YiShi Shen et Zhen YuJin avaient fini par s’asseoir sur un banc pendant que le Maître du Feu lui contait le récit de sa fuite lors du Nouvel An. Le teint de l’Intendant était devenu blanc en entendant parler des meurtres devant les cuisines. Ses poings se serrèrent à la mention de la mort de l’Impératrice. Tandis que l’ancien Prince Héritier lui rapportait les tragiques évènements, lui pouvait faire des parallèles avec son expérience de ce maudit soir.
Autrefois, l’Empereur WangZi Huan le laissait vivre dans un pavillon, non loin du quartier des domestiques, qui lui servait également à donner certains cours au Prince et à Ming XiWang. L’amitié qui le liait à Sa Majesté lui offrait quelques privilèges dont il n’était pas peu fier. Avoir sa propre habitation pour lui seul était l’un d’eux.
Cette nuit-là, YiShi Shen rentrait justement chez lui lorsqu’il avait vu l’éclat des flammes. Aussitôt, il s’était empressé de faire demi-tour et il avait aperçu, au loin, la silhouette du petit Ming XiWang qui courrait à toute allure en direction du brasier. Bien qu’encore jeune et vigoureux à l’époque, il n’égalait pas la rapidité de ce gosse qui filait à toute vitesse. En arrivant sur les lieux, le Précepteur s’était retrouvé face à un pavillon intégralement enflammé et, dans son cœur, il avait compris que s’il ne voyait personne autour, aucun rescapé, c’était qu’il était trop tard. Tout en faisant le tour de la maison, il avait appelé Ming XiWang, certain que le garçon s’était jeté dans la fournaise. Le garnement lui avait montré avec grande fierté qu’il pouvait manier le feu, deux jours auparavant et lui avait fait jurer de garder le secret. Il voulait faire une surprise à WangZi BanShui prochainement, en déployant tout son talent devant lui.
Il se rappelait parfaitement avoir bel et bien contourné le pavillon et, à ce moment-là, il n’y avait aucun garde armé dehors ni aucun corps. Toutes les dépouilles avaient été retrouvées, le lendemain, brûlées, réparties au milieu des cendres et des décombres. Les hommes armés, certains que plus personne ne sortirait, étaient donc partis avant son arrivée, sans laisser de traces. À l’époque, durant les quelques heures suivant l’incendie, il avait sincèrement imaginé qu’il s’agissait d’un accident. Pendant un bref instant, il avait même cru que Ming XiWang avait perdu le contrôle de son pouvoir, alors qu’il savait parfaitement que le gamin ne pouvait pas être responsable, puisqu’il l’avait vu courir devant lui. Il s’en voulait encore d’avoir osé formuler cette question à haute voix auprès du garçon complètement sous le choc.
Aujourd’hui, apprendre la présence de ces hommes armés lui donnait des sueurs froides. Qui pouvait dire ce qu’il se serait passé si Ming XiWang était arrivé un peu plus tôt ? S’il avait jailli du brasier alors qu’ils étaient toujours présents ? Dans leur malheur, les deux enfants avaient malgré tout eu une chance inouïe.
Zhen YuJin se tut finalement. Son mentor garda un long silence, la tête baissée et le regard rivé sur l’herbe à leurs pieds. Avec le temps, il avait cru que Ming YanShi et ses agissements ne pouvaient plus le surprendre. Le Tyran avait beau ne plus être de ce monde depuis plusieurs années, force était de constater qu’il réussissait encore à l’écœurer.
Ce fut le Musivateur qui reprit la parole en premier. Les coudes appuyés sur les jambes, les yeux fixés sur une haie qui bruissait très doucement dans une brise, il demanda à mi-voix :
— Maître YiShi, j’ai une question à vous poser à mon tour.
Trop bouleversé pour lui répondre de vive voix, l’Intendant l’invita à poursuivre d’un signe de la main.
— Je sais qu’en théorie je ne crains rien, mais vous m’avez reconnu avec une telle facilité… Est-ce que cette situation risque de se reproduire avec d’autres personnes ?
