– Après, je comprends son point de vue à ce pauvre médecin. Il voulait que j'aille faire un tour à l'hôpital. Vous voyez, ces créatures sont tellement proches de nous que notre cerveau les assimile et, on ne les voit pas comme elles sont vraiment. Par contre, une fois que tu les as vues, elles te font comme à moi. Elles te suivent, elles t'espionnent, elles font en sorte que ta famille et tes amis t'oublient.
– Comment peut-on oublier ses amis et sa famille ?
– Je ne sais pas. À vous de me le dire. Je vois bien à vos têtes que vous savez plus qui je suis. C'est pas grave, on va passer un peu de temps ensemble et on va se construire de nouveaux souvenirs. Comme la fois où le petit est né. Tu t'en souviens pas Jeanne, mais j'étais là. Je te tenais la main. C'est ce qu'on fait avec sa famille.
Jeanne sort de sa torpeur et étouffe un rire.
– J'ai jamais eu de frère. Mes parents ont déjà eu du mal à m'avoir.
Pas défait pour autant, H hausse les épaules.
– Ces bonshommes sont quand même vachement doués. Je sais pas comment ils font. Mais vous savez quoi ? Je sais que vous allez me sauver. On sortira pas tant que ce sera pas réglé.
– Et personne d'autre ne peut vous aider ? lui demande Robert. Un ami, une autre personne qui vivrait avec vous ?
H tape du poing sur la table.
– Nom d'une pipe ! On avait dit qu'on abandonnait le « vous », non ? Entre amis, on ne se vouvoie pas ! Je n'ai tout de même pas demandé grand-chose en arrivant ici ! Vous n'êtes pas capable de suivre une directive ?
En disant cela, H lève la main droite et la pose sur la table. Une arme en métal, grise, ornée de quelques griffures et d'un manche en similibois, semble faire corps avec lui.
Robert baisse aussitôt les yeux. Nous faisons tous la même chose pour ne pas l'énerver davantage. La tension ne redescend toujours pas alors il balbutie quelques mots.
– C'est juste que j'étais tellement pris dans ton histoire que j'en ai oublié tes recommandations. Je ne recommencerai plus.
Du coin de l'œil, je vois l'arme qui tourne son canon vers mon beau-père.
– J'accepte tes excuses. Mais que ça ne se reproduise pas sinon par ta faute je serais obligé de faire des choses que nous allons tous regretter.
J'adore comme tu maintiens le suspens et que tu souffles le chaud et le froid, tout en restant très vague sur les intentions de H et pourquoi ce repas se tient-il finalement.
On tente de deviner, on émet des hypothèses, et c'est vraiment intéressant!
De rares spécimens de coquilles :
- une fois que tu les as vus, elles te font comme à moi. => le COD est "ces créatures" => vues
- ces bonshommes
Oui, je vois toujours mes nouvelles comme de petits moments capturés par une caméra. Contente que ça te plaise.
Se pourrait-il que « H » soit en fait un inconnu qui est entré par effraction chez ces pauvres gens ? Et les forcent à jouer à sa famille à cause d’un problème d’ordre psychologique ? La vache, si ce début de chapitre ne m’induit pas en erreur, ça sent le rousille pour cette pauvre famille. Du coup, dans sa main droite il aurait une arme ?
Ah ! Il a donc une arme !