1654 AÉ, 246 ième
Ma cabine sur le Maxilien Roska.
Comment continuer l'histoire ?
Dire : je n'ai pas pu aller chercher refuge auprès des forces armées ? Mais comment le justifier sans me heurter aux murs qui m'enserrent ?
Cette protection des autorités, j'avais prévu de la mettre en balance avec les précieux renseignements que j'aurais retirés de mon « interview ».
Je n'ai pas pu, c'est vrai... mais pas par manque de réussite dans mon entreprise.
Au contraire, à cause de son trop grand succès.
J'en savais trop.
J'en sais toujours trop aujourd'hui et je suis incapable de le raconter. Crayon, clavier ou enregistreur, rien n'y fait. Tout reste à l'intérieur du mur, plus haut et plus solide que jamais. Ce haïssable mur que j'imagine gris, couvert de barbelés, percé d'étroites fenêtres à barreau, par lesquelles je peux contempler les secrets que j'ai volés.
J'admets à présent que mon entreprise est vaine. Jamais je ne réussirai à escalader la paroi pour extirper ce qui est enfermé derrière.
Un an et demi que je tiens ce journal, pour en arriver là.
À quoi bon ?
Arrêt.
Ou au moins, pause.