YiShi Shen tourna la tête vers lui et le regarda longuement, avant de la secouer avec un léger soupir :
— Non, je ne pense pas que quiconque pourrait savoir qui vous êtes. Votre père était un ami très proche et je l’ai côtoyé au quotidien pendant des années puisque je travaillais ici. Mais vous n’ignorez pas que les membres de votre famille ne sortaient jamais au grand jour, ils ne se mêlaient pas au peuple, pour des raisons de sécurité. Depuis des générations, notre pays a l’habitude d’avoir un Empereur à sa tête, mais de ne pas réellement connaître son visage. Les apparitions publiques se font toujours sur l’une des terrasses impériales et les gens sont bien trop loin pour pouvoir distinguer ses traits. Donc non, ici à ZhenShen, personne ne sait qui vous êtes. Quant à ceux qui auraient pu vous reconnaître, ses amis et les Chefs de Clan qu’il a pu côtoyer, ils sont tous morts depuis longtemps.
Zhen YuJin aurait aimé prétendre que cette information le soulageait. Aujourd’hui, sachant que Ming XiWang garderait son secret avec soin, il pouvait enfin se permettre de souffler et se délester d’une partie du poids qui pesait sur ses épaules depuis l’enfance. Savoir qu’il ne risquait pas d’être reconnu par hasard était une bonne nouvelle, mais une nouvelle néanmoins teintée de sang. En son for intérieur, il regrettait amèrement de ne pas avoir pu connaître davantage les personnes que son père avait côtoyées autrefois. Il ne restait véritablement plus que YiShi Shen. Face à cette constatation, une autre question lui revint en mémoire.
— Si tous les amis de mon père sont morts, comment se fait-il que vous… ?
Le Maître du Feu ignorait comment finir sa phrase. Il craignait de paraitre méfiant et accusateur, alors que son ancien Précepteur avait très clairement pris Ming XiWang sous son aile. Cet oncle, qui servait d’excuse à Zhang JingXi et dont il parlait toujours avec grande affection… Il se rappelait très bien que son bien-aimé lui avait dit, au tout début de leur voyage, qu’il avait été élevé par cet homme, plus que par son propre père. Et il avait vu l’inquiétude non feinte de l’Intendant face à l’état alarmant du blessé.
YiShi Shen lui adressa un faible sourire, puis se leva du banc :
— Comment se fait-il que je sois toujours là ? Ah… j’ai eu de la chance, Sa Majesté a su me protéger et trouver les mots justes. Et le mépris de Ming YanShi a été des plus bénéfiques, pour une fois.
Il fit signe à son interlocuteur de le suivre. Zhen YuJin se remit debout à son tour et lui emboita le pas alors qu’ils retournaient en direction du pavillon impérial :
— Ming YanShi n’a jamais pris au sérieux mon amitié avec votre père. Pour lui, comme je vous donnais des cours, je n’étais qu’un domestique utile sans réelle importance. Devenir ami avec un membre d’une classe sociale inférieure est tout bonnement impossible, à ses yeux. Il ne m’a jamais vraiment prêté attention, néanmoins je dois admettre que j’ai bien failli être tué dans la mesure où il n’a épargné aucune de vos servantes, ni aucun de vos serviteurs.
L’Intendant croisa les mains dans le dos, puis regarda le sol. Une certaine affection se dessina sur ses traits :
— Fort heureusement, Ming XiWang est resté collé à moi, après l’incendie. J’ai soigné sa blessure et j’étais le dernier repère en rapport avec votre famille, il ne voulait plus me lâcher. Lorsque je l’ai raccompagné dans le quartier des invités, les hommes de son père nous ont encerclés et lui ont demandé de me laisser et d’aller dans sa chambre.
Douloureusement, il se rappela la surprise ressentie à ce moment-là, de leur part à tous les deux. Ils étaient sous le choc et s’attendaient à trouver Ming YanShi complètement dévasté. À la place, ceux qui deviendraient les nouveaux Gardes Impériaux, les avaient accueillis avec des intentions très claires. Leurs mains posées sur les épées, prêtes à être dégainées, indiquaient nettement que dès que le petit garçon partirait, ils s’en prendraient à l’adulte. Pendant quelques brèves secondes, le Précepteur avait pensé qu’il y avait méprise. Peut-être le croyait-on responsable d’un crime quelconque, ou d’avoir emmené Ming XiWang près de l’incendie au lieu de l’en éloigner. Songeant à une erreur qu’il pourrait régler en parlant, YiShi Shen avait fait signe à l’enfant d’obéir. Mais ce dernier s’était accroché encore plus fort à lui, les yeux écarquillés d’horreur et avait refusé de bouger. Jusqu’à ce que Ming YanShi arrive. Et en voyant son expression dénuée de tristesse, son attitude méprisante et hautaine, le Précepteur avait craint de comprendre la vérité.
