Il pensait à elle. Pas constamment, comme le racontaient les chansons d’amour, mais il pensait à elle. Elle prenait place dans son esprit lorsqu’il s’ennuyait. Elle y racontait toujours les mêmes histoires. Y reproduisait les mêmes scènes, banales ou insolites. Des après-midis pluvieuses, des matinées langoureuses. Elle y faisait de grandes confessions et y parlait de la météo. Elle y avait toujours l’air heureuse.
Elle s’infiltrait dans ses pensées lorsqu’elles s’assombrissaient. Elle y chassait les idées noires en riant. En grimaçant, en dansant, en tombant. Des souvenirs ridicules sortis des ténèbres. Des éclats de rire inconvenants, des répliques mordantes, des mots mal prononcés. Elle s’y amusait de tout et l’amusait lui aussi.
Elle s’invitait dans ses fantasmes le soir. Elle y était jolie. Toujours un peu plus que dans la réalité. Maquillée et bijoutée à la perfection. Habillée selon les besoins scénaristiques. Et elle y souriait. De toutes les façons possibles. Elle lui glissait à l’oreille tout ce qu’il rêvait d’entendre. Et elle l’embrassait. De toutes les façons possibles.
Il pensait à elle. Peut-être pas constamment, mais suffisamment pour sourire lorsque ça arrivait.