Partie III

Par Praline
Notes de l’auteur : Résumé : La rencontre entre Elsa et Eliott a été... fracassante ! Ce dernier n'a plus de téléphone portable, moyen indispensable pour survivre, et Elsa lui propose de le dédommager. Ils se donnent rendez-vous et très vite, des sentiments naissent entre eux. Eliott brave les interdits et ramène Elsa chez lui...

Elsa m’embrasse.

Sur les lèvres.

Doucement d’abord, puis passionnément. Je souhaite que ce moment ne s’arrête jamais.

Plus tard dans la nuit, elle colle son corps contre le mien et me souffle :

       — Je suis heureuse que ton portable se soit mis à biper comme un fou.

Nous passons la semaine emmêlés, écheveau de corps nus, comme si notre survie dépendait du contact entre nos peaux. Nous mangeons au lit, nous regardons des films, nous faisons l’amour. Par-dessus tout, nous parlons. Le dimanche soir, veille de la reprise du travail, je rallume le portable laissé de côté depuis cinq jours.

       — La vache !

Une vingtaine de notifications m’attendent. Dont quatre rappels de l’hôpital. Je n’aurais pas dû ignorer ces messages. Mais ce ne sont que des convocations pour le don de sperme. Mon matricule figure sur la liste des donneurs.

       — Tu comptes y aller ? demande Elsa.

       — Je n’ai pas le choix.

       — On a toujours le choix. A propos, je dois t’avouer quelque chose.

Elle s’assied en tailleur.

       — En fait, je n’étais pas en vacances. Je ne travaille pas. Enfin, je ne travaille plus depuis quelques jours. Je sais que je risque de perdre mon logement et mon matricule mais… Je déteste cette ville, ce système, ces gens. Mes yeux sont fatigués des écrans et…

       — Chut. Ce n’est rien.

Je l’enveloppe dans mes bras. Elle se laisse aller et je sens ses joues humides sur ma peau. Je dois prendre une décision.

       — Tu peux rester ici. Tu n’auras pas besoin de sortir. Je te protégerai. Personne ne saura.

       — Pourquoi tu fais ça ?

       — Parce que… Eh bien, ce sont des mots archaïques mais je crois que je t’aime.

Elle me regarde avec gravité.

       — Moi aussi, je t’aime.

Nous savourons chaque minute de cette nuit. Je vais être fatigué au travail mais peu importe.

Le lendemain, je manque de m’endormir dans le busway. Alors je décide d’observer les passagers pour me maintenir éveillé. La plupart sont en costume de travail, le dos vouté et le visage teinté de la lumière bleue de leur écran. J’ai été comme eux.

 Je suis tenté de les secouer, de leur montrer le soleil radieux. Au lieu de ça, j’appuie ma tête contre la fenêtre et je pense à Elsa.

Je pense encore à elle au travail, et sur le chemin du retour. Et encore le jour suivant, et la semaine suivante. Elle m’attend à la maison et me saute dans les bras le soir quand je rentre.

Un dimanche, Elsa étouffe à l’intérieur, alors nous partons nous promener, main dans la main. Le plus difficile est de la faire sortir de la résidence sans que personne ne la remarque. Dehors, nous respirons. Personne ne fait attention à nous et nous vivons notre vie. Nous veillons juste à n’aller que dans des endroits peu fréquentés.

Le printemps fait place à l’été. Enhardis par notre première escapade, nous sortons de plus en plus souvent. Je prends tous mes congés annuels d’un coup et nous passons deux mois délicieux. Je ne pense plus à la convocation de l’hôpital. J’ai décidé de ne pas y aller, Elsa avait raison : nous avons le choix. Je ne suis pas non plus allé chercher mon portable réparé. J’utilise celui d’Elsa, en prenant soin d’ignorer les messages et rappels qui s’accumulent. Je risque gros mais je préfère profiter de notre bonheur.

Une nuit, je me réveille en sursaut. Je réalise qu’Elsa n’est plus à mes côtés. Affolé, je la cherche dans tout l’appartement.

