Pourquoi tant de haine ? (5e partie)

« N’oublie pas de bien poncer cette partie. Le son de l’instrument qui en ressortira en dépend.

 Pourquoi penses-tu que je vais en faire un instrument ?

Tu finiras par en faire un. C’est dans notre nature. » 

 

Mémoires d’un âge futur, Lycasio Bodotte

 

 

« Laisse-moi donc te révéler mon nom, veux-tu ? » 

L’être s’apprêta à poursuivre, mais le son d’un instrument à cordes se fit entendre, provenant de l’entrée du lieu saint. L’entité se retourna visiblement ravie.

« Voilà un autre s...

– Engeance » l'interrompit solennellement l’inconnu vêtu d’une tunique verte et chaussé de hautes bottes marron. Son visage affichait une expression de concentration et poursuivit sa déclaration.

« Tu ne feras plus aucun mal aujourd’hui ! L’esprit de Melien m’accompagne, par ces notes et par ces mots, nous te congédions ! » acheva-t-il en pinçant les cordes de l’instrument qu’il portait. Bérengère remarqua qu'elle avait du mal à distinguer clairement les contours de l'aumônier.

« Lâche ça, espèce de... » mais l’entité ne put finir sa phrase. L’inconnu joua quelques accords sur son instrument. Les notes que Bérengère entendit semblaient presque palpables, et elles résonnèrent dans les tréfonds de son âme, tel une mélodie dont elle avait toujours eu connaissance.

Un cercle noir apparut au sol, avec l’entité qui se mit à léviter en son centre. Des bras en sortirent, décharnés ou en sang, et ils s’enfoncèrent dans le corps de l’aumônier. L’être se débattait. Un hurlement retentit, qui aurait brisé les tympans de la bretteuse si elle n’avait pas eu le réflexe de couvrir ses oreilles de ses mains. Les multiples bras extirpèrent l’entité du cadavre de l’aumônier et l’emportèrent dans le néant du cercle, qui disparut. Le cri se tût à cet instant même, tandis que le corps s’effondra face contre terre, inerte.

L’inconnu rangea son instrument dans son dos, faisant glisser la sangle qui lui croisait le torse et s’approcha de la bretteuse. Une fois près d’elle, il jeta un rapide coup d’œil autour de lui, puis se tourna vers Bérengère.

« Blonde, ruban rouge. On dirait que j'ai ferré le bon poisson » dit l'homme qui se dévoilait devant elle. Un corps grand et vigoureux, un visage auw traits fins et des oreilles en pointe.

« Attends une minute ! Le forgeron ? s’exclama-t-elle, le souffle court.

– Findhail, si tu veux bien. Il faut qu’on parte vite d’ici. » Alors qu’il avait tourné la tête, Bérengère agrippa Findhail par le col et le fixa intensément. Findhail ne prenait pas peur facilement, mais il admit en silence que son regard était glacial.

« C’était quoi ce bordel ? demanda-t-elle en détachant chaque syllabe. J’ai jamais vu une chose pareille » poursuivit-elle. Le demi-elfe la stoppa d’un geste de la main.

« Tes questions vont devoir attendre, répondit-il en posant sa main sur le bras qui lui tenait le col.

– Après un truc pareil, je ne suis pas certaine de pouvoir faire confiance à qui que ce soit. » Elle serra le poing de sa main libre.Difficile de dire s'il s'agissait d'une menace ou non, mais Findhail n’en fut pas surpris. On lui avait fait un rapide portrait du personnage, et il n'en attendait pas moins d'elle. Bérengère respirait fort, sous le choc d’une rencontre qui l’avait profondément marqué, et arborait un grimace pleine de suspicion.

« Si nous sommes surpris ici, je n'ose même pas imaginer ce qu'ils nous feront. J'accepte de répondre à toutes tes questions, mais je ne le ferai qu’une fois en lieu sûr » proposa-t-il en pressant doucement sa main sur le bras de Bérengère. La bretteuse fixa son visage, sondant son regard pendant quelques instants. Findhail se sentait comme nu, face à une telle attention sur son être. Finalement, elle obtempéra, récupéra son arme qui reposait par terre, et rengaina.

