Imperceptible. Dans le ciel de Paris, on ne voit pas de lune. Bien que soulagée de s’en rendre compte, Clara ne laisse rien paraître. Elle continue de faire les cent pas le long du balcon, elle communique avec sa mère par un système de vidéo quelconque. Entre deux échanges, elle s’approche de la balustrade et jette dans le vide des cigarettes à moitié fumées. Les points rouges disparaissent dans la nuit épaisse presque aussitôt. L’objet de la conversation est une lampe, elles essaient mutuellement de triompher l’une de l’autre quant au modèle à commander pour Max, le frère de Clara qui aura quarante ans à la fin du mois. Lampe, politique, musique, cuisine, éducation, souvenirs … peu importe le terrain de discussion, elles finissent mutuellement exaspérées. Refroidies, elles se quittent abruptement, parfois de façon tout juste polie. Léo se garde bien de les départager. Il écoute en silence, et il n’opine du chef que si sa femme le regarde avec insistance, signe que la discussion va bientôt prendre fin car la patience de Clara est arrivée à expiration. Les appels excèdent rarement trois minutes. Quoi qu’il en soit, elles se rappellent le lendemain comme si elles allaient finir par se supporter un jour.
Leur fille dort dans la pièce d’à côté. Léo se dit qu’un troisième verre de whisky ne changera rien à ses plans. Et sans tergiverser, il descend le numéro deux, puis se dirige vers le bar au fond du salon. En attrapant la bouteille, il s’efforce de ne pas regarder le plateau en marbre et ses auréoles. Toutes ces taches laissées par ses anciennes bouteilles le dépriment. Il ne parvient pas à réprimer ses souvenirs et les images affluent. Ce bar à liqueurs qui avait fait sa fierté, qu’il avait chiné au milieu des années deux mille et à qui il avait offert une seconde jeunesse en lui rendant sa superbe, avait perdu sa magie. Quand un copain arrivait à l’improviste, il était heureux comme un pape. Il faisait rouler le chariot vers lui, et tout à sa joie, il lui demandait comme un steward jovial aurait pu le faire “Bonsoir monsieur, qu’est-ce qui vous ferait plaisir aujourd’hui ?“ . Quand le blues le tenaille, il se souvient de ce whisky japonais venue d’une distillerie merveilleuse de la banlieue d’Osaka. Il n’a jamais oublié la fois où la première des six bouteilles a été bue. C’était avec Jérôme : une bouteille à deux pour la naissance de son fils Pablo. Vingt ans ont passé. Ce type de souvenir que l’on qualifiait volontiers de grands moments d’amitié n’existe plus. Ils ont cessé d’être à mesure que les pandémies ont enflé. Ce n’est pas arrivé du jour au lendemain c’est vrai. Ça a pris un certain temps même, comme la mer gagne du terrain et finit par amputer les côtes, lentement. Mais c’est arrivé. Les pratiques sociales autres que vitales n’ont plus eu cours. D’abord suspendus des semaines puis des mois, les contacts directs ont fini par être neutralisés totalement. Quand Léo y pense, ce qui peut arriver plusieurs fois par jour, il se gratte au sang. Derrière ses genoux, se sont formées des croûtes qui ne guérissent pas. Mal placées, sur la pliure rotulienne, elles saignent à tour de rôle, après chaque nouveau grattage. L’isolement n’est que l’aboutissement de la transformation du monde par les smartphones. Bien avant les épidémies, Léo avait la nostalgie du monde sans SMS, celui où les rencontres pouvaient être fortuites et où les gens marchaient sans regarder leur téléphone. Il regrette les cartes postales, les lettres d’amour et les abordages maladroits dans les soirées. Depuis que le distanciel est devenu la norme, il lutte pour trouver des raisons de vivre. Jusqu’ici, il a tenu. Grâce à Clara. Il sait qu’il a eu de la chance. Sans Clara, la fin de la partie aurait été sifflée pour lui il y a longtemps. Il n’était pas seul quand ça a démarré et cela l’a sauvé. Il en a l’entière certitude. Ne plus voir personne autrement que derrière des vitrages phosphorescents, c’est terriblement usant à la longue. De quoi vous mener à l’étiolement sinon au désespoir si on se laisse aller. Voilà pourquoi il déteste autant l’usage de ce mot « neutraliser », qu’il évite à tout prix d’employer. Il est déjà suffisamment matraqué comme cela. Car “neutraliser“, c’est le terme officiel. Celui qu’on utilise à la télévision, celui qu’on enseigne aux enfants, celui que les drones de surveillance hurleront dans vos oreilles si vous tentez une sortie sans autorisation. Neutraliser, pour faire court, consiste à placer le citoyen à l’abri et en terrain neutre, c’est-à-dire à domicile, et en même temps, ça veut aussi dire s’assurer par tous les moyens nécessaires qu’il y demeure jusqu’à ce que la guerre soit gagnée. Et le choix de ce mot ne devant rien au hasard, en langage militaire, neutraliser avait toujours signifié mettre hors d’état de nuire l’ennemi. L’ennemi désignant ici le citoyen ne respectant pas les lois en vigueur.
