Partie 2 - Chapitre 8

Notes de l’auteur : Attention. La version que vous lisez sur les différentes plateformes de lecture est une version non corrigée (elle contient encore des fautes d’accord, de syntaxes, des maladresses diverses sur les tournures de phrases.)

Bonne lecture !

     HengXing ShanYao s’était rapproché de la porte d’entrée, au prétexte de la refermer derrière l’Intendant et son accompagnateur. Une lueur de curiosité brillait dans son regard tandis qu’il observait les deux hommes se diriger vers la maison voisine pour aller chercher à boire.

     — Laissez ouvert, lui conseilla le Médium. Ils ne vont pas en avoir pour très longtemps.

     Le Chef de Clan laissa aussitôt retomber la main qu’il avait posée sur le battant et se tourna vers le blondinet. Toujours assis sur le rebord de la fenêtre, celui-ci se penchait en arrière pour observer également le Seigneur YiShi partir en compagnie de son meilleur ami. Lorsque leurs cibles entrèrent dans le pavillon voisin, Chan YinMai se redressa, le visage très serein. Il ne paraissait pas du tout impacté par la différence de traitement, pourtant flagrante, que l’Intendant mettait en place entre lui et l’autre Musivateur.

     Le Capitaine revint à cet instant avec une grande carte du pays, plusieurs ouvrages et des parchemins.

     — Où sont passés le Seigneur YiShi et Maître Zhen ? s’enquit-il en posant le tout sur la table.

     Son regard balaya la pièce, tandis que Chan YinMai et Hei TaiYang se rapprochaient pour voir ce qu’il venait de ramener.

     — Ils sont juste à côté, ils ramènent des boissons, répondit le Chef de Clan.

     Jian Lin se passa une main dans les cheveux, tout en jetant un coup d’œil à sa propre réserve de thé avec une grimace :

     — J’ai manqué à mes devoirs, j’aurais dû y penser…

     — Ne vous en faites pas pour ça, répliqua aimablement HengXing ShanYao en lui donnant une tape amicale dans le dos. Nous avons déjà beaucoup à réfléchir, vous ne pouvez pas gérer sur tous les tableaux.

     Le Capitaine tressaillit, pris de court par ce geste de rapprochement inattendu. Sa confusion se lut sur son visage et le Maître d’Armes haussa les épaules :

     — Veuillez pardonner HengXing ShanYao, il est tactile avec les gens qu’il aime bien. C’est plutôt bon signe pour vous, si vous voulez mon avis.

     Jian Lin haussa les sourcils, tout en dévisageant les deux membres du Clan tour à tour :

     — Ah bon ?

     Bien qu’il n’ait pas la moindre idée de pourquoi leur hôte avait ramené tous ces papiers, le Chef de Clan déroula la carte sur la table tout en répliquant :

     — Seigneur Jian, depuis sept ans vous écrivez toutes les semaines à ma jeune sœur et vous vous échangez deux à trois missives hebdomadaires. Vous avez tout intérêt à ce que je vous apprécie, croyez-moi.

     Les joues du Capitaine se teintèrent aussitôt d’un rose soutenu. Son interlocuteur ne le regardait pas, mais il discernait nettement son air extrêmement sérieux. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais HengXing ShanYao le devança en tapotant la carte et en changeant de sujet :

     — Alors, pourquoi tout ça ?

     Vaguement soulagé de ne pas avoir besoin de parler dès à présent de la Jeune Maîtresse HengXing, tout en ayant en même temps envie d’avoir une discussion avec son frère aîné une bonne fois pour toute, Jian Lin garda un instant le silence. Il hésita à rebondir sur la correspondance échangée entre la jeune femme et lui, puis estima qu’il vaudrait mieux avoir cette conversation en privé, loin des oreilles indiscrètes du Maître d’’Armes du Médium. Il se racla la gorge :

     — Il faut que nous vérifiions un détail, si vous voulez bien m’aider…

     Il désigna l’un des ouvrages ramenés, tout en leur exposant l’hypothèque qu’il commençait à avoir.

 

     Le Maître du Feu avait suivi son ancien Précepteur jusqu’au pavillon voisin. En entrant dans la demeure, il fut cueilli par une odeur familière d’encens. Si Zhang JingXi préférait les résines comme le camphre, son Intendant avait une nette préférence pour le bois de cèdre. Le Musivateur eut l’impression de replonger en enfance, se rappelant des moments où il venait étudier dans la maison de son mentor. À l’instar de celle du Capitaine, ils entraient directement dans la cuisine et le maître des lieux se dirigea aussitôt vers ses placards.