« Je te suis, mais un conseil. Pas de coup fourré » déclara-t-elle en le suivant vers la sortie du bâtiment.

 

• • •

 

Les rues de Dablhan étaient désertes. Mouches et autres petits insectes s’étaient rassemblés autour des lampes à huile qui parsemaient la ville, tandis que les individus louches, tapis dans les ténèbres, évitaient ces brasiers. Bérengère et Findhail ne faisaient pas exception.

« Encore loin ? demanda-t-elle en marmonnant.

– Le plus gros du trajet est fait, encore quelques rues, et nous y sommes » répondit Findhail à voix basse. Le forgeron demeurait alerte, et avançait avec une extrême précaution.

Bérengère, de son coté, semblait empotée. Elle manqua de trébucher à plusieurs reprises le long du chemin. Findhail, malgré sa corpulence, savait se faire discret et avait le pas léger. Seul les faibles chocs entre l’instrument et son dos pouvait trahir sa présence. Il s’arrêta à un croisement de chemins et inspecta la voie sur leur gauche. Alors que la bretteuse se sentait à bout, son guide émit un cri de joie presque inaudible. Bérengère regarda par dessus son épaule, et aperçut avec peine un petit bonhomme chauve, penché à une fenêtre. Le tabac qu’il fumait berçait son visage d’une douce lumière.

« Nous y voilà ! » déclara le demi-elfe.

Il se retourna juste à temps pour rattraper Bérengère qui s’effondra de fatigue.

Deux jours passèrent. Bérengère recouvrait ses forces auprès de Balthazar et de Gélaï, mais cette dernière la sentait préoccupée. Elle leur raconta sa captivité, mais en omis sa rencontre avec l’entité. La bretteuse se doutait que l’implication de Fitzroy bouleverserait Balthazar, aussi décida-t-elle de garder cela secret. Néanmoins, elle attendait toujours des réponses.

« Qu'est-ce qu'il peut bien fabriquer ? » s’impatienta-t-elle, assise à la table de la cuisine. Le potier se trouvait debout sur un tabouret, devant le plan de travail, à couper des carottes en dés en prévision de la soupe de légumes prévue pour le prochain repas. Gélaï, quand à elle, se trouvait dans la cour intérieure.

« Écoute, Gélaï t’a dit qu’il venait ce soir, non ? Ça te reste quelques heures à tuer. » Balthazar mit de coté ses dés de carottes et entreprit l’épluchure de deux oignons. Le potier avait une sacré maîtrise du couteau pour la cuisine.

« Tu manies le couteau avec brio » admit-elle au cuisinier qui lui tournait le dos. Il tourna la tête, et elle vit qu’il lui adressait un sourire. Le potier lui répondit, tout en continuant sa besogne.

« Le secret, débuta-t-il avec fierté, c’est de se faire confiance et surtout de rester... » expliqua-t-il avant de s’entailler le doigt qui maintenait l’oignon. Le nain lâcha l’arme du crime, émit quelques jurons, puis se mit le doigt à la bouche, sous le regard de la bretteuse qui se tordait de rire.

« De rester concentré ? » demanda-t-elle en se tenant les côtes. Gélaï venait tout juste de rentrer dans la pièce pour voir Bérengère s’esclaffer, et le nain le doigt dans la bouche, le visage rougi. Elle avait dans les mains toutes sortes de pots, contenant des plantes aromatiques.

« Allons bon, que s’est-il passé ? » demanda-t-elle en posant ce qu’elle avait récolté sur le plan de travail. Elle était calme à son habitude, et souriait légèrement. L’image de la sérénité. Le nain, quant à lui, enleva undoigt de sa bouche l’espace d’un instant.

« Il se trouve que j’vais perdre des doigts si elle continue de vivre ici, rétorqua-t-il avec agacement.

– Et moi, il se trouve que je vais encore devoir nettoyer derrière toi ! s’exclama la guérisseuse. Regarde moi tout ce chantier ! » Le nain avait beau être habile de ses mains, il avait manifestement mis en désordre le plan de travail, soigneusement rangé par Gélaï. « Pas étonnant que tu te sois coupé, reprit-elle. Il faut les couper dans ce sens et non dans celui-ci. Et surtout, ne quitte pas l’oignon des yeux.

