Les ressources s'épuisent, les richesses m’épuisent
J'en avais marre de compter mes forces
De mesurer mes pas de peser mes mots
L'homme infini dans le monde fini
Cherche à contenir l'océan dans un verre d'eau
Ce monde qui court après ça peut courir sans moi
Former c'est forcer à être con-forme con-vaincu con-venu con-damné
Les cons comme moi se formeront sans moi maintenant
Alors on me conforme mais je déforme
On me dis : performe ! mais je transforme
La forme s'informe se réforme
Et je coule entre leurs normes
Les verbes glissent entre les cases des calculatrices
s'écoulent
s'écroulent
et surtout s'envolent
Ils dessinent des chemins que leurs règles ignorent
Je ne monte plus leurs marches vers nulle part
Je ne grimpe plus leurs échelles vers personne
(elles mènent où, dites-moi ?)
(je vous le demande, elles servent à quoi ?)
Mes maux mes mots ma musique
Ruissellent loin de leurs partitions parfaites
Dans les marges
Dans les pages
Dans la folie des sages
Où être moins devient être mieux
La dépression m'a appris la géographie des failles
Elle me murmure des vérités
Que vos chiffres ne sauront jamais compter
La beauté des terrains vagues
La grâce des espaces inachevés
(vous savez, ces endroits qu'ils oublient de remplir)
Je m'arrête
Je respire
L'homme infini ? Non
L'homme fini ? Oui
Et tant pis pour leurs envies
De nous voir s'agrandir
grandir
pourrir
Le monde est moche mais je ne le réparerai pas
Je l’accepte je trouve une paix liquide
Qui coule entre les doigts des ambitieux
(laissez-la couler, laissez-la couler)
Je me fiche de leurs mesures maintenant
(combien vaut un sourire ?)
(quel est le cours de la tendresse ?)
(à quelle bourse cote-t-on les rêves ?)
Je ne serai pas leur version du possible
Je préfère être leur version de l'impossible
Incomplet
Imparfait
Insoumis
Inouï
Inutile