     — Plutôt thé ou vin, pour vous ? s’enquit l’Intendant.

     — Vin.

     Même s’il adorait le thé et en consommait énormément, aujourd’hui il avait besoin d’une boisson bien plus forte pour tenir le choc face à tout ce qui se passait dans sa vie.

     Le Musivateur garda le silence, laissant son interlocuteur sortir un plateau, des tasses, deux boites de feuilles de thé différentes et plusieurs jarres d’alcool.

     — À quoi jouez-vous, Maître YiShi ? finit-il par oser demander en disposant le tout sur le plateau.

     — Je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit son aîné d’un air innocent.

     L’Intendant fit mine de vouloir saisir le chargement, Zhen YuJin l’arrêta d’un geste et le dévisagea :

     — Maître YiShi… Ne me prenez pas pour un idiot, vous avez quelque chose en tête.

     Son ancien mentor soutint son regard, sans rien ajouter. Frustré, le Maître du Feu jeta un coup d’œil en direction de la fenêtre pour s’assurer que personne ne se trouvait dans les parages, puis reprit la parole :

     — Je ne suis pas un Prince, ni un Capitaine, ni un Chef de Clan. Je ne suis qu’un Cultivateur Itinérant qui gagne sa vie en traquant des créatures et en participant à des spectacles. Je n’ai même pas un toit solide au-dessus de la tête, j’ai une vie de nomade. Je ne suis pas censé avoir la moindre autorité, alors pourquoi…

     Il ne termina pas sa phrase et fit un geste de la main en désignant le pavillon voisin à travers les murs qui les séparaient.

     L’Intendant continua à l’observer pendant un moment, puis s’appuya d’une main sur la table de sa cuisine, avant de poser l’autre sur sa hanche.

     — Dîtes-moi, Zhen YuJin, vous ne comptez pas quitter ZhenShen, n’est-ce pas ? Il me semble qu’hier, vous m’avez annoncé vouloir rester dans le secteur, au moins quelques temps.

     Le Maître du Feu acquiesça. L’autre continua :

     — Je ne pense pas me tromper en disant que cette envie a un lien avec Sa Majesté ? Vous semblez très proches, tous les deux.

     Le Musivateur estima plus sage de garder le silence et de laisser son ancien Précepteur continuer sur sa lancée. Toutefois, ses oreilles rougirent légèrement.

     — Avez-vous réfléchit un instant à cet avenir ? Croyez-vous sincèrement que l’Empereur ne va pas vouloir bénéficier de votre avis dans toutes ses prochaines décisions ? Vous n’êtes plus un simple « un Cultivateur Itinérant », Seigneur Zhen. Vous n’êtes pas un roturier, vous êtes un Prince qui a vécu parmi le peuple. Aujourd’hui, votre lien avec Lui vous redonne symboliquement votre titre.

     Zhen YuJin tressaillit. Ses ongles se plantèrent dans la paume de sa main. Il n’avait absolument pas pris le temps de réfléchir à ce que signifiait être l’amant de l’Empereur. À la place qu’un tel privilège pouvait lui accorder.

     — Certes, les autres ont de quoi être perdu. Ils ignorent tout de votre passé et ne savent rien de votre amitié d’enfance avec Sa Majesté. Et nous sommes d’accord pour dire qu’il vaut mieux préserver votre secret. Toutefois, Seigneur Zhen, vous ne pouvez pas me demander de vous traiter comme un simple habitant de ce pays. À partir d’aujourd’hui, vous avez droit au même respect que celui qui est accordé au Seigneur Jian et à Maître HengXing. Puisque vous ne vous imposez pas de vous-même, je me permets de m’en charger à votre place.

     Le Musivateur resta sur place, dépassé par la situation. Tout allait beaucoup trop vite à son goût, il n’avait absolument pas pu réfléchir correctement à tout ceci. Lorsqu’il imaginait l’avenir avec Zhang JingXi…

     Il soupira intérieurement.

     Lorsqu’il l’imaginait, à ce moment-là, il pensait que son bien-aimé n’était qu’un simple Cultivateur Itinérant et non le Souverain de leur Empire tout entier. Il croyait que son plus gros défi serait peut-être de se faire accepter par « l’oncle » de son amant. En possession de la vérité depuis une poignée d’heures, il n’avait pas eu le temps de penser à tout.

