En hiver, après minuit, la cave est déserte. La vieille stéréo, qui marche une fois sur deux, grésille à sa guise les albums de Laylow ou de Hamza. Des pneus de scooter et des jantes de voiture, entassés comme un château aux murailles aciers et noires de carbone, atteignent la fenêtre qui, lorsque vient l’été, retient égoïstement la lumière du monde pour ne laisser dans le sous-sol que les rires, les rêves et les règlements de compte.
Marie y retrouve Nelson, avachi sur le canapé. Il a l'air pensif, comme s’il trimbale un caddie de problème, comme les adultes qui pensent aux impôts, au chômage partiel et à la réforme de la retraite.
— Ça dit quoi ? Lance Marie avec un sourire auquel il manque une dent.
— Ibrahim m'a défoncé.
— Il a dit quoi ?
— Rien.
Pour son frère ainé, leur père aurait eu honte. Nelson, ça lui retourne les tripes même s’il prétend le contraire. Leur père est mort, enterré dans une tombe cimentée au bled. Quelle honte pourrait-il ressentir de là où il gît, loin des siens ? Aucune. Alors pourquoi Nelson évite-il de lever les yeux vers le ciel à chaque fois qu’il vend un gramme de mort en sachet ?
— Il est où ton daron ? Lui demande-il. Tu parles jamais de lui.
— Il est en Australie. Il s'occupe des kangourous.
— C'est un métier ça ?
— Ben ouais, tu crois quoi ?
Nelson hausse les épaules.
— Pourquoi il t’a défoncé Ibrahim ?
— Il dit qu'on a volé la voiture et que je vais finir au placard.
Comme d’habitude, Ibrahim exagère. Peut-être parce qu’il travaille dans une banque, conduit une hybride et porte des costumes achetés sur Ebay.
Le regard de Marie s’attarde sur l’attelle à son poignet. Les policiers ont conduit Nelson à l’hôpital de Corbeil-Essonnes. Il a une entorse mais ce n’est pas la fin du monde. Le docteur l’a rafistolé en deux secondes.
— En plus, ma mère veut m’envoyer au bled.
Pour elle, Nelson est un délinquant qu’elle a honte d’avoir enfanté. Elle déverse des torrents de larmes quand les surveillants de Jean Vilar l’appellent pour les absences de son fils, déverse des fleuves de sanglots quand il cache des coupures de vingt euros dans son porte-monnaie pour la dépanner.
Ibrahim, Monsieur-le-banquier, il fait quoi exactement ? Il n'est jamais à la maison mais ose se pointer à Grigny pour jouer le daron de service. Ses deux cent euros à la fin de mois ne couvrent pas les factures. Son Moneygram de cinquante euros ne paye pas le kinésithérapeute de leur mère.
Nelson, il aide. Il est présent. Il investie pour l’avenir. Son père leur répétait d'investir dans la pierre alors son argent, il l’utilise à peine. Il rêve de mettre sa mère et ses sœurs à l’abri, d’acheter une maison au pays et de rénover celle de ses grands-parents au village. Il réussira. La fin justifie les moyens.
— Elle est chelou ta daronne.
Nelson fait une bruit agacé avec sa langue.
— Parle de la tienne comme tu veux mais pas de la mienne.
Il ne lui en veut pas. C’est de l’inconscience, la légèreté de celle qui n’a pas assimiler tous les codes. Ce n’est pas de la faute à Marie si Mme Brochart est une ivrogne irresponsable. Marie est seule. Personne ne s’inquiète pour elle quand la lune s’est abattue sur le quartier et que son lit est vide. C’est pour ça que Mme Niangaly lui prépare à manger le soir. Pour cette même raison qu’Aïssatou lui donne des vêtements en prétextant qu’ils sont trop petits.