– Ouais ouais, d’accord » fit-il, sans prêter grande attention à ses explications.

Bérengère avait calmé sa crise de rire, et se cala dans le fond de sa chaise, les bras croisés sur son torse. Soudain, la porte d’entrée de la demeure s’ouvrit, sortant Bérengère de ses pensées. Findhail pénétra dans la pièce, l’air sombre. Il s’installa près d’une des fenêtres de la cuisine, et s’assit sur une chaise.

« C’est pas trop tôt ! » 

Elle était à court de patience, et lui aussi.

« Figure-toi que depuis l’incendie, les contrôles se sont multipliés en ville. Sans parler de la rossée que tu as collé aux sbires du Furet. » Il ferma les yeux et soupira.

« Allons l’ami, si elle l’avait pas fait, je serais réuni avec mes ancêtres en ce moment, rétorqua le nain. Et on peut pas vraiment dire que j’ai fait honneur à ma lignée, ajouta-t-il plus bas.

– Tu sais très bien ce que je veux dire. Et toi, le prend pas mal, dit-il en se tournant vers Bérengère. Nous te sommes reconnaissant pour ce que tu as fait, mais je pense que nous devons quitter Dablhan. » 

Il s’attendait à la surprise de ses interlocuteurs. Seul Bérengère resta impassible. Gélaï s’exprima la première.

« Tu...tu penses que nous n’avons plus le choix ? » demanda-t-elle, hésitante.

Findhail ne put lui répondre, interrompu par le potier qui l’invectiva.

« Tu te fous de moi, hein ? Si on baisse les yeux, on est mort. Et toi, tu suggères qu’on leur tourne le dos ? » 

Il était très déstabilisé, et gagné par la colère.

« Je peux pas faire machine arrière, intervint la bretteuse. Pas maintenant. » 

« J’ai pu me faufiler en ville, répondit le demi-elfe, et le massacre de l’église à galvanisé les habitants dans leur soif de sang étranger à leur race. Dans les rues, on parle de coup d’état, de renversement, d’invasion. Des balivernes, mais peu importe. Les rumeurs sont d'ordinaire de puissants outils. Ils ont maintenant une raison de s’en prendre sérieusement à nous.

– Mais qu’est-ce qu’on peut y faire ? demanda Gélaï, qui tremblait légèrement.

– Je ne partirai pas sans le Furet » enchaina Bérnegère.

« J’ai mené mon enquête là-dessus. J’ai parlé à des gens de confiance, et les informations ne collent pas. Werwarten n’est peut-être pas notre mustélidé.

– Comment ça ? » Elle haussa un sourcil.

« Les rumeurs divergent. Rien n’est certain à son propos.

– Ça, on me l’a déjà dit. Mais on m’a aussi affirmé qu’il était un membre du conseil, et ce de source sure. Cette certitude, elle sort d’où ? »

Bérengère se cala dans le fond de sa chaise. Findhail s’adossa à un mur et croisa les bras.

« Un ami, Hæleys, m’a donné cette information et...

– Et tu l’as cru sur parole ? l’interrompit-il, une touche de sarcasme dans la voix.

– Étant donné qu’il est mort, peu après me l’avoir confié, oui je le crois sur parole, répondit-il de manière cinglante. Il a été pendu, pour trahison. »

Bérengère baissa les yeux, l’air penaude. Findhail la fixait, un air de mépris sur le visage. Balthazar s’avança dans leur champ de vision, et frappa dans ses mains.

« Bon, c’est fini, les échanges de gnons ? On a pas le temps pour ce genre de conneries. Si l’on résume ce que l’on sait, c’est que le Furet est un personnage puissant de Dablhan, qui plus est un membre du conseil. Cela réduit nettement le champ des possibles, en ce qui concerne l’identité de cette enflure.

– Et j’ai quelque chose qui me trotte dans la tête, intervint la bretteuse. Quand j’étais captive, j’ai reçu la visite de…, hésita-t-elle puis reprit, ce n'est pas important. Je ne sais pas comment ça peut-être possible, mais cet homme, difficile d’oublier un détail le concernant. » Le nain leva un sourcil.

