Chris et Kate prirent le pick-up aux premières lueurs de l'aube pour se rendre au travail.
« Alors, tu en es où avec ton appartement ? » demanda-t-il en jetant un coup d'œil rapide vers Kate.
Elle soupira doucement, posant sa tête contre la fenêtre. « Je rends les clés ce soir. De toute façon, ça fait des lustres que je n'y ai pas été. »
Il haussa les sourcils, « Il me semblait que toi et Julia appréciez pouvoir rester dormir là-bas après vos soirées filles bien arrosées. »
Kate tourna la tête vers lui, feignant une indignation. « Hey, c'est pas beau la jalousie ! Rien ne t'empêche de faire des soirées mec avec Max ou même Luis. »
Chris rit doucement, secouant la tête. « Max ? Tu veux dire le gars qui en pince pour toi depuis que vous avez fait des planques ensemble et qui t'a draguée devant moi ? »
« De un, tu sais très bien qu'à l'époque toi et moi on sortait pas ensemble et de deux, il ne s'est jamais rien passé avec lui. »
Chris fronça légèrement les sourcils, son ton légèrement provocateur. « Avec lui, ça veut dire qu'il y en a eu d'autres ? »
« Chris, je suis pas une sainte. J'ai couché avec des types avant toi. Et en général, j'avais plutôt le choix, » ajouta-t-elle, sa voix se teintant d'une légère pointe de fierté. Elle prit une profonde inspiration avant de continuer, plus doucement. « Mais tu es le premier dont je tombe amoureuse. »
Le regard de Chris s'adoucit instantanément. Une tendresse l’envahit.
Kate poursuivit, ses mains jouant nerveusement avec le tissu de sa chemise. « C'est aussi la première fois que je me livre autant à quelqu'un, que je me livre tout court en fait... et c'est la première fois que je suis dépendante de quelqu'un. Ce soir, je n'aurai même plus de chez moi. »
Chris esquissa un sourire, cherchant à alléger l'atmosphère. « Eh bien, je suppose que je vais devoir m'assurer que t'aies tout ce dont t'as besoin chez moi... bénéfices secondaires compris, » ajouta-t-il avec un clin d'œil suggestif.
Kate ne put s'empêcher de sourire, jouant le jeu. « Oh, et quels genres de bénéfices pourrais-je espérer ? » demanda-t-elle, feignant l'innocence.
Chris rit avant d’enlacer la main de Kate avec tendresse, « Je suis vraiment heureux que tu viennes habiter avec moi Kate. Ça veut dire beaucoup pour moi. »
« Il faut croire que tu m'as fait changer, » Les yeux de Kate ne quittaient pas ceux de Chris. Épris d'amour elle tentait de lui transmettre à travers ce regard tout ce que les mots ne suffisaient pas à dire. Une ombre traversa son visage l’instant d’après, « Parfois, quand je pense à mon passé, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une autre personne, une autre vie qui est désormais loin de moi. Je n'ai plus envie de me venger quand je suis avec toi. Tu fais de moi une personne meilleure et je veux aller de l'avant avec toi. »
Chris, touché par ses mots, resserra sa main pour répondre silencieusement à sa déclaration.
« J'ai réussi à te faire taire sans même coucher avec toi, c'est une première, » plaisanta-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres.
Chris sourit, secouant la tête avec affection. « Et voilà, moi qui essaie d'être romantique pour une fois. »
Kate éclata de rire avant de se pencher vers lui, murmurant à son oreille, « Je t'aime, Chris James, et je suis toute à toi. »
Arrêté à un feu rouge, Chris se tourna vers elle, ses yeux se fixant sur ses lèvres avec une intensité palpable. « Tu sais que tu abuses. On va au travail et je vais y penser toute la journée. »
Kate rit, son rire léger et cristallin. « Ça n'en sera que meilleur ce soir. »
Absorbé par le regard de Kate, Chris ne réalisa pas que le feu était passé au vert jusqu'à ce que le klaxon impatient de la voiture derrière les tire de leur bulle. Il souffla, frustré, et reprit la route. « Je te préviens, ce soir tu vas pas beaucoup dormir, » s'exclama-t-il avec un sourire malicieux.
Kate répliqua avec un clin d'œil complice. « Mais je n'attends que ça, et c'est ça qui te plaît chez moi. »
Chris tourna brièvement la tête vers elle, avec sincérité il confessa, « Tout me plaît chez toi, Kate. Tu es la femme parfaite pour moi. »
***
Ils arrivèrent au poste en même temps que Max, qui leur fit un signe de la main. Chris soupira, tandis que Kate lui donna un coup de coude léger. « En vrai, je suis sûre que tu l'aimes bien, » taquina-t-elle.
Chris haussa les épaules avec un sourire en coin, confirmant sans un mot ses dires.
