Chapitre Septième,
Paname, Terre 33, XXème siècle
- C’est quoi ce machin ?
- Tais-toi imbécile !
Les ombres derrière la fenêtre s’arrêtèrent puis disparurent. A l’extérieur, la brume se fit plus intense. Une porte s’ouvrit, laissant l’air frugal pénétrer un instant la maison. Les deux paires d’yeux des jeunes gens se tournèrent vers l’ouverture avec appréhension. Ni Rouge, ni Len Clark mais une femme d’un âge avancé pénétra dans la pièce. Lorsqu’elle les vit, elle se dépêcha de fermer la porte à double tours.
Lake n’aimait décidément pas le ton sur lequel cette fille lui parlait. Il devait se débarrasser de cette rencontre désagréable le plus rapidement possible. Elle s’était levée et observait la vielle dame avec intensité pendant que celle-ci se débarrassait de son manteau. Une fois fait elle alluma un feu comme s’ils ne se trouvaient pas dans la pièce puis s’assit avec lenteur sur le sofa et se saisit du livre qui était posé sur la commode adjacente. Un chat roux apparut bientôt et se lova sur ses genoux.
- Tiens te voilà Vermeil, et si je te faisais un peu de lecture ?
Les lèvres de la femme remuèrent tandis qu’elle actionnait un mécanisme sous le canapé. Un enregistrement de sa voix diffusa bientôt l’exact contenu du livre. Lake ne comprenait rien. Il voulu se lever mais la main de la fille s’aplatît sur son crâne ténébreux afin de le maintenir au sol. Il aurait facilement pu lui torde le coup. Il ne le fît pas. Un deuxième son émargea. La vieille femme parlait avec véhémence répétant la même phrase.
- A leurs oreilles, nous serons silence.
Lake vit bientôt apparaître un liquide bleuâtre et visqueux s’étaler sur les murs de la maison comme une couche de glace. Lorsque les interstices furent tous recouverts, elle se leva. Vermeil émit un feulement désapprobateur avant de venir se frotter contre les jambes de Lake. La jeune fille tira Lake, lui intimant de se relever. Ce qu’il fit.
-Votre Altesse, que faites-vous ici ?
Lake n’en croyait pas ses yeux, cette femme savait qui il était. Enfin un peu de cohérence dans ce monde chaotique. Il répondit avec courtoisie.
- Merci pour votre assistance Madame, j’aimerais savoir à qui le fils du Duc Lycoris doit sa vie ?
- Mais…
- Mais rien, LE FILS DU DUC vous doit la vie Madame Suzanne. Et moi aussi, merci. Vermeil va embêter quelqu’un d’autre, tu sais bien que je déteste les chats.
Lake regarda la fille avec étonnement.
- Vous vous connaissez donc. Madame Suzanne, je me trouvais dans une situation très délicate vous risquez votre vie pour nous c’est honorable. Je me vois endetté de votre courage.
Madame Suzanne jeta sur la fille un regard appuyé. Celle-ci demeura imperturbable bien qu’une flamme froide dansât dans ses yeux. Lake ne comprenait pas tout mais il prit sur lui d’élucider ce mystère plus tard. Madame Suzanne détourna prestement son visage rond de la jeune fille pour s’adresser à Lake.
- Ce n’est rien. Je sais où repose ma loyauté, je ne fais que mon devoir. Je vous en prie asseyez-vous, l’Ordre ne vous trouvera pas ici avant longtemps. Le sortilège de protection sonore que je viens de placer sur la maison ne m’a encore jamais fait défaut.
Le visage de la fille s’éclaira soudain comme celui d’une enfant candide. Le contraste saisissant avec la figure qu’elle arborait il y a un instant marqua profondément Lake. Il se demanda comment quelqu’un pouvait passer si rapidement d’une émotion à une autre. Sa voix aussi fut différente lorsqu’elle dit en frôlant le mur de ses doigts effilés.
- C’est de la belle magie, Madame Suzanne.
Lake s’assit sur le sofa et prit un instant pour observer l’endroit avant d’engouffrer sa tignasse dans ses mains lasses. Le feu dans la cheminée sur sa gauche crépitait paisiblement. Il ornait la pièce d’une chaude lueur laissant entrevoir deux fauteuils confortables aussi verts que les rideaux restés fermés. La moquette fleurie semblait venir d’un autre temps mais elle conservait la chaleur de son corps trempé jusqu’aux os. Sur la table en bois de merisier, un napperon dentelé abritait des biscuits appétissants. Lake fut une nouvelle fois frappé par le manque de technologie de la pièce. Sa migraine empira subitement et les marques sur son poignet réapparurent de plus belle. Une expression horrifiée se dessina à nouveau sur les visages des deux femmes. Seul Vermeil ne semblait pas inquiété par la pulsation de lumière.
La fille releva sa main droite, cette main qui avait su guider Lake hors du danger d’une aristocratie aux moyens inépuisables. La marque du poignet de Lake y apparu et la même pulsation de lumière fut émise. Leurs veines prirent une teinte dorée, visibles au travers de leur peau respective.
- Qui es-tu ?
- On vouvoie Madame Suzanne, mais on ne prend pas de gants avec le petit personnel pas vrai ? Fidèle à l’image que je me faisais de l’aristocratie.
- Qui est-elle ?
- Et bien…
La flamme froide réapparut dans les yeux gris de la fille en guenilles et Madame Suzanne resta interdite. Elle se ramassa sur elle-même et changea d’allure, la sévérité dure que Lake avait d’abord rencontrée reprit ses droits sur la jeune femme.
- Vous pouvez m’appeler Charlotte.
- C’est ton nom ?
- Non. Mais c’est celui que vous êtes autorisé à me donner.
- Je suis de sang royal.
- Vous êtes de sang ducal pas royal. Et vous devriez prendre du repos cette migraine est infernale.
- Tu la sens ?
- Je sens tout ce que vous sentez. Et vous ne ressentez pas grand-chose donc cette migraine doit être sacrément douloureuse.
- Est-ce à cause de la marque ?
- Oui Lycoris c’est à cause de la marque. Vous venez de m’enchaîner à vous pour l’éternité. Cela fait des années que je fuis cette corvée et me voilà rendue en esclavage par un petit Duc à peine débarqué de sa planète natale.
- Vous connaissez la navigation spatiale, c’est impossible, cette planète est encore bloquée au XXème siècle par les Rouages du Temps.
- C’est exact.
- Alors comment ?
- Allez vous reposer petit Duc, nous parlerons demain.
Sur ce, Charlotte inclina brièvement la tête vers Madame Suzanne et tourna son dos à Lake comme s’il n’était qu’un vulgaire paysan.
J'ai juste une remarque concernant les dialogues : ne pas hésiter à utiliser des verbes de paroles, car ce n'est pas toujours évident de savoir qui parle je trouve (et essayer de ref
je disais donc XD :
...(et essayer de retravailler la ponctuation des dialogues, autrement, les personnages parlent un peu comme des robots)
Le côté robot est recherché. Je ne peux pas les humaniser dès le début pour des raisons qui me sont propres.
Les deux échelles de temps, oui et non. On est bien sur deux échelles de temps mais aussi d'espace/ de lieux, j'ai appliqué la théorie de la relativité d'Estein à l'histoire.
Tu ne peux pas tout comprendre dès maintenant, c'est le but de l'histoire, il va falloir être patient. Il s'agit d'un puzzle ou devrais-je dire engrenage à retardement.
Bien joué pour la fille, je voulais que tu t'en doutes sans avoir de certitude. Les 3 chapitres suivants vont véritablement éclairer ta lanterne, on va rentrer dans l'histoire :)