« Qu’as-tu bien pu voir s’il était masqué ? lança-t-il, non sans ironie.

– Il avait une voix très étrange, profonde...

– Superbe ! On cherche quelqu’un avec une voix grave, constata-t-il en frappant dans ses mains d’une clameur fausse.

– Lâche-moi les bottes et écoute, s’irrita Bérengère. En plus, ses yeux étaient rouges...

– Rouges ? s’étonna Gélaï. Rouges foncés ?

– Oui, quelque chose comme cela, confirma Bérengère. C’est répandu par chez vous ? »

Gélaï semblait soudain mal à l’aise, confuse. Ses traits parurent soudain tirés, le visage éreinté par le temps et l’effort. Findhail se précipita près d’elle, et lui servit de support. Bérengère s’était levée, mais elle demeura immobile, observant Gélaï se presser contre le forgeron, tel une poupée de chiffon. Elle ne lui avait jamais paru aussi fragile qu’a l’instant.

« Qu’est ce qui lui arrive ? s’exclama le potier, aussi surpris que la bretteuse.

– Je… je vais bien, déclara Gélaï » en prenant appui sur Findhail pour se redresser. Toujours affaiblie, elle s’adressa à Findhail en une langue inconnue de Bérengère. Il lui répondit dans le même langage et ils montèrent tout deux à l’étage.

Le nain secoua lentement la tête et se tourna vers Bérengère. Même de sa petite taille, il la toisait d’un regard réprobateur, les poings sur les hanches.

« Dis donc, petiote, pourquoi tu nous as pas parlé d’ça ? Ton bonhomme aux yeux rouges, là.

– Parce que tu m’aurais cru si je t’avais dit ça ? J’ai jamais vu…

– C’est pas l’problème, l’interrompit-il en levant la main. Parle pas de ça devant Gélaï, compris ?

– Pourquoi ? Ça a un rapport avec son état ?

– En effet, Euraid gvallt, intervint Findhail, qui était descendu. L’important, c’est de ne pas en parler en sa présence. Nous devrions en parler dehors. » 

 

• • •

 

« Pardon ? »  s’exclama Bérengère face à ses deux interlocuteurs. L’arrière-cour, bien que délabrée, était fleurie, ce que l’on devait aux soins de la femme qui se reposait à l’étage de l’habitation. Les pierres qui composaient la fontaine parurent un peu plus craquelées qu’avant, tandis que le gazouillis des oiseaux tendaient à adoucir l’atmosphère hostile qui régnait en ville depuis quelques temps. Le banc était par ailleurs bien plus souillé de déjections qu’avant, ce que l’on devait à ces charmantes créatures.

« Un réceptacle » répéta Findhail. Balthazar, les bras croisés, regardait le sol d’un air grave. « Imagine un peu cela comme une poupée, inerte, à qui l’on peut insuffler la vie. »  Anticipant la réaction de Bérengère, il poursuivit : « Gélaï est spéciale, car elle a survécu à la possession d’une créature maléfique. » 

« Elle a un lien avec la chose qui a massacré ces gens dans la chapelle ? demanda-t-elle, dans un effort conséquent de compréhension.

– C’est plus compliqué qu’un lien, rétorqua-t-il. Elle est comme toi et moi, sauf qu’elle a été marquée, en quelque sorte.

– Comment ça, marquée ?

– Lorsque cette chose possède un être vivant, le corps choisi ne peut supporter deux êtres en son sein. L’esprit de l’un ou de l’autre doit être anéanti. Malheureusement, cette créature est redoutable, et l’on sait vraiment peu de choses sur elle.

– Attends un instant, tu prétends savoir peu de choses, mais tu as réussi à repousser cette entité, avec ton instrument à cordes.

– Il s’agit d’un biwa » dit-il en lui présentant l’instrument. Il le tenait d’une main par son manche, qui était court et se terminait en angle droit, et de l’autre main par sa table d’harmonie. Résolument sobre, il était de couleur ocre et pourpre, accompagné de touches vert olive foncé.

