Le lendemain après-midi, il faisait beau et Emile voulait aller jouer avec Victor en ville.
— Prends les chiens avec toi ! lança Madame Leroy à son enfant qui partait comme une trombe du moulin.
— Oui ne t’inquiète pas Maman ! A tout à l’heure !
Emile partit en trottinant, un chien de chaque côté. Il retrouva son ami place de la mairie, il l’attendait.
— Bonjour Victor ! s’exclama Emile.
— Bonjour Emile ! Bonjour les petits chiens !
Peter et Clochette aimaient bien Victor aussi. Il se laissaient tout du moins caresser par l’enfant.
— Dis, pourquoi tu as des bleus sur les bras ? Et les jambes ? demanda Emile, intrigué.
— Je suis tombé dans l’escalier. Viens on va courir après les pigeons du parvis de l’église !
Ils s’élancèrent tous les quatre en direction de l’église. Après avoir effrayé à maintes reprises les groupes de volatiles qui s’y trouvaient, il se dirigèrent vers le café, où ils croisèrent les trois grand-mères à la terrasse.
— Attendez, dit Madame Petitjean, j’ai des caramels dans mon sac. Voilà pour vous. Qu’est-ce que vous faites de beau les enfants ?
Madame Blanche regardait les chiens d’un air inquiet.
— On a joué avec des oiseaux, et on va jouer à cache-cache chez moi ! répondit Emile tout sourire.
— C’est bien les enfants. Courez tout ce que vous pouvez tant que vous êtes jeunes !
C’est ce qu’ils firent, en direction du moulin. Ils passèrent en chemin à côté d’un puit abandonné, qu’on disait hanté.
— Bonjour ! s’écria Emile en se penchant dans le pont.
Clochette attrapa un bout du short d’Emile entre les dents, de peur que l’enfant ne tombe.
— Bonjour, bonjour, bonjour, jour, jour, jour… fit l’écho.
— Il y a quelqu’un ? cria à son tour Victor en se penchant également.
— Quelqu’un, qu’un, qu’un, qu’un…
— Vous venez jouer avec nous ? fit une voix enfantine au fond du puit.
— Il y a quelqu’un ! s’exclama Emile en riant.
— Vous venez ? refit la voix.
— Qu’est-ce que vous faites tout en bas ? demanda Victor.
— On joue ! On aimerait bien jouer avec vous… refit la petite voix.
— Mes parents m’ont interdit de descendre au fond des puits, désolé ! dit nonchalamment Emile. On va jouer à cache-cache chez moi, vous pouvez venir si vous voulez !
— On ne peut pas remonter, malheureusement…
— Une autre fois alors ! Bonne journée ! lança Emile avant que les enfants ne reprennent leur chemin pour le moulin.
Ils arrivèrent en courant au moulin, jouèrent avec l’eau de la rivière, lancèrent des bâtons que les chiens leur ramenaient, et finirent par jouer à cache-cache dans le jardin. Emile trouva facilement Victor dans un fourrée, puis l’inverse, puis la fois d’après Victor sortit de derrière une haie avec un képi trop grand sur la tête.
— Je suis un gendaaarme ! s’écria-t-il.
— Mais non t’es bête t’es un facteur ! répliqua Emile en riant.
— Non je suis le loup, je vais t’attraper ! s’exclama-t-il en commençant à courir derrière Emile, qui s'élança dans l’autre sens en criant.
Monsieur et Madame Leroy les regardaient fixement, à la fenêtre de la salle à manger avec une brioche sur la table et du chocolat chaud sur le feu.