« Au fait, » s'exclama Kate en descendant de la voiture, le visage illuminé par une excitation nerveuse. « J'ai eu un appel en absence de Carl. Je ne lui ai pas encore parlé de nous, mais j'aimerais le faire si tu es d'accord. » Elle semblait hésitante, comme si elle mesurait chaque mot.
« On dirait une ado qui demande la permission de sortir. C'est presque mignon. » s’amusa à la taquiner Chris.
Kate haussa les épaules, le regard légèrement baissé. « Arrête de te moquer, » répliqua-t-elle avec une légère moue. « Je n'ai jamais présenté personne à Carl. Et honnêtement, je pensais que ça n'arriverait jamais. »
Chris fronça les sourcils, une étincelle de curiosité dans les yeux. « Un truc m'interpelle, » commença-t-il, plus sérieux. « Je l'ai déjà remarqué, mais j'avais pas osé t'en parler. Tu l'appelles par son prénom ? Pourtant, tu sembles beaucoup tenir à lui. »
À ces mots, Kate sembla se figer. Son visage perdit de sa vivacité, et une ombre de douleur passa sur ses traits. Chris, attentif à chaque nuance de son expression, sentit un pincement au cœur. Il prit sa main dans la sienne afin d’attirer son attention, « T'es pas obligée de m'en parler, » dit-il doucement, offrant une échappatoire. Il fit un pas en arrière, prêt à se détourner pour lui laisser de l'espace mais, Kate ne bougea pas. Au lieu de cela, elle se recula et s'appuya contre le capot de la voiture, son regard perdu dans le vide. « Pedro Sanchez voulait que je l'appelle papa, ou père. Et si je refusais, il me frappait jusqu'à ce que je cède ou que je m'évanouisse, » confia-t-elle d'une voix presque inaudible, son corps légèrement tremblant. « Alors, pour moi, c'est devenu compliqué d'employer ce mot pour une personne que j'aime. Tu comprends ? » Elle leva les yeux vers Chris, cherchant du réconfort dans son regard.
Il s'approcha doucement, ses mouvements mesurés comme s'il craignait de la briser. Il l'enveloppa dans une étreinte protectrice, ses bras forts et rassurants formant un bouclier autour d'elle. Kate enfouit son visage contre sa poitrine, inhalant profondément son parfum familier, une ancre dans sa tempête intérieure. « Je ne l'ai jamais expliqué à Carl. Je n'ai jamais rien dit à personne avant toi. » Elle inspira profondément, ses mots chargés de vulnérabilité. « Je t'aime, Chris. »
Il déposa un baiser tendre sur le sommet de sa tête, ses lèvres effleurant ses cheveux comme une promesse silencieuse de soutien. « Je suis là, Kate, » murmura-t-il, sa voix basse et apaisante. Ils restèrent ainsi, immobiles, le temps semblant suspendu autour d'eux. Dans cette étreinte, Kate trouvait un refuge, une paix qu'elle n'avait jamais connue.
Après un moment qui parut à la fois trop court et infini, Kate s'écarta légèrement, essuyant discrètement une larme. Elle lui adressa un sourire aimant, chargé de gratitude et d'affection. Puis, avec une nouvelle détermination, elle se dirigea vers l'entrée, où Luis les attendait avec un paquet de donuts.
« Hey, » lança-t-elle d'une voix plus légère, « ça tombe bien, j'ai une faim de loup. »
Chris la regarda s'éloigner, ses yeux remplis d'admiration pour cette femme résiliente et complexe. Malgré les blessures du passé, elle avançait avec une force et une grâce qui le bouleversaient. Il ressentait un profond besoin de la protéger, de l'aider à porter ce fardeau qu'elle n'avait que partiellement dévoilé. Le cœur lourd mais déterminé, il se promit de toujours être là pour elle, prêt à l'épauler dans les moments sombres comme dans les instants de lumière.
