— La famille Leroy ? Oh, elle a toujours été là je crois, affirma Madame Blanche.
— Ils ont toujours été discrets ceci-dit, continua Madame Petitjean.
— Vous savez s’ils exercent une profession ? J’ai l’impression qu’ils sont toujours chez eux… demanda François avec un sourire charmeur quoique un peu crispé.
— Ils n’en ont pas besoin, répondit Madame Blanche en riant. Monsieur Leroy est issu de la noblesse. Ses parents sont morts quand il était jeune, juste après son mariage, et étant le seul héritier il a tout récupéré. Ils peuvent ainsi vivre à l’abri du besoin.
Marthe, assise à la table d’à côté, écoutait attentivement en sirotant nerveusement son thé et en tirant sur sa cigarette. De même, André faisait tout son possible pour ne pas en perdre une miette tout en préparant leur commande.
— Et… Cette question va peut-être vous paraître bizarre, mais quand je parle des Leroy autour de moi, tout le monde s’accorde à dire qu’ils sont un peu… étranges, ou inadaptés. Vous savez s’il en a toujours été ainsi ?
Les grands-mères échangèrent un regard entendu et Madame Dubois prit la parole.
— Non mon chou il n’en a pas toujours été ainsi. C’est leur accident qui les a changés. Juste après la naissance d’Emile, leur domaine a pris feu une nuit. Tout a été détruit. Miraculeusement, il n’y a eu aucune victime ; les serviteurs étaient rentrés pour la nuit et les pompiers ont trouvés Monsieur et Madame Leroy ainsi que bébé Emile sains et sauf devant l’entrée du domaine. Ils étaient vraiment étonnés, parce qu’il y avait bien des traces de brûlures sur leurs vêtements, mais aucune blessure, une chance. Mais après ça, ils n’ont plus jamais été les mêmes.
— On ne les a plus jamais vu sourire, ajouta Madame Blanche.
— Est-ce que, par hasard, vous sauriez où se trouve ce domaine ?
Une heure plus tard, ils étaient en route pour le lieu noté sur le carnet de notes de François. Ils avaient juste eu le temps de manger un morceau, se mettre d’accord pour investiguer au plus vite avant que les Leroy ne prévoient une contre-attaque et aller chercher quelques affaires chez eux. Il leur était maintenant évident que c’était les parents Leroy qui avaient sauvagement assassinés les De Vermeil, et ils devaient trouver une solution avant qu’une autre famille n’y passe, ou peut-être eux d’abord. Il fallait trouver un moyen de les vaincre, et de libérer Emile.
Après un peu plus d’une heure de marche à travers les champs et la forêt, ils arrivèrent devant une vieille grille de fer forgé. Ils avaient prévus le coup, et François fit sauter le verrou avec un pied de biche.
Plus rien ne les séparait à présent de l’ancienne maison des Leroy, maintenant réduite à un ensemble de ruines calcinées sinistres et silencieuses. Peut-être allaient-ils trouver des réponses ici. Ils se mirent d’accord pour se séparer et fouiller le plus possible ce qui pouvait l’être. Chacun put remarquer pendant ses investigations que les Leroy étaient sans conteste des personnes érudites ; de nombreux vestiges de bibliothèques pouvaient encore être observés. Ils trouvèrent ensuite de nombreux objets sans intérêts, comme de la vaisselle, des restes de chaises, de tableaux ou de décorations.
Au bout de plusieurs heures de recherches infructueuses, André prit son courage à deux mains et sortit des ruines pour aller voir ce qu’il y avait au bout d’un petit chemin remarqué à son arrivée, et qui le turlupinait depuis. Il en ressortit quelques minutes plus tard en courant vers ses camarades et en criant :
— Venez voir ! Une tombe ! Il y a une tombe par ici !
Marthe reposa ce qui semblait être une statuette d’oiseau un peu inquiétante et sortit rejoindre André, suivie de François peu de temps après.
— Regardez, il y a des initiales gravées sur le bois de la croix, haleta un André complètement essoufflé une fois tous rendus devant la tombe.
— A.L. et L.L. ? murmura Marthe en se penchant sur la tombe. Oh mon Dieu ! Alban Leroy et Lucie Leroy ? Ca ne peut pas être une coïncidence !
Un silence pesant et horrifié s’abattit sur le groupe. Ce fut François qui le rompit :
— Il faut en avoir le coeur net.
Marthe le regarda longuement le temps de digérer l’information, puis hocha gravement la tête. André se triturait nerveusement la moustache et geignit que ce n’était pas bien sans pour autant tenter de l’en empêcher.
— J’ai vu une remise au nord des ruines, indiqua Marthe. Elle a l’air intacte. Il y a peut-être encore des outils à l’intérieur.
Quelques minutes plus tard, armé d’une pelle rouillée, François hésita un instant devant la tombe et commença à creuser sous le regard inquiet et curieux des autres.
Il se rendit compte rapidement que la tombe n’était pas très profonde. Pas de cercueil, mais une sorte de linceul qui avait peut-être été blanc autrefois.
Quand il souleva délicatement le tissu qui tombait en morceaux, ils virent deux corps carbonisés serrés l’un contre l’autre, visiblement un homme et une femme d’après les restes de vêtements.
Fébrilement, François arracha le médaillon noirci du cou de la femme et l’ouvrit difficilement à cause du tremblement de ses mains.
A l’intérieur du couvercle était gravé une inscription : “À notre amour éternel, 22/12/1913” et sous un petit verre rond était disposée une photo sur laquelle ils purent tous clairement reconnaître Monsieur et Madame Leroy, un petit sourire aux lèvres.
Ton histoire me passionne de plus en plus.
Hate de lire la suite.
Merci pour ta lecture au taquet !
Des bisous