Nos débuts

Par Anony

J’étais au lycée et je me sentais soudain si heureuse et à ma place.  Enfin, je me sentais aimée ! La naïveté de ma jeunesse me donnait la sensation d’un amour passionnel. Quand j’étais au lycée, lui, restait chez mon frère chez qui il avait emménagé et m’attendait jusqu’au soir, toujours très possessif et cela pendant les premiers mois de notre relation. J’étais confiante, tellement heureuse et aimée !

 

Je me souviens d’une anecdote après quelques mois ensemble,1ère sortie en boîte, j’étais trop heureuse d’y être autorisée, Pierre, lui, avait décidé de ne pas y aller et sous-entendu moi non plus…. Mais je ne le connaissais pas encore aussi bien, il reste à l’appart et m’embrasse avec un « amuses toi bien à tout à l’heure ! » Je suis partie heureuse et confiante en pensant que tout était OK.  Mon retour fut totalement différent ! De 2h00 jusqu’à 10h du matin (heure à laquelle j’ai dû rentrer chez moi) il n’a fait que de me faire culpabiliser de l’avoir laissé. Moi j’arrivais guillerette, lui beaucoup moins ; il m’a insulté puis quitté, puis pleuré en me racontant qu’il se comportait comme ça dû à son passé et moi pendant tout ce temps je m’excusais sans trop savoir pourquoi. Cet acharnement a duré plus de 8h sans pause ! Ce fut ma seule et unique sortie en boîte !

Avec du recul je me dis que j’aurais dû ouvrir les yeux et voir le problème mais non, il s’excusait, me rappelait son passé douloureux et je l’aimais d’autant plus.  Je pense qu’au fond je voulais autant le sauver que je ne voulais qu’il m’aime !

 

Les mois qui suivirent se déroulaient de la même façon. Plus ça allait, plus il buvait et fumait sans jamais travailler, la cohabitation avec mon frère a stoppé rapidement et dans de mauvaises conditions. Ce qui créa des grosses tensions avec mon frère qui partait du principe que si lui le virait, moi je devais le quitter. Pendant des mois à la suite de cette histoire, mon frère venait tous les jours chez mon père (donc chez moi) sans jamais m’adresser la parole.

 

En ce qui concerne Pierre, il a vécu quelques temps chez son frère (qui s’était par la suite mit en couple avec ma sœur) puis le voilà reparti voir ses vieux amis, ses vieux démons. Je continue mes cours au lycée, il devient de plus en plus distant, j’entends des ragots sur le fait qu’il me trompe. Je ne veux pas y croire, je me voile la face mais pour autant on ne se voit plus beaucoup, il a toujours autre chose à faire.

Après des mois de déni et plusieurs histoires de femmes, je décide de me confronter à lui. Je me souviens encore de ce jour où je sonne et l’attend en bas du bâtiment de son copain, il commence s’énerve puis inverse les rôles et m’insulte. Je deviens la fautive parce que la journée je suis au lycée ! Je suis dans un état lorsque je réalise que je suis bel et bien cocu, qu’il n’a aucun argument, je n’ai qu’une envie : partir ! Mais Pierre, voit qu’il a tort, il perd la face et n’accepte pas cet affront…Quel scandale ! Oser lui tourner le dos pour rentrer chez moi !

J’ai 16 ans et pour la première fois de ma vie je reçois une chaussure dans le dos son téléphone, il me jette tout ce qui lui tombe sous la main. Tout en m’insultant, je me rappelle la sensation de peur en fuyant. Je réussi à rentrer dans mon hall avec le badge, je ferme cette porte et pour la première fois je ne me suis jamais sentie autant en sécurité que derrière cette porte sur laquelle il frappait et hurlait !

 

J’étais dans un état émotionnel indescriptible, mais j’ai réussi à fait bonne figure devant mon père, même si dans ma tête je ne me répétais PLUS JAMAIS CA !  Cette relation malsaine avec ce fou qui m’avait trompé et frappé était FINIE !

Mais un pervers narcissique n’abandonne pas sa proie si facilement.

Il m’a appelé de nombreuses fois, des messages vocaux, il m’a envoyé beaucoup beaucoup de sms etc…. J’ai réussi à rester forte.

Après quelques jours, il a fini par m’écrire une lettre, avec, il me semblait à l’époque, toute son âme. 

Une lettre où il m’expliquait à quel point il m’aimait, que c’est les autres qui voulaient nuire à notre histoire et que sans moi il se tuerait. J’ai lu, et relu cette lettre qui m’apportait de l’amour, un amour toxique, malsain mais je me sentais rassurée et aimée. Je l’ai cru j’ai accepté de jouer les naïves et je suis retournée avec lui, plus amoureuse que jamais. Cette lettre aussi manipulatrice soit elle me confortait dans son amour, j’avais un homme prêt à tout pour moi… Ce fut le début de ma nouvelle vie. A partir de ce jour, c’était fini je l’avais autorisée à me maltraiter, me manipuler et en acceptant de revenir je lui donnais mon autorisation pour recommencer.

 

La vie a continué son cours, ma vie au lycée était très agréable, j'avais mon groupe d'amis de superbes relations, mon niveau scolaire aurait pu être très bon, j'ai toujours eu des facilités mais j'étais un peu trop préoccupée par ma vie amoureuse tumultueuse.

Il sortait beaucoup avec ses anciennes relations, on se voyait toujours de moins en moins. Je prenais les miettes qu’il me jetait.