— Il n’a pas voulu s’éloigner, malgré les insistances des gardes. Finalement, son père en personne est intervenu et lui a dit de cesser son caprice, que le Prince Héritier ne devait pas se comporter ainsi.
Ses yeux se fermèrent brièvement. Le visage désemparé de Ming XiWang restait encore aujourd’hui marqué dans son esprit. D’un air glacial, Ming YanShi avait repris la parole, annonçant la mort de WangZi Huan et de toute sa famille. Dans la foulée, il avait déclaré que dès le lendemain matin, lui-même serait nommé Empereur, par conséquent son fils devenait le nouveau Prince Héritier et se devait de faire honneur à ce titre.
Se mordant les lèvres, Zhen YuJin prêtait une oreille attentive au récit de son aîné, tout en visualisant la scène. Il sentit son cœur se serrer en imaginant à quel point le monde de son bien-aimé avait dû s’écouler cette nuit-là. Ils s’étaient perdus, définitivement le croyait-il, et son père dévoilait son vrai visage. En outre, il prenait la place de l’ancien Prince Héritier qui était son meilleur ami. Le Musivateur faillit se mettre à courir en direction de la chambre de Ming XiWang, pour aller le rassurer et lui dire que tout allait bien se passer. Il voulait consoler l’enfant terrifié qu’il avait dû être à ce moment-là.
— Mais ce petit a toujours été malin. Bouleversé et paniqué, il a pourtant compris toute la situation et a réagi avec un sang-froid que beaucoup d’adultes pourraient lui envier. Il a répondu : « Père. Votre Majesté, vous allez sûrement être très occupé dans les prochains jours avec vos nouvelles fonctions. Si je suis le Prince Héritier, il me faut une éducation à la hauteur. Pourquoi perdriez-vous du temps à me chercher un Précepteur, alors que vous avez des choses bien plus importantes à accomplir ? Celui de feu WangZi BanShui me semble qualifié pour remplir cette tâche, non ? ». Ce faisant, il a mis un genou à terre. Sa voix n’avait pas tremblé, son intonation n’était pas suppliante. Il a présenté sa requête comme un fait terriblement logique. Ainsi que je vous le disais, je n’étais pas un « ami » pour Ming YanShi, mais un simple larbin. Son fils ne se lamentait pas sur votre disparition, ne lui faisait pas de reproche et il s’accommodait immédiatement à la situation en lui donnant son nouveau titre… il n’en a pas fallu davantage pour convaincre ce Tyran de me laisser tranquille. Ça l’arrangeait bien que je m’occupe de son gosse pendant que lui vaquait à ses horribles activités de toute façon.
Zhen YuJin fut épaté en entendant la réaction de son ami. Il savait déjà que Zhang JingXi possédait ce don de pouvoir s’adapter à la plupart des gens et des situations, mais il n’avait pas imaginé qu’il l’avait utilisé si tôt dans son enfance !
Quoiqu’en y réfléchissant bien…
Autrefois, quand les Ming venaient passer quelques semaines au Palais, il ne se posait pas de question sur la vie quotidienne de Ming XiWang, lorsqu’il était chez lui. Il avait vaguement conscience qu’il n’avait pas spécialement de copains, que son père était strict, et qu’il le forçait à se tirer les cheveux avec le chignon serré. Aujourd’hui, l’adulte en lui se demandait ce que vivait son camarade de jeux là-bas. Peut-être avait-il dû apprendre très tôt à avoir des visages différents…
Pensif, il se plongea dans les souvenirs qui revenaient aisément à sa mémoire à présent. Effectivement, s’il se rappelait bien, son meilleur ami n’était pas le même lorsque Ming YanShi était dans leur périmètre. Le garçon sautait partout, toute la journée, s’amusait, riait… Dès que son père se trouvait dans les parages, il devenait muet, ne bougeait plus et son regard s’éteignait. Il ne s’agissait pas d’une attitude réservée aux adultes, non. Si Maître YiShi leur tenait compagnie, Ming XiWang restait toujours aussi joyeux. Tout comme il irradiait de bonne humeur si l’Impératrice et l’Empereur venaient les voir. Il se demanda si son père avait remarqué la différence de comportement de son camarade de jeux et s’il avait tenté de découvrir une explication. Ou si Ming YanShi lui avait sorti une excuse bidon pour justifier ce changement d’attitude.