     Il se mordilla la lèvre inférieure, conscient que ses sentiments pour l’Empereur était sa seule certitude et qu’il ne souhaitait pas le quitter. Le reste lui apparaissait dans un flou absolu. Allait-il se sentir capable de revivre au Palais pour aider Ming XiWang dans sa tâche ? Oui, certainement. Mais serait-il à la hauteur de la tâche ? Il n’en avait pas la moindre idée.

     Saisissant le plateau, YiShi Shen se dirigea vers la porte :

     — Ne vous tracassez donc pas à ce point, tout ira bien, vous verrez.

     Guère convaincu par ses paroles, Zhen YuJin acquiesça machinalement et s’empressa de lui ouvrir le battant pour le laisser sortir. Il referma derrière eux et lui emboita le pas, en direction du pavillon voisin.

     En les voyant revenir, Jian Lin s’empressa de décharger l’Intendant, tout en s’excusant d’avoir oublié de s’occuper lui-même des boissons. YiShi Shen lui fit signe de ne pas s’en vouloir et le laissa prendre le relais sur le service. Le Capitaine, l’Intendant et Chan YinMai optèrent pour du thé, les autres préférèrent s’intéresser aux jarres d’alcool.

     Tout en goûtant un vin épicé, fort appréciable à son goût, Zhen YuJin observa les documents étalés sur presque toute la table.

     — Nous venons de vérifier une information, annonça Jian Lin après avoir servi tout le monde. Je voulais savoir s’il existait d’autres mines à charbons, creusées sous des cimetières, dans notre Empire et la réponse est non.

     Intéressé, l’Intendant reprit la place qu’il occupait précédemment, tout en l’écoutant attentivement.

     — Autrement dit, continua le Capitaine, il n’y a qu’à ShanJing que l’on peut se procurer ce charbon modifié capable de faire des dégâts. Mais ce n’est pas tout, il y a environ un an et demi, les villageois se sont plaints de bruits nocturnes au niveau du cimetière.

     Joignant le geste à la parole, il brandit quelques parchemins et les présenta à YiShi Shen :

     — Ce sont les informations que nous avions reçues, je ne sais pas si vous vous en souvenez. Plusieurs de mes hommes sont partis enquêter au cimetière, mais nous n’avions rien trouvé. Pas de tombes ouvertes, pas de traces d’énergie résiduelle, aucune profanation, pas de signalement de créatures qui se seraient aventurées dans le secteur en particulier. Les Gardes sont restés plusieurs jours à veiller sur les lieux sans qu’il ne se produisent quoi que ce soit. Finalement, ils sont rentrés bredouilles et le calme a perduré pendant six mois. Les bruits ont alors recommencé et ont duré toute la nuit. Les plus téméraires ont tenté d’aller voir, mais n’ont rien trouvé et nous avons à nouveau été prévenu.

     Le doyen acquiesça tout en relisant en diagonal les rapports de l’époque, puis les présenta à Zhen YuJin. Celui-ci décida de s’installer à côté du Chef de Clan pour pouvoir les parcourir en même temps que lui. Adossés contre un mur, côte à côte, ils lurent rapidement les feuilles à leur tour.

     — Comme la fois précédente, nous nous sommes rendus sur place, mais nous n’avons rien trouvé du tout. Dans la mesure où il n’y avait aucune dégradation, personne ne s’est montré trop inquiet et nous avons fini par poser des sceaux au cimetière pour être tenu au courant si une intrusion avait lieu en pleine nuit. Jusqu’à présent, nous avions eu le calme plat… jusqu’à ces derniers jours.

     — Le bruit a recommencé, devina Hei TaiYang.

     — Exactement, approuva le Capitaine. Et cette fois-ci, il apparait que personne n’est rentré dans le cimetière. Cependant, un villageois nous a affirmé avoir entendu du bruit provenir de dessous. À ce moment-là, mes hommes sont descendus dans les mines et se sont aventurés dans les tunnels qui s’aventurent sous les tombes. Ils sont alors tombés malades et nous avons découvert ce fameux charbon différent dans ce périmètre précis.

     Le Maître du Feu leva les yeux des rapports pour le regarder :

     — En termes de temporalité, cela correspond avec le moment où ils auraient commencé à tenter les premiers transferts de Noyau d’Or. Si nous nous basons sur la vision de Chan YinMai, ils ont besoin de paralyser les Cultivateurs pour les transporter ensuite dans les prisons.