Un soir, pour me rassurer j'ai fouillé son répertoire et découvert un "Julien vieil ami" c'était encore à l'époque où nous avions les appels gratuits qu'à partir de 21h00, ça a été les heures les plus longues de ma vie. Et bien évidemment mon intuition était la bonne Julien était en fait son ex ... J’étais chez mon père, je tournais en rond j’étais dans un tel état de nerf, je devais lui parler, je savais que tout ce qu’il me dirait serait faux mais je devais me confronter à ses pseudos explications. De mon côté, j’avais découvert par son ex qu’ils se voyaient tous les jours pour une « amie malade… » son ex étant aussi honnête que lui je devais très rapidement entendre SA version. Il a commencé par nier, il ne comprenait pas, il certifiait que c’était bien le numéro de son grand ami Julien, puis par la force des choses et de mes preuves, il dû reconnaitre la vérité mais bien sûr en inversant les rôles. Pourquoi je fouille dans son téléphone, pourquoi je doute de lui, les insultes arrivent lorsqu’il voit qu’il se perd dans tous ses mensonges…. Ce soir-là, j’étais partagée entre la déception, la colère, la haine mais également par le bonheur d’avoir cette conversation en sécurité ! Lorsque j’en ai eu assez de l’entendre mentir tout cassé chez lui et m’insulter tout en me quittant, j’ai tout simplement raccroché. Je savais que je n’aurais jamais pu avoir cette conversation avec lui face à face. Encore une chose qui aurait dû me faire ouvrir les yeux.

A la suite de cette histoire, il m’attendait chaque matin devant mon bâtiment pour m’accompagner au lycée, il faisait tout pour me récupérer, il avait même demandé à son ex de me rappeler pour me confirmer que ce n’était rien. Il était le plus gentil garçon au monde jusqu’à ce que je craque et retourne avec lui. Il pouvait être si cruel et si amoureux en même temps c’était déconcertant.

Il a très rapidement repris ses habitudes, j’allais de nouveau seule au lycée, il buvait et fumait beaucoup. Pourquoi je restais ? Que m’apportait il ? Je n’en ai aucune idée aujourd’hui, la seule réponse que j’ai, c’est l’amour inconditionnel que j’avais pour lui.

 

Un samedi matin, alors que je me préparais, pour aller rejoindre Pierre, mon téléphone sonna, c'était un monsieur qui avait retrouvé le téléphone de Pierre et qui voulait savoir où le trouver pour lui rendre. Avec ma grande naïveté du haut de mes 16ans j'ai volontiers donné l'adresse de mon grand amour qui vivait à présent chez sa grand-mère.  Et une demi-heure après une 20ène de policiers entouraient le logement où il vivait. A vrai dire ce " gentil monsieur" était un flic qui avait trouvé le téléphone de Pierre sur les lieux d'un vol et sans le savoir je venais de le dénoncer ...

Le côté positif d’avoir passé toutes ces années avec lui en plus de mon fils est le fait de n’être jamais tombée dans la routine, il me remplissait de surprise…

Au lieu de lui en vouloir, c’est moi qui culpabilisais de l'avoir sans le vouloir dénoncer pour SES conneries ! Je suis donc rentrée pour la première fois de ma vie dans un commissariat pour faire une déposition et prouver que je n'étais au courant de rien. Il est passé en comparution immédiate (avec un casier déjà bien chargé) je n'avais qu'une envie c'était de m'excuser envers lui et de le voir pour me rassurer, pour m’assurer qu’il aille bien, qu’on le traite bien et surtout qu’il m’aime toujours malgré ma niaiserie !

 

Le jugement est tombé 8 mois de prison ferme, (à la vue de son casier déjà bien chargé il a eu beaucoup de chance, même si pour moi cela me paraissait impossible d’être séparée de lui si longtemps.) Etant mineur je devais toujours être accompagnée d'un adulte pour aller le voir au parloir ! Et c’était parti pour les papiers pour les autorisations, les mandats, les visites et les lettres ont débutés dans ma vie d'ado.

 

Pendant que tous les lycéens autour de moi, vivaient leur vie d’adolescent et préparaient leur bac de français, de mon côté j’essayai de faire au mieux pour conjuguer vie perso ( j’ai découvert la joie de la paperasse, des mandats pour lui envoyer de l’argent, des coups de téléphone de la juge d’application des peines,  des visites au parloir… ces fameux parloirs où on est fouillés, où on se regardent toutes, toutes ces femmes, ces mères entre autres, qui n'attendent que cette heure pour  retrouver la personne qu’elles aiment.  Enfin toutes ces choses qui m’ont encore fait grandir un peu plus vite.)

Mais également ma vie d’étudiante légèrement en décalage par rapport aux autres. 

Et pour autant aussi bizarre que cela puisse paraître, j’ai été soulagé lorsqu’il m’a « pardonné » de l’avoir « dénoncé » !! Les mois passaient et j’étais heureuse, je recevais des lettres de 3 ou 4 pages par jours remplis d’amour de promesses en tout genre et de si grandes déclarations que je me sentais comme sur un nuage.  Entre tout cela j’essayai tant bien que mal de me concentrer sur mes études mais mes préoccupations étaient tout autres. Je me sentais heureuse, aimée dans l’attente de son retour mais je recevais tellement de promesses et d’amour que je maigrissais de jour en jour.

 

Pierre, de son côté était aussi bizarrement heureux, détendu il fumait toujours mais ne buvait plus il travaillait et cela lui allait si bien ! Je l’aimais d’autant plus.

J’avais qu’une hâte c’est qu’il sorte, j’avais foi en notre avenir ! Il avait appris de ses erreurs, on s’aimait, un bel avenir nous attendait !

 

 

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