***
Alors que Kate s'apprêtait à attaquer son deuxième donut de la matinée, Chris s'approcha avec un sourire en coin. « Alors, prête pour une nouvelle affaire ? »
Kate leva un sourcil amusé. « Oh, toujours prête, chef. C'est quoi aujourd'hui ? »
Chris posa un dossier sur son bureau tout en expliquant. « On a un cas d'homicide sur les bras. Un ancien détenu a été retrouvé mort dans la nuit. Tout indique une exécution, mais pas d'indices ni de témoins. On dirait qu'on va devoir creuser un peu pour trouver des réponses. »
Ils se dirigèrent alors vers les lieux du crime, observant chaque détail avec minutie. Le site était étrangement calme, sans le moindre signe de lutte ou de chaos. Kate se pencha pour examiner le sol, espérant trouver quelque chose de tangible. « C'est trop propre. On dirait que quelqu'un voulait vraiment effacer ses traces, »
Chris hocha la tête, les sourcils froncés. « Ça sent l'exécution de pro, » dit-il en scrutant les alentours. « Soit quelqu'un voulait envoyer un message, soit c'est un boulot sans bavure. »
Après avoir passé en revue la scène sans rien trouver de probant, ils retournèrent au poste pour analyser le passé de la victime. Ils découvrirent que l'homme était célibataire et que sa famille l'avait abandonné après son incarcération. « On va devoir enquêter sur ses fréquentations en prison et les gens qu'il a côtoyé avant sa sortie, » observa Kate, feuilletant un dossier. « Peut-être qu'il a eu des problèmes à l'intérieur qui l’ont suivi à l'extérieur. C’est pas rare. »
Chris acquiesça. « Ou quelqu'un qu'il a contrarié qui a décidé de se venger. On va devoir se rendre en prison pour creuser tout ça. » Il regarda l'horloge. « Bon, on ne pourra pas y aller aujourd'hui, mais je vais prendre rendez-vous avec le directeur pour demain matin. On devrait pouvoir obtenir plus d'informations sur ses relations en détention. »
***
Le soleil matinal inondait les vastes paysages du comté de San Bernardino d'une douce lumière dorée, enveloppant la région d'une sérénité apaisante alors que Chris et Kate prenaient la route vers la prison. La voiture filait à travers des vallées verdoyantes, la beauté naturelle des lieux offrant une pause bienvenue avant de se confronter à l'atmosphère pesante de leur enquête. Kate, assise à côté de Chris, brisa la quiétude. « Et si on invitait Carl à dîner chez nous ? J'ai pensé à notre conversation et je crois que j'aimerais me rapprocher de lui, si c'est encore possible. »
Chris hocha la tête avec enthousiasme, un éclat dans les yeux. « Excellente idée. Mais tu peux dire chez nous. C'est chez toi maintenant aussi, tu le sais. » Il jeta un coup d'œil vers elle, son sourire s'élargissant. « Et je suis sûr qu'il sera ravi de passer du temps avec toi. »
Kate sentit une vague de chaleur l'envahir, confortée par les paroles de Chris. Elle prit une profonde inspiration, renforçant sa détermination à s'ouvrir davantage. Chris, remarquant sa réflexion silencieuse, ajouta pour la taquiner « Mais, dis-moi, qui va cuisiner ? Parce que soyons honnêtes, la cuisine, c'est pas vraiment ton truc. »
Kate feignit l'indignation, croisant les bras. « Hey, j'ai d'autres talents, tu sais ! »
« Sans aucun doute, » acquiesça Chris, « Mais pas celui-là. »
Elle soupira de manière théâtrale, haussant les épaules. « Très bien, je commanderai au traiteur. »
Il hocha la tête d'un air satisfait. « C'est sûrement plus sage, » dit-il en riant doucement.
***
Arrivés à l'avance sur le parking de la prison, Kate prit son téléphone pour appeler Carl. Elle lissa nerveusement ses cheveux, un geste qui n'échappa pas à Chris, amusé par son comportement. La voix familière de Carl retentit à l'autre bout du fil, chaleureuse et réconfortante.
« Salut Carl, désolée de te déranger mais, j'en ai pas pour longtemps, promis, »
« Kate ! Tu ne me déranges jamais. Et puis, tu sais bien que je suis à la retraite maintenant, » répondit Carl avec un rire doux.
Kate prit une profonde inspiration, sa voix hésitante. « J'ai changé pas mal de choses dans ma vie et j'aimerais t'inviter à dîner un soir, chez Chris... et moi. »
Elle jeta un coup d'œil vers ce dernier, qui riait en silence devant son hésitation maladroite. Gênée, elle lui donna un coup de coude, mais ne put empêcher un sourire de s'épanouir sur ses lèvres. À l'autre bout de la ligne, Carl perçut l'échange et sourit à son tour. « J'ai su que ça finirait comme ça dès que je vous ais vu ensemble tous les deux, » plaisanta-t-il. « Je suis très heureux pour toi, Kate. Chris est un homme bien, sur qui tu peux compter. Et si jamais il ne prend pas soin de toi, tu sais que je suis là pour m'en occuper. » Son ton se voulait léger, mais la sincérité perçait dans ses mots.
Kate soupira, amusée. « Je sais me défendre, Carl. »
La voix de Carl se fit plus sérieuse, teintée d'une gravité inattendue. « Parfois, avoir quelqu'un à ses côtés pour affronter les ténèbres, ça fait toute la différence. »
Sentant une inquiétude sous-jacente, Kate fronça les sourcils. « Tout va bien ? On dirait que quelque chose te tracasse. »
Carl hésita une seconde avant de répondre d'un ton apaisant. « Ne t'inquiète pas, ma fille. On en parlera plus tard. Pour le dîner, ne te casse pas la tête avec la cuisine. Je sais que c’est pas trop ton truc. »
Chris ne pût retenir son rire et fit face au regard courroucé de Kate, il répondit par un haussement d’épaule désinvolte.