     — Et durant l’opération, renchérit ce dernier d’un air lugubre. Ils sont également en parti immobilisé pendant qu’ils sont en train d’être tués…

     Il se massa le front, tout en réfléchissant :

     — Je pense savoir comment s’assurer si tout est bel et bien lié. Je me souviens du goût de l’antidote que j’ai bu à Jinhar. Si Demoiselle HengXing me laisse tester celui qui vient de sauver l’Empereur, je pourrais dire si, oui ou non, nous sommes bien sur une composition identique.

     HengXing ShanYao hocha la tête, puis rendit ses papiers au Capitaine. Celui-ci réunit en une pile propre tous ses documents, puis se tourna vers YiShi Shen :

     — Je suggère que nous retournions près du pavillon impérial pour mettre la Jeune Maîtresse HengXing au courant et lui demander s’il lui reste de l’antidote. Nous en profiterons pour prendre des nouvelles.

     L’Intendant donna son accord et chacun s’empressa de terminer son vin ou son thé.

 

 

     Arrivés à destination, seuls Chan YinMai et HengXing ShanYao pénétrèrent dans la chambre de l’Empereur, le reste du groupe attendit patiemment dans le couloir. Adossé contre le mur, près de la porte restée largement entrouverte, Zhen YuJin n’écouta absolument pas les deux hommes en train de mettre la jeune femme au courant de leurs théories. Son regard restait rivé sur Ming XiWang, toujours sans connaissance sur le lit. Sa respiration était calme, ses yeux désespérément clos, mais il paraissait moins pâle que tantôt. Sa tresse était à moitié défaite, il mourrait d’envie de s’approcher pour lui détacher les cheveux correctement. Il ne portait plus que son pantalon, le reste de ses vêtements avaient fini par être totalement enlevés et jetés dans une bassine qui contenait d’autres linges souillés de sang rouge et noirci. Ses bottes avaient été rangées dans un coin.

     Sans lâcher son patient, gardant trois doigts posés sur son poignet, HengXing XiaoHong écouta attentivement les explications de son frère. Elle attrapa ensuite l’antidote posé sur la table de nuit et le présenta à Chan YinMai.

     Le Médium la remercia en attrapant le flacon et huma le goulot en fermant les paupières. Il eut la sensation de sentir la présence de l’homme en bleu en train de le redresser pour l’aider à boire. Concentré, il avala une petite gorgée en se rappelant de ce qu’il avait ressenti sur le toit de l’auberge.

     Le liquide coula dans sa gorge. Il ouvrit aussitôt les yeux.

     — C’est la même chose, annonça-t-il avec certitude en rendant le remède à la médecienne.

     — Nous voilà fixés ! s’exclama le Chef de Clan. Tout est bien lié !

     Sa sœur fit tourner la fiole dans sa main, les sourcils froncés, le visage pensif.

     — Je suppose que le dosage entre le poison mélangé dans l’eau et celui qui a touché Sa Majesté ne doit pas être le même, réfléchit-elle à voix haute. Il est certainement possible de créer un antidote à partir du charbon, sinon il n’aurait pas été volé chez l’apothicaire.

     — Crois-tu être capable de nous créer et fournir des remèdes, si nous t’apportons un lot provenant de sous le cimetière ? Il serait bon que nous ayons tous en notre possession de quoi nous protéger les uns, les autres.

     La Jeune Dame approuva aussitôt d’un vigoureux hochement de tête les paroles de son frère, puis tourna la tête vers la porte lorsque le Capitaine s’avança sur le seuil. L’air résolu, Jian Lin annonça :

     — Dans ce cas, je vais immédiatement aller en chercher. Et prévenir mes hommes pour qu’ils restent vigilants.

     HengXing ShanYao s’adressa aussitôt à son Maître d’Armes, alors que le Capitaine commençait déjà à prendre congé du reste du groupe :

     — Accompagne-le, ce n’est pas le moment de manquer de prudence.

     Hei TaiYang s’inclina aussitôt. Il s’empressa de rendre à la jeune femme le carnet où il avait noté tout ce qui lui paraissait être important concernant les corps entreposés dans le pavillon ZiaHo, puis emboita le pas à Jian Lin.

     L’Intendant en profita pour entrer dans la chambre afin de prendre des nouvelles de la santé de sa Majesté. Zhen YuJin ouvrit grand les oreilles pour ne pas en perdre une miette.

     — Il va mieux, les rassura la jeune femme. J’ai réussi à extraire le poison. À présent, je m’assure que son Qi fonctionne correctement et vérifie si ses méridiens ne sont pas encombrés. Sa fièvre est toujours présente, néanmoins elle n’est pas alarmante. Je vais rester à son chevet jusqu’à ce qu’il reprenne connaissance.