Nelson se lève pour se dégourdir les jambes. Cette histoire de voiture tombe au mauvais moment. Hier soir, pendant qu’il se faisait réprimander par Ibrahim, Timothée a pris sa place pour rafler quatre-cent euros en quelques heures de distribution. S’il n’avait pas protégé Marie de Pom'Potes, il ne se serait pas retrouvé à l’hôpital et n’aurait pas fini sur le banc de touche.
Ils avaient ri le temps d’une succession de virages, le temps de l’insouciance. Ils avaient ri, le cœur criblé des piqûres volatiles de l’adrénaline. Comme dans un fantasme, un extrait de film, un rêve éveillé.
Mais la vie n’est pas un rêve. Encore moins une film.
— Moi, je dois être discret. Tu devrais faire pareil.
— De toute façon, on s'en fout. Moi, je vais mourir. Toi, tu déménages.
Aïssatou a tout avoué ce matin. L'assistante sociale, une gentille cette fois, leur a déniché un appartement à Créteil.
— Pourquoi tu dis que tu vas mourir ? T’es chelou, toi.
— Il y a du sang dans ma culotte.
— Hein ?
— Il y a du sang dans ma culotte. J’ai essayé de…
Elle est interrompue par un éclat de rire qui percute les murs de la cave.
Marie pince les lèvres, vexée, pense à lui jeter une cannette de jus au visage.
— T’es sérieuse toi ? T'as tes règles et tu crois que tu vas mourir ?
Le rire de Nelson s’intensifie et il se lève, à bout de souffle, pour se tenir les côtes comme une femme enceinte.
— Ta daronne t'a jamais expliqué c’est quoi ? T’es sérieuse ?
— Je savais pas que c’était comme ça, se défend-elle.
— Tu croyais que c’était quoi ?
— J’en sais rien, moi.
Dans la cour de récréation, les filles en parlent comme un phénomène qui change la vie. Un peu comme un bisou sur la bouche à l’arrière des toilettes, un iPhone gratuit ou le prochain album de PNL.
— Tu vas pas mourir.
— T’en sais rien. C’est dégueulasse et la papier toilette gratte de partout.
Nelson lève les mains au plafond avec une grimace.
— Faut pas me dire ça! C'est privé, wesh!
— Comment ça ?
— C'est des bails de filles. C’est à ta daronne que tu dois en parler.
— Mais elle est pas là.
Et quand elle reviendra, Marie sera sèche comme un boudin périmé.
— Bon, d’accord, soupire Nelson. Viens, on va voir ma sœur.
Gaïssiri étudie la science politique à l'université d'Évry. Elle est grande, marche comme Naomi Campbell et achète des perruques crépues lisses sur AliExpress. L'année prochaine, elle fait son hlel puis elle déménage à Londres. Maintenant que la bibliothèque est fermée, elle vit dans sa chambre, y collectionne des milliers de livres. Elle n’accorde aucune seconde aux futilités, se lève tous les matins avant l’aube pour le ménage et les révisions, n’admet comme interruption à sa routine que les urgences. Alors, quand la voix insistante de son frère perturbe son sommeil réparateur, elle s’imagine que c’est leur mère qui souffre de crampes nocturnes, se redresse dans un sursaut et allume la lampe de chevet. Un exemplaire du Code Civil s’écrase sur la moquette.
— C’est quoi le problème ?
Elle porte un vieux T-shirt Nike, un foulard en satin sur ses tresses collées. À moitié endormie, les yeux gonflés et la bave à la lèvre, Gaïssiri n’en demeure pas moins la plus belle fille de la Grande Borne. Un détail qui ne l’intéresse pas. Un jour, elle deviendra la première présidente noire de France. C’est ce qu’elle a gravé dans son journal intime. Tout le reste n’est que vanité.
— Tu peux l’aider vite fait ? Demande Nelson dans un murmure.
— Qui ?
— Marie.
Près de la porte de la chambre, Gaïssiri découvre la silhouette hésitante de la blonde qu’elle croise parfois dans les escaliers.
— On est pas dans un hôtel, Nelson. Comment tu peux ramener cette fille ici à une heure pareille ?