« Redis mois juste la date et l’heure et je serais là. Tu peux compter sur moi. » Il raccrocha ensuite, laissant Kate pensive.
« Ton père connaît visiblement bien tes compétences culinaires ! » se moqua Chris gentiment.
« Arrête de te moquer ! T'es vraiment pas sympa aujourd'hui. »
Chris cessa de rire, son regard se faisant plus doux. Il se pencha vers elle, une main glissant sur son épaule, forçant leur regard à se croiser. « Je t'aime, Kate, j’espère que tu le sais. » déclara-t-il, sa voix grave emplie de sincérité. « Je sais que c’est important pour toi ce repas avec Carl et je ferais tout ce que tu me demanderas, je te l’promets. »
Un instant troublée, Kate sentit son cœur se serrer agréablement. Elle se détendit, « Je t'aime aussi, » murmura-t-elle, avant qu'ils ne se penchent l'un vers l'autre pour un baiser doux et prolongé, leurs lèvres se touchant avec délicatesse, exprimant une promesse silencieuse.
Le temps semblait suspendu, mais bientôt la réalité les rappela à l'ordre. L'heure avait avancé ; il était temps de se rendre à leur rendez-vous avec le directeur de la prison. Se séparant à regret, ils échangèrent un dernier regard complice avant de sortir de la voiture.
***
En franchissant les lourdes portes de la prison, l'atmosphère légère et détendue se dissipa rapidement, remplacée par une formalité imposante. Le bâtiment, imposant et austère, dominait l'horizon, évoquant une forteresse de béton et d'acier. Après avoir traversé les contrôles de sécurité rigoureux, Chris et Kate furent escortés jusqu'au bureau du directeur. La pièce était étonnamment spacieuse et baignée de lumière, un contraste frappant avec l'extérieur sombre et oppressant. De larges fenêtres panoramiques laissaient entrevoir les montagnes à l'horizon, tandis que des étagères chargées de dossiers dénotaient la lourde bureaucratie de l'institution.
Le directeur, un homme d'âge moyen au visage carré, orné d'une barbe soigneusement taillée et de lunettes rondes, les accueillit avec un sourire courtois. « Bienvenue, agents Davis, shérif James. Merci d'être venus si rapidement. » Il leur désigna des fauteuils confortables. « Ethan McKenzie était l'un de nos détenus. Un homme plutôt discret, pour être honnête. »
Chris, adossé contre le dossier du fauteuil, nota une légère hésitation dans sa voix. « Discret, mais... ? »
Le directeur soupira, s'adossant à son tour. « Disons qu'il n'était pas très populaire parmi les autres détenus. Ses crimes... disons que même ici, les gens ont des codes d'honneur. Toucher aux enfants, c'est quelque chose qu'ils ne pardonnent pas. Il vivait dans la peur, se tenait à l'écart. Lors de son premier séjour ici, il a été violemment attaqué. Depuis, il était sur la défensive, méfiant envers tout le monde. »
« Savez-vous s'il avait des ennemis particuliers ou des personnes dont il était proche ? » questionna Kate sur un ton très professionnel.
Le directeur secoua la tête, son regard se perdant un instant vers les montagnes lointaines. « Pas à ma connaissance. Les autres détenus le toléraient tout juste. Il n'avait pas de vrais amis. Je vous conseille de parler aux surveillants. Ils pourraient avoir observé quelque chose d'important. »
Après avoir quitté le bureau du directeur, Chris et Kate se dirigèrent vers les locaux administratifs. Là, quelques surveillants avaient été rassemblés pour répondre à leurs questions. Les murs de la salle étaient décorés de photos de l'équipe, et des objets personnels disséminés ça et là ajoutaient une touche de chaleur à un lieu autrement stérile.
Un surveillant d'âge moyen, affichant un sourire fatigué mais accueillant, les salua. « McKenzie ? Un gars discret. Il ne faisait pas de vagues, restait souvent dans son coin. Pas du genre à créer des problèmes. »
Un autre surveillant, plus jeune et au regard dur, haussa les épaules, un rictus sur les lèvres. « Toujours sur la défensive. Pas étonnant, vu ce qu'il avait fait. » Il lâcha un rire sec. « Personne ne le regrettera ici, soyons honnêtes. »
Sentant l'atmosphère se tendre, Chris intervint pour recentrer la discussion. « Nous sommes ici pour enquêter sur un homicide. Peu importe ce qu'il a fait, notre travail est de découvrir la vérité. » Son regard perçant traversa la salle. « Avez-vous remarqué quelque chose d'inhabituel dans les jours précédant sa mort ? »
Les surveillants échangèrent des regards, puis le plus âgé répondit, son ton plus grave. « Rien de particulier. Il était... comme d'habitude. Silencieux, évitant les autres. »
Chris hocha la tête, gardant une expression impassible. « Merci pour vos informations, » dit-il poliment, avant de se tourner vers Kate pour la laisser poser ses questions.
