On m’a toujours raconté qu’il ne fallait pas que je sorte la nuit.
Il est toujours plus simple de faire fi des avertissements d’autrui
que d’écouter la voix de la raison.
Envies nocturnes, Sigryss de Merleran
La nuit venait de tomber sur Dablhan. Le vent soufflait entre les arbres et s’engouffrait dans les rues, les bourrasques emportaient branches et feuilles. Les volets claquaient et la pluie trempait tout sur son passage. Peu étaient ceux qui se risquaient dehors par ce temps, tandis que les rares patrouilles progressaient d’un pas lent le long des artères de la cité.
« Mais y’a personne dehors, bons dieux… » rumina Jacquet.
Tous, sans exception, serraient leur longue hallebarde avec vigueur, comme si leur instrument de travail était la seule chose qui les retenait au sol.
« En plus, on y voit comme à travers une pelle » reprit Gautier, son acolyte, qui fut pris d’un éternuement sonore. Le froid, la pluie et le vent formaient un mélange propice aux maux de gorge, rhumes et autres maladies. Tous grelottaient et caressaient l’espoir de se détendre après leur tour de garde, espoir qui prenait la forme et le goût d’un vin tiède ou d’une pinte de bière au coin du feu.
« Qu’est-ce qu’on fout dehors par ce temps, déjà ? » demanda Jacquet en haussant le ton pour se faire entendre, malgré la pluie battant le sol pavé. Gautier l’entendit mais ne prit pas la peine de répondre. Il enchaîna sur un autre sujet :
« Dites, vous pourriez pas nous passer la lanterne ? » gueula-t-il à l’homme qui menait la marche.
Le sergent de la patrouille, Gascon, se retourna en leur flanquant la lanterne près du visage.
« Non mais vous allez la fermer, oui ? Si on nous choppe en train de glander, on est bon pour le trou, alors on ferme sa gueule ! Et pour ma lanterne, tu peux te la foutre où j’pense ! » ajouta-t-il avant de reprendre sa route, suivit mollement par ses subordonnés.
Les intempéries masquaient les bruits de pas alentours, et la progression de trois mystérieux individus vers leur objectif n’en fut que plus aisée.
• • •
La résidence de Werwarten se trouvait sur une colline à l’extrémité nord de Dablhan et dominait la ville. Elle était protégée d’une enceinte en pierre sombre, tandis que la demeure était bâtie sur deux étages, surmontée d’une petite tourelle faisant office de pigeonnier. De petites fenêtres à vitraux ornaient les murs, donnant un charme particulier et une certaine chaleur à la demeure, couverte par des tuiles couleur ocre.
Un chemin de terre parsemé de lanternes faisait le tour de l’enceinte carrée, emprunté par des sentinelles pour assurer la sécurité de l’archichapelain. La montée des tensions en ville à la suite du massacre de l’église se traduisit par des emprisonnements en masse et des exécutions sommaires dans les rues. De l’extérieur, tout cela ressemblait davantage à des règlements de comptes plutôt qu’à une réaction réfléchie du pouvoir à une crise.
La pluie s’était arrêtée, mais le vent soufflait toujours et le tonnerre grondait à présent. Les trois compères débattaient de la marche à suivre, camouflés dans les fourrés en contrebas de la colline où s’élevait la demeure.
« On fait comment pour passer le mur ? demanda Balthazar, inquiet. Sans parler des patrouilles...
– Je m’en occupe » répondit Findhail en fixant le coté est de la fortification.
Le demi-elfe avait repéré une grande masse sombre, dont Balthazar et Bérengère n’arrivaient pas à distinguer la forme. Il attendit que la patrouille s’éloigna, et s’élança, suivi avec peine du potier et de la bretteuse. Ils arrivèrent au pied d’un immense arbre mort, à seulement quelques pas du mur.