       — Elsa ? Chérie ? T’es où ? Bordel, t’es où ?

       — Ici, répond une voix faible.

La tête dans la cuvette des toilettes, elle vomit. Je lui caresse le dos. Je suis inquiet.

       — Tu es malade… Il faut aller à l’hôpital.

       — Surtout pas ! Ils…

Elle vomit à nouveau.

       — Je sais. Mais ça pourrait être grave.

Elle se redresse et me serre le bras.

       — Je ne suis pas malade, Eliott. Je n’ai plus mes règles depuis un mois. Mes seins me font mal. Et j’ai pris quelques kilos. Tu sais ce que ça signifie ?

Je secoue la tête. Quel rapport entre les règles, les seins et le poids ? Et les vomissements ?

       — Je suis enceinte.

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PetraOstach - Charlie O'Pitt
Posté le 01/05/2020
Quand l'amour vient très vite entre deux personnages, je deviens très sceptique. Dès que c'est trop facile, j'ai tendance à me détacher de l'histoire. Mais là encore, j'imagine qu'il y avait une contrainte en terme de nombre de mots.

Dans le fond, l'intrigue est belle et touche le lecteur c'est certain. Toutefois, il manque un petit quelque chose pour laisser le temps au lecteur de s'attacher aux personnages.
Il y a un drôle de renversement des rôles. Au début, Elsa semblait être dans le contrôle de la situation, tout d'un coup elle s'effondre et c'est Eliott qui l'enveloppe. Je m'attendais à ce que ce soit lui qui se mette à flipper et qu'Elsa le rassure et continue à l'entrainer dans sa libération des écrans.
Zig
Posté le 23/04/2020
J'aime beaucoup la manière dont ce chapitre permet au lecteur de se raccrocher à ce qu'il a lu au début (l'enfant, tout ça), et continue de tisser ses attentes de lecture. Toujours une belle maîtrise de la trame avec un style fluide, efficace, qui va droit à l'essentiel avec une vraie pertinence.

Un petit défaut, pour moi : C'est vrai c'est une nouvelle, et elle doit rester percutante, mais je trouve que cette partie est trop courte, et trop précipitée. Dès le début Elsa avoue tout à une vitesse folle, puis on passe très rapidement à l'annonce de la grossesse. Je pense que tu devrais prendre plus ton temps. Par exemple, j'aimerais en savoir plus sur la manière dont Eliott voit le monde depuis qu'il fréquente Elsa. Tu commences à le faire avec brio mais tu passes très vite à autre chose alors que ça permettrait de construire davantage ton personnage.

Je sens (et je me trompe peut-être), que tout ça va mal se terminer, il faut donc que le lecteur s'attache à tes persos. Or, là, pour le moment, je sens leur potentiel mais je n'ai pas le temps de créer un lien avec eux, parce que tout va très vite.
Je te conseillerai de prendre plus ton temps, de ménager une sorte de "pause" dans l'avancée de ta trame, pour nous donner à voir un quotidien et mieux dessiner les protagonistes.

J'ai aussi un peu de mal avec la relation "protégée/protecteur" (c'est mon âme féministe qui s'exprime xD). Elsa apparaît comme un personnage fort et hors des clous, mais elle se place très vite sous la protection d'Eliott qui joue les mâles protecteurs.

Je sais que je signale beaucoup de choses qui ne semblent pas positives mais, personnellement, pour le moment j'adire ta nouvelle ! Et c'est parce que je l'adore que j'essaye de chercher la petite bête (une petite bête qui ne sera peut-être même pas valable, à voir avec la suite).

Je continue d'une traite **
Ptite Faucheuse
Posté le 18/04/2020
J'aime beaucoup, ça montre qu'ils profitent d'un vrai contact et de la vie en général ^^ Manger, dormir, l'amour ...

J'ai hâte de voir comment ils seront menés à vivre la grossesse d'Elsa :) Comment vont-ils faire ?

Hâte de voir la suite, continue comme ça ! (Je devrais prendre exemple sur toi, tu écris tellement bien ;_;)
Praline
Posté le 20/04/2020
Hey !

