Coup de vent
Rougissante, elle se lève.
Va-t-elle avancer ? Se reculer pour retomber ?
Voilà qu’elle aime ce qu’elle entend.
S’invitant doucement, elle enrobe en tournant.
Et voici qu’elle s’attendrit.
Virevoltante de pas lestes, elle se réchauffe et caresse.
Joueuse, elle sautille,
Généreuse en facéties.
Mais soudain, on la blesse.
D’un peu d’élégance, elle se délaisse.
Boudeuse, elle sort ses piquants, et gare à ceux qui la prendront de devant.
Malgré elle, la colère s’étend… Pour s’en délester, elle la rejette loin devant.
La pauvre se sent fanée.
Peut-être demain, reviendra-t-elle jouer.
Comme nous, Dame vent se pare
De sentiments
Qu’elle nous souffle tels qu’elle les ressent.
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
Grizzli
Puissant Roi
Symbole des saisons
Du pouvoir et des transformations
Griffe, plaie, marque
Te survivre
Fera de nous des Reines ou des Rois
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
Sous la neige
Les hommes gris se pressaient sur le sol élastique.
— Plus vite ! Du nerf !
Le temps pressait. Ils ne pouvaient s’activer que la nuit, sous le couvert de l’obscurité. La lune, au contraire du soleil, les traversait sans les dévoiler. Elle avait toujours été leur alliée.
— Trois pieds de distance entre vous ! rappela l’ancien.
Une fois positionnés, les talons bien enfoncés, ils levèrent leurs râteaux à l’unisson et…
— Raaaaatisseeeez !
La transe était lancée. Ils ne s’arrêteraient pas même à l’épuisement. Ils ne poseraient leurs outils que lorsque la couche sous leur pied serait aussi fine qu’une langue de brume. Alors, à l’heure dite, l’ancien aurait l’honneur de la déchirer. Et sur le monde des hommes, s’échoueront d’innombrables flocons ratissés.
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
La nuit la plus longue
Les hommes gris ont remisé leurs râteaux. L’on n’aura plus besoin d’eux avant deux saisons. L’ancêtre est le dernier à partir. Lentement, en soutenant ses hanches dans sa marche chaloupée, il rejoint la Lune. Là, il retrouve les plus jeunes. Leurs mains innocentes ne sauraient déchirer le doux voile de la nuit. Doucement, il leur répète les consignes. Puis, de leurs corps agiles, ils tournent et sautent jusqu’à entièrement la recouvrir. Ils partent ensuite vers le Soleil. Répètent l’opération… Maintenant, ils s’en vont. Ils reviendront demain. Le temps que les Hommes puissent goûter leur nuit la plus longue. Un jour sans jour avant de tout recommencer. Bonne nouvelle année.
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~