— T’abuse. C’est pas comme si…
— Maman a pleuré toute la journée à cause de toi. Maintenant que vous avez détruit l’arrêt de bus, les gens vont s’abriter où ? Qui va payer les réparations ? Tu n’y as pas pensé malgré ta grosse tête.
Nelson garde la réplique sur ses lèvres, la fierté à vif dans un méli-mélo d'émotions brutes. Sa soeur, il l’aime à mort. Elle dit tout haut ce que les gens n’osent pas penser, ne s’écrase devant personne et ne compromet jamais ses principes. Pour son anniversaire, Nelson lui a acheté un collier à Pandora. Un joli collier en forme de cœur orné d’une citation dénichée sur Instagram. Elle a refusé le cadeau parce que ça a été payé avec de « l’argent sale ».
— Elle a ses règles et sa daronne est partie. Tu l'aides ou je réveille maman ?
Le visage de Gaïssiri se fige d’abord dans un air hautain, son cœur refusant d'être attendrie par l’explication de son frère. Mais un regard vers la blonde, son pantalon trop large, ses chaussures sales, ses lèvres gercées et ses grands yeux bleus suffisent à craqueler la glace. Elle repousse la couverture.
— Depuis quand ? Et toi, Nelson, dégage. Ça ne te concerne pas.
Elle le vire de la chambre. Marie, immobile, garde les yeux rivés sur la sœur d’Aïssatou. Elle a l’allure des élus qui changeront le monde, qui n’ont que le choix de réussir et d’impacter la société.
— Alors, tes règles. Tu les as depuis quand ?
Sa voix est celle d’une sœur ainée qui n’a aucune tolérance pour l’insoumission. Marie, qui ne souhaite pas la contrarier, répond vite pour ne pas perdre son temps.
— Hier matin.
— Tes serviettes hygiéniques, tu les as achetées où ?
— Mes quoi ?
Gaïssiri plisse les yeux. Quelque chose remue dans son prétendu cœur de glace. La prochaine fois qu’elle croise Mme Brochart dans les escaliers, elle lui dira ses cent-quatorze vérités.
— Tes serviettes hygiéniques. T’en as pas ?
Marie secoue la tête. La honte lui perce l’estomac. C'est de ça qu’elle risque de mourir. À cause de la honte qui s’écoule et remplie son bide comme l’eau dans le tambour d’une machine à laver.
— Non, j’ai pas les serviettes hyg… hygié…
Elle bégaye, panique, baisse les yeux.
— Hygiéniques, corrige Gaïssiri. Ça sert à absorber le sang. T'as quoi sur toi?
Une couche épaisse de papier toilette et deux culottes. Elle préfère mourir que de l’avouer. Gaïssiri, habituée aux cachotteries de ses petites sœurs, scanne et analyse ses pensées, perçoit le poids de l’embarras dans le regard fuyant de la blonde. À qui la faute ? La prochaine fois qu’elle croise Mme Brochart, elle n’hésitera pas une seconde à lui témoigner son ressenti. Cette enfant est complètement livrée à elle-même.
— Du papier toilette, j’imagine. On est toute passée par là. Mes premières règles, j’avais neuf ans. Je portais une jupe blanche. Tout le monde s’est moqué de moi. Ibrahim a expliqué à ceux qui rigolaient que je m'étais assise sur le pot de confiture de la cantine. Personne ne l’a cru, évidemment. Les règles, ça peut être compliqué mais je vais t’expliquer comment ça fonctionne, d’accord ?
Nelson, qui patiente comme une sentinelle, recule quand la porte de la chambre s’ouvre. Gaïssiri et Marie s'enferment dans la salle de bain. L’eau de la douche coule, la chasse d’eau tourbillonne, des secrets sont chuchotés, des papiers se froissent et se déchirent. Quand elles en ressortent, quinze minutes après, des vapeurs de savon noir s’échappent dans le couloir. Gaïssiri a glissé les sous-vêtements souillés de sa protégée dans un sac plastique, lui conseille de les frotter au savon de Marseille, lui répète de se protéger en cas de rapports sexuels. Marie ne comprend que la moitié mais s’empresse de hocher la tête.