Vingt ans que la lutte perdure. Vingt ans que les mutations constantes, radicales, rageuses même des virus tuent dans l’oeuf les vaccins les uns après les autres. Vingt ans que les pandémies se succèdent d’apparitions imprévisibles en poussées incontrôlées remarquables. Vingt ans enfin que l’homme est neutralisé, enseveli chez lui, bouclé à triple tour et qu’il s’emmerde comme un moulin au coeur d’un pays sans vent. Il va de soi qu’on aurait pu laisser les maladies et les individus circuler librement et observer la sélection naturelle à l’oeuvre. Ne rien faire et attendre en somme. Très vite écartée, sinon à peine considérée, cette voie-là a été jugée trop risquée par les économistes et trop clivante par les politiciens. Quant aux quidams, ils s’emportaient en public, sur les réseaux, contre les libertés qu’on leur prenait, contre les changements qu’on leur imposait ou contre les mesures qui les contraignaient mais en fin de compte, c’est soulagés pour la plupart d’entre eux qu’ils voyaient le contrôle s’abattre sur eux, les dédouanant d’avoir à affronter des dilemmes moraux vertigineux et des questions auxquelles personne n’avait envie de répondre : est-il juste de vivre sa vie quoi qu’il en coûte ? Ou la santé des humains en EHPAD mérite-t-elle le sacrifice de la liberté ? “La protection est la meilleure solution donc la neutralisation est le seul moyen“ : c’est le message que le gouvernement inocule depuis 2027. « On ne saura probablement jamais si c’était vrai mais je suis certaine d’une chose tu vois : si les bars étaient restés ouverts, on aurait continué à boire des pintes et si ça se trouve, in vino veritas comme dit, quelqu’un aurait eu une idée lumineuse, un truc que les gros cerveaux de l’ARS auraient raté, du genre si tu bois deux pastis culs secs et que tu avales trois bretzels tout de suite derrière, t’es immunisé à vie !“ Quand Clara boit de la vodka, elle passe par une première phase de délire assez cool, où tout semble sujet à plaisanterie. Léo se sent encore amoureux d’elle quand elle est dans cet état. Elle redevient la boute-en-train qui courrait avec une cape rouge sur le Boulevard Beaumarchais en hurlant qu’elle était Barman le super héros des nuits parisiennes. Alors, il fait son possible pour prolonger ses moments où le sérieux s’estompe, quand le contrôle perd du terrain. Il rit exagérément et veille à ce que son verre contienne la juste dose pour maintenir l’éphémère euphorie. “Qu’est-ce que tu m’emmerdes avec tes lampes Pipistrello ? C’est tellement standard, absolument ringard !“. Il entend que Clara est en train de monter dans les tours. Décidément, ce soir il ne boit pas pour se donner du courage. Il n’a pas menti à Clara quand il lui a dit tout à l’heure qu’il avait un peu peur mais que c’était à un niveau tout à fait gérable. Pour de vrai, ça ira, un peu comme la première fois qu’il est allé acheter de l’herbe tout seul à la cité, il avait le ventre en vrac et les mains un peu moites mais il avait tenu la distance au final. Dommage qu’il n’ait pas un peu d’herbe à disposition se dit-il, il aurait bien roulé un joint pour aider Clara à se détendre. Clara raccroche en hurlant. Elle arpente à vive allure le tapis persan du salon, et répand au passage ses cendres. Tout à sa mauvaise humeur, elle dit qu’elle va chercher la bouteille de vodka au congélateur. “T’en veux un fond mon amour ou tu veux qu’on baise d’abord ?“ Il ne répond pas tout de suite, il jette un œil à sa montre de collection, la petite aiguille va bientôt se mettre au diapason de la grande pour marquer précisément vingt et une heures. Ils ont encore une heure avant la démarrage du programme de babysitting. Il lui fait signe qu’il préfère finir son whisky avant de porter le verre à ses lèvres. Ils se dévisagent sans parler avec l’excitation de ceux qui savent qu’ils vont coucher ensemble. Il sent ses abdominaux se contracter et sa respiration s’emballe. Il regarde le cul de Clara. Elle se dirige vers la cuisine. Il marche en retenant ses pas, et traverse le couloir sans faire craquer les lattes branlantes du parquet en chêne. Sans faire de bruit, il pénètre dans la pièce. Elle ne sent sa présence qu’au dernier moment, quand il glisse ses mains sous son tee-shirt. Elle avale une bonne rasade de vodka, elle se déhanche pour allumer le corps de Léo, déjà bien à fond ceci dit. Leur étreinte est brève et violente.