« Je n’ai jamais entendu parler d’un tel instrument, capable de repousser les créatures du mal, déclara Bérengère, fascinée par la pièce de bois travaillée.

– C’est un objet unique que mon père m’a confié, peu de temps avant sa mort, dit-il en le rangeant dans son dos. Il a lui-même été possédé par une de ces choses. Il faut bien que tu comprennes que ces entités imposent leur volonté à leurs réceptacles. Elles établissent un joug, une domination sans faille. S’il y a possession et que l’esprit original tient tête à la créature, il y a dihenydd. Exécution.

– Mais tu m’as bien affirmé que Gélaï avait réchappé à une possession. Comment est-ce possible ?

– Gélaï est assez différente de nous. D’un point de vue spirituel, elle est puissante. Elle est parvenue à repousser le mal, hors de son corps. Du peu que nous savons, ce n’était jamais arrivé auparavant. La possession est inexorable.

– C’est une formidable nouvelle ! s’exclama Bérengère. Il est donc possible de barrer la route de ces saletés !

– Ne t’emballe pas trop, la tempéra le forgeron. Gélaï a empêché la possession, mais elle en est ressortie affaiblie. Je doute qu’elle survive à une autre rencontre avec un membre de leur espèce.

– C’est pour cela que nous sommes sortis » intervint Balthazar, qui s’était voué au mutisme jusqu’à présent. Il regardait toujours le sol.

« Oui, confirma le demi-elfe. Elle semble avoir dépensé énormément d’énergie pour expulser cette chose, et, d’une manière ou d’une autre, ne se rappelle de rien. Quand je lui ait demandé ce dont elle se rappelait la première fois, elle a simplement évoqué des yeux rouges, avant de progressivement perdre connaissance. »

Bérengère ne sut quoi rajouter. Beaucoup était à assimiler, et il restait le problème du Furet, et de la tension en ville, qui menaçait d’éclater d’un instant à l’autre. Cependant, le nain releva la tête et s’adressa au forgeron.

« J’viens de penser à un truc : il y a peut-être un lien entre ces saloperies et l’autre tâche masquée, avec ses yeux rouges, non?

– Je pense qu’il y en a un, effectivement, acquiesça Findhail.

– Tu ne m’as toujours pas expliqué l’histoire avec ton instrument, remarqua Bérengère.

– Je n’ai rien dit car je n’en sais pas beaucoup plus moi-même. Je ne l’ai utilisé que deux fois : la première fois sur mon père, à sa demande, et la deuxième fois avec toi, mais tu n’étais pas encore possédée. Que t’a-t-il dit, avant que je n’arrive ?

– Il m’a répété sans cesse la même chose : « Laisse-moi te révéler mon nom ».

– Son nom ! s’exclama Findhail, en posant son poing droit dans le creux de sa main gauche.

– Eh ben ? » s’exclamèrent ensemble le potier et la bretteuse. Findhail, au sein d’une grande réflexion, s’était mué dans le silence le plus total, sous les regards interrogateurs de Balthazar et Bérengère. Le temps s’était dégradé pendant la conversation, et les nuages se faisaient menaçants. Findhail, qui s’était éloigné d’eux quelques instants, se retourna face à Bérengère, dont la patience ne tenait qu’à un fil.

« Il faut qu’on s’occupe du Furet, déclara-t-il solennellement.

– Attends, y’a moins d’une heure, fallait qu’on décarre de cette ville et maintenant faut qu’on aille en dérouiller le taulier ? rétorqua Balthazar. Te méprends pas, j’attends que de pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce, mais on sait pas qui c’est, exactement.

– Bérengère nous as bien dit que la chose était scellée dans les geôles, non ? Bérengère le fixa et plissa les yeux. C’est donc le conseil qui l’a fait enfermer là.

– Déjà, je m’imagine mal le conseil maîtriser un truc pareil, et si l’on met ça de coté, ça change quoi, que le conseil l’ai mis là ou non ?

– Je n’ai pas toutes les réponses, mais je sais qui peut nous en fournir. Werwarten.

– C’est pas idiot, enchaîna Bérengère. Il est sans doute lié à l’éviction forcée du potier, ainsi qu’au culte, qui a pris du gallon avec le massacre de l’église.

