PARTIE 2 Chap 19 : Une lumière au coeur de la nuit

La chaleur de cette journée était suffocante. Kate se trouvait enfermée dans une petite chambre, ses poings martelant la porte verrouillée avec une désespérance croissante. Elle avait essayé à maintes reprises de briser la serrure, mais elle restait inébranlable, comme si chaque coup portait en lui un écho de désespoir. Les murs, resserrés autour d'elle, semblaient absorber ses cris étouffés, la laissant seule face à une angoisse grandissante. Elle pensa un instant à la fenêtre, mais la réalité brutale de la situation s'imposa. Passer par là ferait d'elle une cible parfaite, exposée aux balles des assaillants dont les coups de feu se rapprochaient de plus en plus.

Les détonations résonnaient, leur intensité croissant à chaque instant. La panique grimpait, ses pensées tourbillonnaient. Elle devait choisir vite : se cacher ou risquer l'exposition. Alors, soudain, dans le chaos, elle entendit une voix familière. « Kate ! » Le cœur de Kate fit un bond. C'était Chris ! Il était là, contre toute attente, bravant le danger pour la sauver. Un mélange de soulagement et de terreur la submergea. Il ne l'avait pas abandonnée, il était venu la chercher. Elle cria son nom de toutes ses forces, espérant qu'il pourrait l'entendre par-dessus le vacarme des tirs.

Elle tambourinait à la porte, ses mains brûlant d'effort, les larmes lui piquant les yeux. « Chris ! Je suis là ! La porte est fermée, je n'arrive pas à l'ouvrir ! » Sa voix se brisa, mais elle continua d'appeler.

De l'autre côté, elle entendit la voix de Chris, calme mais chargée d'urgence : « Kate, bouge ! Je vais défoncer cette porte. » Elle obéit, reculant précipitamment, son corps tremblant d'appréhension. Une détonation sourde retentit, suivie du fracas de la serrure cédant. La porte s'ouvrit d'un coup, et là, dans l'encadrement, se tenait Chris, son regard perçant et protecteur.

Elle se jeta dans ses bras, la gorge nouée par l'émotion. « Chris, je suis tellement désolée, excuse-moi ! » Les mots jaillissaient, emportés par l’émotion, tandis qu'elle s'accrochait à lui, cherchant le réconfort au creux de ses bras.

Chris, les traits tendus, le souffle court, la serra de toutes ses forces. Il avait cru ne jamais pouvoir la tenir ainsi dans ses bras à nouveau. Une vague de soulagement l’envahie. Alors qu’elle ne cessait de s’excuser, en proie à la culpabilité il la fit taire d’une baiser passionné. Il s’écarta pour plonger son regard dans le sien, « On s'en sortira, Kate. Mais pour ça, il faut qu'on bouge. »

Derrière lui, Julia, toujours pragmatique malgré la situation, fit signe qu'il était temps de partir. « Vous aurez le temps de parler plus tard. On doit sortir d'ici, si on veut s’en sortir vivant. »

Chris tendit une arme à Kate. « Prends ça. Je sais que tu sauras en faire bon usage. »

Elle hocha la tête, reprenant ses esprits, et se positionna à sa droite, prête à affronter les rafales de tir qui les attendaient dans leur fuite. Leurs pas étaient précipités, chacun conscient du danger omniprésent. À peine avaient-ils quitté la chambre que des tirs retentirent. Des renforts de Pedro étaient arrivés, leur tirant dessus de toutes parts, rendant tout retour en arrière impossible. Kate guida le groupe à travers les corridors. Sa captivité lui aura au moins permis de mémoriser les lieux pour pouvoir les guider vers la sortie.

Leur avancé était ralentie par l’arrivée constante de nouveaux tireurs, Pedro Sanchez était entouré de professionnels lourdement armés et bien entraînés. Un cri de douleur fendit l'air, et Max, s'effondra, touché en plein cœur. La stupeur traversa le groupe, mais ils continuèrent, forçant leur passage. Julia, elle aussi blessée, lâcha son arme, se tenant le flanc. Kate se précipita vers elle, les yeux écarquillés par l'horreur. La plaie saignait abondamment. « Appuie fort, d'accord ? » dit-elle, sa voix tremblante malgré elle, alors qu'elle déchirait un bout de tissu pour comprimer la blessure. Tout partait en vrille et elle en était l’unique responsable. Elle était partie, s’était sacrifiée pour protéger ceux qu’elle aimait et au final, elle les avait mis en danger. Rien n’allait.

