L’alerte
Le cri des sirènes retentit dans l’obscurité. Chris se réveilla en sursaut. Elle papillonna des yeux et se leva tant bien que mal. Un vertige insistant la rendait maladroite. Elle n’avait dormi que deux heures…
Sa tenue de la Brigade était prête à être enfilée, disposée de la manière la plus pratique possible, juste à côté du lit. Elle la revêtit avec des gestes mécaniques et en un temps record. Elle entendit la porte à l’étage s’ouvrir. Aussi rapide soit-elle, elle avait encore plusieurs secondes de retard sur son mentor.
— Chris !
— Je suis là, dit-elle en surgissant de la chambre.
La tête penchée sur le côté, elle attachait tant bien que mal son épaisse chevelure blonde en désordre avec un élastique. Elle grimaça en attrapant son sac à dos à ses pieds. Les exercices de la veille lui avaient rompu le corps. Elle ne se plaignit pas et rejoignit Tony en courant.
Dehors, il faisait nuit, pourtant les rues n’étaient pas désertes. Les sirènes retentissaient d’un bout à l’autre de la vallée. Hommes et femmes qui se trouvaient encore à l’extérieur rassemblaient leurs affaires, les tables d’une terrasse, rentraient les bêtes, avant de se calfeutrer dans les maisons. Toutes les lumières s’éteignaient, les volets se fermaient, les ouvertures se barricadaient. Chaque seconde qui s’écoulait faisait de plus en plus passer la ville pour un lieu abandonné.
— Heureusement qu’on s’est couché tôt, ironisa Tony alors qu’ils couraient.
— À ce stade, on aurait peut-être mieux fait de ne pas dormir, répondit-elle.
— Tu le vois ?
Elle chercha autour d’elle, encore occupée à lutter contre ses cheveux. Elle observa au loin les pentes du volcan. Une mince fumée s’échappait de son cratère. Elle promena son regard le long des premières maisons. Un reflet attira son attention.
— Là-bas !
— Tu serais un peu plus rapide, ce serait parfait, dit-il avec un léger sourire. Strada va bien devoir reconnaitre que tu es prête.
— Je ne vais pas lui laisser le choix.
— Bien dit !
Ils se dirigèrent vers le scintillement. Ils habitaient trop loin pour se rendre sur place les premiers. Tony affirmait que c’était mieux parce qu’ils étaient juchés sur une colline qui leur donnait une vue idéale sur les environs et leur permettait de remarquer les auras bien avant tout le monde. En attendant, ils étaient obligés de parcourir tout le chemin à pied jusqu’à l’émanation.
Chris et Tony couraient depuis presque un quart d’heure, les sirènes venaient de s’éteindre, plus personne ne devait trainer dehors. Le sol se mit à trembler. Chris fléchit les jambes comme à l’entrainement pour garder l’équilibre sans perdre de vitesse. Le scintillement s’amplifiait et se métamorphosait. Une sorte de passerelle en cristal, orange comme de la lave jaillissait au milieu de nulle part et s’inclinait vers le ciel comme s’il ne restait plus rien d’un bâtiment futuriste construit tout autour. Aux pieds de cet étrange phénomène, toute la Brigade, soit une vingtaine d’hommes et de femmes dans le même uniforme bleu marine et noir s’activaient en bas. Ils plaçaient la plate-forme élévatrice qui leur permettrait de monter.
Un colosse se démarqua parmi le petit groupe. Poings sur les hanches, il les observait en plissant les yeux, les détaillant de la tête aux pieds.
— Hop, hop, hop, on y va ! dit-il d’une voix grave et puissante. Juste à l’heure, mais pas en avance non plus.
Tony et Chris le saluèrent et s’arrêtèrent juste devant le monte-charge. Ils firent glisser leur sac de leur dos pour en sortir leurs instruments de travail : un pistolet en plastique qui se logea dans le holster, des bandeaux infrarouges qu’ils laissèrent pendre autour de leur cou et des gants assez fins pour ne pas gêner leur mouvement tout en les protégeant d’éventuelles brûlures. Derrière eux, plusieurs membres de la Brigade se rapprochèrent en pointant leurs armes sur le tunnel de cristal.
— Tes cheveux sont mal attachés, la bleue, remarqua Strada. Ils vont prendre feu.
— Ça ira, répondit Tony. On ne reste pas assez là-dedans pour ça. Prête ?
— Prête, répéta Chris.
Sur son poignet gauche, elle venait de découvrir un dispositif métallique lourd qu’elle s’habituait tout juste à porter : son grappin. Elle visa avec la pointe qui jusque là avait été encapuchonnée dans la manche, droit vers l’aura.