Ni lui, ni elle ne pleure faisant leurs adieux à Gabrielle. Ils la reverront sans doute. Si ça tourne mal, qu’ils se font prendre, ils finiront par la retrouver, ils en sont persuadés. Pour dédramatiser la situation, qui n’est de toute façon pas un drame mais une aventure exaltante, Léo rigole sur le fait qu’avec un peu de chance on les libèrera après l’adolescence de la gamine. “Tant qu’ils ne la confient à ma mère, tout ira bien“ ajoute Clara avec une certaine inquiétude dans la voix. Il est le temps de partir. La fillette semble sur le point de hurler quand elle les voit se diriger tous les deux en direction de la porte. Elle sent peut-être qu’elle est déjà à un tournant de sa vie. Il est vingt et une heures précise, le miroir holographique placé au-dessus de sa tête s’active et l’image de sa baby-sitter fait son apparition. La minute qui suit, Gabrielle rit tellement qu’elle peine à retrouver son souffle.
- Tu es prête madame Bond ? Téléphone éteint ?
- Oui James, allons-y maintenant.
- Attends bien que j’ai déverrouillé la porte d’entrée avant d’activer ta combinaison, ça permettra à la charge d’être à son niveau maximal lorsqu’on sera dehors, précise Léo d’une voix tranquille, qui se veut la plus rassurante possible. Il sait que Clara ne renoncera plus à ce stade, mais se montrer protecteur est chez lui une seconde nature, et ce tempérament atteint son zénith dans les situations de stress intense.
- Je t'aime mon amour
- Moi aussi
- Allez, à trois, c’est parti
- Oui, rendez-vous au théâtre dans dix minutes !
Après une ultime déglutition, ils activent leurs combinaisons de camouflage thermique. Pour se faire, ils pincent légèrement le capteur enroulé autour de leur pouce gauche. Leurs mains légèrement humides ne perturbent pas la sensibilité scientifique de l’appareil coréen. En un peu plus d’une seconde, ils disparaissent littéralement. Ils sont sidérés de sentir sous leurs pieds l’épaisse moquette rouge de la cage d’escalier et de ne plus voir leurs chaussures, devenues invisibles comme tout le reste. Par réflexe, ils se cherchent du regard mais à part les murs en brique et les appliques sales du couloir, il n’y a rien à voir. Ils n’ont pas le temps de s’émerveiller plus longtemps, ils sont déjà dans l’urgence et ils doivent foncer. Chaque seconde est cruciale pour la réussite du projet. Bien qu’ils ne peuvent ni voir où l’autre se trouve, ni lui parler pour ne pas être repéré, Clara et Léo ont la sensation d’avancer ensemble, ils ont le sentiment étrange de la présence de l’autre. Être dehors est irréel et cette sortie leur paraît soudain insensée. Et le danger leur rappelle subitement combien ils s’aiment. Ils courent à petites foulées pour éviter de transpirer ouvertement. Ils ont peur qu’un surplus de sueur ou de chaleur provoque un bug fatal de leur équipement. Ce n’est pas censé arriver quand on porte ces uniformes militaires de pointe. On se dit que l’armée connaît son affaire et on a envie de faire confiance à ces anciens combattants qui ont survécu à la guerre invisible et qui ont longuement témoigné de leur efficacité dans les journaux. Mais toute marchandise acquise sur le darknet pose forcément question. Qui sait s’ils ne se sont pas fait arnaquer. Les cristaux liquides thermochromiques vont-ils vraiment les rendre invisibles à toute détection ? Il est trop tard pour hésiter. Mais Clara et Léo ont la trouille, parce que le ciel grouille de drones et d’hélicoptères qui volent bas et balaient la ville avec des caméras thermiques. Sur la route, la situation est anxiogène tout autant. Ça et là circule un taxi, souvent vide. Pour le reste, on a droit aux sarabandes de la police, avec sirènes beuglantes et moteurs hurlants, maraudant à tous les coins de rue. Les poils dressés, ils découvrent non sans effroi l’atmosphère vespérale de la capitale. Soudain, le même espoir les envahit. Si seulement ils pouvaient atteindre le Passage Piver dans les temps. La porte du théâtre sera ouverte jusqu’à vingt-deux heures, pas une minute de plus. C’est le plan. S’ils ratent le créneau, ils seront coincés dehors, avec une autonomie insuffisante pour rebrousser chemin. Essayant de ne pas se laisser gagner par des pensées toxiques, Léo agrippe mentalement la main de Clara et accélère encore le pas. Tant pis pour l’excédent de sueur. Quasiment en même temps, Clara sprinte car la rue Vieille du Temple est en vue. Ça y est, elle n’est plus qu’à une dizaine de mètres de l’établissement. Par