La nuit s’étire depuis le message d’Artichaut. Plus d’heures, plus de repères — seulement cette obscurité épaisse, vivante, qui ronge ma raison.
Le sommeil ne viendra pas. Ma survie passera par l’écriture.
Sur une table branlante, j’aligne les vestiges de ma mentor : parchemins, formules, fragments de journal. Je trace cercles et runes, prisonnière d’une frénésie que j’avais juré d’étouffer.
Les symboles ésotériques s’enchaînent, s’entrelacent. Chaque trait éclaire la nuit d’une lueur funèbre — ma révolte incarnée.
Le vent s’élève. Les volets claquent. Sur les murs, des ombres prennent forme : visages familiers, cous distendus, chairs liquéfiées. Elles m’encerclent, silencieuces. Un pentagone parfait. Un sort de protection… contre moi.
Mon encre s’épaissit. Elle brûle.
Mon sang.
Avant de sombrer, je murmure :
« Protège-toi jusqu’à la lune pourpre. »
Alors, tout s’immobilise.
Derrière chaque vitre brisée, mon propre sourire m’attend.