Ils continuèrent ainsi à interroger d'autres membres du personnel, recueillant des détails épars sur les derniers jours de McKenzie. En sortant de la prison en fin de journée, Kate ne put s'empêcher de faire remarquer, « Ils n'ont pas l'air de regretter sa mort. »
« Non, je suppose que c'est compréhensible, » répondit Chris, son ton mesuré. « Mais ça ne change rien. On doit faire notre boulot, peu importe qui était la victime. »
Ces paroles ne surprirent pas Kate. Elle savait que Chris était un homme de principes, traitant chaque cas avec le même sérieux et la même impartialité, quelle que soit le passé de la victime. Pour elle, cependant, l'affaire suscitait des sentiments plus conflictuels. En marchant vers leur véhicule, une lourdeur pesait sur ses épaules.
Sur le chemin du retour, Kate, le regard perdu, exprima ses pensées. « C'est étrange. D'habitude, entendre des choses aussi dures me touche, mais pas cette fois. Savoir qu'il vivait dans la peur ne m'émeut pas. » Elle secoua la tête, perplexe. « C'est déroutant. »
« C'est compliqué, » concéda-t-il. « Mais on doit rester concentrés. Peu importe ce qu'il a fait, quelqu'un l'a tué. » Il marqua une pause, son ton se faisant plus doux. « Parfois, c'est difficile de ne pas juger. Mais on doit essayer de rester impartiaux. »
Ils continuèrent leur route en silence, chacun perdu dans ses pensées, réfléchissant aux complexités morales de leur mission. La lumière du jour déclinait, colorant le ciel de teintes dorées, alors que le poids des révélations de la journée les accompagnait, omniprésent.
***
Le lendemain matin, Kate et Chris retrouvèrent Luis et Max au bureau, plongés dans l'analyse des dossiers judiciaires d'Ethan. La lumière crue des néons créait une ambiance glaciale, accentuée par le silence pesant qui régnait dans la pièce. Des schémas et des notes couvraient un grand tableau blanc, témoignant des efforts acharnés pour dénouer l'écheveau complexe de l'histoire d'Ethan.
Luis, un air sombre sur le visage, leva les yeux de son écran. « On a fouillé les archives, » dit-il doucement, la tristesse perçant dans sa voix. « Ethan a été victime d'abus sexuels pendant son enfance. C'est tragique. Ça n'excuse rien, mais ça aide à comprendre certains aspects de sa personnalité. »
Max, les bras croisés et le regard dur, secoua la tête avec dédain. « Ouais, mais toutes les victimes ne deviennent pas des agresseurs. Faut pas se voiler la face. Ce genre de types, on devrait jamais les laisser sortir de prison. »
Kate, les bras repliés, écoutait leurs échanges avec une attention soutenue. Elle prit une gorgée du café que Chris venait de lui servir, puis soupira, secouant légèrement la tête. « Comment peut-on infliger à d'autres ce qu'on a subi soi-même ? » demanda-t-elle, ses sourcils se fronçant d'incompréhension. « Ça me dépasse. »
Luis, feuilletant des articles sur la psychologie des agresseurs, répondit avec un ton didactique. « C'est souvent inconscient. Certains reproduisent le traumatisme pour essayer de le surmonter. Passer du rôle de victime à celui de bourreau leur donne une illusion de contrôle, de puissance qui leur permet de survivre à une douleur insoutenable. »
Chris, appuyé contre le bureau, les bras croisés, hocha la tête. « Peu importe les raisons, on doit aller au fond des choses, » déclara-t-il, son ton empreint de gravité. « Notre boulot, c'est de découvrir la vérité, même si elle est dérangeante. » Son regard balaya la pièce, rappelant subtilement à chacun l'importance de leur mission.
L'ambiance redevint studieuse. Les trois collègues se replongèrent dans les dossiers tandis que le shérif était partis vaquer à d’autres occupations. Ils cherchaient des indices qui pourraient les guider. Soudain, Max releva la tête, « Attendez, j'ai peut-être quelque chose ! » Il expliqua que le père de l'une des victimes d'Ethan, avait proféré des menaces après le procès, « Ça pourrait être une piste! On peut en parler à Chris » . Les témoignages le décrivaient comme un homme brisé, prêt à tout pour venger son enfant.
Sans perdre un instant, ils allèrent exposer leurs résultats à leur supérieur qui décida d'accompagner Kate pour interroger cet homme. Ils traversèrent un quartier modeste, leurs pas les menant jusqu'à un simple bungalow entouré d'un jardin mal entretenu. L'homme, le visage marqué par les épreuves, les accueillit à la porte. Ses yeux fatigués se posèrent sur eux, exprimant une douleur profonde.