anticipation, elle formule le code secret dans sa tête. Pour mémoriser une suite de cinquante caractères, elle s’est inventée une histoire mnémotechnique. Un Homme Lézard Court Sans Queue Le Long Des Pyramides De Louxor. Et ainsi de suite. Les mécanismes mémoriels s’actionnent et engrenage après engrenage, les pièces du puzzle se mettent en place. Distraite pour un instant, elle entre en collision avec le conteneur devant elle. Renversée, la poubelle de tri verte se répand sur la chaussée. Léo, légèrement en avance, fait volte-face, dès que les premières bouteilles explosent. La plupart roulent droit devant, certaines buttent contre le trottoir et d’autres frappent directement les façades d’immeubles avant d’éclater en morceaux. Clara est déséquilibrée par le choc et ne parvient à éviter la chute qu’en saisissant au vol un panneau de signalisation. Être sur le point d’hurler mais ne pas hurler. In extremis, son cerveau donne l’ordre prioritaire qui coupe court à une éventuelle panique. Les ligaments atteignent la limite de la rupture mais Clara n’émet aucun cri. Comme des requins excités par le sang, les lasers argentés sont braqués sur le passage. Ils font briller le verre pilé. Les étincelles attirent les drones qui convergent vers le passage illuminé. Le bruit de leurs hélices frénétiques sature les oreilles de Clara et Léo. Ils respirent le moins possible. Ils serrent les dents et prient pour qu’elles ne claquent pas. Pour rester stable, Clara rentre son ventre et contracte au maximum sa musculature abdominale. A un certain niveau de souffrance, elle revoit sa mère dans la cuisine. Un jour, elle lui a balancé à la figure que des séances de gainage lui feraient le plus grand bien. Devant Léo, cette vieille peau ménopausée a exhibé son ventre plat pour lui signifier son triomphe. Elle s’est sentie humiliée et elle a craqué. Elle lui a gueulé de remballer sa viandoche avariée. Si elle avait été devant elle ce jour-là, elle l’aurait frappé au visage. La colère l’aide à rester debout. Encore quelques minutes à tenir puis les drones disparaissent, reprenant position comme si de rien n’était au sein de l’espace aérien.
Le couple invisible se rue maintenant vers l’entrée du Passage Piver et passent sous son arche célèbre. Les camelots passaient par là eux aussi, sous la grande arche en pierre de tuf. C’était un des passages les plus fréquentés par les marchands de textiles qui se rendaient aux marchés de la ville : les Halles, Richard Lenoir, Bastille ou Aligre. L’arche est restée debout et pavée comme à l’époque. Elle est à peu près tout ce qui a subsisté, les bois qui se trouvaient de part et d’autre du chemin sont devenus un éco-quartier. C’est moderne pour l’heure. Dans deux siècles, peut-être aura-t-on la nostalgie des forêts. Et les yuccas aux balcons disparaîtront. Au bout du passage, se trouve le Théâtre de Belleville. Vingt ans de fermeture ont fané ce lieu pourtant bouillonnant au tournant des années deux mille vingt. Tant de lieux ont perdu leur âme depuis l’apparition des maladies isolantes. Théâtres, cinémas, restaurants, hôtels, salles de sport, gares, trains, casinos, aéroports, avions, magasins, stations de sport d’hiver, plages, golfs et clubs libertins, tout ça n’est plus qu’un souvenir lointain . L’âme des bars aussi s’est figée, mais au moins les habitués ont-ils continué à boire chez eux. Et on trinque encore, même si c’est contre la vitre d’un écran. C’est pauvre mais ça donne le change. Surtout à ceux qui n’ont jamais franchi les portes d’un bar. La génération isolée a bien du mal à se représenter une époque où on se retrouvait en vrai, en chair, épaule contre épaule, au comptoir bondé d’un bar, à respirer le même air en toute impunité. C’est assez dingue pour eux. Comme pour Clara et Léo, c’était hallucinant de se dire qu’avant, quand ils étaient gamins, on fumait partout, à l’hôpital, dans les métros, aux repas de famille et bien sûr au théâtre. Clara tape le code mécaniquement. Dès que la porte s’ouvre puis se referme, Clara désactive sa combinaison Prédator, suivie de peu par Léo.
- Désolé de vous brusquer les enfants mais j’ai failli couper le système moi, vous êtes en retard bon sang, vous êtes malades ou quoi. A une minute près, je vous laisse dans la rue moi, ça m’aurait pas mis en joie, mais je l’aurais fait, c’est le deal, vous le savez pourtant. Enfin c’est comme ça les Parisiens, même pour la fin du monde, ils seront en retard, le quart d’heure parisien comme on dit..