— Je ne suis même pas surpris par ce que vous venez de raconter, reprit finalement le Musivateur à voix basse. A-X… Ming XiWang est quelqu’un d’incroyable.
Attentif, l’Intendant marchait tout en observant son accompagnateur à la dérobée. Depuis des jours, il entendait parler de lui, par les lettres que lui envoyait l’Empereur. Déjà, le soir du Nouvel An, YiShi Shen était resté quelque peu étonné devant son attitude. Certes, il avait l’habitude de le voir toujours dynamique, mais cette nuit-là, il avait noté quelque chose de différent. Ses yeux brillaient plus qu’à l’accoutumée et il l’avait trouvé particulièrement de bonne humeur. Sur le moment, l’ancien mentor s’était dit que Sa Majesté était simplement heureuse et excitée à l’idée de partir quelques jours. Après tout, l’Empereur ne s’autorisait que très rarement le droit de s’éloigner ainsi de la Capitale.
Le soir de son retour au Palais, Ming XiWang était tout bonnement euphorique. Tellement euphorique qu’il lui avait à peine narré les aventures de ces derniers jours, se contentant du strict minimum, au prétexte que tout serait raconté le lendemain matin de toute façon. À la place, il lui avait surtout parlé de Zhen YuJin en long, en large et en travers, tout en l’aidant à envoyer des lettres d’avertissements aux Cultivateurs et aux différents Clans. YiShi Shen l’avait écouté, amusé. Nul besoin de demander à son protégé s’il était amoureux, tout dans son attitude répondait pour lui. L’Intendant s’était senti soulagé en constatant que l’Empereur paraissait décidé à avoir un semblant de vie sentimentale. Il ne l’avait jamais vu aussi heureux et avait eu hâte de rencontrer le prétendant. Quelle surprise en découvrant le concerné… Une surprise de taille pour lui, mais également pour Ming XiWang.
À cet instant, YiShi Shen se demandait à quel moment un tel miracle avait été possible.
— Vous tenez beaucoup à lui, n’est-ce pas ? s’enquit-il sans le quitter des yeux.
Le Maître du Feu tourna la tête vers lui, puis acquiesça en silence.
— Il tenait beaucoup à vous, autrefois, reprit l’Intendant. Lorsque vous êtes revenus, même s’il ignorait encore la vérité à votre sujet, il m’est apparu nettement que vous étiez très important pour lui. Il avait peur de vous dévoiler sa vraie identité.
Ils sortirent du jardin, la silhouette du pavillon impérial se dessinait plusieurs dizaines de mètres plus loin. L’ancien Précepteur s’arrêta, invitant le Musivateur à faire de même.
— La veille de la réunion, il a longuement hésité. À l’origine, il voulait participer en tant que Ming XiWang, se révéler à vous et à Chan YinMai ce matin-là. Du moins, c’est ce qu’il prévoyait lorsqu’il m’écrivait sur le chemin du retour. J’ignore ce qu’il s’est passé précisément, mais il est rentré en m’annonçant qu’il préférait finalement rester sous les traits de Zhang JingXi.
Zhen YuJin tressaillit. Il réfléchit, se demandant s’il avait pu émettre une critique négative à l’encontre de l’Empereur qui aurait pu pousser son amoureux à changer d’avis. Il rejeta bien vite cette pensée, il soutenait le règne de Ming XiWang depuis le début et ne pouvait rien lui reprocher. Ou alors…
Ses joues rougirent légèrement. Leur rapprochement intime avait peut-être bien joué dans la décision de Zhang JingXi. Dévoiler son nom à un simple ami n’a pas le même impact que le révéler à un amant…
— L’ironie du destin a finalement voulu que ce soit vous qui soyez découvert. Mais je souhaite que vous gardiez en tête qu’hier soir, Sa Majesté s’inquiétait vraiment de la réaction que vous pourriez avoir en apprenant la vérité. Il s’en veut de vous avoir menti, mais il a encore plus peur de vous perdre.