« Je suppose que vous venez pour parler de McKenzie, » dit-il, sa voix rauque trahissant une fatigue émotionnelle. Ses yeux croisèrent ceux de Kate, cherchant une lueur de compréhension.
Kate acquiesça, choisissant ses mots avec soin. « Nous enquêtons sur sa mort. Nous savons combien cela a dû être difficile pour vous, mais nous avons besoin de vous poser quelques questions. »
« Vous savez… Permettez-moi d’en douter. À moins que vous aussi vous ayez un enfant victime de violences sexuelles ? »
Kate secoua la tête, gênée par sa maladresse.
L’homme soupira, passant une main tremblante dans ses cheveux grisonnants. « J'ai dit des choses, oui. Quand on voit ce qu'il a fait... C'est normal de vouloir lui faire du mal. Mais je ne l'ai pas fait, » avoua-t-il, sa voix se brisant sous le poids de la douleur et de la colère contenue.
Chris intervint, sa voix empreinte de compassion et de fermeté. « On ne peut pas savoir ce que vous avez traversé, ni ce que vous ressentez aujourd’hui mais, on comprend votre douleur, monsieur. Nous devons toutefois être certains de tous les faits. Où étiez-vous le soir de sa mort ? »
L'homme leur donna un alibi, que Kate nota soigneusement. Ses yeux, pleins de désespoir, cherchèrent une réponse dans ceux des agents. « Est-ce que ça changera quelque chose ? Est-ce que ça ramènera mon enfant à sa vie d'avant ? » Ses épaules commencèrent à trembler, et il s'effondra, submergé par les sanglots.
Kate sentit un nœud se former dans sa gorge, mais elle garda le contrôle, retenant ses propres larmes. Elle posa doucement une main sur le bras de l'homme, cherchant à lui apporter un peu de réconfort. « Nous sommes vraiment désolés pour ce que vous avez traversé, » murmura-t-elle, sa voix douce et apaisante. « Nous voulons simplement découvrir la vérité »
En quittant la maison, le poids de l'émotion planait lourdement sur leurs épaules. La quête de vérité s'annonçait plus complexe et douloureuse qu'ils ne l'avaient imaginée.
***
En fin de journée, Kate et Chris se dirigèrent vers le bureau de Julia pour discuter de l'affaire. L'intérieur du bureau était baigné par la lumière douce d'un après-midi d'été, ajoutant une touche chaleureuse et invitante à l'espace. En les voyant entrer, Julia leur adressa un sourire accueillant, mais son expression se fit rapidement inquiète en remarquant leur fatigue.
« Vous avez l'air d'avoir eu une sacrée journée, » observa-t-elle en leur faisant signe de s'installer dans des fauteuils confortables.
Chris s’assit, puis, se pencha légèrement en avant, les mains jointes. « Dis-moi, Julia, est-ce que quelqu'un t'a demandé d'enquêter sur Ethan McKenzie récemment ? »
Julia secoua lentement la tête, ses sourcils se fronçant légèrement de perplexité. « Non, rien de ce genre, » répondit-elle en les observant attentivement. Elle perçut leur tension et ajouta avec sollicitude : « Vous savez quoi, vous avez besoin de vous détendre un peu. Venez à la maison ce soir, Cooper et moi on prépare le dîner. Ça vous fera du bien de vous changer les idées. »
Kate et Chris acceptèrent l'offre avec reconnaissance, cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas profité d’une soirée avec leurs amis.
***
Ce soir-là, chez Julia, l'ambiance était cosy. La chaleur apaisante de la cheminée se mêlait à l'odeur alléchante d'un plat mijoté, créant une atmosphère réconfortante. Julia, enjouée et accueillante, s'efforçait de détendre l'atmosphère avec des anecdotes légères. Mais, malgré ses efforts, le sujet de l'enquête finit par refaire surface. « Alors, comment vous gérez tout ça ? Ces affaires-là, c'est jamais facile. » demanda Julia.
Chris, sirotait sa bière. Il regarda Kate un instant avant de répondre. « C'est compliqué. On peut détester les actes sans pour autant déshumaniser la personne. » Sa voix, habituellement posée, trahissait une pointe de tension. « Notre boulot, c'est de découvrir ce qui s'est passé, pas de juger. »
Kate, jouant distraitement avec le rebord de son verre, avait du mal à cacher son trouble. « C'est difficile de ne pas juger, surtout quand les victimes sont des enfants, » Sa mâchoire se crispait, signe d’un conflit intérieur violent. Bien sûr elle entendait les arguments de Chris, ils étaient justes et raisonnés comme toujours. Cependant, elle ne parvenait pas à faire abstraction de ces autres victimes et leurs familles, tout en pensant aux traumatismes que lui-même avait subi. Elle se sentait perdue, « Quand on découvre ce qu'Ethan a traversé, on ne peut pas non plus ignorer qu'il a aussi été une victime. Ça n'excuse rien bien sûr mais je sais pas, c’est tellement difficile tout ça. »
Julia hocha la tête, pensivement. « J’avais fait psycho à l’université. Les traumatismes du passé peuvent devenir le terreau de la violence à l'âge adulte. » Ses mots résonnèrent profondément, touchant une corde sensible en Kate, qui se tendit imperceptiblement.