Clara et Léo se regardent. Ils hésitent quant à la conduire à tenir. L’homme qui les accueille parle vite avec un grand sourire légèrement crispé, il lui manque de nombreuses dents et sa moustache - si ça en est bien une - s’arrête à mi-chemin de sa lèvre supérieure. Il est cocasse et étrange à la fois. Ils se prendraient bien dans les bras l’un de l’autre pour se féliciter d’avoir trompé les drones, mais ils savent tous deux que le théâtre n’est qu’une étape. Conditionnés pour aller jusqu’au bout, ils choisissent de rester concentrés sur l’objectif. L’homme pérore comme s’il était tout seul. Il s’arrête d’un coup et repart brusquement. Léo se demande si ce n’est pas un maniaque mais dans le flot de sa logorrhée, il livre l’information qu’ils attendent. “Branchez vos combinaisons par là-bas“ en leur montrant la direction d’un escalier étroit. “Ça mène à la scène ou ce qu’il en reste“ annonce leur hôte à demi moustachu. “Les seules lumières qui fonctionnent encore sont les éclairages de secours, suivez les bornes au sol si vous ne voulez pas vous péter une jambe“.
La salle ressemble à un avion crashé. Il y a des débris absolument partout et il est difficile sinon impossible de visualiser ce à quoi devait ressembler le lieu à l’origine. Le bâti est défoncé à peu près partout, les murs sont en lambeaux, les fauteuils d’orchestre ont été arrachés et le sol est jonché de gravas et de papiers en tout genre. L’endroit a été visiblement mis à sac ; pourquoi se demande Clara quand ils montent sur la scène. Qu’il semble loin le temps de la comédie. L’homme indique le côté jardin. “Côté cour, c’est totalement bouché, le plafond s’est effondré il y a peut-être dix ans“ dit-il en crachant par terre.
- Voilà par ici, derrière le flight case, vous trouverez l’alim mobile pour brancher vos combinaisons. C’est une Schwary que vous avez ?
- Oui répond Léo, une Prédator
L’homme siffle d’admiration.
- Du coup, en dix minutes, ça devrait être bon. Je suis désolé j’ai rien à vous offrir à boire mes enfants. Dans une loge d’artiste, si c’est pas malheureux...
- Et vous, votre combinaison c’est quoi ?
- Quoi ?
- Vous devez avoir une combinaison j’imagine pour vous déplacer en toute discrétion
L’homme éclate de rire, puis se met à tousser comme un perdu. Quand ça se calme, il sent qu’un malaise s’est installé.
- Vous inquiétez pas les paranos, c’est juste trente ans à deux paquets par jour, si vous êtes amateurs de maladies isolantes ou de conneries infectieuses, vous pouvez changer d’auberge, y a pas de ça ici. C’est juste une sale habitude. Ça et le reste si vous voyez ce que je veux dire, dit-il en exhibant sa bouche trouée. Est-ce une allusion à une addiction à une drogue dure qui lui aurait gâté le sourire ou à d’hypothétiques combats de boxe dans lesquels il aurait morflé ou divague-t-il tout simplement ? Difficile à dire mais Léo tranche pour l’hypothèse toxico.
- J’ai pas de combi, j’en ai pas besoin mes beaux… Il savoure le petit effet de sa déclaration avant d’ajouter toujours aussi speed : je bouge pas d’ici et je bougerai jamais… Et ouais, tant que le spectacle durera, Bam bam restera là hein ? … et il aidera tous les mignons dans votre genre. Tous ceux qui veulent faire la nique à ces fils de pute-là au gouvernement ... Tant qu’il y aura du public, je serai là, je ne bougerai pas d’un pouce… Jusqu’à mon dernier souffle comme on dit… Et il salue théâtralement un parterre de gens qui semble-t-il l’applaudissent à tout rompre. Il est galvanisé, ses gestes sont plus nets et plus énergiques, son débit de paroles accélère encore. Ça fait vingt ans qu’ils applaudissent Bam bam, je peux pas les laisser tomber... Pour notre dernière, on pouvait pas rêver mieux… Un public comme ça, ça t’arrive une fois dans ta vie… et dans ta mort aussi... C’est ça qu’ils ont pas compris ces enflures… le théâtre c’est la maladie la plus dangereuse qui soit, on peut pas en guérir, c’est incurable la comédie et ils peuvent toujours essayer de me neutraliser, autant chier mou dans la Seine ! … T’imagines, vingt piges qu’ils sont là à applaudir à tout rompre, on les attend tous ces petits puceaux du ministère…. L’homme marque une pause. Ses yeux noirs continuent de flamboyer après qu’il a arrêté de parler. Et puis, il repart bille en tête... Ils sont tous partis, la grande famille des faux culs, il y a belle lurette qu’elle s’est barrée la famille des médiocres... T’en vois un autre toi ici ?... Non, non, non, non, non, non je crois pas moi, tous des girouettes, des fantoches, soit disant qu’on allait tous mourir sur scène, ensemble jusqu’à ce que le rideau se pète la gueule… Ouais le rideau est tombé c’est vrai…. Mais tu vois y a plus rien, y a plus personne… Les masques cosmiques sont tombés... Et il y en a qu’un qui tient la taule, c’est ce vieux Bam bam. Et il salue à nouveau théâtralement et ne dit plus un mot. Cette fois, c’est définitif.
