Chaque soir, je dois monter un escalier pour aller me coucher. Seul hic, il est illuminé à la manière d’un film d’horreur. En même temps, ce n’est pas vraiment sa faute si l’ampoule est une LED de première génération, qui n’éclaire absolument rien.
Résultat, je me retrouve en bas des marches à psychoter. Je ne devrais pas fixer autant l’obscurité. Je devrais prendre mon courage à deux mains et agir comme une adulte. D’une main, j’éteins la lumière du salon pour me retrouver dans la pénombre.
La seconde d’après, j’ai rallumé. Pourquoi ? Parce qu’il m’a semblé voir une silhouette dans l’ombre. Quelqu’un était en train de m’espionner… Enfin si j’en crois la lueur, le responsable était le vilain lampadaire dressé dans un coin.
Sérieusement, il faut que je me reprenne. Je ne suis plus une enfant. Les monstres n’existent pas. Ils ne nous guettent pas dans l’ombre pour nous dévorer tous crus. Si c’était le cas, les journalistes nous le diraient à moins que les autorités n’étouffent l’affaire. Complot !
Eh merde, je recommence à psychoter. Ce n’est pas sérieux. Allez, une profonde inspiration et je me lance !
Une. Oh, et puis deux ! Et puis trois !
– Bordel, tu pourrais pas te dépêcher, on a faim nous !
Un frisson, un sursaut. Je fonce dans les escaliers pour monter jusqu’à ma chambre et m’y enfermer à double tour. Alors seulement, je me laisse glisser contre la porte, le souffle court, essayant d’analyser la situation. Quelqu’un m’a parlé alors que je vis totalement seule. Quelqu’un m’a dit qu’il avait faim. Non, il a utilisé un on...
Je suis cinglée. Aucune autre explication possible.
Je secoue la tête. Je relativise. Avec ma folle imagination, je me suis juste fait un film trop réaliste. Je me raisonne fermement, puis je me dirige vers mon lit après avoir placé une veilleuse. Je ferme les yeux pour filer au pays des rêves.
Quand soudain, un cliquetis reconnaissable entre tous vient m’avertir d’une panne de secteur. Je suis dans le noir. Je suis dans le noir...
Oh putain...
Je ne dois pas ouvrir les paupières. Je me blottis sous la couette. Tout va bien. Je suis au pays des bisounours là où tout est rose et gentil. Je n’ai rien à craindre. Je ne crains rien...
Ou si...
Quelqu’un pousse la porte. Non, j’hallucine. Je ne sais pas. Bon, tentons un coup d’œil rapide. Je soulève la couverture, je vois une ombre, je me planque en vitesse. J’ai peut-être rêvé. Après tout l’obscurité est propice à susciter mon imagination trop débordante. Je dois me reprendre. Allez soulève la couverture.
La couverture...
Un cri s’échappe de mes lèvres quand je prends conscience de sa disparition. Mes yeux se sont ouverts. Ils peuvent percevoir quelque chose près de moi. Je vais mourir. L’ombre est totalement difforme. Ses longues griffes vont s’abattre sur moi, me transpercer de part en part.
– Je peux dormir avec toi ?
Pendant quelques secondes, je reste sans voix.
– Il fait froid sous le lit...
– Ah... euh, d’accord.
Pourquoi j’ai dit d’accord ? Ben avec ses griffes, j’allais pas le contrarier non plus. Puis au final, il ne m’a pas mangée ! Il m’a juste empalée par accident...
Encore une fois, je trouve que ton récit est bien mené et que tu as bien dosé le suspense jusqu’à la chute.<br /> Et quelle chute, teintée d’un humour grinçant… Il n’était pas méchant, le monstre ; juste un peu maladroit. (Pourquoi il a dit : « on a faim, nous », au fait ?) J’espère que ce n’est qu’un cauchemar, parce que si cette histoire est vraiment arrivée à notre narratrice, c’est quand même horrible. Et c’est trop bête de finir comme ça. Bon ; si elle peut nous raconter tout ça, c’est qu’elle n’est pas tout à fait morte.<br /> Quoique…
Coquilles et remarques :
pour nous dévorer tous crus [tout crus ; ici, « tout » a valeur d’adverbe]
Si c’était le cas, les journalistes nous le diraient à moins que les autorités n’étouffent l’affaire. [J’ajouterais une virgule avant « à moins que »]
Bordel, tu pourrais pas te dépêcher, on a faim nous ! [J’ajouterais une virgule avant « nous ».]
Non, il a utilisé un on… [Je mettrais « on » entre guillemets.]
Après tout l’obscurité est propice [J’ajouterais une virgule avant « l’obscurité »]
Allez soulève la couverture. [J’ajouterais une virgule après « Allez ».]
Puis au final, il ne m’a pas mangée ! [Je propose « finalement » ; au final est une expression à la mode, qui est grammaticalement fausse. Voir ici : http://www.academie-francaise.fr/au-final]