Mon récit débute avec la rencontre d’un groupe d’hommes et de femmes qui s’apprêtent à changer le cours de notre existence. Ils ne savent rien ni de moi ni de nous et nous ne savons rien de ce qui les concerne. Ils ignorent tout de notre état de détresse. Ils ignorent que la frontière vers laquelle ils se dirigent ne représente pas la liberté, mais la guerre…
De mémoire, jamais un groupe d’esclaves n’est parvenu à retrouver le chemin de la Terre des Hommes. Parmi eux, un guerrier se distingue. Malgré son jeune âge, les connaissances de Krys sont si vastes qu’il en a tiré le moyen de délivrer un grand nombre des siens. Afin d’éviter les incessantes patrouilles, la troupe s’est réfugiée des mois durant dans le désert. Là, elle a conçu des armes puissantes, plus résistantes et précises que les nôtres.
Persuadés d’avoir laissé leurs ennemis derrière eux, anciens gladiateurs et danseuses, ouvriers de force et nourrices, tous chevauchent vers l’isthme que nous défendons.
Leurs chevaux sont harassés car leur chef les pousse à mener bon train. Porté par une étrange conviction, il guide les siens vers des rives moins hostiles. Le territoire des Galiens traversé de part en part, la terre qu’il foule à cette heure est celle qui l’a vu naître, la plus proche de la frontière, la plus proche de nous. Un royaume s’y trouvait, le dernier à avoir succombé aux attaques. C’était il y a près de quinze ans.