Findhail grimpa le tronc noirci avec une agilité déconcertante, et dans un silence remarquable. Seul le luth émit un faible grincement lors de l’ascension. Les autres le virent s’élancer d’une branche épaisse et atterrir sur l’enceinte en pierre. Il se sentit déraper sur les tuiles recouvertes d’eau, mais se rattrapa in extremis. Il disparut à l’intérieur de l’enceinte. Balthazar et Bérengère attendirent quelques instants dans un silence tendu, s’échangeant des regards inquiets. Soudain, il reparut, leur fit signe de se rendre vers le mur sud où pendait des lierres. Les feuillages avaient été rassemblés, de manière à former une corde de fortune. La voie était libre, mais Balthazar la retint.
« Attends, l’interpela-t-il en lui agrippant le bras. On va se faire choper par la patrouille ! En plus, je vais jamais réussir à grimper ça ! »
Des gouttes de sueur ruisselaient sur son crane, lui faisant cligner des yeux de temps à autre.
« Tu veux rester ici et attendre qu’on revienne ?
– Tu me prends pour qui ?!
– Je vois qu’une alternative » rétorqua-t-elle en s’accroupissant. Les doigts joints, paumes vers lui, elle semblait attendre quelque chose et le fixait. Le nain lâcha un gloussement nerveux.
« Ah ! Ton sens de l’humour est à tomber » dit-il en l'écartant avec fermeté.
Le nain s’approcha des lierres. Peu sûr de lui, ses pieds perdirent leurs appuis à plusieurs reprises lors de l’ascension, mais il parvint à atteindre tant bien que mal le sommet. Ce fut ensuite au tour de Bérengère. Elle prit les lierres en main, mais se stoppa net. Elle entendit des cliquetis se rapprocher d’elle, et cela ne pouvait signifier qu’une chose. Elle sortit son arme, trancha les lierres, et les prit avec elle lorsqu’elle s’élança le long de la pente, se plaquant contre le sol. La patrouille passa rapidement le long de l’enceinte.
Bérengère eut un mauvais pressentiment.
Elle se dirigea alors vers l’arbre mort, ce qui s’avérait être le moyen le plus rapide de passer dans l’enceinte. Elle se remémorait le passage de Findhail, mais avançait avec nettement moins d’aisance. Une fois sur la branche, elle s’élança mais le saut s’avéra trop court. Par réflexe, elle réussit à agripper le rebord, malgré le choc de son corps avec le rempart. Elle se hissa et se laissa tomber dans l’enceinte.
La bretteuse se trouvait dans un jardin où se trouvaient quelques statues de taille modeste, quelques carrés de fleurs entretenus ainsi qu’un petit puits dont le charme contrastait avec l’idée que s’était faite Bérengère de la résidence d’un homme de culte. Balthazar et Findhail se tenaient au milieu du jardin, immobiles. Bérengère s’approcha.
« Qu’est-ce que vous foutez ? » s’exclama-t-elle en chuchotant. Elle remarqua que leurs regards étaient fixés vers une fenêtre du deuxième étage, donnant sur le jardin. La vitre était brisée, et des taches sombres sporadiques parsemaient le mur en dessous.
« Ça sent pas bon, c’est sûr... se désola le potier. On fait quoi, on rebrousse chemin ? »
Alors que Bérengère s’apprêtait à lui répondre, Findhail la prit de court.
« Hors de question. Nous devons trouver notre homme, nous avons besoin de réponses.
– Écoute, Fin', je sais bien que le sort de Gélaï est en jeu, mais regarde ça, dit-il en désignant l’ouverture de sa grosse main. Les gardes sont sûrement en alerte, et on ignore leur nombre.
– C’est vrai, d’autant plus qu’on ne sait pas ce qu’il se passe. Mais je compte bien profiter de ça pour atteindre cette ordure. D’autant plus que nous disposons d’une redoutable machine à tuer, ajouta-t-il en gratifiant Bérengère d’un regard plein de malice.
– Attention avec les mots là, t’exagères un peu » rétorqua le potier, révolté. Il s’apprêtait à poursuivre, mais Bérengère prit la parole.