— Maintenant, rentre chez toi et dors. Si t’as mal, reviens me voir.
Le vieux Blackberry affiche trois heures trente-neuf. Marie ne parvient pas à s’endormir, écoute en boucles Fanny Polly, repeint le monde de couleurs qui n’existent que dans son imagination.
Elle repense au vieux Néron, à tatie Lily — dont le numéro n’est plus attribué —, à son inconnu d’arrière-grand-père. Elle pense au déménagement des Niangaly, aux devoirs qu’elle n’a pas faits. Demain, la maîtresse lui reprochera d’avoir sauté le portail de l’école. Un mot dans le carnet de liaison, des lignes à copier. Des efforts inutiles de la part de la maîtresse qui finira par oublier.
Monroe dort à coté d’elle dans une position improbable. Sa litière est sale. Marie se glisse hors du canapé-lit, soulève la litière lourde d’excréments séchés, vide le contenu dans les toilettes, frotte le bac d’une éponge imbibée de liquide vaisselle et y renverse le restant de sable propre. C’est le dernier sac. Monsieur Özdemir, qui a huit chats, la dépannera si elle nettoie sa voiture.
Son ventre gargouille. Le frigo est vide, pue l’oeuf pourri et les tomates moisies. Elle fouille les sacs de sa mère à la recherche d’un billet pour faire les courses avant la fermeture de la supérette à midi, ne trouve rien à part des cigarettes et des préservatifs périmés. Elle se recouche à côté du chat, s’endort enfin.
Marie est réveillée par un crissement de pneus. Elle pense d’abord que c'est un rêve, garde les yeux fermés. Les miaulements de Monroe la tire de son demi-sommeil. Le chat miaule quand Emmy revient de ses virées nocturnes. Marie allume la lumière, se hisse jusqu’au judas. Derrière la porte, le couloir est plongé dans l’obscurité. Elle tourne la clé dans la serrure. Personne, juste le vieux paillasson et ses ongles de pieds colorés au marqueur rouge. Chez M. et Mme Rodriguez, quelqu’un regarde la télévision. Marie retourne à l’intérieur, se penche à la fenêtre.
Une forme est allongée sur le trottoir d’en face, à côté du local à poubelle.
Sans surprise, les lueurs oranges des lampadaires dévoilent une Emmy, bourrée et pieds nus qui tente de se mettre debout, la jupe retroussée jusqu'aux cuisses, les jambes bleuies par le froid, son sac Chanel à bout de bras, sa bouteille de Vodka à la main. Elle titube, s’écorche les genoux sur le bitume. Ses yeux, deux fentes rouges, s'embrasent quand elle voit sa fille approcher, emmitouflée dans son vilain poncho.
— Tu fous quoi ici ? Articule-t-elle comme si une balle de ping-pong était logée contre sa joue gauche.
Elle jure à voix haute, crache ses poumons avant de parvenir à se relever.
— Tu fous quoi dehors à cette heure, hein ? T'es une pute maintenant?
Elle brandit son sac pour atteindre Marie au visage. L’adolescente esquive le coup. Dans son élan maladroit, Emmy trébuche, retombe par terre.
La bouteille de Vodka coule sur le bitume. Marie s’accroupit pour l’aider. Emmy la repousse.
— Tu me dégoûtes… T’as gâchée ma vie. T’as gâché toute ma vie…
Marie a entendu pire, des menaces de mort aux promesses d’abandon. Les paroles de sa mère sont des balles de plomb qui transpercent le coeur. Marie n’en mourra pas. Elle est immortelle, comme un vampire. C’est l’habitude.
