minutes. Puis les taupes géantes poursuivirent leur œuvre de sape sur le tronçon suivant de la construction défensive. Nomrad estima qu’à cette allure, en deux jours tout au plus, toutes les enceintes concentriques tomberaient. La matriarche savait pertinemment qu’en parallèle deux niffleurs creusaient une galerie pour atteindre la banque elfique pour que des semi-nains en dévalisent l’or et l’argent stockés.
Tasselle, la lieutenante en charge des arragoussets suivait de près les destructions des cyclopes. Dès que les troupes titanides de Melnar se projetaient sur un nouveau bâtiment, la naine envoyait ses lutins sous-terrains dans les décombres encore fumants. Les petites mains s’activaient alors à casser ou détériorer toutes les machines encore en état de fonctionner. Ils prélevaient des pièces pivots. Ils arrosaient d’eau, de sable ou d’acide les mécanismes fragiles et huilés. Plus rien ne sera utilisable. Les elfes devront repartir de zéro ! Pensa la matriarche du clan des Marteaux d’Airain.
Tormora, la cheffe des korrigans organisait avec eux le pillage des décombres. Les esprits de la terre possédaient la même faculté que les nains à reconnaître d’un regard la nature de n’importe quelle pièce métallique. Ils chargeaient donc leurs sacs de tout les fragments de fer, d’acier ou d’alliage présentant un intérêt à être retravaillé. Leur besace pleine, les korrigans ramenaient le fruit de leur larcin à l’entrée du tunnel. Là, ils chargeaient des chariots que des semi-nains acheminaient vers Kur-Dhural. Nomrad savaient que leur tâche achevée, les esprits farceurs de la terre voleraient toutes les pièces de bronze d’argent et d’or qu’ils décèleraient avec leur odorat proche de celui des niffleurs.
L’entreprise de destruction des infrastructures industrielles se déroulait parfaitement. Au crépuscule du deuxième jour, Nomrad put se consacrer à la suite de son plan. Alors, la matriarche du clan des Marteaux d’Airain s’entretint avec Saga le Morbide, chef des nécromanciens honnis par les Sept même. Sans l’insistance de Krim, jamais elle ne serait rentrée en contact avec ce mage noir. Son fils avait su la convaincre. Elle avait engagé en secret le sorcier maléfique ainsi que ses semblables. Elle les avait alors missionnés à la préparation de la prochaine guerre lemniscate. Pendant cent ans, les nécromanciens avaient arpenté le bouclier-monde à la recherche des derniers objets possédant encore un peu de mana. La matriarche avait dépensé sans compter. Elle s’était séparée de son précieux or pour acquérir tout ce que les mages noirs désiraient. Aujourd’hui Nomrad allait récolter les bénéfices de son investissement.
« La nuit va tomber, Saga. J’ai fait planter des torches pour que toi et les tiens pratiquiez votre art occulte plus facilement. Comme ça, tous les cimetières sont localisés. »
« Au nom de l’ensemble du cercle des fils de la mort, je vous remercie Matriarche Nomrad ! Depuis notre mise au ban de la société, jamais un clan ne s’était montré si attentionné à notre égard. Sans vous, les chasseurs de profanateurs et les goules auraient exterminé les derniers d’entre nous. »
« Je ne vous ai préservé que dans l’optique d’aujourd’hui. Les nécromanciens demeurent des créatures honnis à pour moi.Vous avez intérêt à justifier les investissements que j’ai consentis pour le cercle des fils de la mort, Saga ! Peut-être que ma considération aura changé ce soir ! Je vous accompagne avec une cohorte afin de vous protéger pendant vos incantations. »
Ils étaient treize fils de la mort escortés par une cinquantaine de soldats sélectionnés spécialement par Tordur pour cette mission. Le sage conseiller de Nomrad avait su dénicher des nains à la fois fidèles au clan, versés dans le métier des armes et suffisamment tolérants pour accepter l’action de nécromanciens.
Les cimetières formaient presque leur propre cercle concentrique au milieu des quartiers des proscrits humains dans les faubourgs de Zulla. Le soleil léchait l’horizon. La luminosité se trouvait entre chiens et loups. Les flambeaux dégageaient un parfum de suif qui ne parvenait pas à masquer l’épouvantable odeur de charnier qui se dégageait des nécropoles. Trop de corps avaient été enterrés à la va-vite insuffisamment en profondeur. Les émanations des corps en putréfactions parvenaient jusqu’à la surface. Tous les nains se masquèrent le visage pour ne pas inhaler les putrides vapeurs, tous les nains à l’exception des treize mages noirs.