« T’en fais pas pour ça, dit Bérengère en rendant à Findhail un regard chargé de mépris. Tu as raison de penser que je peux faire couler le sang avec facilité, mais je sais aussi que sortir son arme sans réfléchir ne mène jamais bien loin. Je saurais retenir mes coups devant Werwarten. Mais toi, le pourras-tu ? »
Findhail ne répondit pas. Il voulait protéger Gélaï, mais l’idée seule d’avoir cet ignoble individu en face lui faisait perdre son sang froid. Bérengère n’attendit pas de réponse, et se dirigea vers la porte de service, suivie par le potier. Le pas lourd, le forgeron les suivit, et la porte se referma.
Bérengère menait la marche, suivie de près par Balthazar. Findhail fermait la marche, l’air grave. Le groupe traversa d’abord une remise, qui donnait sur une cuisine, où flottait une odeur de viande giboyeuse cuite sur une broche. La cuisine était meublée avec des fariniers, des placards et des étagères, mais restait assez vaste. Plusieurs tables hautes se trouvaient en son centre, sur lesquelles étaient disposées de magnifiques cèpes, aux côtés d’aubergines, de poivrons et d’oignons. Des pommes de terres grosses comme des poings se trouvaient dans des sacs posés aux pieds des tables.
« Quel fumet » se surprit à dire à haute voix le potier, l’eau à la bouche. Bérengère s’approcha de la broche sur laquelle cuisait la viande.
« Il y a quelque chose qui me chiffonne…» dit-elle.
Findhail était du même avis. Une nourriture de qualité était en préparation, en grande quantité, mais personne ne s’en occupait. Il inspecta la pièce, jusqu’à percevoir de petites traces écarlates sur le sol. Elles menaient jusqu’à un des placards de la pièce, d’où coulait par intermittence des gouttes qui formait une une petite flaque sur le sol. Balthazar s’approcha à son tour, suivi de Bérengère. Tous étaient sur leurs gardes.
« Non ! » hurla une voix derrière eux. Le groupe se retourna, vit les sacs de pommes de terre s’écarter et laisser place à un jeune garçon en pleurs, habillé d’une tenue de cuisine blanche. Sa chevelure bouclée était contenue dans une toque de manière négligée, laissant deviner les mèches couleur feu du garçon. Son nez était retroussé et des taches de rousseur parsemaient son visage, démarquant ses yeux couleur noisette. Cependant, il semblait pâle comme la mort. Il tenait un couteau de boucher dans la main et il semblait terrorisé. Bérengère tenta de se faire rassurante.
« On ne te veut pas de mal » lui dit-elle en lui adressant un sourire maladroit.
Le garçon secoua la tête avec énergie. Ses pleurs étaient ponctués par le hoquet.
« Vous devez partir ! Maintenant ! On ne peut pas l’arrêter ! » dit-il en tremblant.
Balthazar essaya de s’approcher en douceur, comme s’il essayait d’apprivoiser un animal sauvage.
« Nous sommes condamnés ! Les Tréfonds s’abattent sur le monde ! Nous sommes punis pour nos actions... »
Le garçon délirait entre ses pleurs et les spasmes liés au hoquet. Balthazar remarqua qu’il s’était tailladé la manche avec son couteau, à plusieurs reprises. « Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser ce gamin à s’infliger ça ? » se demanda le potier. Alors que Bérengère lui posait des questions pour l’occuper, le nain essaya de s’en approcher, les mains bien visibles devant lui, mais le garçon n’était pas dupe.
« Personne ne peut vivre après avoir vu ce que j’ai vu, dit-il en fermant les yeux. Que Thémistion nous garde. »
Le garçon prit une grande respiration, et se flanqua le couteau profondément dans la gorge. Il s’effondra et s’étouffa dans son propre sang.
Bérengère fixait le corps sans vie, tandis que le nain secouait la tête et serrait les poings. Findhail, pâle comme un linge, s’approcha du placard et l’ouvrit. Il fit un pas en arrière et porta sa main à son nez, contenant ses spasmes pour ne pas vomir. Des membres humains étaient enchevêtrés les uns avec les autres, tous genres confondus, des doigts se trouvaient enfoncés dans des narines et des oreilles. Le demi-elfe avait remarqué que le nombre de têtes excédait largement le nombre de membres qu’il avait pu apercevoir. Certains avaient encore sur eux des toques de cuisine maculées de sang, l’ensemble formant une scène des plus absurdes. Findhail se tourna vers les autres.