Encore une fois, merci pour ton commentaire :) *rougit jusqu'aux oreilles* Je ne la trouve pas particulièrement bien écrite, le texte a d'ailleurs été retravaillé avec un écrivain. J'avais tendance à trop charger mes phrases huhuhuh...

La suite est enfin en ligne, et la fin approche :)
Ptite Faucheuse
Posté le 20/04/2020
Hello, mais si vraiment, c'est top! Je vais bientôt lire ça alors ;D
Olek
Posté le 18/04/2020
J'aime beaucoup cette manière toute simple avec laquelle tu racontes cet amour naissant dans leur couple.
La liste des symptômes de la grossesse paraît si évidente et en même tant dans un société telle que tu la dépeins on comprend bien pourquoi il n'y voit rien.
Je suis curieuse de lire la suite, et un peu impatiente de retrouver Eliott et Elsa dans le présent. Vont-ils pouvoir faire quelque chose pour leur monde ?
Merci encore pour la douceur de tes mots !
Praline
Posté le 20/04/2020
Coucou Olek :)

Merci d'être aussi fidèle au poste ! La fin arrive déjà bientôt... Et j'ai peur de devoir briser un peu de cette douceur que j'ai tant pris plaisir à glisser dans cette histoire pourtant. :)
Dédé
Posté le 18/04/2020
Qu'est-ce que je peux aimer les gens qui profitent de la vie ! Dans un registre différent, ça me fait penser à la série "Modern Love" que je viens de finir. C'est pas du tout une dystopie mais à chaque épisode, on a une tranche de vie d'un personnage et on se laisse emporter, comme on se laisse emporter à la lecture de ta nouvelle.

Je trouve toujours ça mignon qu'Eliott ne tilte pas avec le listing des symptômes. Mais bon, vu que c'est pas vraiment autorisé, ces rapprochements… Il y a de quoi être paumé.

Une partie toute mignonne, toute douce (pour l'instant).

A très vite pour la suite ! :)
Praline
Posté le 20/04/2020
Coucou Dé,

On va dire que c'est le bonheur avant la tempête, malheureusement... J'ai beaucoup aimé écrire ces petits moments de bonheur simple en tout cas :)

Merci pour le conseil série, je cherche justement quelque chose de sympa à regarder :D !

Merci pour ton passage et à très vite :3
Xendor
Posté le 17/04/2020
Salut Pra !

XD pauvre Elliott. Il est paumé par ce qui arrive. Et en même temps dans un monde où on ne sait plus ce que veut dire être enceinte, c'est normal.

Tu vois, j'ai bien aimé lire la nouvelle. Je te disais au début que je voyais du 1984 un peu partout, et c'est le cas. Et là où je pense que tu l'as bien réinventé, c'est qu'elle se finit par un événement quand même heureux : elle est enceinte.

Donc voilà, content de ma lecture 🤞
Praline
Posté le 20/04/2020
Hey Xen !

Fidèle au rendez-vous :D Merci merci merci de ta lecture et de tes commentaires en tout cas !

La grossesse est un événement heureux mais qui, tu te doutes, va apporter des complications... hinhinhin.

Contente que tu sois contente :)
Praline
Posté le 20/04/2020
content* JE VOULAIS DIRE content* :D
_HP_
Posté le 16/04/2020
Hellooo !!

Yeah, génial... J'ai hâte de savoir ce que va répondre Eliott à ça !
Je trouve ça cool, qu'il se rende compte du monde extérieur... je serais tentée de secouer certaines personnes aussi 😜 (à commencer par moi dans certaines circonstances, je le reconnais xD)
Hâte de continueeeeeer T-T
Praline
Posté le 16/04/2020
Ho une HP sauvage ! :D

Tu es toujours la première à commenter, je t'en remercie <3
Le monde extérieur est dangereux, ne l'oublions pas ! Un faux pas et... !
C'est vrai qu'on a envie de secouer tout le monde, mais les personnages risquent gros à le faire héhé :)
La suite demain, c'est promis <3
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