Clara jette un coup d’oeil à Léo. D’un geste de la main, il lui signifie qu’il vaut mieux rester calme, car il sent qu’elle monte dans les tours. Il connaît son rictus et les soubresauts qui agitent sa mâchoire. C’est un de ces moments où elle ne veut pas paniquer mais elle commence à perdre le contact avec son environnement, il voit très clairement arriver ce moment où elle va envoyer bouler le vieux taré. Voire pire lui péter le nez d’un coup de krav-maga. Le signal retentit à propos : les combinaisons sont chargées. Ils les enfilent prestement. Ils se sentent mieux, ils vont y arriver, se dit Léo.
- Bon les tourtereaux, c’est pas que je m’ennuie avec vous… mais je crois que avez mieux à faire qu’à m’écouter parler du théâtre qui est mort et qui reviendra plus. Sa voix devient charmante, presque avenante. Allez venez ici que je vous fasse un câlin avant de partir. Avant que Clara ait pu réagir, elle se trouve au beau milieu d’une étreinte, qu’elle repousse presque aussitôt avant de disparaître. Léo échappe de justesse à l’accolade en activant sans attendre sa combinaison. A nouveau invisibles, ils se dirigent vers la sortie de secours, non sans adresser un rapide remerciement au comédien, ils bâclent la formalité mais ils s’en foutent, il sont trop pressés de passer à la suite. Il est vingt-deux heures quinze et ils sont sur le point d’échouer.
Gorgés d’adrénaline, ils retrouvent le monde extérieur. Sans perdre un instant, ils se précipitent dans le passage, ils ont mémorisé que celui-ci se rétrécit à la fin, juste avant de bifurquer sur la rue de l’Orillon. Clara est en tête. Toutes ses pensées sont tournées vers la réussite de sa course. Elle a atteint le stade où elle devine les obstacles avant qu’ils n’apparaissent. Encore quelques minutes et ils seront au pied du building 52. Léo, à l’instar de sa femme, rassemble à l’avance les éléments du code à venir. Il sait que la destination finale n’est plus très loin. Il y a l’excitation à son niveau maximal mais il y a le silence aussi . Apaisant dans leur course folle et en même temps effrayant, comme si un fantôme était sur le point d’apparaître. Un silence illogique, analyse Clara. Elle ralentit. Pourquoi n’entend-on plus rien ? Où sont passés les drones et les sirènes. Léo arrête à son tour de sprinter, et scanne toutes les informations qui l’entourent : ciel noir, sols noirs, façades noires, lumière à l’horizon. D’où sort-elle cette lumière ? Comment est-ce possible alors que la ville est plongée dans l’obscurité ? Il voit enfin ce que son pressentiment n’arrivait pas encore à visualiser. Devant lui, c’est-à-dire à une trentaine de mètres de l’endroit où il a stoppé sa course, se déplace une croix phosphorescente, on dirait qu’elle est en lévitation, elle bouge dans l’air comme par magie. Puis, elle stoppe son mouvement avant de s’arrêter totalement. Les poumons de Léo le brûlent, il cligne des yeux sans s’arrêter, avec vigueur pour évacuer l’abondante sueur qui lui floute la rétine. Quand enfin, il gagne de la visibilité, il se concentre pour saisir un mouvement, une forme, un détail qui l’aidera à visualiser ce qui se passe. Il a peur pour Clara. Pour l’instant, il ne distingue presque rien car il n’y a pas de lune ce soir pour escalader le ciel. C’est précisément pour cette raison que les organisateurs ont choisi la nouvelle lune : le noir absolu doit favoriser la réussite des participants et contre-carrer la surveillance des autorités. Lorsque le premier rayon lumineux le frôle, Léo détourne les yeux. Il fait bloc pour ne pas paniquer. Des dizaines d’autres s’abattent sur le sol et sur les murs. Les lasers des hélicos sont revenus. Il ferme les yeux, puis les rouvre d’un coup. En réalité, les drones ne sont pas partis, ils sont là dans la lumière des lasers, il les voit parfaitement. Ils ne font plus de bruit car ils ne volent plus, ils ne volent plus car ils sont posés un peu partout dans la rue. Le canon de neutralisation dressé, ils ont l’allure d’abeilles en acier. Ils sont des dizaines, réunis en cercle concentrique. Clara est piégée. Elle parle. Il écoute sa voix qui lui semble à la fois lointaine et qu’il entend très distinctement. Il a les oreilles qui pulsent, il se demande si c’est bien réel ou s’il n’est déjà plus conscient. Clara parle fort, peut-être hurle-t-elle même, il comprend qu’elle veut qu’il l’entende. Elle sait que le cool c’est fini, adieu James. Elle a su il y a deux ou trois minutes qu’elle avait été repérée. Depuis qu’elle a vu les canons la mettre en joue, elle sait que c’est foutu et elle sait aussi ce qu’elle va faire. Préserver Léo, tout faire pour qu’il s’en sorte. Elle se met à vociférer de plus belle pour couvrir espère-t-elle la fuite de son Léo. “Je suis une citoyenne et je vous emmerde, allez, neutralisez-moi, empêchez-moi de vivre, qu’est-ce que vous attendez les bâtards“ ! Elle a envie de fumer un paquet de cigarettes. Dans ses poches, elle ne trouve rien. Elle perçoit que le canon du drone réagit à ses mouvements et change plusieurs fois de direction pour la suivre. Ça n’a plus d’importance. Alors, elle désactive son uniforme coréen et poursuit sa recherche de cigarettes. “Putain, mais c’est quoi ça ?“ s’écrie-t-elle tandis qu’elle découvre au dos de sa combinaison des marques phosphorescentes “Ce n’est pas une croix, c’est des empreintes de main“. Léo passe tout près. Bam bam les a baisés ; le passeur les a balancés, marquant Clara dans le dos avec de la peinture fluorescente. Clara hurle toujours plus fort.
