Par une nouvelle journée ensoleillée, François Dosineau faisait le tour du quartier avec son appareil photo pliant et son trépied. Il avait un contrat avec le journal local pour faire la promotion de sept commerçants, avec photographie des concernés devant leur boutique, et une petite interview. Cela serait publié à raison d’un reportage par jour pendant une semaine. Il commençait par la photographie, qui lui prenait déjà un certain temps. Le poissonnier avait bougé pendant le temps d’exposition, ce qui l’avait forcé à recommencer la prise, avec les coûts de matériels que cela lui provoquait. L’épicier avait été très loquace pendant l’entretien ; François eut du mal à partir pour le reste de sa tournée. Il avait gardé le meilleur pour la fin : le café. Il serait presque 14h et il prévoyait de se prendre un sandwich et un grand verre de bière au café quand il y aurait terminé son travail. Il arrivait tout juste devant la devanture, il y avait quelques personnes en terrasse, et André l’attendait.
— Bonjour François ! J’avais peur que tu m’ai oublié, lança André d’un air jovial.
— Rien ne sert de s’inquiéter ! J’ai juste mis un peu plus de temps que prévu chez certains de vos confrères commerçants, répondit-il avec un clin d’oeil. On va commencer par la photographie, tu es prêt ?
— Tu crois que je dois porter un plateau, ou quelque chose comme ça ? Et mon tablier, il est assez propre tu penses ? demanda André, inquiet.
Après moult négociations et hésitations, il fut décidé qu’André se tiendrait debout devant la porte d’entrée sans son tablier, mais avec une serviette sur l’avant-bras droit et un plateau avec une tasse de café vide dans sa main gauche.
— Tu penses qu’elle sera bien ? demanda le tenancier après que le déclic se fit entendre.
— Ne t’inquiètes pas, elle sera parfaite. Et si on rentrait pour l’entretien ?
François s’installa au comptoir, André débarrassa un client et vint se placer derrière le bar.
— Pour commencer, depuis quand tiens-tu ce café-restaurant ?
— Ca fait 19 ans cet été.
— Tu travailles seul ?
— La plupart du temps oui, mais j’embauche parfois un ou une serveuse quand l’occasion se présente et qu’il y a vraiment beaucoup de monde, comme à Noël dernier.
— Du coup pour ton stand à la Saint-Jean, tu cherches quelqu’un ? C’est l’occasion de passer une annonce pour un petit boulot tu sais, cet article.
— Ah vraiment ? Eh bien oui alors.
— Tu as une spécialité ?
— Tu devrais le savoir ça François ! Mon sandwich à l’omelette est le meilleur ! dit André en rigolant.
— Je ne veux pas que tu découvres tes réponses lors de la lecture du journal, répondit François en souriant en coin. Bon tes horaires je les connais, je les rajouterai. Je ferai une petite description du café aussi. Alors, tu me sert un sandwhich à l’omelette avec une bonne bière, s’il-te-plait ?
— Tout de suite, chef ! Il est bien ton contrat. Mais je pensais que tu ne faisais que des photos, tu n’es pas journaliste pourtant ?
— Non, mais je prends ce qui passe. Je n’ai toujours pas réussi à avoir de contrat durable, donc je prend les contrats occasionnels. Si seulement je tombais sur un scoop… Une histoire inédite… Mais il ne se passe jamais rien ici, soupira-t-il.
— On a bien eu un incendie cet hiver… réfléchissait André.
— Bah, sans doute un accident ou un jeune qui faisait le malin. Et aucun intérêt de prendre en photo la grange brûlée, ça n’intéresse personne.
— Pourtant elle sont belles tes photos…
— Merci André. Mais… je ne sais pas. Il y a quelque chose de bizarre dernièrement… Je n’ai rien changé à ma technique… Ou laisse tomber, ce doit juste être la fatigue.
— Quoi donc ? Tu en as trop dis, tu ne peux plus faire marche arrière.
— Avant-hier, j’ai fait un portrait de la petite-fille du Maire. Je suis sûr qu’elle était de biais et qu’elle regardait devant elle pour la photo, les yeux dans le lointain, l’air sérieux. Mais quand j’ai développé la photo, elle avait, j’ai eu l’impression, le regard légèrement tourné vers l’objectif. Et ce matin, quand j’ai regardé la photo avant de partir, elle me regardait franchement. Et elle n’était pas censé sourire… dit-il faiblement, comme pour lui-même.
— Tu as l’air crevé ! s’exclama André.
— Oui… Ce n’est rien, dit-il en rigolant pour alléger l’atmosphère. Je mange et je file dans ma chambre noire.
Ton histoire me plaît beaucoup. Tes chapitres sont faciles à lire. Tu sais garder le suspense, dans chaque chapitre, il y a un nouveau mystère. J'ai hâte d'en savoir plus sur ces étranges événements.
À bientôt.
Alisèe.
Tu peux signaler qu'André lui prépare son sandwich, et finir ton chapitre (tout intriguant qu'il est !) par "Je mange et je file dans ma chambre noire"
Merci !