— Tu m’as tout volé. J'ai plus rien à cause de toi. Je vaux plus rien. Tu veux savoir la vérité, c’est ça ? Ton connard de géniteur s’est tiré au bon moment. Qui voudrait de toi ? T’as toujours pensé que t’étais mieux que moi. Tu crois que je suis qui, hein ? Je suis une Debruyère, moi! Toi, t’es qu’une merde comme Julien! Une putain de merde comme ton putain de géniteur…
Le cœur de Marie fait une pause douloureuse. Julien. Son géniteur. Son père. C’est la première fois que le prénom de cet homme franchit les frontières du réel. Julien. Elle n’est plus la fille d’un inconnu qui habite en Australie. Elle n’est plus la fille d’un mec toxique qui préfère les kangourous à son enfant. Elle est la fille de Julien. Les larmes lui montent aux yeux. C’est un début mais ça ne change rien. Elle est toujours la fille de Emmy Brochart, la folle du quatrième.
Alors elle s’assied sur le goudron, remonte ses genoux contre son menton. Elle grelotte de froid, attend que sa mère cesse de se débattre avec ses démons. Tout ça, Marie connait. Elle le gère depuis son plus jeune âge. Sa mère finira en pleurs, trop saoule pour tenir debout, noyée dans une mer d’alcool, noyée dans un océan de tristesse que son cœur refuse de contenir.
Emmy porte la bouteille à ses lèvres. Vide, comme ses perspectives d’avenir. Inutile, comme son existence. De rage, elle la jette. Les éclats de verre brisent le silence de l’amertume qui la ronge.
Dans une démarche de cheval blessé, elle disparait à l'angle de la place Quinconce. Des voitures sont garées entre les deux bâtiments qui s’opposent comme France et Belgique. Elle longe les rideaux de fer, échappe au mépris de l’astre qui la juge depuis son trône noir. Elle doit oublier, tout, même ce qu’elle pense avoir confié aux oubliettes. Mais il n’y a rien ici bas qui puisse abréger sa souffrance. Rien non plus qui la fasse renoncer aux dernières miettes de sa fierté. Trop fière pour abandonner. Trop fière pour accepter la défaite. Elle en finira bien un jour, le plus tôt possible, étrangler par les doigts du destin. Alors c’est dans les bras de Poliakov qu’elle se réfugie, le ventre brûlant de fièvre, les lèvres soufflées par le feu, la gorge ravagée par les flammes.
C’est mieux ainsi. C’est mieux que la réalité.
Elle s’accroupie pour uriner, résilles tirées en avant pour ne pas se souiller davantage. Elle l’entend au loin, ses « Maman, reviens ! » qu’elle hait plus que la vie. Maman. Un titre jadis fantasmé. Elle regrette son moment d’égarement devant l’hôpital Robert-Debré, cet instant de naïveté démente, son « je peux le faire » plein d’arrogance et de candeur.
Elle se rue aveuglement vers le local à poubelle, le cœur meurtri par l’espoir d’y trouver une bouteille à moitié vide du poison qui soulagera son âme. De ses bras chétifs, elle entrebâille le couvercle.
Un haut-de-cœur lui arrache la poitrine. L'odeur est épouvantable. C’est la même qui flotte dans l’allée depuis hier matin. C’est l’odeur des rats que M. Gabin a arrosés d’ammoniaque dans la chambre à Roubaix. C’est l’odeur du sanglier abattu d’un coup de fusil par son grand-père, oublié dans sa parcelle de forêt à Conqueyrac. Non, ce ne sont pas ces odeurs. C'est pire.
Comme dans un état second, Emmy soulève le couvercle du conteneur. Les effluves explosent sous son nez, l’obligent à se boucher le nez, à se couvrir la bouche pour ne pas vomir. L’odeur s’accroche à sa peau comme une pellicule de sueur, comme un virus. Dans le conteneur, un sac poubelle est caché par un pneu crevé. L’estomac noué, la gorge sèche, Emmy perce d’un doigt le plastique, tire sur le trou pour l’agrandir.
Son cri déchire la nuit de la Cité de l'Enfant endormi.