Léo sent l’humidité qui dégringole de son visage. Il doit s’échapper maintenant. Vite, car il est peut-être déjà trop tard. Une patrouille terrestre doit être en route à l’heure qu’il est, ils vont nettoyer le quartier. Il prend son élan et repart de toutes ses forces. Il entend le bruit des canons, la neutralisation démarre. Lorsque les lassos électrifiés tombent sur Clara, son corps est projeté violemment sur le pavé : le bruit du choc est le dernier son immonde que Léo perçoit avant de s'exfiltrer du chemin. Tremblant de rage, il fonce à perdre haleine car le rendez-vous court toujours.
Après avoir rentré le code, que peut-il faire pour fixer son attention. Il lève les yeux pour voir s’il parvient à visualiser l’ascenseur qui descend. Les spots lumineux de l’appareil en mouvement lui rappellent les lasers des hélicoptères. Il essaye de se remémorer un truc marrant, mais rien ne vient. Rien d’autre que le fantôme de Clara. Il se dit que c’est parti pour des années à sentir sa présence acide dans l’air. Elle est avec lui dans ses pensées quand le monte-charge le secoue et commence à grimper vers le sommet de l’entrepôt. Pour temporiser ses nerfs, il doit calmer sa culpabilité. C’est elle qui a insisté après tout. C’est elle qui a voulu tenter le coup. Rien n’avait plus tellement de sens. C’est elle qui le répétait à l’envie. Il s’entend lui demander mille fois si elle est sûre de vouloir se lancer là-dedans. Le film s’arrête. Les personnages changent, Clara n’est plus là et lui, n’est plus le Léo torturé, il est le Léo qui frappe le sol avec ses pieds, mécaniquement en rythme avec la musique dont le volume augmente. Il tape aussi sur le haut de ses cuisses avec ses mains à plat. Les fourmis qu’il sent dans le bas ventre, ce sont les basses qui escaladent son corps et le cerveau est atteint très vite. Le plaisir est produit en grande quantité. Le voilà fébrile, délicieusement fébrile. Comme s’il attendait la montée d’un cachet d’ecstasy. Il est attentif à absolument à tout qui concerne l’instant présent. Le reste ne l’intéresse plus ou n’existe plus. Dans cette dimension nouvelle, il s’autorise à croire à des moments nouveaux. Il dépose sa combinaison au vestiaire. Ce sourire qui monte, ce son dément qui circule comme un serpent invisible. Premier vertige. Au bout du couloir cubique, une double porte en verre fumée se ferme et s’ouvre, neutralisant puis crachant l’énergie ultra intense du dancefloor. Le serpent s’enroule autour de lui. Deuxième vertige. Il est un danseur ensorcelé. Il concorde avec les événements. Il rejoint les couleurs roses vif, les mauves flashy. Dans la fumée dense, il s’enfonce, et quand le son monte et dessine un plateau et une vibration, il court, il court vers eux pour danser. Abandonné, révolté, puissant, les bras en l’air, il ne ressent plus rien sinon la danse qui le met en joie,. Et le charisme de ces instants est inattaquable.
Tout d'abord, j'aime toujours les images que tu utilises ("Ça a pris un certain temps même, comme la mer gagne du terrain et finit par amputer les côtes, lentement. " Aaaah, c'est beau, ça. Je l'ai recopiée dans mon petit cahier -- mais pour ne pas l'employer moi-même, pas de crainte, hein). "Vingt ans [...] qu’il s’emmerde comme un moulin au coeur d’un pays sans vent." : chouette image aussi ! Sûreté et finesse de ta plume, récit bien mené -- belles qualités d'écriture. Le personnage de Bam Bam me fait penser à une silhouette dessinée par Enki Bilal. Je ne fais pas plus de commentaires sur le fond, je pense que c'est bien maîtrisé. Le récit court vers sa chute, amère et ironique. Je resserrerais juste un peu le passage de l'arrestation pour le rendre plus nerveux (mais des goûts et des couleurs...).