– On va s’introduire dans le manoir palatial. Cette nuit-même, ajouta Findhail.

– Même si je vous disais que c’est extrêmement risqué, encore plus avec le couvre-feu, je vous apprendrais rien et vous renonceriez pas, se désola le nain en soupirant. Dans ce cas, allons secouer un peu la robe du cureton. »

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Zlaw
Posté le 30/01/2021
Bien le bonjour ! Je n'ai pas activé les alertes e-mail et ça fait un petit temps que je ne suis pas passée sur Plume d'Argent, alors je m'excuse du retard. Mais comme toujours je suis très contente d'avoir un nouveau chapitre de cette histoire à lire ! Ça s'engloutit tout seul, et c'est intéressant. =)

La première sensation ressentie durant ma lecture a été le soulagement. Vu comment on avait laissé Bérengère la dernière fois, j'appréhendais pas mal ce qui allait se passer ensuite. Mais heureusement, pour son caractère farouche, elle a des alliés, et Findhail arrive à la rescousse. Avec ni plus ni moins qu'un exorcisme par la musique, et ça c'était stylé ! C'est sûr que le schéma disons traditionnel des incantations en latin et de l'eau bénite, dans un monde de fantasy, ça pourrait jurer, même si on a déjà retrouvé des lieux communs comme les symboles cabalistiques. Bon équilibre sur ce thème, donc.

Ensuite, après une ellipse bienvenue (au sens où on l'a déjà assez vue souffrir pour encore un moment) de sa courte convalescence suite à sa captivité musclée, on entre dans une phase de délibérations entre les personnages. Les informations fusent assez vite et parallèlement le mystère reste entier. On sait que Gelaï et le père de Findhail ont survécu à des possessions, mais on ne sait pas vraiment comment pour elle, et l'instrument qui le lui a permis à lui reste assez énigmatique.
Ensuite il y a tergiversation quant à la marche à suivre : quitter la ville ou rester pour en finir. Encore une fois ça s'enchaîne assez vite, mais on peut comprendre l'urgence de la situation pour notre fine équipe, étant donné les battues qui se profilent à l'horizon pour les gens qui leur ressemblent. Et les répliques bourrues de Balthazar compensent efficacement le sérieux de la conversation.

En résumé un épisode qui remballe proprement ce qui s'est passé juste avant et prépare correctement ce qui devrait se dérouler ensuite. Je m'attends à un peu d'action lors de l'infiltration du palais, et surtout des découvertes, probablement surprenantes comme toujours. Encore un très bon chapitre, dont les quelques petites fautes ici et là (je déteste quand on me le dit aussi, mais qui n'en fait pas) n'ont pas su me détourner. C'est aussi le risque de faire de jolies phrases, parfois on ne sait plus ce qui s'accorde avec quoi. ^^ Mais le niveau de fond est clairement là donc je continue à voter pour la poursuite de cette histoire de qualité ! (On me voit appuyer plusieurs fois sur le buzzer ? Comment ça, il n'y a pas de buzzer ?! ) Ahem. Bref. Hâte d'en connaître le fin mot, et de ne pas perdre une miette de toutes les péripéties qui attendent encore notre bretteuse d'ici là ! =D
Karlsefni
Posté le 30/01/2021
Bonjour bonjour! C'est toujours un plaisir d'avoir un commentaire aussi complet et qui reflète tant ce que la lecture inspire à quelqu'un !
Jongler entre les rythmes est bien moins évident que ce que je pensais, mais je suis satisfait de ce que j'arrive à produire. Pour ce qui est de la forme du texte, cela reste le véritable défi auquel je fais face. "sighs"
Mes craintes se sont cependant concentrées sur la conversation entre les trois personnages à l'extérieur. Il fallait tout narrer de manière fluide et "naturelle". Je suis finalement arrivé à un résultat qui me satisfait donc j'en suis fier!
Encore merci pour avoir le courage de poursuivre la lecture (surtout entre le laps de temps entre la rédaction des chapitres qui s'accroit...) et merci d'avoir pris le temps de me donner un retour dessus !
Au plaisir !
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