Nomrad positionna ses soldats à intervalles réguliers pour interdire l’accès au cimetière à toute personne étrangère. Chacun dans leur coin, les nécromanciens tracèrent alors des lignes au sol avec de la cendre. La matriarche évaluait les kilos d’or que représentait cette poudre déversée inconséquemment parce qu’elle en connaissait la nature. Depuis un demi-siècle au moins, Saga le Morbide et ses disciples brûlaient tous les artefacts dont les pouvoirs magiques s’étaient étiolés jusqu’à disparaître. Une plume de rokh ou un os de dragon, même dépourvus de mana valaient encore une somme considérable sur les marchés. Dans un immense brasero orné de sept têtes de mort, les nécromanciens avaient ainsi accumulé des tonnes de cendres. Et à présent, ils s’en servaient pour leur rite incantatoire.
La matriarche décela treize pentacles tracés au sol. Les mages noirs placèrent dans chaque branche de l’étoile un des objets encore chargé de mana et acheté à prix d’or. Ils se placèrent ensuit au centre de leurs cercles respectifs puis psalmodièrent de leurs voix gutturales. Nomrad ne reconnut pas le langage qu’ils employaient. Pourtant elle maîtrisait les sept dialectes du bouclier-monde nain, elfique, orcanien, satyrique, runique et nausiquin. Parlaient-ils le langage de la mort elle-même ? Les phrases revenaient en boucle. Elles frappaient l’âme de la matriarche, comme un marteau sur son enclume. « Memento vita ! Memento mori ! Memento resurgere ! »
Un frisson parcourut l’échine de la cheffe des Marteaux d’Airain. Le vent se leva, fort et glacial. Des nuages assombrirent l’horizon et tourbillonnèrent au-dessus des treize pentacles. Le tonnerre gronda, lointain d’abord, puis de plus en plus fort. Un déluge s’abattit sur le cimetière, lessivant une conséquente partie du sol. Le ruissellement évacuait des torrents de boue. Des cadavres affleuraient à la surface, renforçant les exhalations putréfiantes des corps en décomposition. Des éclairs jaillirent des objets magiques et zébrèrent le ciel. En transe, les nécromanciens poursuivaient leur chant morbide. Nomrad luttait pour résister au vent qui devenait tornade. La foudre se déplaça d’artefact en artefact pour former un pentagone luminescent sur le sol. L’électricité irradia toutes les sepultures situées dans les cercles de cendre. Les fils de la mort cessèrent de psalmodier et l’orage prit fin. Ils se déplacèrent alors un peu plus loin dans un macabre cortège. Nomrad courut pour rattraper Saga le Morbide.
« C’est tout ! Je vous ai consacré un quart de ma fortune pour trois éclairs et puis plus rien ! Je ne vois aucun résultat ! Si vous m’avez menti, vous me rendrez des comptes ! »
« La nécromancie est un art laborieux et lent, Matriarche Nomrad ! Vous avez su vous montrer patiente pendant plus d’un demi-siècle, laissez-nous encore vingt-quatre heures, le temps que la magie fasse effet ! Il serait dommage que nous soyons les premières victimes des monstres que nous ressuscitons ! A présent, je m’excuse, mais j’ai à faire ! Ce cimetière est immense et le temps nous est compté avant le réveil des premiers zombies ! »
Pendant toute la nuit, le cercle des fils de la mort arpenta les cimetières de Zulla en multipliant les rites interdits de la résurrection des défunts. Ils s’arrêtèrent au petit matin, lorsque leurs réserves de cendres et d’artefacts furent épuisées. Pourtant, rien ne se passait. Le doute envahit Nomrad. Et si Saga le Morbide n’était qu’un bonimenteur et la nécromancie une supercherie inventée par les Sept ? Pire ! Et si le cercle des fils de la mort l’avait dupée pour acquérir des artefacts et manigançaient contre elle ? La bienfaitrice matriarche regrettait de plus e plus d’avoir écouté les conseils de son fils. Le chef des nécromanciens l’extirpa de ses réflexions intérieures.
« Notre tâche est accomplie, Maîtresse Nomrad ! Il faut à présent évacuer la zone ! »
« Solvia ! Thoryl ! Allez prévenir Tordur qu’il faut lever le camp au plus vite ! » ordonna la matriarche.
Puis Nomrad organisa le repli stratégique des troupes présentes dans les faubourgs. Les niffleurs de Huldir furent les premiers à regagner l’infra-monde, suivis de près par les korringans et les arragoussets. Les lents cyclopes fermèrent la marche sur les coups de midi. Ce n’est qu’à une heure que Tordur arriva accompagné du prince Hector et de la grande timonière Epiphone. Celle-ci affichait une mine sévère.