« Il est ici. »
• • •
Le silence régnait dans la demeure. Sur leurs gardes, les trois compagnons traversaient un couloir aux murs décorés de somptueuses tentures et de paysages peints à l’huile, éclairés de petits braseros à intervalle régulier. Findhail avait perdu le compte du nombre de corps sans vie retrouvés dans la résidence.
« Pourquoi n’y-a-t-il personne ? » demanda Findhail, las de ce silence intenable. L’air était lourd, presque palpable, et Findhail avait les nerfs en pelote. Bérengère sentait cette nervosité, mais ne lui répondit pas, elle-même se posant la question.
« J’veux pas vous alarmer, mais je suis à deux doigts de me faire dessus » lâcha le potier sans gêne aucun.
Findhail fit une moue amusée et dégoûtée. Cependant, la bretteuse ne réagit pas. Il lui fallait envisager l’éventail des possibilités sur les évènements à venir. S’ils tombaient sur une forte patrouille de gardes, arriverait-elle à les protéger ? Et face à la créature ? La rencontre de l’église l’avait fortement secouée et elle savait qu’un assaut frontal serait du suicide, mais là n’était même pas la question. Elle se demandait si son arme lui était d’une quelconque utilité, dans le cas d’une rencontre prochaine.
« Là ! » s'exclama le potier en plissant les yeux, assailli par la fumée des braseros. Il pointait du doigt une ouverture dans le mur du couloir. Elle donnait sur un escalier étroit, duquel n’émanait aucune lumière. Alors que les deux autres s’apprêtaient à y rentrer, Balthazar fit demi-tour et s’éloigna du groupe. Findhail et Bérengère s’échangèrent un regard inquiet, mais le nain reparut bientôt, un énorme paysage dans les mains.
« Tu crois vraiment que c’est le moment de voler ça ? » lui-demanda le forgeron en désignant la peinture. Balthazar ne lui gratifia même pas d’une réponse, et posa le tableau. D’un coup, il arracha un coté du cadre, et laissa tomber le reste. Il s’approcha ensuite du mur, et déchira un morceau de tenture, qu’il enroula à l’extrémité de la planche qu’il avait en main. Enfin, il plaça cette extrémité dans un brasero, et se trouva avec une torche de fortune dans la main. Il se tourna vers ses compagnons, qui le fixaient avec étonnement.
« Ben quoi ? Je sais pas vous, mais moi, j’vois pas dans le noir » dit-il en haussant les épaules. Il les dépassa et commença l’ascension de l’escalier, suivit en silence par la bretteuse et le forgeron.
Une fois à l’étage, ils arrivèrent dans une salle de forme carrée. À gauche se trouvait une alcôve avec une fenêtre, un banc et une petite table basse. Plusieurs livres à grosse reliure y étaient entassés, la plupart traitant de théologie. Cependant, le livre situé au-dessus de la pile intrigua Bérengère. Son aspect détonnait des autres ouvrages, d’un noir aussi profond que la nuit. Bérengère l’ouvrit avec douceur, car l’ouvrage semblait très ancien et était par conséquent fragile. La double-page qui se dévoilait devant elle l’intrigua au plus haut point. Elle était couverte de symboles noirs de forme circulaire, imbriqués les uns dans les autres, avec en son centre un crane rouge qui y était peint. Au crane représenté était ajouté une balafre, sur la partie inférieure du visage. Le potier s’approcha.