— C’est parti mon kiki ! s’exclama le chef.
Chris appuya sur la gâchette. La pointe s’élança à toute vitesse entrainant avec elle un filin robuste et fin qui se ficha dans le plafond du tunnel qui flottait dans les airs. Elle connaissait le timing par cœur. Elle l’avait répété sans relâche. Elle sauta. Le mécanisme tira brutalement son bras et en une seconde elle atterrit déjà en haut. Elle n’avait plus aussi mal qu’au début quand ils l’utilisaient, mais la première fois, ça lui avait déboité l’épaule. Elle entendit des rires en bas, puis le chef Strada et sa grosse voix :
— Moi ? Sexiste ? Jamais. Je suis un gentleman !
— Ils sont de bonne humeur, commenta Tony qui se remettait à courir.
— Ça les aide à se réveiller.
— Je doute qu’ils se soient déjà couchés.
Les pas résonnaient bizarrement sur la surface cristallisée, comme s’ils tapaient des pieds à l’intérieur d’une immense bouteille de vin. À travers la structure, Chris voyait le monde dehors. Le volcan crachait des volutes de fumée et la lueur rouge à son sommet promettait des coulées de lave proches et un beau spectacle pyrotechnique. La ville en dessous s’étendait sur des kilomètres, les premières maisons comme encastrées dans la roche, prisonnières des toutes premières avalanches de magma. Plus de lumière nulle part, tout était calme et silencieux. Les murs cristallisés coloraient les rues de longues trainées jaunes et orange.
Le pas de Tony ralentit. Chris l’imita tandis qu’ils approchaient du fond du tunnel. Une porte étrange, comme faite d’un liquide bleu marine constellé d’étoiles minuscules à peine scintillantes, fermait l’extrémité. Tony et Chris remontèrent de leur col leur système optique, gadget compliqué qui leur donnait l’air de porter des bandeaux aveuglants autour de la tête. Celui de Chris se coinça dans ses cheveux. Elle dut prendre une seconde pour retirer une mèche rebelle de la batterie près de la nuque et une autre qui gênait un capteur sur le front. Ils dégainèrent leurs pistolets, deux armes en plastique qui ressemblaient à s’y méprendre au light gun de Nintendo. Ceux-là n’étaient pas des jouets. Chris le brandit en direction de la porte tandis que son mentor s’avançait à pas prudent. Il eut comme toujours un bref temps d’arrêt juste devant, puis pénétra la frontière opaque, sa main gauche serrée en poing, tendue derrière lui. Au bout de quelques secondes, alors qu’il ne restait plus que ses doigts visibles, le pouce se leva vers le haut avant de disparaitre à l’intérieur.
Un début très prometteur, on passe direct à l'action et ça me va très bien. J'ai dû relire quelques descriptions pour bien comprendre de quoi tu parles, bon en même temps le style fantastique laisse place à l'imagination et aux termes qui sortent tout droit de ton esprit, je vais m'y faire, car pas question de m'arrêter en si bon chemin.
Merci de nous partager tes écrits.
Au plaisir
N’hésite pas à me parler des choses qui coincent. Je vais bientôt attaquer une passe de correction plus générale, et pour l’instant, je note. Je reconnais sans peine que j’ai tendance à laisser un peu trop de liberté à l’imagination des lecteurs, haha…
Merci pour cette lecture et ce commentaire ! <3
J'ai été faire ma curieuse pour regarder ton style d'écriture! J'adore, c'est fluide ont est tout de suite dans le bain et j'aime ça !!!! (tu le savais je crois hein :p)
Je n'ai qu'une chose à dire, crois en toi et continue surtout :D
C’est tellement gentil, merci pour ce commentaire adorable ! <3
C'est intrigant, imaginatif, prometteur.
J'ai cependant du mal avec quelques expressions ou descriptions :
"Une sorte de passerelle en cristal, orange comme de la lave jaillissait au milieu de nulle part et s’inclinait vers le ciel comme s’il ne restait plus rien d’un bâtiment futuriste construit tout autour." : je ne comprends pas très bien. Le bâtiment futuriste a été détruit ? La passerelle est-elle une sorte de pont ?
"bandeaux infrarouges" : tu veux parler de bandeaux réfléchissants ?
"remontèrent de leur col leur système optique" : est-ce que ça ressemble à des JVN (jumelles de vision nocturne) ? Si oui, ils les avaient autour du cou ? La plupart des JVN sont maintenues autour du crane avec des lanières.
Donc, à part ces expressions, un peu obscures pour moi, j'aime bien.