— Je ne compte pas le lui reprocher, annonça aussitôt Zhen YuJin en fronçant légèrement les sourcils.
— Je n’en doute pas un seul instant, rétorqua l’Intendant.
L’intonation employée fut telle que le Musivateur fut presque sûr qu’il serait jeté hors du Palais, avec un coup de pied au derrière, s’il venait à blesser Sa Majesté dans ses sentiments.
Avec un sourire crispé, il reprit la parole :
— Maître YiShi, pourquoi a-t-il si peur ? Craint-il que je le rejette ? Manque-t-il de confiance en moi ?
Il voulait que son compagnon se sente en sécurité et aimé. Si d’une façon ou d’une autre, son attitude l’effrayait, il préférait le savoir tout de suite.
L’Intendant secoua doucement la tête :
— En vous, non. En lui, oui.
— Je ne comprends pas… avoua Zhen YuJin.
L’ancien Précepteur regarda en direction du pavillon. HengXing ShanYao venait de le contourner, il semblait chercher quelque chose. En les voyant, il se dirigea aussitôt vers eux.
— Certains, à votre place, n’apprécieraient pas d’apprendre un tel mensonge, ajouta rapidement YiShi Shen. Le motif serait suffisant pour rompre une amitié. Dans son cas, et le vôtre, il faut aussi prendre en considération qu’il est le fils de celui qui a assassiné votre famille.
Sur ces mots, l’Intendant se remit en marche et rejoignit le Chef de Clan.
Ses paroles résonnèrent dans la tête de Zhen YuJin qui demeura figé quelques instants, les yeux écarquillés. Pas une seule seconde il n’avait pensé à ce lien. Pas une seule seconde il n’envisageait de reprocher à Zhang JingXi d’être l’héritier d’un Tyran et d’un assassin. Au contraire, maintenant il comprenait toutes les séances au coin du feu et les confidences. Ming XiWang s’était jeté dans le brasier pour essayer de le sauver lui ! Comment pourrait-il en venir à le rejeter à cause des actes de son père en sachant ça ?
Les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire ; la réaction de Zhang JingXi qui avait eu besoin de sortir des souterrains. La promesse qu’il disait s’être faite à lui-même. Il comprenait maintenant quel poids pesait sur les épaules de son Amour. L’Empereur culpabilisait énormément à cause du sillage noir et sanglant laissé par Ming YanShi pendant des années. Il faisait tout pour tenter de racheter ce passé et le moindre échec à ses yeux était une catastrophe. Cette culpabilité l’étranglait, il se reprochait de ne pas être à la hauteur. De combien de crimes commis par son père se sentait-il responsable ?
Le Musivateur frissonna en devinant la réponse.
Tous.
Et même au-delà encore. La scène avec les tunnels en était un bon exemple. Le Tyran n’avait rien à voir là-dedans et Ming XiWang avait vécu ces morts comme autant d’échecs personnels.
Forcément, dans cette logique, il devait tout bonnement être terrifié à l’idée que Zhen YuJin l’abandonne en lui adressant des reproches qu’il se faisait à lui-même.
Le Musivateur songea qu’il allait devoir faire de son mieux pour apaiser son compagnon. Il fallait qu’il l’aide à se délester de cette énorme pression qu’il se mettait sur les épaules. La mission ne lui semblait pas impossible. La veille, son amant l’avait écouté sans rechigner après tout. Zhen YuJin estima, non sans une certaine fierté, qu’il était peut-être le seul à pouvoir calmer l’hyperactivité et les tourments de l’Empereur. En tout cas, il ferait de son mieux.
Cette promesse en tête, il rejoignit alors YiShi Shen et HengXing ShanYao, espérant que celui-ci n’était pas porteur de mauvaises nouvelles.
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Lien vers l'illustration réalisée par Druide Lunaire : https://www.instagram.com/p/C9WuNwptMdv/