« C’est clair que c’est pas un livre pour enfants, jugea-t-il avec ironie. Dépêchons, nous n’avons pas le luxe de perdre du temps avec ça ! »
Une porte finement sculptée se trouvait à quelques mètres de l’escalier. Tous pensaient que derrière elle se trouvait soit la réponse à toutes leurs questions, soit une mort certaine. Findhail s’en approcha à pas de loup et tendit l’oreille. Son cœur battait à tout rompre, et il sentait la peur s’emparer de lui. Au bout d’une vingtaine de secondes, il s’éloigna doucement, puis hocha la tête vers ses deux comparses. Bérengère fit siffler son épée hors de son fourreau, et s’en approcha à son tour. D’un coup sec, elle la frappa du pied et se hâta à l’intérieur de la pièce, suivie par Findhail et Balthazar.
Ils pénétrèrent dans une chambre à coucher, complètement dévastée. Le feu dans l’âtre de la pièce était attisé par le vent, s’engouffrant par la fenêtre brisée.
Le corps inanimé de Werwarten gisait près de la cheminée. Bérengère pesta en silence et s’en approcha. Elle constata qu’il avait été émasculé, et qu’un tison encore chaud était enfoncé dans sa gorge. Cette vision lui provoqua des sueurs froides, mais son attention se porta sur Findhail qui venait de pousser un cri de désespoir. Il se précipita vers la fenêtre et trouva Gélaï sous des débris. Le demi-elfe écartait avec force les planches de bois et les tissus qui l’entravaient, puis la prit délicatement dans ses bras. Il lui murmura des paroles que seules ses oreilles étaient destinées à entendre.
Balthazar s’approcha à son tour du cadavre.
« Quelle sauvagerie...c’était une ordure, mais je souhaiterai ça à personne. T’inquiète pas, va. On trouvera une autre piste » adressa-t-il à la bretteuse.
Mais Bérengère ne prêtait aucune attention aux paroles du potier. Son visage témoignait d’une intense réflexion, mêlé d’un soupçon de crainte. La bretteuse se mit à chercher quelque chose, ce qui attira la curiosité de Balthazar.
« Tu cherches quoi ?
– Tu n’es pas tombé sur des pinces, ou un couteau, ce genre de chose ?
– Dans ce fatras ? Non, pour sûr. Pourquoi ?
– Attends, annonça la bretteuse en direction du forgeron, qui avait le visage empli de larmes. Tu devrais inspecter ses mains.
– Quoi ? » rétorqua Findhail, confus. Il s’exécuta mollement, et se rendit compte qu’elle avait les mains fermées et excessivement maculées de sang. Findhail en ouvrit une et constata qu’une langue s’y trouvait. Par réflexe, il la jeta. Bérengère s’approcha de Werwarten, et lui retira le tison de la bouche. Elle ferma les yeux et secoua la tête.
« Il semblerait que ce soit Gélaï qui ait fait ça » constata-t-elle en jetant le tison dans l’âtre.
Findhail s’apprêta à ouvrir la deuxième, mais Bérengère l’en empêcha.
« Épargne-toi ça » dit-elle en désignant le corps sans vie. La bretteuse prit un bout de tissu, et se permit de vider la main de Gélaï de son contenu restant et jeta le tout dans les débris. « Nous devons partir. »
Avant toute chose, je tiens à dire qu'autant je suis très contente d'avoir la suite des aventures de Berengère la bretteuse, autant tu n'as pour moi jamais à t'excuser pour quelque durée que tu laisses s'écouler entre deux mises à disposition de textes. Il y a des gens qui préparent tout à l'avance pour pouvoir publier ultra-régulièrement (ce qui parfois met la pression aux lecteurs, tiens ^^), et d'autres qui s'organisent plus au fil de l'eau. Et dans les deux catégories, bah il y a toujours la vie qui peut s'en mêler. Donc voilà. Pas de pression de ma part. Je pense que c'est important de le dire. =)
Même si c'est gentil de prendre les lecteurs en considération, évidemment. ^^
On replonge dans ton univers avec une certaine anxiété grâce à cette scène introductive qui pose un ton paradoxalement très clair dans son côté lugubre : il pleut dans la nuit noire. Pas des conditions de visibilité idéales, quoi qu'il soit sur le point de se dérouler. Et les gardes qui font leur ronde ne donnent pas l'impression d'une présence rassurante mais plutôt qu'au contraire il faut s'inquiéter qu'ils aient besoin d'être là. L'ambiance est posée !