Maintenant, les coquilles...
- "Dans le ciel de Paris, on n’y voit pas de lune. " --> je mettrais plutôt "on ne voit pas de lune" (mais après, comme je disais, des goûts et des couleurs...),
- "Toutes ces tâches laissées par ses anciennes bouteilles" : la tache qui souille ne prend pas d'accent circonflexe,
- "années deux-mille" : je ne mettrais pas de trait d'union ici,
- "Les pratiques sociales autres que vitales n’ont plus eu court." -- > cours (avoir cours),
- "se sont formées des croutes qui ne guérissent pas." --> croûtes,
- " sur la pliure rotulienne," -->... pour info, on appelle ça le creux poplité :-) ,
- "c’est à dire à domicile, " --> c'est-à-dire,
- "c’est soulagé pour la plupart d’entre eux" --> soulagés,
- "Elle redevient la bout-en-train qui courrait" --> boute-en-train qui courait,
- "en hurlant qu’elle était barman le super héros" --> je mettrais une majuscule à "barman", non ? ,
- "Toute à sa mauvaise humeur," --> "Tout à sa mauvaise humeur," ("tout" est ici un adverbe, équivalent à "entièrement" et invariable),
- "pour marquer précisément vingt et une heure" --> heures,
- "Il est vingt et une heure précise," --> "Il est vingt et une heures précises,
- "A trois c’est parti..." --> rien à dire sur l'orthographe, mais ce court échange manque un peu de ponctuation,
- "Ce n’est pas sensé arriver" --> censé,
- "Les cristaux liquides [...] vont-ils vraiment les rendre invisible" --> invisibles,
- "Une Homme Lézard Court" --> un...,
- "cette vielle peau ménopausée" --> vieille,
- "un éco quartier" --> je mettrais un trait d'union ainsi : un éco-quartier,
- "Et les yuccas aux balcons disparaitront." --> disparaîtront
- "au tournant des années deux-mille vingt." --> deux mille vingt
- "Tant de lieux ont perdu leurs âmes" --> leur âme (chaque lieu n'a qu'une âme...),
- "une époque où on se retrouvait en vrai, en chair, épaules contre épaules," --> épaule contre épaule (ça me paraît plus logique),
- "Enfin c’est comme ça les parisiens," --> Parisiens,
- “Côté cours, c’est totalement bouché, --> Côté cour,
- "une addiction à une drogue dure qui lui aurait gâtée le sourire " --> gâté,
- "Tant qu’il y aura du public, je serai là, je ne bougerais pas d’un pouce" --> bougerai,
- " il le voit très clairement arriver ce moment où ..." --> "le" me semble superflu ici,
- "Voire pire lui péter le nez d’un coup de kravmaga." --> krav maga ou krav-maga,
- " Ils se sentent mieux, ils vont y arriver se dit Léo." --> ils vont y arriver, se dit Léo,
- "Léo à l’instar de sa femme," --> Léo, à l’instar de sa femme, ,
- "Un silence anormal analyse Clara." --> Un silence anormal, analyse Clara. ,
- "C’est apaisant ce silence dans leur course folle mais c’est effrayant comme si un fantôme était sur le point d’apparaitre." --> C’est apaisant, ce silence dans leur course folle, mais c’est effrayant comme si un fantôme était sur le point d’apparaître (virgules et accent circonflexe),
- "c’est à dire à une trentaine de mètre de l’endroit où il a arrêté sa course," --> c’est-à-dire à une trentaine de mètres... ,
- "un détail pour visualiser ce qu’il se passe." --> un détail pour visualiser ce qui se passe",
- "Pour l’instant, il distingue peu de chose" --> choses,
- "ils sont là dans la lumière des lasers, ils les voit parfaitement. " --> il les voit... ,
- "Bande de fils de pute," --> putes,
- "regardez moi, je vous emmerde oui," --> regardez-moi,
- "allez c’est ce que vous attendiez bande de bâtards ! " --> allez, [...] (et des guillemets après "bâtards"),
- "quand elle perçoit que la canon du drone" --> le canon,
- "Tant pis, elle désactive son uniforme coréen " --> elle a déjà désactivé sa combinaison trois-quatre lignes avant...,
- "vous savez où me trouver de toute façon, " --> Vous,
- "je me serais barrée car je suis trop balaise pour vous," --> balèze.
Pour la partie technique, je vais relire au calme le récit de l'arrestation et peut-être y donnerais-je quelques coups de serpes pour donner un peu de nervosité au passage. Et pour les coquilles, je suis désolé de te donner autant de travail ^^ Merci c'est très cool en tout cas !
poplité !
salutations !