Enceinte. En-cein-te. Comment est-ce possible ?
— Mais... Quand t’es-tu fait inséminer ?
— Eliott, espèce d’idiot. Je porte ton enfant.
C’est vrai, il est possible de procréer sans la médecine. Mais c’est interdit. Et c’est très grave.
Elle me dévisage. Je n’arrive pas à soutenir son regard. Je sais qu’elle attend ma réaction. Ma première impulsion est de partir en courant mais je m’assois près d’elle sur le carrelage glacé et pose la main sur son ventre. Une décharge me traverse le bras et, étrangement, la peur d’avoir enfreint les règles laisse place à un sentiment nouveau, que je n’arrive pas à décrire. Là dedans, il y a une vie. Une vie que nous avons créée, elle et moi.
J’ose enfin la regarder. Elle sourit et pleure en même temps. Elle est magnifique. Et je comprends que je resterai pour elle, pour le bébé.
Les mois suivants filent toute vitesse. Le ventre d’Elsa s’arrondit. Le téléphone est presque tout le temps éteint, je ne l’allume que pour acheter de la nourriture. Je suis retourné au travail pendant qu’elle confectionne des vêtements pour le bébé. Nous ne sortons plus, de peur de nous faire arrêter.
Un soir, nous faisons pourtant un saut jusqu’à l’ancien appartement d’Elsa pour prendre des affaires. Je ne voulais pas mais elle a insisté: elle a laissé là-bas un souvenir de sa mère. Je la comprends, moi aussi j’en ai un. Mais comme nous nous en doutions, ses badges sont désactivés.
— Bah, c’est pas grave, dit-elle avec un sourire triste. Ce ne sont que des choses. L’important est ici. Et là.
Elle pose une main sur son ventre, une autre sur mon torse.
Je ne sais pas si c’est la fatigue, la grossesse, la déception de la soirée ou un mélange des trois mais nous délaissons l’escalier pour l’ascenseur. Alors que j’allai appuyer sur le bouton d’étage, les portes se bloquent. Une canne apparaît et, au bout, un vieil homme grognon, tablette à la main. Il lève les yeux. Son regard perçant va de moi à Elsa, puis d’Elsa à son ventre avant de revenir sur moi. Il ne dit rien et se replonge dans son écran. La montée me semble durer une éternité. Mes muscles sont tendus, ma mâchoire crispée. Le vieux descend un étage avant nous, mais nous restons murés dans le silence.
Nous rentrons rapidement et nous nous planquons sous la couette. Elsa m’agrippe la main et la serre très fort.
— Tu crois qu’il va nous dénoncer ? chuchote-t-elle.
— Je ne sais pas…
Je suis incapable de la rassurer, de lui mentir, de faire semblant que tout va bien. Je n’ai jamais été aussi effrayé et je n’arrive pas à réfléchir.
— On devrait partir, souffle-t-elle.
— Où ?
— Dans une autre ville.
— C’est une idée.
— Ou alors, nous pourrions rester sous cette couette pour toujours.
Mon cœur se serre. Il n’y a plus rien à dire. Nous restons allongés. Les heures s’écoulent lentement. La chaleur du lit n’arrive pas à me réconforter. J’ai si peur de les perdre. J’essaie de nous trouver un plan de sortie mais mon cerveau refuse de tourner. Je finis par me convaincre que le vieil homme n’était qu’un rêve. Que personne ne viendra nous chercher.
Bam bambam.
Je me réveille en sursaut, dégoulinant. J’ai dû m’endormir. Elsa se frotte le visage. Je lis la panique dans son regard.
Bam bambam.
Elle se blottit contre moi.
Bam bambam.
J’entraîne Elsa dans le placard.
Bam bambam.
J'ai l'impression que les personnages n'ont pas trop d'instinct de survie. D'abord ils font le choix inconscient de prendre l'ascenceur, ensuite ils retournent juste se coucher en se demandant s'ils vont être dénoncés. Je m'attendais à ce qu'ils comprennent immédiatement leur erreur avec les regards du vieux et qu'ils essaient de fuir sans plus attendre, même si on sait déjà qu'ils vont se faire attraper.
Si tu décides d'en faire un roman, je suis sûre que tu aurais de quoi faire des rebondissements très palpitants. Je trouve qu'il y a une bonne matière :)
"Je ne sais pas si c’est la fatigue, la grossesse, la déception de la soirée ou un mélange des trois mais nous délaissons l’escalier pour l’ascenseur." = Pour moi, vu la situation et la conscience qu'ils ont de cette situation, la justification est trop vague pour être cohérente. Une excuse aussi "flou" parait maladroite vu le danger que représente l'ascenseur. Je serai toi je trouverai une raison plus tranchée, du genre : Elsa n'est physiquement vraiment pas bien, elle ne peut pas monter les escaliers, ils n'ont pas d'autre choix que l'ascenseur.
Sinon ce choix semble un peu... inconséquent.
Ou alors tu décides carrément que tes persos n'ont pas assez conscience du danger (mais ça ne colle pas avec le reste du texte).
Mis à part ce détail, j'adore vraiment la manière dont tu mènes la Nouvelles. Comme l'a dit Olek : la boucle est bouclée. Et j'ai hâte de voir la Chute !
Si c'est le vieux qui les a dénoncé, je suis d'autant plus contrariée que, vue l'époque à laquelle ça se passe, il a dû est créé naturellement lui aussi. Encore un vieux rageux ^^
La relecture est toujours aussi appréciable, contrairement à la dénonciation. N'est-ce pas, vilain monsieur ?
Ohlala tu es plus rapide que la lumière :D ! Ton commentaire va me faire rougireuuuuh !
Alors, j'ai pensé à en faire un roman. J'ai même une idée de la suite. Mais j'ai aussi pensé à garder ce texte au format de nouvelle et faire une anthologie, j'ai d'autres nouvelles dans le même style que celle-ci... Je vais peut-être les poster aussi tiens !
Il est vraiment vilain ce voisin. On devrait le punir !
Ils auraient mieux fait de partir, du coup 🤔 Et ce monsieur il est méchant (comme toi 😜😇😭) ! Il aurait quand même pu ne rien dire ! :(
Du coup ! Je suis en train de réaliser que comme le prologue se passe au moment où ils la découvrent dans le placard, que là ils partent dans le placard et que du coup ils vont les arrêter le bébé il va jamais naitre !!!!!!!!!!! T-T
Brefffffffff... Je vais essayer de ne pas t'attaquer... 😇😭
Et j'espère que tu mettras très vite la suite T-T
Je suis d'avis que le voisin est méchant. Moi, c'est différent, je ne fais que relater leur histoire voyons 😇 Viens faire un câlin !
Je suis désolée d'avance pour la fin de l'histoire ;_;