Les descriptions de lieux sont très poussées, c'est appréciable, d'autant que tu parviens à mettre le même degré de précision dans les actions qui se déroulent. C'est notamment très dynamique à lire, le passage où notre fine équipe franchit les remparts. Le petit moment où Bérengère doit renoncer à la corde de fortune et se rabattre sur le tronc passe un chouïa vite, mais c'est juste le bon degré de difficulté qu'il fallait pour cette étape, je pense. Ils ne rentrent pas comme dans un moulin, mais ça ne demande pas non plus des plombes de détails à la Balzac (que je n'ai jamais lu mais dont on m'a toujours dit qu'il prend 2 pages pour dire qu'un personnage monte des escaliers xD) ; l'intéressant se déroule à l'intérieur.
Enfin, s'est déjà déroulé, plutôt... Comme le massacre de l'église, celui des cuisines est bien gore. Le fait qu'ils trouvent la pièce vide d'abord, et remarquent que quelque chose cloche par l'absence de qui que ce soit malgré un repas en préparation, est parfaitement anxiogène. Puis, l'apparition du jeune cuistot est la touche finale à ce terrible tableau. La description poussée qui est faite de lui participe à rendre le choc de son suicide encore plus grand. Vu ce qui a dû se passer pour en arriver à ce qu'il y a dans le placard, on ne peut pas lui en vouloir. On se demande presque pourquoi il a attendu de nouveaux arrivants pour le faire. Pour témoigner, peut-être ? Ou alors il attendait instinctivement de l'aide, mais se retrouver confronté à quelqu'un a déclenché l'irréparable dans sa tête ? Pauvre petit marmiton...
Et finalement, la chute du texte m'a laissée un peu perplexe. Qu'est-ce que Gelaï fait là ? Je n'avais pas notion qu'elle manquait à l'appel... Est-ce que ma mémoire me fait défaut ? Je me souviens des explications données sur sa possession passée, et de celle du père de Findhail, ainsi que du Luth magique qui permet l'exorcisme. Mais Bérengère, Balthazar, et le demi-elfe sont venus pour interroger Werwarten, et ne s'attendaient pas à trouver un carnage. Est-ce que Gelaï les a devancés malgré eux ? L'entité maléfique y est forcément pour quelque chose. Même si Gelaï avait en mains des attributs bien particuliers du maître de maison, elle ne peut pas avoir commis tous ces meurtres d'elle-même. Est-elle possédée à nouveau ? N'a-t-elle jamais vraiment cessé de l'être ? Le mystère s'épaissit encore et toujours.
Depuis le début, Bérengère cherche des renseignements bien particuliers, et elle se fait sans cesse emmenée dans des sortes de quêtes parallèles, mais je commence à me demander si c'est vraiment parallèle et non pas lié, finalement. Ça semblait être une coïncidence au début, qu'elle soit entrée dans la cellule du démon, mais il y a déjà eu cette mention de ses souvenirs d'enfance traumatiques, étranges et enfouis, et comme de par hasard les amis de Balthazar qui la remettent sur pieds à chaque fois ont rencontré l'entité par le passé. Hâte de voir comment tout va finir par s'emboîter, qu'est-ce qui est en effet juste pas de bol et qu'est-ce qui est un concours de circonstances issu de rouages mis en mouvement il y a longtemps. J'ai tendance à toujours vouloir que tout fasse sens et arrive pour une raison, mais du pur aléas est aussi l'une des réalité de l'existence, donc tout est possible à ce stade. =)
Merci du partage de ce nouveau chapitre de son histoire, et on se revoit au prochain, j'espère. ;)
Encore une fois, je suis heureux que le chapitre t'ai plu. Curieusement, j'ai davantage apprécié ton commentaire sur les choses qui ont été peu claires, notamment sur la fin. Je prends le risque de ne pas répondre à ces questions, qui trouveront en toute logique des réponses au cours des prochains chapitres. On s'approche de la fin de cette histoire !
Merci encore pour le suivi et le retour, c'est toujours un plaisir !