Chris, sentant le malaise de Kate, posa une main apaisante sur son dos, la caressant doucement. Kate répondit par un léger sourire, reconnaissante de ce geste de soutien.
Julia poursuivit, « C'est pour ça qu'on doit absolument protéger les enfants et leur offrir le soutien nécessaire pour qu'ils se construisent malgré leur histoire. »
« Tu as raison, Julia. Je n’aurais pas dit mieux. Ce monde peut être tellement cruel pour les enfants » Kate restait songeuse, plongée dans un passé trouble.
« Enfin, c’est simple non plus pour les adolescentes et les femmes en générale. C’est pour ça que je trouve ça vraiment très chouette que tu leur donne des cours gratuits pour apprendre à se défendre. »
Lorsqu’elle leva les yeux, Chris la regardait avec admiration, « C’est vrai ça. Je te remercierais jamais assez pour tout ce que tu enseignes à Sunshine. Je ne te l’ai pas encore dit mais, ça me rassure un peu en tant que père et je suis sûre que je suis pas le seul. »
« Merci. »
Chris se tourna vers Julia et Cooper. « Nous ferions mieux d’y aller à présent, nous avons encore pas mal de boulot demain. »
« Bien sûr. Faites attention sur la route en rentrant et hésitez pas à venir prendre une bière à la maison quand vous avez des affaires difficiles comme celles-ci. Vous savez que je peux comprendre. »
Ils acquiescèrent puis se levèrent afin de prendre congé de leurs amis.
***
La nuit était tombée depuis longtemps, enveloppant la chambre d'une douce pénombre. Seule la lumière de la lune perçait à travers les rideaux légèrement entrouverts. Kate et Chris étaient allongés dans leur lit, un espace qui semblait être un refuge paisible contre les tumultes du monde extérieur. Kate, nue et lovée contre Chris, savourait la chaleur rassurante de ses bras. Ses doigts effleuraient sa peau, traçant des cercles apaisants sur son torse, tandis qu'il lui caressait tendrement le dos, ses mains grandes et protectrices glissant sur sa peau avec tendresse.
« Tu sais, » commença Kate d'une voix douce, presque chuchotée, brisant le silence confortable qui les entourait, « je n'arrête pas de penser à ce père aujourd'hui. Ça m'a vraiment touchée, cette douleur qu'il porte. » Elle se blottit un peu plus contre lui, cherchant à capter son regard.
Chris acquiesça, ses yeux se perdant un instant dans le vague, « Ouais, c'est dur. Quand c'est ton propre enfant, ça te touche au plus profond. J’imagine ce qu'il peut ressentir, cette envie de justice, ou même de vengeance. Heureusement qu’il n’est jamais rien arrivé de ce genre à mes enfants, je ne sais pas comment j’aurais pu réagir mais je suis presque certain que ça n’aurait pas été beau à voir. »
Kate sentit Chris se tendre tout entier. Il avait cessé de parler mais il était évident qu’un souvenir le tourmentait. « à quoi penses-tu exactement ? Je sais que tu ne me dis pas tout. »
Il souffla, « Je pense à ceux qui sont mort par ma faute et à l’ombre que je suis devenu. Sophia n’était pas la première. » Il déglutit avant de poursuivre « Avant, je travaillais à Los Angeles. J’avais un équipier en or. Il était comme un frère pour moi. On faisait tout ensemble : on bossait ensemble, on allait aux matchs ensemble et on sortait en famille ensemble. Il avait deux filles. Il me disait souvent qu’on finirait bien par marier deux de nos gosses ensemble afin de devenir une véritable famille. Mais ça n’arrivera jamais à cause de moi. »
Kate caressait son torse pour soulager sa peine et l’inciter à continuer de parler. Elle savait grâce à lui que partager son fardeau, bien que difficile, apaisait la souffrance et offrait à chacun un nouveau regard sur le monde. Elle était là pour lui, prête à tout pour le soutenir quelque soit les raisons de son chagrin.