Chris saisit Julia par la hanche, l'aidant à avancer, tandis que Kate, dans une danse désespérée, tentait de les couvrir. Leurs tirs répondaient aux rafales ennemies, les détonations se répercutant contre les murs. Les silhouettes sombres des hommes de Pedro se rapprochaient, leur fuite devenait une lutte contre le temps et la mort.

Ils se terrèrent derrière une couverture de fortune, Chris tirant aux côtés de Kate, cherchant désespérément à ouvrir un chemin. Elle vit les ennemis tomber les uns après les autres, mais ils restaient trop nombreux. Kate tourna la tête, cherchant Julia du regard. Elle la trouva, inerte, ses yeux clos, la vie semblant l'avoir quittée. « Julia ! » hurla-t-elle, sa voix se brisant sous le poids du chagrin. Elle secoua son amie, les larmes brouillant sa vue.

Chris l'attrapa par les épaules, la forçant à le regarder. « Kate, on doit y aller... Je suis désolé, mais Julia... Elle est partie. Viens, il faut qu'on sorte d'ici. »

Un mélange d'horreur et de chagrin traversa Kate, mais elle savait qu'ils devaient continuer. Elle se redressa, ses jambes tremblantes sous l'effort et l'émotion. Ensemble, ils avancèrent, chacun de leurs pas étant une épreuve. Soudain, une voix douce et distante retentit. « Maria ! »

Kate se retourna, cherchant le visage de Carmen dans la confusion. Mais il était trop tard. Un ennemi braqua son arme sur elle. Chris se précipita, la plaquant au sol juste à temps. Le coup de feu résonna, Kate ressentit la chaleur du tir passer juste au-dessus d'elle. Sans réfléchir, elle tira, abattant l'homme qui venait de viser sur elle. Chris la regarda, une lueur d'admiration dans ses yeux malgré la situation critique. « Beau tir, Kate. Tu m'épateras toujours. Allez, faut qu'on se tire d'ici. »

Mais alors qu'ils se relevaient, Kate remarqua la tache de sang sur la chemise de Chris. Elle grandissait, se répandant, et avec elle la réalité d'une tragédie imminente. « Non, non, non... » murmura-t-elle, la panique perçant sa voix. Elle s'approcha de lui, ses mains tremblant en touchant sa blessure.

Chris la regarda, une tristesse résignée dans ses yeux. « C’est pas bon pour moi, Kate. Mais toi, t’es pas finie. Tu peux encore t’en sortir. »

Les larmes coulèrent librement sur les joues de Kate, son monde s'effondrant autour d'elle. « Pas sans toi, Chris ! Je veux pas vivre sans toi ! Je t'en supplie, me laisse pas ! »

Avec un dernier souffle, il lui murmura doucement, « Je t’aime, Kate... Plus que tout. » Son corps se relâcha, la vie quittant ses yeux.

Kate cria, le nom de Chris qui résonna dans l'air comme un écho douloureux. Elle entendit alors la voix de Carmen, insistante, l'appelant de plus en plus fort.

Soudain, elle ouvrit les yeux. Carmen était au-dessus d'elle, la secouant doucement, le visage marqué par l'inquiétude. « Maria ! C'était juste un cauchemar. Réveille-toi ! »

Kate se redressa, des larmes inondant encore son visage. Elle respira profondément, essayant de chasser les images terrifiantes de son rêve. « Je suis désolée de t'avoir réveillée, Carmen. Ça va aller maintenant. »

Carmen la prit dans ses bras, la serrant fermement. Le confort de cette étreinte, la chaleur humaine qu'elle ressentit, offrit à Kate un réconfort inespéré. Malgré la souffrance encore vive, Kate trouva une lueur de réconfort dans l'affection sincère de sa demi-sœur.

***

Kate ne réussit pas à se rendormir malgré la présence apaisante de Carmen. Le visage de Chris, mourant dans ses bras, hantait ses pensées, trop vivace pour lui permettre de trouver le repos. Lorsque les premières lueurs du matin effleurèrent la pièce, Kate se leva discrètement pour ne pas réveiller Carmen, qui dormait paisiblement. Elle traversa la chambre en silence, ses pieds nus glissant sur le sol froid, et se dirigea vers la salle de bains. Là, elle alluma la douche, laissant l'eau chaude couler sur sa peau, espérant que cela dissiperait les images obsédantes de son cauchemar. Elle se tenait sous le jet d'eau, la tête penchée en avant, les yeux fermés, tandis que des larmes silencieuses se mêlaient à l'eau. Les seules témoins de sa douleur étaient les carreaux de céramique. Quand elle coupa l'eau, elle resta encore un moment, immobile, à expulser ses dernières larmes, conscientes qu'elles reviendraient la hanter à la prochaine nuit ou à la prochaine douche.