     YiShi Shen acquiesça, tout en adressant un sourire de reconnaissance à HengXing XiaoHong. Constatant que plus personne n’occupait le couloir, à part lui, le Maître du Feu se glissa à son tour dans la pièce pour rejoindre le reste du groupe déjà présent.

     — Demoiselle HengXing, puis-je vous demander de vous installer dans le quartier des invités, lorsque l’Empereur sera réveillé ? proposa l’Intendant. Par sécurité, j’aimerais que vous restiez au Palais, pour pouvoir intervenir si besoin. Même si son état se stabilise, je préfère jouer la sécurité.

     La jeune femme opina du menton. Sa main délaissa le poignet de son patient, elle la posa sur son front à la place. L’Intendant pivota ensuite vers Zhen YuJin :

     — Et je pense qu’il serait bon également que vous restiez dans le secteur, Seigneur Zhen. Je ne doute pas que Sa Majesté réclamera votre présence à son réveil et qu’il ne verra aucun inconvénient à ce que vous vous installiez ici.

     L’intéressé ne demandait pas mieux que d’accepter. Il voulait rester autant que possible auprès de Zhang JingXi et prendre soin de lui. Cependant, son regard croisa celui de son meilleur ami et il secoua la tête :

     — J’aimerais bien, Maître YiShi. Mais si j’accepte, ça signifiera que Chan YinMai se retrouvera tout seul dans sa chambre d’auberge. Alors que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il vaudrait mieux éviter que certains se retrouvent isolés.

     HengXing ShanYao sauta immédiatement sur l’opportunité qui s’offrait à lui :

     — Il n’a qu’à venir dormir dans ma chambre ! Si A-Hong loge finalement au Palais, moi aussi je me retrouve tout seul. Je pensais proposer à Hei TaiYang de se joindre à moi, mais nous pouvons tout aussi bien nous partager la chambre à trois, non ?

     La veille, le Maître d’Armes avait préféré prendre une chambre pour lui seul, ne souhaitant pas s’incruster dans celle partagée par le frère et la sœur. Le Chef de Clan avait accepté à contrecœur, mais il s’était inquiété de le laisser dans son coin, même s’il le savait parfaitement apte à se défendre. Aujourd’hui, après la blessure de l’Empereur, il lui paraissait évident qu’il valait mieux rester groupé.

     HengXing ShanYao se tourna vers le Médium, espérant de tout cœur qu’il allait accepter la proposition. Ce dernier le dévisagea, avant d’acquiescer :

     — D’accord, faisons donc ça. Ne t’en fais pas, YuJin, je ne craindrais rien avec eux.

     Le Chef de Clan approuva aussitôt en pivotant vers le Maître du Feu :

     — Promis, il ne lui arrivera rien. Je veillerai sur lui comme s’il était mon frère ! Et si l’aubergiste demande où vous vous trouvez et pourquoi vous découchez, nous répondrons que vous logez chez l’oncle de Zhang JingXi. Et toi…

     Il pirouetta vers sa cadette en continuant :

     — Et toi, officiellement tu passes la soirée avec ton fiancé. Ce que vous faites de votre nuit ne me regarde pas, par contre.

     La jeune femme se raidit immédiatement, puis s’étouffa en avalant sa salive de travers :

     — Mon quoi ?

     — Pardon. J’aurais dû dire « avec le Capitaine Jian Lin » ?

     — A-Yao !

     HengXing XiaoHong le foudroya du regard tandis que son visage virait au cramoisi soutenu.          L’œil malicieux, le Chef de Clan croisa les bras sur son torse et s’apprêta à ouvrir à nouveau la bouche, lorsqu’une missive surgit sous le nez de Zhen YuJin.

     En la dépliant, il reconnut aussitôt l’écriture de Lu Lei.

     — C’est mère, annonça-t-il à Chan YinMai.

     Ce dernier perdit le sourire amusé qu’il affichait en écoutant la conversation avec le frère et la sœur. Il échangea un regard avec le Maître du Feu, puis sortit avec lui du pavillon pour aller lire le courrier en toute tranquillité, laissant l’Intendant convaincre HengXing ShanYao de quitter également les lieux pour laisser la jeune femme tranquille avec son patient.

-----

Illustration par Druide Lunaire : https://www.instagram.com/p/C-e0mv1NKtn/

=> le tome 1 sortira en septembre en version papier et version numérique. Les illustrations seront présentes mais en noir et blanc.

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez