Chapitre 19 : Amer printemps
Einold
Quand le roi Einold et les princes entrèrent dans la salle des festivités, les conversations s’arrêtèrent et les yeux se tournèrent vers eux. Sur leur passage, hommes et femmes s’inclinaient comme il était d’usage, puis une traîne de murmures se formait derrière le souverain et ses fils, comme une légère écume dans le sillage d’un navire. La cour trouvait toujours tant à dire à chacune de leurs apparitions. Tout portait à la discussion : leurs tenues, leurs postures, leurs récents faits et gestes ou ceux qu’on leur prêtait. Le moindre cheveu blanc qui s’ajoutait à la crinière du roi, les pouces gagnés en taille par Venzald et Themerid donnaient lieu à d’infinis débats, souvent d’une discrétion toute relative.
Lorsqu’ils parvinrent au bout de la pièce, tous trois firent face à l’assistance et saluèrent à leur tour.
– Je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation, déclara Einold. Il n’y a pas eu de telles réjouissances au château des Cimiantes depuis longtemps – trop longtemps au goût de nombre d’entre vous, si j’en crois ce qui m’est fréquemment rapporté.
Des rires discrets se firent entendre çà et là, comme pour confirmer cette opinion.
– Aussi m’a-t-il semblé que l’occasion se prêtait à une célébration à la mesure de l’évènement. J’ouvre donc les festivités en souhaitant à mes fils longue vie et prospérité. Que de nombreux anniversaires succèdent à ce quinzième !
Le public applaudit, poussa quelques hourras et les jumeaux s’inclinèrent pour remercier, les joues rosies de l’attention qui leur était portée. Les discussions recommencèrent aussitôt, chacun se tournant vers son voisin pour reprendre les échanges précédents ou donner son ressenti sur les quelques instants qui venaient de s’écouler. Dans la salle décorée d’étoffes chatoyantes tendues sur le granit des murs, où lustres et lanternes rayonnaient comme autant de soleils, une armée de valets efficaces et discrets se répandit entre les invités pour dresser les buffets. Ils y disposèrent des plats débordants de viandes rôties, de galettes, de pâtés et de mets délicats qui n’avaient plus été préparés depuis fort longtemps par les cuisines du château. L’atmosphère se remplit de fumets appétissants, et les convives, attablés ou debout, commencèrent à manger, s’accompagnant de généreuses coupes de vin.
Une file se forma devant Einold et ses fils. Les grands seigneurs du pays furent les premiers à présenter leurs vœux. Puis vinrent les ministres, suivis de la noblesse de Terce et des quelques représentants de maisons de provinces qui s’étaient déplacés. Pendant deux heures, les princes reçurent compliments, hommages et invitations. On les félicita pour leur prestance, leur taille et même sur le duvet qui couvrait maintenant leurs joues. Les trois années passées à Terce leur avaient réussi, entendaient-ils, ils étaient devenus de vrais jeunes hommes. Les jumeaux avaient sans aucun doute tous les atouts de futurs monarques. Ils remerciaient, répondaient patiemment, souriants et modestes — trop, peut-être ? — et se tournaient vers le sujet suivant avec le même visage ouvert.
Venzald et Themerid s’efforçaient de se plier au mieux à l’exercice. Très concentrés, ils identifiaient immédiatement leurs interlocuteurs. Parfois, ils échangeaient un coup d’œil amusé quand les compliments qui leur étaient adressés sonnaient particulièrement faux. Un vieux monsieur, petit propriétaire qui hantait la cour depuis des décennies, fit remarquer leur ressemblance avantageuse avec Einold, alors qu’il était unanime que les princes possédaient les caractéristiques physiques de leur mère. Les jeunes gens s’inclinèrent et répondirent que c’était encore plus vrai quand le roi se plaçait derrière un portrait d’Almena. Le vieux seigneur repartit perplexe tandis que les garçons se pinçaient mutuellement pour ne pas rire. Seul Einold le vit en s’étonnant toujours de leur complicité. Pour lui aussi, ce défilé semblait long, mais il était rompu aux cérémonies de la cour qu’il accomplissait comme toujours : avec devoir.
La vie du roi avait pris une tournure nouvelle depuis trois ans, mais pas celle qu’il espérait. Il s’était efforcé de se réjouir de la présence de ses fils, en vain. Il avait tout juste réussi à s’y habituer. Son cœur ne s’emballait plus à la vue de leurs visages, mais le souvenir de la reine ne le quittait jamais, le plongeant dans une nostalgie qui le rongeait lentement. À force de les côtoyer, il avait appris à connaître leurs différentes facettes. Derrière la rigueur et la pugnacité qu’ils montraient, leur enfance insouciante avait entretenu une heureuse nature, prompte à se réjouir. Il aurait voulu qu’ils lui enseignent cela. Il aurait aimé s’imprégner de leurs qualités comme en se trempant dans un bain.
Il avait fini par comprendre que Venzald et Themerid tiraient la richesse de leurs personnalités d’un atout très singulier : leur dualité. Il distinguait des traits de caractère plus forts chez l’un que chez l’autre. Si la nature avait donné une parfaite symétrie à leur corps, il n’en était pas de même pour leurs esprits. Pourtant, ils étaient inséparables et s’influençaient. Si la spontanéité ou l’imagination manquaient à Themerid, Venzald lui en transmettait. L’instant d’après, c’était le second qui instillait la pondération à son frère, ou la rigueur... Et la présence, toujours, de son double à ses côtés, chaleureuse et bienveillante, prodiguait à chacun confiance et sécurité.
Cessant de les envier, Einold avait retrouvé son état minéral tout en les observant avec un reste de curiosité et le souvenir des délicieuses sensations qu’il avait éprouvées pendant les cinq ans de sa vie avec Almena.
***
Venzald
Une fois que tous les invités eurent défilé devant eux pour leur présenter leurs respects, les princes se mêlèrent à l’assistance et déambulèrent entre les petits groupes.
Venzald s’était habitué à l’ambiance particulière de la cour, en partie grâce aux mises en garde d’Albérac. Il savait maintenant que les langues étaient acérées, les yeux scrutateurs et qu’il était bien vu de partager critiques, railleries et noires prédictions. Plus haut se trouvait-on dans la société du royaume, plus on faisait l’objet de ces bons mots. La première fois que les jumeaux, fraîchement débarqués des prairies d’Arc-Ansange, avaient surpris une remarque acide sur leur particularité physique, le chagrin les avait submergés. Puis, petit à petit, les moqueries avaient glissé sur eux. Elles ne touchaient plus Venzald, ou beaucoup moins. Il savait que ceux qui les proféraient se souciaient plus de montrer leur finesse d’esprit et leur éloquence que de nuire vraiment. Dans leur promenade, il ne se formalisa donc pas d’entendre que la couleur de leurs pourpoints leur donnait l’air malade, ni de percevoir à plusieurs reprises le sobriquet de « demi-princes » dont la cour les avait affublés.
Malgré les compliments à ce sujet, la croissance des deux frères demeurait poussive et leurs têtes arrivaient à l’épaule de la majorité des hommes de l’assistance. Venzald y voyait un avantage : celui de passer relativement inaperçus dans une foule. Il captait souvent d’instructifs propos.
Un appel, derrière eux, leur prouva cependant que Themerid et lui n’étaient pas invisibles pour tous. Il reconnut avec plaisir Godmert de Hénan.
– Bonsoir mes princes, dit-il en se penchant si bas qu’il manqua tomber. Quel bonheur de vous voir !
– Seigneur Godmert ! s’écria Venzald. Cessez vos plaisanteries et redressez-vous. Vous voulez nous faire rougir, en vous baissant de la sorte et en nous appelant « mes princes » ! C’est plutôt à nous de nous incliner devant notre tuteur.
Il joignit le geste à la parole en exagérant de la même manière, entraînant Themerid qui riait.
– Vous savez bien qu’on ne me changera pas, répondit le gouverneur de Listène avec son habituel sourire radieux, en ébouriffant les cheveux des jeunes gens.
– N’êtes-vous pas venu avec Dame Mélie et les demoiselles ? demanda Themerid en regardant alentour.
– Hélas non, cher enfant, c’était impossible, car je dois séjourner à Terce pour plusieurs semaines. Sachez qu’il est inutile de me réprimander : Alix m’a déjà largement blâmé de la priver de vous. Même Flore et Mélie s’y sont mises. Seule Elvire est restée muette, mais ses regards ont bien suffi à me faire comprendre ce qu’elle en pensait. Ayez pitié de moi et n’ajoutez pas vos reproches aux leurs !
– Bien sûr que non, s’exclama Venzald. Cependant, elles nous manquent cruellement. Peut-être pourrions-nous envisager un court séjour à Arc-Ansange. Voici déjà presque dix lunes que nous n’avons entrepris le voyage.
– Vous savez que vous êtes toujours les bienvenus, mes garçons. Et si cela pouvait m’apporter la paix, je vous serais doublement reconnaissant. Mes filles gagnent en beauté chaque jour, mais également en tempérament ! Surtout Alix, je dois l’admettre. Peut-être me suis-je montré trop coulant avec elle...
Comme il était évident que ses remords étaient feints, les deux frères rirent de bon cœur. Ils écoutèrent avec plaisir et une pointe de nostalgie les nouvelles de la maisonnée.
Plus tard, alors que la musique avait remplacé le repas, Venzald et Themerid contemplaient les couples qui évoluaient au centre de la pièce. Tacitement, ils étaient dispensés de danse. Personne ne voyait comment ils auraient pu faire tournoyer deux cavalières sans que l’exercice devienne étrange et périlleux. Venzald aurait, quant à lui, volontiers relevé le défi, mais craignait d’embarrasser son frère et les jeunes femmes qu’ils pourraient inviter.
– Je commence à m’ennuyer, dit-il en soupirant. Qui a dressé la liste des convives ? Pourquoi n’y a-t-il personne de notre âge ?
– C’est le protocole ! protesta Themerid. Bon, c’est vrai que tous ces gens ont cinquante ou cent ans de plus que nous, mais certains sont peut-être très drôles ?
– Tu ne penses pas un mot de ce que tu dis ! Regarde, voici un convive qui n’a rien d’ennuyeux.
Il montra Abzal, de l’autre côté de la piste, en compagnie — comme souvent — de deux dames qui semblaient passionnées par son discours et qui le dévoraient du regard. Venzald voulut le rejoindre pour le saluer. Si leur mentor avait perdu son aura de héros à ses yeux depuis quelques années, l’affection qu’il lui portait ne diminuait pas et il prenait grand plaisir à sa compagnie. Il tenait, d’ailleurs, la réciproque pour vraie : leur oncle leur proposait fréquemment des parties de chasse non loin de la capitale et les entraînait toujours à l’épée.
Lorsqu’ils se furent faufilés presque jusqu’à lui, Venzald retint son frère :
– Oh non, regarde : Abzal est aux prises avec ce vieux barbon d’Iselmar.
– Nous pourrions peut-être le sauver de cet ennui ?
– Patientons : le guérisseur me donne la chair de poule. S’il s’attarde, nous volerons au secours de notre pauvre mentor.
Se dissimulant autant que possible derrière d’autres invités, ils guettèrent le départ du médecin. Venzald percevait la voix de celui-ci.
– Certes, excepté leur croissance qui semble ralentie, les princes se portent bien et m’en voici très heureux, disait-il.
– Moi aussi, s’exclama Abzal. Ils deviennent de jeunes hommes de valeur !
Iselmar montra un sourire empreint d’une empathie qui sonnait faux.
– Je leur souhaite, tout de même, de ne pas vivre une existence trop malheureuse...
– Cela me surprendrait, ils possèdent une nature joyeuse et s’enthousiasment de tout ! répliqua le mentor, étonné.
– Allons, mon seigneur, si l’enfance ne les a jamais mis dans quelque embarrassante situation, cela ne saurait tarder. Tout le monde leur fait croire que leur existence sera celle de tout un chacun. Ils ont toujours été couvés et protégés. On leur a laissé penser que tout s’adapterait à eux comme on a doublé leur fauteuil au conseil, leur lit ou la selle de leur cheval. Dans ces conditions, il n’est pas difficile de posséder un heureux caractère. Si vous voulez mon avis, votre frère et le seigneur de Hénan en ont fait des faibles. Toutefois, un jour, ils se trouveront devant un obstacle que leur anatomie contrefaite ne pourra franchir.
Abzal souriait encore à demi. Il semblait ne pas prendre au sérieux les augures du guérisseur. Celui-ci poursuivit :
– Sans compter que les cas de jumeaux fusionnés sont rares et que rien ne prouve qu’ils vivront longtemps. Et quand bien même, qu’en sera-t-il de la succession ? Vous me comprenez certainement. Le Conseil Magistral et les Maîtres-juristes auraient dû décréter la lignée invalide en constatant leur malformation.
À présent, le frère du roi fronçait les sourcils. La tournure de la conversation paraissait lui déplaire de plus en plus. Il s’apprêtait à répliquer, mais Iselmar n’en avait pas fini. La nuque légèrement courbée, les yeux fixés sur Abzal par en dessous, il poursuivit :
– Je déplore que la Loi Régalienne vous interdise de succéder à votre frère. Vous avez toutes les qualités et de pareilles questions ne se poseraient pas. Tout n’est peut-être pas perdu : une période de régence nous attend peut-être, si notre cher souverain mourait avant que les princes aient atteint l’âge de dix-sept ans. Pour le moment, vous n’êtes peut-être pas celui à qui l’on pense en premier lieu pour ce rôle, mais il ne tient qu’à vous de vous placer auprès de qui de droit et de vous faire mieux connaître du peuple et de la cour.
Et l’homme prit congé, laissant le mentor bouche bée.
Le discours d’Iselmar n’avait pas troublé qu’Abzal. Le souffle court, les jumeaux gardèrent le silence un long moment, les yeux braqués sur leur oncle.
– Quelle vieille punaise ! chuchota enfin Themerid, la gorge serrée. Regarde comme il a bouleversé Abzal.
– Allons le distraire pour qu’il oublie ce fâcheux, proposa Venzald en se forçant à sourire.
Alors qu’ils allaient s’exécuter, une énorme voix enfla dans leur dos :
– Mes princes ! Trouvez-vous la soirée à votre gré ? Quinze ans ! Il fallait des festivités dignes de l’évènement !
Ils se tournèrent vers l’immense Conrad de Bran. Le gouverneur d’Hiverine se tenait devant eux, sa longue tresse orange éclatant sur son habit de velours noir. Son arrivée ne tombait pas au meilleur moment, mais les deux frères appréciaient le géant et lui accordèrent volontiers leur attention. Il renouvela ses félicitations, les gratifiant au passage d’une bourrade qui manqua les renverser.
– Me ferez-vous l’honneur d’une visite chez moi, à Bran-Glace ? Je pense que vous pourriez bien vous entendre avec mon fils. Aloïs a le même âge que vous. Nous pourrions profiter de belles parties de chasse !
– Je ne demande que ça ! Père a justement prévu de se rendre en Hiverine à l’automne, répondit Venzald avec un sourire crispé.
– Parfait ! s’exclama Conrad en renouvelant sa bourrade.
– Malheureusement, nous n’avons pas encore réussi à le convaincre de nous emmener avec lui, ajouta le prince avec humeur.
Le gouverneur éclata de rire.
– Je suis sûr que vous trouverez les arguments ! Je vous attends à l’automne.
– Est-ce qu’Hiverine souffre du blé de cendre ? interrogea Themerid.
– Pas du tout, car nous consommons très peu de pain. Les rares terres arables sont semées d’albrui. Cette plante ne pousse que dans les climats froids, c’est un héritage des invasions nordiques, tout comme nos cheveux roux. Le grain produit une farine grise au goût très fort que les hiveriniens ajoutent à leurs mets, mais qui ne donne qu’un pain immangeable, dur comme la pierre. Vous verrez tout cela lors de votre séjour. Mais en général, à par nous, tout le monde trouve la farine d’albrui épouvantable !
Il éclata encore une fois de rire, la tête renversée en arrière, attirant sur lui les regards de l’assistance à la grande joie de Venzald.
– Commencez-vous à vous sentir à l’aise dans ce nid de serpents ? poursuivit-il en reprenant son souffle. Ils ont la langue bien affûtée, n’est-ce pas ?
– Nous nous sommes habitués, répondit Themerid, même s’il est difficile de distinguer les traits d’esprit acides des véritables méchancetés.
– Je vois que vous avez déjà compris les codes de ce beau monde. Et encore, il faut parfois également se méfier de ceux qui sourient trop. Prenez Tête d’or, le jeune Warin d’Erens, il montre tellement ses dents qu’on pourrait croire qu’il en a plus que le commun des mortels.
– Ça lui ressemble bien ! approuva Venzald, hilare. Il est aussi expert en courbettes et en compliments !
– Savez-vous que nous sommes partis tous deux en ambassade pour la Rémance, il y a quelques années ? demanda Conrad en s’efforçant de garder son sérieux.
– Warin et vous ? s’exclama Themerid. Le voyage a dû être passionnant.
– Exactement. Il a passé vingt jours à m’expliquer que la négociation valait mieux que la force. Il m’a proposé de m’en faire la démonstration auprès du souverain de Rémance. Je l’ai donc laissé parler lorsque nous sommes arrivés. En très peu de phrases, il a réussi à mettre notre hôte dans une telle colère que nous avons bien failli nous faire tuer. J’ai eu de la peine à ramener le roi Wilhelm à la raison. Ce que j’ai fait avec de simples mots, pour la plus grande surprise de Warin qui pensait que je ne savais pas parler sans me servir de mes poings.
– Oh, seigneur Conrad ! Racontez-nous d’autres histoires ! supplia Venzald qui se tenait les côtes.
Le géant s’exécuta avec plaisir.
Quand il les quitta, ils cherchèrent Abzal, persuadés de devoir attendre une nouvelle fois qu’il ait terminé une discussion. Mais celui-ci se trouvait toujours seul, engoncé dans un coin. Le souffle court, les yeux écarquillés, il semblait absorbé par des pensées qui l’effrayaient.
Déconcertés par l’attitude d’Abzal, les jumeaux préférèrent s’éloigner. Ils se frayèrent un chemin jusqu’à l’autre côté de la salle sans échanger un mot. Ils n’auraient d’ailleurs pas su en mettre sur le malaise qu’avait provoqué l’image de leur mentor agité par les paroles fielleuses d’Iselmar de Lans. Pourquoi n’avait-il pas balayé d’un revers de main la suggestion du guérisseur ? Se pouvait-il que l’idée du pouvoir ait trouvé en lui un écho ? Chacun des jumeaux s’efforçait de repousser ces questions tant qu’ils se tenaient au milieu de la foule.
– Voici un remède à l’ennui, dit soudain Venzald en attrapant une coupe de vin dont il but une longue gorgée.
– Oh, bonne idée ! approuva son frère en l’imitant. Pas trop quand même, je ne suis pas sûr que Père apprécierait que tout le monde nous voie saouls.
La soirée leur offrit finalement les distractions nécessaires pour oublier momentanément leurs interrogations sur Abzal. Barnoin d’Elmond, dont ils aimaient la capacité à abandonner son sérieux quand les circonstances le permettaient, les amusa de quelques remarques sur les plats servis plus tôt et remplit leurs coupes à nouveau. De nombreux invités vinrent partager quelques instants de discussion avec eux. Dans un contexte moins formel que celui du début du bal, la plupart d’entre eux se montrèrent enjoués et même sincères. Ils appréciaient le retour de festivités données par le roi et le vin aidant, ils gratifiaient les princes de compliments et de vœux qui sonnaient assez justes. La verve de Venzald, exacerbée par la boisson, ravissait leurs interlocuteurs.
***
Themerid
Il était déjà tard lorsqu’une femme s’approcha d’eux, suivie par une jeune fille qui lui ressemblait trait pour trait. Themerid les identifia immédiatement. Dame Odile de Bazas était l’épouse d’un grand armurier de la capitale qui avait été anobli quelques années auparavant par le roi Einold pour actions exemplaires. L’homme, que le commerce avait doté d’une importante fortune, avait financé la construction de dispensaires et de routes dans le modeste faubourg des tanneries et la campagne environnante. Après plus d’un siècle de paix, les anoblissements pour fait d’armes n’existaient plus et les actions exemplaires restaient rares. La noblesse, habituée à son entre-soi, tardait à reconnaître la légitimité de Bazas et des siens. Cependant, ceux-ci prenaient cet obstacle avec sourires et simplicité, et continuaient à fréquenter ceux qui les dédaignaient en comptant sur le temps pour gagner leur place.
– Mes princes, salua Dame Odile en s’inclinant, je tenais à vous présenter mes vœux en personne. Votre père a donné une bien belle fête en votre honneur.
– J’espère que vous vous y amusez, Madame, répondit Themerid.
Un hoquet sonore s’échappa de sa bouche, qu’il couvrit en rougissant.
– Ne vous inquiétez pas, souffla la dame, moi aussi je suis un peu grise.
Puis elle reprit en oubliant l’interruption :
– Oh oui, nous aimons les bals ! Cependant, je suis attristée de ne pas voir ici plus de jeunesse. Quinze ans, c’est sans doute le début de l’âge adulte, mais il me semble que les vieillards comme nous doivent vous ennuyer !
Et elle éclata d’un rire charmant et communicatif. Elle pouvait avoir trente-cinq ou quarante ans et l’énergie qu’elle exhalait empêchait quiconque de la qualifier de vieillarde.
Themerid aima immédiatement sa spontanéité.
– C’est pourquoi j’ai pensé, reprit-elle, qu’il vous plairait de rencontrer ma fille Magda. Elle aussi a quinze ans.
Cette dernière s’avança. Sa robe vert foncé mettait en valeur ses boucles acajou et ses taches de rousseur qui lui donnaient l’air avenant. Le rose de ses pommettes témoignait d’un léger embarras, mais son sourire et ses yeux pétillants laissaient penser qu’elle prenait plaisir à ses présentations. Themerid la trouva charmante. Il essaya de le signifier à son frère par un petit coup de coude, mais constata au regard de Magda qu’il n’avait pas fait preuve d’autant de discrétion qu’il aurait voulu.
– Mes princes, salua-t-elle suivant l’usage. Aimez-vous vivre au château ? La verdure et le ciel ne vous manquent-ils pas ?
La question semblait lui tenir à cœur et son empathie se lisait sur ses traits. Themerid fut amusé par la fraîcheur de leur interlocutrice.
– Cela arrive, en effet, répondit Venzald qui s’efforçait visiblement de paraître sobre. Nous avons grandi à la campagne, où nous passions nos journées à courir les chemins.
– Mais rassurez-vous, nous sortons souvent du château et de la cité, enchaîna Themerid en percevant son air chagriné.
– Ah, vous m’en voyez heureuse pour vous. J’aime tellement les chevauchées, les promenades, la chasse... que je me demande comment on peut vivre sans !
La discussion continua naturellement sur les goûts de la demoiselle, la vie aux Cimiantes, les chevaux et d’autres choses légères dont les deux frères ne trouvaient pas souvent l’occasion de parler. Mère et fille ignorèrent poliment les lapsus et les bégaiements des princes et une heure passa ainsi, fort agréablement.
Les invités commençaient à partir et les dames prirent congé. Elles avaient rendu le sourire aux jumeaux.
– C’était charmant, commenta Themerid.
– Oui, approuva Venzald. Quel bonheur d’échanger sans se préoccuper de protocole ! Ça m’a rappelé Arc-Ansange...
– À moi aussi. Il faudra que nous parlions à Père d’un éventuel séjour là-bas. Cette rencontre avec Magda et notre entrevue avec le seigneur Godmert m’a donné envie de revoir les filles et Mélie.
– C’était une bonne soirée, somme toute, conclut Venzald.
Ils observaient les gens qui s’en allaient, un sourire satisfait sur le visage, quand une voix masculine non loin d’eux leur parvint depuis l’autre côté d’un pilier :
– Décidément, ce petit marchand de Bazas trouverait n’importe quoi pour s’élever. Pourtant, il ne faut vraiment pas tenir à elle pour jeter ainsi sa fille à la tête des demi-princes.
– Il ne recule effectivement devant rien, approuva une femme. Pour rien au monde, je n’accepterais de voir ma propre enfant mariée à un homme collé à son frère, qu’il soit ou non de sang royal ! Pauvrette... J’en ai des frissons.
– Vous n’avez pas d’imagination, répliqua une troisième voix, que le vin rendait pâteuse. Après tout, si la mignonne ne s’avère pas farouche, il y a des jeux très amusants, à trois dans un lit ! Ou même à quatre, si les deux se marient !
Les deux autres éclatèrent de rire en feignant l’indignation.
Themerid, brutalement dégrisé, voulut s’éloigner aussitôt. Il n’en eut pas le loisir, car Venzald l’entraîna vers les bavards.
– Et vous que faites-vous dans votre lit ? Et à combien ? demanda-t-il d’un ton dur.
Les trois médisants se répandirent en excuses et se hâtèrent vers la sortie.
***
Allongé dans leur lit, Themerid ne pouvait trouver le sommeil. Sans avoir à s’en assurer, il savait que Venzald ne dormait pas non plus. Il s’agitait, tirait sur ses mèches et exhalait des soupirs impatients.
– J’ai toujours eu le sentiment que nous étions plus forts parce que nous étions des jumeaux fusionnés, finit-il par lâcher. Mais tu as entendu comme moi : Iselmar a mentionné notre « anatomie contrefaite ». Il parle de nous comme de monstres, je le déteste ! Et il nous trouve faibles !
– Iselmar est un serpent. Il sème le doute et la discorde et se propose ensuite comme conseiller à droite ou à gauche pour résoudre les problèmes qu’il a lui-même engendrés. Je t’en prie, n’accorde pas de foi à son venin.
– Abzal a bien eu l’air de lui en accorder, pourtant, lâcha Venzald avec une colère coupable.
Themerid demeura silencieux quelques instants. Il trouvait souvent les arguments propices à apaiser son frère, mais dans ce cas, lui-même peinait à expliquer ce qu’il avait vu.
– Je ne sais pas à quoi il pensait. Peut-être s’inquiétait-il pour nous. Je ne peux croire qu’il réfléchissait à cette histoire de Loi Régalienne et de régence !
– Tu as sans doute raison... approuva Venzald, hésitant. Le médecin s’est montré alarmant. Nous pourrions mourir d’un instant à l’autre, d’après lui.
Themerid ne répondit pas. Il savait que son frère, comme lui, pensait à cette faiblesse qu’il avait eue trois auparavant, lors de leur fugue. Chassant ce souvenir, il réfléchit aux propos du guérisseur.
– Je crois quand même que nous devrions tirer un enseignement de ce que nous avons entendu, murmura-t-il au bout d’un long silence. C’est sans doute la fourberie qui a inspiré ces paroles au médecin, mais imagine qu’il ne soit pas le seul à nous trouver faibles et trop enjoués. Si le peuple pense la même chose, que se passera-t-il quand nous monterons sur le trône ? Après tout, nous pourrions régner dans deux ans...
– Père ne va pas mourir ! s’écria son frère en lui lançant un regard outré.
– Venzald, répliqua Themerid d’une voix posée, il nous faut maintenant agir et penser comme de futurs rois, plus comme des enfants. Crois-tu un instant que je souhaite sa mort ? Pourtant elle peut survenir, comme n’importe quoi d’autre. Te souviens-tu de notre serment ? Nous avons juré de devenir pour Cazalyne les meilleurs souverains possible.
– Oui, c’est vrai, et nous nous y efforçons : nous suivons les enseignements de Père et d’Albérac. Nous assistons aux Conseils, nous...
– Cela ne suffit plus ! Nous devons maintenant réfléchir par nous-mêmes. Prendre des décisions. Prouver notre valeur !
Themerid guetta la réaction de son frère. Il avait haussé la voix pour le convaincre et s’en voulut de lui avoir parlé avec condescendance. Venzald, un pli buté barrant son front, observait fixement la fresque du plafond, dont les couleurs se devinaient à peine à la lueur de l’unique bougie. Peu à peu, le visage boudeur se mua en un masque de volonté.
– Alors, trouvons l’assassin de notre mère, dit-il. Nous nous l’étions promis mais nous n’avons rien entrepris depuis que nous sommes à Terce. Même si cela nous prend des lunes, je veux savoir qui l’a tuée. Et le punir.
Surpris, Themerid oublia l’argument qu’il avait préparé pour finir de convaincre son frère. Certes, celui-ci parlait toujours avec ses sentiments plutôt qu’avec sa raison, pourtant sa proposition était intéressante. S’ils réussissaient, non seulement ils prouveraient leur ténacité et leur bon sens, mais ils auraient aussi rendu justice à Almena.
– Je suis d’accord, approuva-t-il. Il nous faudra d’abord en savoir plus sur elle.
Il sentit avec satisfaction la main de Venzald se refermer sur la sienne.
– Et ce que nous avons entendu à la fin de la soirée ? murmura Venzald après quelques instants silencieux. Cela signifie que l’amour n’est pas pour nous, n’est-ce pas ?
Encore une fois, Themerid mit longtemps à répondre. Depuis le jour où son jumeau lui avait avoué la tendresse qu’il éprouvait pour Flore, ils n’avaient jamais abordé le sujet. Ils avaient été absorbés par leur nouvelle vie, les affaires du royaume, la découverte de Terce, du château des Cimiantes, du pays. Il y avait tant à apprendre ; et la promesse qu’ils avaient échangée avant de partir d’Arc-Ansange les rendait assidus à l’étude. Depuis trois ans, ils croisaient fort peu de jeunes gens, encore moins de demoiselles. Leurs journées se partageaient entre leur père, Albérac, quelques ministres lors des conseils ou des séances de travail dans le cabinet du roi. Parfois, Abzal leur offrait la distraction d’une partie de chasse ou d’une promenade. Finalement, les occasions susceptibles de les mener à s’interroger sur les choses de l’amour restaient inexistantes.
– Je crois en effet que nous ne pourrons jamais nous marier, répondit enfin Themerid.
– Aucune fille ne voudrait de nous. Je pense qu’il n’est pas concevable pour une femme de n’être jamais seule avec son époux. Surtout pour... eh bien, ce qui se passe dans un lit.
– C’est étrange. C’est la première fois que nous découvrons quelque chose que nous ne pouvons faire.
– Ce n’est pas nous qui ne pouvons pas, ce sont les autres ! Nous, nous pourrions : nous avons partagé chaque instant de nos vies depuis toujours. Pourquoi pas ça ?
– C’est ainsi : comme la danse, l’amour est fait pour deux, pas pour trois ni pour quatre.
– À moins que nous ne rencontrions des jumelles fusionnées... lança Venzald d’une voix enjouée.
Les deux frères éclatèrent de rire. Pendant plusieurs minutes, une hilarité libératrice les secoua, consumant en partie leur contrariété.
– Qu’as-tu pensé de Magda de Bazas ? demanda Themerid en reprenant son souffle.
Venzald essuyait les larmes que le rire avait fait perler sur ses joues.
– Je l’ai trouvée charmante et d’agréable compagnie, répondit-il.
– Mais pas plus ? Ton cœur n’a pas battu plus fort ? Tes yeux n’ont pas gardé son image après son départ ? insista Themerid en espérant que ses questions ne montreraient pas trop que lui-même avait particulièrement apprécié la jeune fille.
Venzald fixa la pénombre et sa respiration devint saccadée.
– Non, vraiment, dit-il gravement.
– Tu pleures ? demanda Themerid en serrant la main de son frère.
– Magda de Bazas ne m’a pas plu, parce que je pense toujours à Flore. Et je viens de comprendre que je ne l’aurai jamais.
Themerid serra plus fort les doigts de son jumeau, tandis que l’image de Magda s’effaçait de son esprit.
– Je sais. L’amour n’est pas pour nous.
Bon, trois ans plus tard, ils en sont toujours au même point, sauf qu'ils réalisent enfin pleinement ce qu'ils ne pourront pas faire et la vilenie d'une partie de leur entourage. Je me dis que trois ans, c'est quand même bien long...
En fait, c'est qu'avant la troisième partie, ils sont très jeunes et donc forcément très naïfs. Je me demande si tu n'aurais pas intérêt à les rendre plus âgés plus tôt, pour qu'ils puissent agir dès (ou presque) leur arrivée à la cour ?
Très intéressante, ta suggestion. Comme je te l'ai dit plusieurs fois (désolée, je radote un peu), je compte revoir complètement la partie 2, pour rendre les princes (et sans doute aussi les filles) plus actifs. Donc ça pourrait effectivement être une base de réflexion de les rendre plus vieux. Après, c'est vrai que 3 ans c'est long, mais on peut aussi imaginer que le changement de vie a été assez radical et qu'il leur a un peu fait oublier leurs objectifs. Quoi qu'il en soit, je garde ta remarque à l'esprit.
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
L'idée de l'ellipse est très bonne, ça me paraît intéressant de retrouver les princes plus âgés.
J'ai quand même une petite crainte, je ne sais pas si elle est fondée ou pas mais je te la transmet maintenant que j'y pense.
J'ai un peu l'impression (j'exagère un peu), qu'il ne s'est quasiment rien passé en trois ans. La roi a peu ou prou la même relation avec ses fils, les jumeaux n'ont pas cherché à démasquer l'assassin de leur mère (nous n’avons rien entrepris depuis que nous sommes à Terce.), leur relation avec Abzal semble la même... Enfin, tu as compris l'idée^^
Je suis particulièrement curieux de l'avancée de l'ordre et de la contagion du blé de cendres qui semblaient particulièrement menaçant dans la P2. Des solutions ont dues être trouvées au moins pour les ralentir....
Je me permet une petite suggestion pour marquer encore plus distinctement le passage de la P2 à la P3. Ce serait de donner un langage un peu plus "enfantin" aux jumeaux lorsqu'ils habitent à la campagne et n'avoir leur langage soutenu qu'au début de la P3. Je pense que ça serait très parlant pour montrer leur évolution.
Sinon, j'ai trouvé le caractère des princes plus affirmés, leurs esprits plus affûté et leur confiance en eux plus aiguisée depuis leur arrivée à la cour. C'était très agréable à découvrir.
Le passage de fin de chapitre sur les relations amoureuses est bien mené avec une conclusion pleine d'amertume, c'est cool de mettre les sujets sur la table. J'imagine que tu vas encore un peu jouer sur cette corde en tourmentant les jumeaux avec d'agréables jeunes filles de leur âge xD
Une petite coquille :
"à par nous, tout" -> part
Pressé de découvrir la suite,
A bientôt !
Comme tu le vois, je réfléchis à mesure que je te réponds ! J'espère que ça ne t'embrouille pas trop, vu que tu n'as pas la vue d'ensemble.
En tout cas, ce que je peux te promettre, c'est que ça ne va pas tarder à accélérer dans la partie 3, et ensuite, la partie 4 et tout le tome 2 sont très denses.
La fin de chapitre sur les relations amoureuses, ça me paraissait indispensable de l'aborder parce que les princes ont 15 ans et que c'est l'âge où ça commence à travailler un peu (sentiments et hormones !). Et puis ça fait aussi réfléchir le lecteur à ce que ça doit être de partager en permanence TOUS les aspects de la vie de quelqu'un, y compris les plus intimes.
Et la réponse est oui : je vais encore un peu torturer les princes avec ça ;) Enfin, surtout l'un des deux et surtout avec une jeune fille en particulier ;)
Merci pour ta lecture et tes super commentaires !
Et bon courage pour les réflexions de fond, c'est toujours difficile mais quand on trouve la solution quelle satisfaction !
Là, Iselmar me paraît vraiment suspect. Son discours m’a presque donné l’impression qu’il pouvait faire partie de l’Ordre. Mais si ces gens voulaient que les princes restent en vie pour pouvoir placer un régent qui gouvernerait selon leurs idées, pourquoi n’ont-ils pas déjà assassiné le roi ? Ils doivent avoir une autre idée.
C’est curieux que les princes n’osent pas aller parler à Abzal quand ils voient qu’il n’est pas bien. Question de hiérarchie ? J’ai l’impression que le discours d’Iselmar l’a mis face à face avec sa trahison et les sombres desseins de l’Ordre. Ça me paraît à peu près sûr qu’il a une relation avec tout ça, qu’il soit le manteau bleu ou qu’il soit sous la coupe de ce dernier.
« Si leur mentor avait perdu son aura de héros à ses yeux depuis quelques années » : en lisant cette phrase, comme Ludivine, j’ai eu l’impression d’avoir loupé quelque chose. Mais j’ai lu ton explication. :-)
J’aime bien la réaction de Venzald aux commérages à propos de ce qui se passe dans les lits. Je suis (positivement) impressionnée qu’il ose dire ça a à un si jeune âge.
C’est vrai que c’est difficile d’imaginer une vie amoureuse en tant que jumeaux siamois, mais finalement, ils vont aussi ensemble aux lieux d’aisances. Dans ce sens, je comprends le point de vue de Venzald.
Cette prise de conscience par rapport à l’amour est très dure. Mais quelque chose me dit qu’ils auront encore d’autres déconvenues.
Coquilles et remarques :
— que les hiveriniens ajoutent à leurs mets [les Hiveriniens ; majuscule quand c’est le nom d’une population (minuscule pour l’adjectif)]
— Mais en général, à par nous [à part]
— et de vœux qui sonnaient assez justes [juste ; dans « sonner juste », « juste » est un adverbe]
— et ses yeux pétillants laissaient penser qu’elle prenait plaisir à ses présentations [ces présentations]
— Cette rencontre avec Magda et notre entrevue avec le seigneur Godmert m’a donné envie [m’ont donné]
— Alors, trouvons l’assassin de notre mère [Je ne mettrais pas de virgule après « Alors ».]
Iselmar est ce qu'on appelle communément "un fouille-merde" XD Mais effectivement, il y a peut-être plus derrière son discours à Abzal, que sa propension à appuyer là où ça fait mal.
"Mais si ces gens voulaient que les princes restent en vie pour pouvoir placer un régent qui gouvernerait selon leurs idées, pourquoi n’ont-ils pas déjà assassiné le roi ?" : excellente question ! Tu le verras plus tard, c'est lié à la Loi Régalienne qui comporte de subtilités en termes de succession au trône. C'est surtout développé dans le tome 2, mais il y a déjà des explications un peu plus loin dans la partie 3. Tu me diras si ça devient plus clair pour toi, tiens.
Les princes n'osent pas parler avec Abzal parce que ça les choque que le discours d'Iselmar ait l'air de l'intéresser ou même de le faire réfléchir. Ils n'ont aucun doute sur Abzal et du coup, le fait qu'il puisse ne serait-ce qu'envisager la régence (que ce soit ce qu'Abzal fait ou non), les remue. Et puis, ils sont bouleversés par les propos d'Iselmar concernant leur santé, donc ils préfèrent faire comme s'ils n'avaient rien entendu. Ça te paraît cohérent ?
La phrase sur le héros, tu as raison, je vais peut-être l'enlever, car elle faisait une connexion avec une introspection de la partie 2, quand les princes reviennent de leur fugue, mais je crois que je l'ai supprimée XD
"C’est vrai que c’est difficile d’imaginer une vie amoureuse en tant que jumeaux siamois, mais finalement, ils vont aussi ensemble aux lieux d’aisances. Dans ce sens, je comprends le point de vue de Venzald." : figure-toi que c'est exactement à ça que je pensais quand j'ai fait dire à Venzald qu'ils partageaient tous, mais tu es la première à oser le dire. Ils sont effectivement "condamnés" à une intimité totale, y compris pour ça.
Décidément, j'ai un vrai problème avec ses/ces !
Comme je lisais dans le train en prenant des notes au fur et à mesure, mon premier instant de surprise est resté dans le commentaire.
Ils se sont adaptés plutôt bien à la vie à la cour, je trouve. Même si Einold n'arrive pas à baisser ses murailles, hélas...
Et ils sont en train de comprendre que leur particularité risque de compliquer leurs amourettes, oui. On s'en doutait, mais qu'ils y renoncent là comme ça, ouch....
On commence à bien dissocier leurs 2 personnalités, et c'est top ! Car même s'ils sont souvent d'accord, pas facile non plus de ne pouvoir jamais s'isoler...
Et c'est sûr que leurs 15 ans sont moins faciles à vivre que pour les autres ados.
Ah, ça me fait plaisir que tu trouves qu'on identifie leur personnalités respectives : j'ai pas mal travaillé là-dessus, parce que c'était un des problèmes du premier jet.
Effectivement : s'ils se faisaient la gueule tout le temps, ça serait invivable !
"Mais en général, à par nous, tout le monde trouve la farine d’albrui" -> à part plutôt ?
Je remarque que j'apprécie beaucoup ta manière de décrire les actions des princes et leur relation. Ca n'a pas du être évident !
Et pour abzal qui se comportait bizarrement, je pense qu'il devait être en plein vision !!
Ah oui, difficile de s'imaginer en pleine scène romantique (voire plus) avec un spectateur permanent !
Ah euh, bien imaginé pour Abzal, mais non, il n'a pas eu de vision, il était juste en pleine réflexion après sa conversation avec le médecin...
Cela me fait tellement penser à a cours du roi en général : les bavardage, le manque de fête ^^
Donc la bon dans le temps, cela fait trois ans qu’ils sont à Terce ?
« Il s’était efforcé de se réjouir de la présence de ses fils, en vain. » ah bah merci le patriarche quoi
« Tacitement, ils étaient dispensés de danse. Personne ne voyait comment ils auraient pu faire tournoyer deux cavalières sans que l’exercice devienne étrange et périlleux. « je me demandais en effet comment ils feraient dans ce cas lol.
« Si leur mentor avait perdu son aura de héros à ses yeux depuis quelques années » pourquoi ils ne le considèrent plus comme un héros ? Il s’est passé un truc ?
Il est horrible ton iselmar..; Berk..
« – C’est pourquoi j’ai pensé, reprit-elle, qu’il vous plairait de rencontrer ma fille Magda. Elle aussi a quinze ans. » il manquerait plus qu’ils aient la même fille…
Mais les gens de la cours sont tellement arggghhh
« – Il ne recule effectivement devant rien, approuva une femme. Pour rien au monde, je n’accepterais de voir ma propre enfant mariée à un homme collé à son frère, qu’il soit ou non de sang royal ! Pauvrette... J’en ai des frissons. »
Ca m’a vraiment mise mal à l’aise !
Je trouve que Venzald a bien fait de leur répondre !!! Enfin quoi.
Pour le mariage, cela me fait de la peine mais c’est vrai que cela risque d’être compliqué.
« – À moins que nous ne rencontrions des jumelles fusionnées... lança Venzald d’une voix enjouée. » Oui dans ce cas cela marche aussi ^^
Oh cette fin si triste... Tu nous brise le coeur.. et le chapitre porte bien son nom.
Désolé si mon commentaire n'est pas très constructif..
Oui, tu vas voir que Einold n'est décidément pas un rigolo, c'est très visible dans cette partie.
Les jumeaux ne voient plus Abzal comme un héros parce que 1) ils ont grandi et 2) ils ont quand même été déçus qu'Abzal ne leur ai pas expliqué comment leur mère était morte et qu'il l'aient appris par un étranger.
Iselmar est le personnage qu'on aime détester :)
Pour la dance, en effet, ça doit être bizarre : j'ai préféré botter en touche sur ce coup-là !
J'admets que ma fin de chapitre n'est pas très drôle... je préfère te prévenir : ce n'est pas le dernier chapitre à se finir sur fin comme ça...
Merci pour ta lecture et ton commentaire !