Kate sécha ses cheveux et enfila des vêtements, revêtant le masque de Maria, le visage impassible et le cœur lourd. En sortant de la salle de bains, elle trouva Carmen éveillée, assise sur le lit. Son sourire chaleureux illumina l'obscurité de cet endroit, une lumière douce dans l'atmosphère pesante de sa captivité. Carmen semblait déterminée à égayer leur journée. Elle lui proposa tout d’abord une baignade à la piscine pour se détendre. Kate accepta, espérant que l'eau apaiserait ses nerfs tendus. Alors qu'elles flottaient ensemble dans la piscine sous les rayons du soleil, Carmen regardait Kate avec intensité. Elle semblait hésiter, cherchant les mots justes, « Je voulais te parler d'un truc de fille. J'ai personne à qui en parler à part toi, et entre sœurs, on doit pouvoir tout se dire, non ? »

Kate, surprise par l'ouverture de Carmen, répondit avec un léger sourire, « Bien sûr, je ne répéterai rien, je te le promets. »

Carmen, rassurée, continua, « Et moi aussi je te promets de ne rien répéter, peu importe ce que tu pourrais me dire. Tu peux compter sur moi. » Elle prit une inspiration avant d'avouer : « Il y a un garçon qui me plaît beaucoup ces derniers temps, mais j'ai du mal à savoir exactement ce que je ressens, et j'ai peur d'aller plus loin avec lui. Est-ce que tu as déjà été amoureuse ? »

La question fit vaciller Kate. Elle repensa instantanément à Chris. Après une légère hésitation, Kate choisit l'honnêteté, « Oui, j'ai aimé quelqu'un un jour. »

Carmen, curieuse, lui demanda alors, « Comment c'était pour toi ? Quel genre d'homme c'était ? »

Kate regarda autour d'elle, se demandant si elle risquait de trahir un secret trop grand, d’enfreindre l’interdit imposé par Sanchez et ainsi mettre la vie des gens qu’elle aime en danger. Son regard se posa immédiatement sur José, toujours présent mais à une distance respectable. Ce dernier ne semblait pas leur prêter attention.

Carmen remarqua son inquiétude et tenta de la rassurer, « T'inquiète, il ne peut pas nous entendre, et je ne dirai rien à personne. Je t'aime beaucoup trop pour te faire du mal ou… risquer qu’on te fasse du mal à cause de ce que tu pourrais me confier... »

Kate prit une profonde respiration et se lança, « C'était un homme fort et doux à la fois. À ses côtés, je me sentais protégée. Il me faisait beaucoup rire, il était parfois maladroit, mais c'était aussi quelqu'un de généreux, et droit, prêt à risquer sa vie pour ceux qu'il aime. » Elle parlait avec une tendresse évidente, ses yeux perdus dans le vague.

Carmen l'observait attentivement, notant chaque changement d'expression. « Tu l'aimes encore, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle doucement.

Kate hésita un instant, puis se résigna à la vérité. « Oui, en effet. »

« Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ? » continua Carmen, plus impliquée.

Un voile de tristesse obscurcit le regard de Kate. « Nous n'appartenions pas au même monde. Nous ne pouvions pas rester ensemble. »

Carmen, toujours aussi intuitive, ajouta, « C'est de lui dont tu rêves chaque nuit, n'est-ce pas ? Chris ? »

Kate eut un sourire en coin, comprenant enfin. « Alors c'était ça. Tu ne voulais pas vraiment me parler de toi, tu voulais me faire parler de moi... »

Carmen lui rendit son sourire avec tendresse. « Je m'inquiète pour toi. »

Kate posa sa main sur celle de Carmen, touchée par sa sollicitude. « Merci, Carmen. Mais ça va aller. J'ai la chance d'avoir une formidable petite sœur pour apaiser mes peurs. »

Carmen se hissa sur le dos de Kate, une étincelle de complicité dans les yeux. « J'aurais aimé le rencontrer. » Sa voix était douce, presque un murmure.