J’ai toujours du mal à jauger le bon niveau de précision à apporter aux descriptions. Le bandeau infrarouge, qui est aussi le système optique, est du même genre que le pistolet en plastique, du matériel bricolé avec les moyens du bord, mélange de reste de matériel militaire et de création de l’usine de plastique de Eïr, ça ne se rapproche donc pas forcément de quelque chose d’existant.
La passerelle de cristal serait plutôt un tunnel l’entrée se crée au dessus du vide et l’autre bout donne sur les limbes. On le reverra beaucoup, j’espère que ce sera plus clair plus tard.
Merci beaucoup pour ta lecture et ta vision de l’histoire !
Je crois qu'il ne faut pas hésiter à décrire le plus précisément possible, avec les mots les plus simples.
Par exemple, je comprends mieux à quoi ressemble la passerelle.
Mais le bandeau infrarouge est toujours mystérieux ! Surtout quant à sa fonction.
Ton histoire m'a fait de l’œil alors que je parcourais les Nouveautés, pour les OlymPAdes, alors me voici ^^
J'ai vu dans un autre com' qu'on te suggérait de plus décrire tes personnages ; j'avoue que je ne suis pas de cet avis. Déjà, il y a quand même des éléments de description (leurs uniformes, les cheveux de Chris, et ce qu'on peut déduire du contexte : par exemple, j'imagine les Brigadiers comme plutôt athlétiques, non ?). Ensuite, je trouve que ça risquerait de basculer un peu dans le cliché "Wattpad YA", où chaque histoire commence par l'héroïne qui se réveille et puis passe deux paragraphes à décrire son apparence et sa tenue... si tu vois ce que je veux dire, lol.
Sinon, pour les autres descriptions, je ne sais pas si je visualise tout ça, l'aura le portail et tout, exactement comme toi lors de l'écriture, mais en tous cas c'est fluide à la lecture, et le visuel global est assez impressionnant, presque beau.
De manière générale, c'est un début bien intriguant, surtout en zyeutant le résumé de l'histoire ! J'ai comme l'impression que cette mission risque de tourner au vinaigre pour Chris... snif :((
Il est sympa le duo de Chris et de Tony - j'aime bien leur dynamique, et celle avec les autres Brigadiers aussi un peu, même si on ne les a pas encore beaucoup vus. C'est cool, qu'au milieu de ce début "in media res" et malgré le côté pressant de la situation, tu nous donnes juste assez de matière pour qu'on commence à s'investir dans les personnages.
Tiens, un détail qui me passe par la tête alors que je m'apprêtai à poster ce commentaire : c'est la combien-tième mission de Chris ? Parce qu'elle a l'air d'être encore apprentie, en quelque sorte, mais en même temps elle semble assez calme face au danger qui est apparemment à venir...
Chris en est effectivement à ses premières mission, c’est bel et bien une débutante. Et elle est effectivement très calme… c’est un peu paradoxal, mais tu découvriras pourquoi par la suite, je ne peux rien dire sans spoiler.
Côté descriptions, je me suis un peu perdu par moments mais je crois que c'est ma faute. Je relirai lorsque la suite sera publiée pour vérifier ça ;)
"C'est parti mon kiki !" et la référence à Nintendo m'ont achevé !
Content de découvrir ta plume dans le début d'un roman. Je me souviens avoir bien aimé ce que tu avais fait lors du PAtober de l'an dernier.
A bientôt !
Ce chapitre est un peu court pour moi pour m'en faire une idée cette fois-ci, j'ai besoin de connaître la suite ! :)
Sinon, il était dit en introduction que Chris refusait de faire équipe avec quelqu'un d'autre, mais ici c'est pourtant le cas ? Ou alors c'est un flashback ?(dans ce cas je ne l'avais pas compris, je pensais que c'était la suite de l'histoire).
À travers vos descriptions sur les décors et l'environnement, on arrive plutôt bien à se situer et à s'imaginer où l'on se trouve, ce que j'ai bien aimé lors de ma lecture.
Cependant, j'aurais préféré plus de détails sur l'apparence des personnages.
Sinon concernant votre introduction, vous mentionnez une mère avec son fils qui est inquiète pour son mari, vu que celui-ci se situerait dans la zone dangereuse.
Est-ce que cette famille a une importance dans l'histoire ? Ou bien est-elle là pour représenter l'état d'esprit dans lequel certaines familles de la population se retrouvent par rapport à l'incident du portail ?
Tu fais bien de me le faire remarquer, j’ai toujours du mal avec les descriptions. Je vais essayer de faire mieux pour les personnages par la suite, et je suis rassurée que ce soit bon pour l’univers.
Quant à ta question… je pense que le résumé du roman peut te donner tous les indices dont tu as besoin.
Bonne lecture !