Partie II - Chapitre 8

Par Vylma

— Tu es prêt Emile ? demanda Madame Leroy depuis le bas des escaliers.

— Presque ! Je prend mon porte bonheur et j’arrive !

Ils quittèrent tous les cinq le moulin pour trois quarts d’heure de marche à travers la campagne et les bois au petit matin. Les parents, côte-à-côte, marchaient d’un pas vif et régulier, tandis qu’Emile et les chiens couraient d’avant en arrière.

Emile et Clochette arrivèrent en premier devant les hautes grilles de fer forgé qui se tenaient fièrement devant une large bâtisse brûlée. Emile aimait bien venir ici ; la petite famille venait régulièrement, tous les deux mois environ. La maison, qui tenait d’ailleurs plutôt du manoir au vue de ce qu’on devinait de sa taille avant d’être détruite, l’avait toujours intrigué. Il aimait se balader à l’intérieur, essayer de deviner comment étaient disposées les pièces avant de brûler, trouver des objets à moitié calcinés.

Monsieur Leroy sortit une imposante clef de sa poche de manteau et ouvrit la grille, dont le battant pivota avec force grincements. Tous le suivirent sur la route menant au manoir. Cependant, ils n’allèrent pas vers la porte d’entrée, qui était encore en place, mais bifurquèrent avant par un chemin de terre qui contournait le bâtiment par la gauche vers un petit bois. Les arbres les plus proches de la maison avaient également brûlé, et de tristes troncs calcinés semblaient tenir debout comme par magie.

Le passage menait jusqu’à une tombe rudimentaire dans une minuscule clairière du bois avoisinant. Une butte de terre était simplement surmontée d’une croix en bois un peu penchée. Ses parents emmenaient Emile jusqu’ici à chaque fois qu’ils venaient au manoir. L’enfant ne savait pas exactement qui était enterré ici ; ses parents lui répétaient qu’il s’agissait de leurs maîtres. Sans plus de précision, il imaginait un duo de deux très vieux monsieurs qui devaient apprendre des choses très compliquées à ses parents. Il avait déjà demandé comment ils étaient morts, mais n’avait pas eu de réponse.

Après s’être recueilli quelques minutes, Emile laissa ses parents devant la tombe et fit marche arrière jusqu’à la sortie du bois pour se promener un petit peu, comme il en avait l’habitude. Ils continuèrent le tour du manoir et les chiens couraient de tout leur saoul dans le grand jardin qui l’entourait. Emile s’arrêtait dès qu’il y avait une brèche ou un éboulement du mur de la bâtisse pour regarder à l’intérieur. 

Soudain, il entendit un fort bruissement d’aile et un croassement à faire trembler les murs. Emile reconnu tout de suite, au bruit, qu’il s’agissait des oiseaux de la maison ; il ne les voyait pas à chaque fois et s’empressa d’aller pour les saluer. Ils se dirigèrent vers les dépendances du manoir, un peu plus loin. Elles aussi avaient été détruites par les flammes et le temps. Perchés tout en haut, de majestueux volatiles plus grands que l’enfant le regardaient de leurs nombreux yeux luisants. 

— Bonjour messieurs les oiseaux ! Je suis content de vous voir aujourd’hui.

La créature la plus proche se pencha vers lui et cligna des yeux.

— Vous me direz un jour quel était cet endroit ? demanda-t-il.

Peut-être, entendit-il dans son esprit.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Keina
Posté le 12/01/2020
Okay, une vieille bâtisse qui a brûlé, une tombe mystérieuse, des oiseaux doués de télépathie... Je me demande où tu veux nous emmener dans cette deuxième partie, mais cette famille est vraiment intriguante! Et Emile ne semble pas en savoir beaucoup, le pauvre...
Vylma
Posté le 13/01/2020
Je ne sais pas comment c'est perçu par le lecteur, mais en écrivant, je lui avait donné à peu près 6-7 ans (à Emile), du coup ouais il ne sait pas grand chose ^^
Après comme je ne côtoie pas beaucoup d'enfants, aucune idée si mes descriptions sont cohérentes...
Vous lisez