« J'aurais aimé te le présenter, » dit Kate avec sincérité, ses yeux légèrement embués de nostalgie. Après un bref silence, elle reprit d'un ton plus léger, « Bon, c'est pas tout ça, mais on a toujours rien mangé. Il est peut-être temps de reprendre des forces, tu ne crois pas ? »

Elles quittèrent la piscine, l'eau scintillant encore sur leur peau, et enfilèrent des paréos légers. En marchant vers le buffet disposé à leur attention, Kate observa Carmen du coin de l'œil. L'adolescente semblait pensive, comme si elle hésitait à partager quelque chose d'important. Finalement, après quelques instants de silence, Carmen prit la parole, sa voix douce et un peu incertaine. « Tu sais, je ne t'ai pas menti. Il y a bien un garçon. Mais je ne crois pas que je sois amoureuse. J'aimerais l'être, mais au fond de moi, je sais que ce n'est pas le cas. Je suis incapable d'en parler comme tu parles de Chris. »

Kate hocha la tête, posant une main rassurante sur l'épaule de Carmen. « Tu finiras par trouver un homme à ta hauteur, Carmen, quelqu'un qui t'aimera pour ce que tu es et qui fera vibrer ton cœur, » dit-elle avec tendresse, un sourire bienveillant aux lèvres.

Carmen, touchée par ces paroles, demanda avec curiosité, « Tu es souvent tombée amoureuse ? »

Un sourire doux mais teinté de mélancolie apparut sur le visage de Kate. « Juste une fois. Il n'y a eu que Chris. »

Carmen sembla surprise, ouvrant de grands yeux. « Mais... » Elle s'arrêta, cherchant ses mots.

Kate éclata de rire, percevant l'hésitation de Carmen. « Mais je suis vieille, c'est ça ? » taquina-t-elle, un éclat malicieux dans les yeux.

Carmen rougit, essayant de se rattraper. « C'est pas ce que je voulais dire, » balbutia-t-elle, un peu gênée.

« Si, si, c'est exactement ce que tu as pensé, » répondit Kate avec un sourire espiègle. Après un court instant, elle ajouta, plus sérieusement, « Je ne voulais pas m'attacher avant. À personne. Mais il a réussi à briser mon armure et à toucher mon cœur. Depuis, c'est difficile de remettre cette armure. » Sa voix s'éteignit légèrement, comme si elle en disait trop. Mais avec Carmen, elle se sentait étrangement libre, comme si elle pouvait être elle-même sans crainte de jugement. Sa sœur n’était que douceur, empathie et grâce, un ange en enfer. Son ange.

Carmen hocha la tête, comprenant la profondeur de cette confession. Elle glissa ses doigts dans l'eau, faisant des cercles, puis regarda Kate avec une étincelle dans les yeux. « Tu sais, moi quand ça va pas, je joue de la musique. Si tu veux, je pourrais t'apprendre ? »

Kate sourit avec affection, secouant doucement la tête. « Je crains n'avoir aucun talent pour ça. »

Carmen insista, les yeux pétillant d'une détermination juvénile qui ne laissait aucune place à la réticence. « Allez ! J'adorerais t'apprendre. Je suis sûre que tu peux y arriver et que ça te plairait. » Sa voix était emplie d'une douce urgence, comme si elle voulait à tout prix partager ce morceau d'elle-même avec Kate.

Voyant la grimace de sa sœur, Carmen se rapprocha, les mains jointes devant elle comme une supplication joyeuse. Elle adopta un ton plus sérieux, bien que son enthousiasme ne se soit pas amoindri. « Tu sais, si j'en avais la possibilité, j'aimerais vraiment pouvoir enseigner la musique. C'est plus qu'une passion pour moi, c'est une façon de m'exprimer, de me libérer. » Elle marqua une pause, son regard se perdant un instant dans le vague, avant de se concentrer de nouveau sur Kate avec une intensité sincère. « Enseigner à quelqu'un que j'aime, comme toi, ce serait un peu comme vivre mon rêve. C'est comme si je pouvais partager une partie de mon âme. »

Carmen se pencha légèrement, ses yeux cherchant ceux de Kate « J'aimerais tellement pouvoir transmettre cette passion, te montrer ce que ça fait de créer quelque chose de beau à partir de rien. » Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure, un geste inconscient qui dévoilait son espoir d'une réponse positive. « Ce ne serait pas seulement un cadeau pour toi, mais aussi pour moi. Une façon de partager quelque chose d'intime, de construire un lien encore plus fort entre nous. »

Carmen tendit alors une main vers Kate, comme pour sceller un pacte invisible. « Je sais que tu n'as peut-être pas confiance en tes talents, mais je suis certaine qu'avec un peu de patience et beaucoup de rires, on pourrait y arriver. Et qui sait, peut-être que tu découvriras une nouvelle facette de toi-même ? »

Devant tant d'insistance, Kate capitula, amusée par l'enthousiasme de Carmen. « Bon, très bien. Mais je t'aurais prévenue, ne viens pas te plaindre si ton élève n'arrive à rien ou si tes oreilles saignent en fin de journée. »

Carmen éclata de rire, une sonorité claire et joyeuse qui fit écho autour d'elles.