« Où étiez-vous Matriarche Nomrad ? Qu’avez-vous fait durant ces presque trois jours ? »
« J’ai comme vous œuvré au retour de la nature à Zulla, Grande Timonière ! Regardez donc le résultat ! Mes troupes ont rasé toutes les usines des faubourgs. Pus aucune cheminée ne tient debout ! »
Aux côtés de Nomrad, Saga le Morbide commença à s’impatienter.
« Matriarche ! Il est plus que temps de partir ! »
« Saga a raison, Grande Timonière Epiphone ! Retournons dans l’inframonde ! »
« Pourquoi ce soudain empressement, Matriarche ? Cela donne l’impression que vous chercher à nous cacher quelque chose ? Qu’avez-vous manigancé avec vos nains coiffés de crânes ? Capitaine Antigone, fouillez les environs avec vos éclaireurs ! »
Nomrad échangea un regard anxieux avec Saga le Morbide. La mine déconfite du nécromancien confirma les craintes de la matriarche. Le temps était compté, mais il était hors de question que les peuples élémentaires découvrissent l’ignominie de leurs actions !
« Pourquoi vous montrez-vous suspicieuse, ma chère Epiphone ? Je n’ai rien à cacher ! C’est juste que le temps presse. Nos peuples luttent face aux terribles armées elfes dans la passe des montagnes noires depuis plus de trois jours ! Voulez-vous que je vous accompagne à la fonderie la plus proche pour constater de visu le résultat de mes troupes ? Suivez-moi donc ! »
Au grand damne de Nomrad, la princesse dryade s’engagea à son invitation. Heureusement, la capitaine Antigone et les shardanes escortèrent leur grande timonière plutôt que de fouiller les alentours. C’était un moindre mal. Avant d’accompagner sa mère, le prince Hector donna consigne à ses fianna, ses guerriers-chasseurs de se tenir prêts à regagner le tunnel dès leur retour. Saga semblait de plus en plus inquiet.
« Matriarche Nomrad ! Pour aller plus vite, ne voulez-vous pas visiter les décombres à dos de manticornes ? »
« Ne dérangez pas vos manticornes pour si peu ! La première usine est à deux pas ! »
Le soleil amorça sa descente vers l’horizon. La visite sembla durée une éternité pour la bienfaitrice des Marteaux d’Airain. En véritable inquisitrice, Epiphone demanda à ses shardanes de retourner chaque brique. Puis elle demanda à rejoindre le bâtiment suivant, puis un autre. Jusqu’à ce que Nomrad explose, au comble de l’exaspération. La matriarche somma ses alliés de rejoindre le tunnel. Sur le chemin du retour, dans la nécropole de Zulla, des mains décharnées et des corps cadavériques sortaient de terre. Saga le morbide pressa les troupes ! « Vite ! Courez jusqu’à la galerie ! » La panique envahit les rangs. Une course effrénée s’engagea. Tout le monde criait tandis que des morts-vivants se dressaient par centaine, par milliers. La matriarche souffla dans sa trompe et l’instant d’après, Solveig et ses semblables récupéraient tous les guerriers avant qu’ils ne soient attrapés par les zombies.
Lorsque l’ensemble des soldats se retrouva en sécurité, Tordur dirigea la sécurisation de la galerie. Ses équipes de foreurs frappèrent les étais à coup de masse. Le plafond s’effondra bloquant définitivement l’accès provisoire à l’infra-monde. La matriarche reconnut le savoir-faire de son fidèle conseiller. Elle savait que d’ici une heure, les goules s’installeraient dans la zone pour la sécuriser. Furieuse, la grande timonière Epiphone se rua sur Nomrad.
« Qu’avez-vous fait Nomrad ?!! Vous avez perdu la tête ?!! Faire renaître les morts ! La déesse nous protège d’avoir participé à tel crime ! Il n’y a bien que les nains pour réaliser une telle atrocité ! Lorsque la bataille de la passe des montagnes noires s’achèvera, notre alliance sera finie ! Définitivement! »
Aussi, on ne voit jamais aucun Elfe dans tes descriptions, au cours de l'attaque de la ville. Où sont-ils tous ?
Hâte de savoir le fin mot de l'histoire !
Merci pour tes commentaires.
Bon, ben, je suis bon pour retenter le concours l'année prochaine ! Comme je sas à quoi m'attendre maintenant, j'attaque les révisions dès le 2 janvier!
Je me suis fais la même réflexion pour les nécromanciens dans ma réécriture; j'ai ajouté une brouette de chapitres sur la construction de leur alliance avec Nomrad (et surtout Krim). Les skavens demandent toujours plus de mana et d'objets magiques à Nomrad notamment.
C'est noté pour les elfes ! Je vais rattaquer un cycle de réécriture et ce point là n'était pas soulevé.