« On bossait sur une grosse affaire de stup. L’une de nos indics était séquestrée, ils voulaient la faire parler et j’ai pas voulu attendre les renforts. Je savais que c’était dangereux, j’aurais dû respecter la procédure, elles sont faites pour éviter ce genre d’incident. » Kate fût tentée de lui répondre qu’à sa place elle aurait agit aussi, que leur job était de protéger mais elle se ravisa, le laissant poursuivre. Là, à ce moment précis, il n’avait pas besoin qu’une énième personne cherche à le déculpabiliser. La culpabilité est parfois le seul compromis possible pour nous autoriser à vivre avec nos erreurs, il faut l’accepter et se contenter d’entendre l’autre dans ce vécu, cette souffrance, pour l’empêcher de s’y noyer, pour y survivre avec lui.
« Je me suis fait surprendre par derrière et il s’est jeté sur moi pour me protéger. Il a pris la balle à ma place et il est mort dans mes bras. Je me rappel encore de ce qu’il m’a dit avant de mourir. C’est toujours au grand frère de réparer les conneries des p’tits frères. Prends soin de ma famille pour moi, je compte sur toi. Mais, sa femme ne m’a jamais pardonné. Elle m’a giflé le jour où on l’a mis en terre et nos famille ne se sont pas revu. J’ai eu beaucoup de mal à avancer. J’ai commencé à boire. Voir mes enfants me rappelait chaque jour ce que par ma faute les enfants de Sam avaient perdu. Je n’arrivais plus à me réjouir de ces moments en famille en sachant que j’avais détruis celle de mon ami. Je buvais de plus en plus, j’ai été relevé de mes fonctions. Je n’étais plus un flic, je n’étais plus un père, ni un mari. Sarah m’a regardé impuissante me détruire. Maverick a porté toute la famille sur ses épaules alors que ce n’était qu’un ado. Il m’en veut parce que je les ais abandonné. J’ai pas été à la hauteur Kate. »
Elle se redressa alors, se plaçant face à lui, ses yeux cherchant les siens. Elle pouvait voir la peine le submerger. Lentement, elle porta sa main à son visage, caressant tendrement sa joue rugueuse du bout des doigts, cherchant à apaiser la tempête qui semblait se déchaîner en lui.
« Chris... » murmura-t-elle, ses yeux plongés dans les siens, profondément sérieux et emplis de compassion. « Je ne peux pas t’empêcher de culpabiliser. Te dire que tu n’es pas responsable, que ce sont les risques du métier et qu’on se relève comme on peut ne soulagera pas ta peine mais, ton passé ne détermine pas qui tu es. Tu es un homme formidable, j’admire ton courage et les valeurs que tu portes. Elles te conduisent sans doute à faire des choix risqués mais ce sont aussi elles qui font de toi un homme exceptionnel. C’est aussi pour ça que tous les collègues te respectent et suivent chacune de tes décisions. Et j’imagine que c’est aussi pour ça que ton collègue t’a suivi sans respecter la procédure. Ne te déteste pas, tu es celui qui m’a fait revivre Chris, tu es un homme extraordinaire et je t’aime. » Elle inclina la tête, rapprochant ses lèvres des siennes, et l'embrassa doucement, comme pour panser les blessures invisibles qui le tourmentaient.
Chris ferma les yeux un instant, savourant ce contact réconfortant. Lorsqu'il les rouvrit, un sourire doux éclaira son visage. Il glissa une main dans les cheveux de Kate, la regardant avec une tendresse profonde. « Tu sais, » dit-il doucement, sa voix retrouvant un peu de sa chaleur habituelle, « t'es mon ancre, Kate. T'es celle qui m'aide à garder la tête hors de l'eau, même quand tout part en vrille. »
Elle sourit en retour, touchée par ses mots. Chris changea de sujet, pour refermer les plaies de son cœur. « Si jamais un homme s’en prenait à Sunshine... » Il prit une profonde inspiration, sa main se crispant légèrement sur l’épaule de Kate. « J'peux pas mentir, j'aurais envie de faire justice moi-même. Le pro en moi sait qu'on doit laisser la justice suivre son cours, mais... le père en moi, lui, il hurlerait pour quelque chose de plus... définitif. » Sa voix était calme, mais Kate pouvait sentir la tension sous-jacente, cette lutte intérieure entre sa moralité et son instinct protecteur.
Kate hocha la tête, compréhensive. « C'est normal, » murmura-t-elle, caressant doucement sa barbe de quelques jours. « On veut tous protéger ceux qu'on aime, parfois à n'importe quel prix. Je n’ai pas d’enfants bien sûr mais, pour te protéger toi… Je serais capable de tout. » Elle l'embrassa à nouveau puis se blottit contre lui, fermant les yeux, se laissant bercer par le son rassurant de sa respiration. « Je t'aime » murmura-t-elle. Ils restèrent ainsi, dans une étreinte silencieuse mais pleine de promesses, trouvant un réconfort mutuel pour faire face aux fantômes de leur passé.