 

Ce moment de complicité fut soudainement interrompu par l'arrivée de José, dont l'ombre imposante s'étendit sur les deux jeunes femmes. « Mademoiselle, » dit-il, sa voix grave tranchant l'atmosphère légère. « On vient de me prévenir que votre père vous attendait. »

Le visage de Kate se ferma instantanément, son expression s'assombrissant. « Très bien. Je m'habille et je le rejoins, » répondit-elle d'un ton neutre, se levant rapidement. Elle savait que Pedro n'aimait pas attendre.

Alors qu'elle s'apprêtait à partir, Carmen la retint doucement par le bras. « On se rejoint après au salon ? Je n'ai pas encore eu l'occasion de jouer pour toi, » dit-elle avec un sourire encourageant.

Kate hocha la tête, esquissant un sourire pour exprimer son accord qui s'effaça dès qu'elle tourna le dos à sa demi-sœur.

***

Après s'être changée en une tenue plus adaptée à la rencontre avec son père, Kate se rendit dans le bureau de Pedro. L'atmosphère y était lourde et formelle, comme à l'accoutumée. Pedro, entouré de ses conseillers habituels, lui fit signe de s'asseoir sans un mot. Son regard était perçant, impitoyable.

« Bien, à ce que je vois, tu respectes ta part du contrat avec Carmen, mais souviens-toi de rester à ta place, » la menaça-t-il, un léger sourire froid sur les lèvres.

Kate ne cilla pas, répondant sur un ton monocorde, « Je n'oublie pas. »

Pedro la fixa, cherchant une réaction. « Je voulais te parler de ton futur mariage, qui approche à grands pas. Nous n'avons pas pris le temps d'en discuter la dernière fois, et tu ne m'as posé aucune question depuis. »

Kate resta silencieuse, attendant patiemment qu'il poursuive.

« Tu vas épouser Emilio Salazar, » déclara Pedro, un éclat calculateur dans le regard. « Mais tu resteras ma fille. Comprends-tu ce que cela signifie ? »

Kate hocha légèrement la tête, ses yeux fixés sur son père. « Oui, vous êtes contraint de vous unir à Salazar, mais vous souhaitez garder la main. Vous voulez que je vous informe de leurs affaires, » dit-elle d'une voix posée.

Pedro laissa échapper un sourire satisfait. « Exactement. Tu as toujours été très perspicace, en plus d'être forte et belle, » la complimenta-t-il. « Sache qu'Emilio sera sans doute sur ses gardes. Lui aussi est un homme intelligent. Mais tu es une femme charmante, comme ta mère. Si tu joues bien ton rôle, tu devrais pouvoir le convaincre. »

Le cœur de Kate se serra à cette allusion. Elle comprenait parfaitement ce que son père attendait d'elle : non seulement épouser Emilio, mais aussi le séduire, le satisfaire en usant de son charme pour obtenir des informations, au prix de sa propre dignité. Une vague de nausée la submergea, mais elle se força à rester impassible, déglutissant la remontée d’acide.

Pedro, remarquant le dégoût dans les yeux de sa fille, ajouta froidement, « Et souviens-toi, la vie de Chris James est entre mes mains. » Il lui jeta une enveloppe sur la table. Kate l'ouvrit d'un geste sec, découvrant à l'intérieur des photos de Julia, de Max, de Luis, et de Chris. Ce dernier semblait épuisé sur les clichés, les traits tirés, mais déterminés. Une douleur sourde s'empara de son cœur. Il n'avait donc pas abandonné. Elle le savait, au fond d'elle, mais cette confirmation ravivait sa peur que son cauchemar ne devienne réalité.

Elle prit une profonde inspiration, fixant Pedro avec une froideur calculée. « J'ai compris, » dit-elle simplement, sa voix tremblant à peine. Elle se leva, prête à quitter la pièce, chaque pas la rapprochant un peu plus de l'abîme dans lequel elle était piégée, mais déterminée à garder la tête haute.

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