(Première fois)

Notes de l’auteur : Liam sera-t-il la nouvelle cible de Yann ?
 J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire la dernière scène entre Uzu, Gabriel et le bébé (croyez-moi, c'est du vécu ! paroles d'assistante maternelle) Certain père s'extasie véritablement tellement que ça en est parfois comico-tronion et ça donne des moments presque suréalistes.
 
 

 

 

- Tu as vraiment un cœur d'artichaut, assure Marie au téléphone.

- Te moques pas, je suis perturbé, lui répond Yann assis à terre dans les toilettes du café.

- Qu'est ce que tu attends que j'te dise ?

- Je sais pas.

- Rassure-moi, tu ne penses plus à mes petits seins en poire ?

- ...

- Nan, tout-compte-fait ne dis rien, je ne veux pas savoir.

- Tu resteras toujours ma déesse, ma belle. Je crois à présent que c'est au-delà de tout ça.

- Ça me convient ! Pour ce qui est de tes sentiments pour Gabriel, ma foi de toute façon tu dois tirer un trait, ça c'est clair.

- Je sais, il y a des mois que je le sais.

- Et arrête de me parler de ce Youzou, tu te fais mal pour rien et tu risques d'en faire souffrir d'autres. Je pense que c'est un peu comme un enfant qui envie le jouet d'un autre. En réalité c'est pas le jouet qui est intéressant. Une fois que l'enfant l'obtient, il désirera la nouvelle chose que l'autre aura reçu à la place. Ce qu'on envie c'est le sentiment de bonheur de l'autre, pas ce qui donne le sentiment. La chose n'est qu'un leurre.

- Qu'est ce que tu veux dire ?

- Que tu n'as pas envie du petit ami de Gabriel, tu aimerais éprouver ce qu'il ressent et être aimé comme il l'est. Être avec ce Youzou, ne fera pas de toi un Gabriel ! Tu resteras un Yann.

- De toute façon, j'ai pas l'intention de nuire à leur couple. Je t'en parle juste comme ça.

- Mouais, au lieu de pleurer sur ton sort, si tu avais passé du temps à t'occuper de toi et à rechercher à rencontrer quelqu'un... Tu n'as fait que poursuivre Gabriel, draguer et manipuler ses flirts. Ensuite tu t'en es pris à moi, pour au final tomber sous le charme de son nouveau mec. On dirait que tu prends un malin plaisir à choisir des histoires impossibles.

- Bravo docteur Freud ! Mais là justement...

- Ha ! Oui, c'est vrai, tu m'appelais pour ça ! Aujourd'hui, y'en a un nouveau dans l'histoire, c'est " les feux de l'amour " ta vie ! Et donc lui c'est l'ex de ce Youzouu, ce qui n'risque pas du tout de compliquer les choses ! En plus tu dois te tenir à carreau, je te signale, car tu vas vivre avec et que c'est ta dernière chance de pouvoir rester en métropole. Tu crois que c'est la bonne personne et le bon moment pour faire le con ?

- Je disais juste qu'il est très mignon et que j'ai eu l'impression de ne pas le laisser indifférent c'est tout.

- Et tu m'appelles, des chiottes d'un bar, pour me dire ça ? Bordel Yann ça fait à peine cinq minutes que tu l'as rencontré !

- Depuis Gabriel, je ne me souviens pas avoir été dragué, ou avoir plu à quelqu'un.

- Hahaha ! Gogoz* ! Avec ta jolie petite gueule, laisse-moi rire !

- Je ne m'en suis pas rendu compte, ça revient au même. Là ce gars me sourit.

- Super, préviens les médiats ! " Hé ! Il m'a sourit ! " T'es un vrai gamin.

- ...

- Je comprends pas comment tu fonctionnes. Je suis incapable d'être amoureuse de plusieurs personnes moi, et encore moins en un clin d'œil.

- Je n'aime que Gabriel.

( Silence )

- Tu me donnes envie de pleurer quand je t'entends dire ça.

- J'essaie de ne pas me focaliser. Youzeu est attirant, hypnotisant, je le vois à la manière d'une d'idole. Un peu de la même façon que toi, une créature intouchable. Quand il chante, j'imagine ce qu'il deviendra. Il a comme une auréole autour de lui. Je vois pas comment expliquer ça.

- T'es raide dingue.

- Pour moi tu es ma chérie, mon amie, ma deuxième mère, ma confidente, ma sœur. Ce serait impossible de vivre sans toi.

- ARRETE !

- Je suis content que notre relation n'ait pas changé, je suis sincère.

- ...

- Ce mec, Liam, il est sur le même plan que moi, c'est un mec pas mal qui m'a remarqué comme je l'ai remarqué.

- On vient de te le présenté ! Et Gabriel ?

- Gabriel c'est ma famille. J'ai le sentiment de lui avoir donné trop d'importance, seulement je ne suis pas certain d'avoir eu d'autre choix.

- Ma batterie et H S ça va couper.

- Merde !

- Pas de bêtises ok ? Ne tente rien sans m'en parler avant ok ?

- Je vais essayer.

- Et tu m'as pas dit comment l'appart' était.

- Bha je l'ai pas encore vu. On en a à peine parlé. Je suis pas certain qu'il sera d'accord. Faut que j'y retourne.

- tut tut tut tut !

*

- On est seul ? s'étonne Yann de retour à la table ou Liam l'attend bras croisés.

- Un appel de son copain, un petit problème avec le bébé, je crois. Est-ce que tu souhaites voir l'appartement ?

- Houuu, tu m'emmènes déjà chez toi ? Monsieur est un rapide !

Liam se contente d'en rire, c'est certainement la seule chose à faire. Ils sortent et se dirigent vers le 4X4 Ford noir de Liam.

- Woua ! Jolie caisse ! Tu aimes les grosses... voitures ?

- Oui, lui répond Liam sans détour, le regardant de biais tout en ouvrant sa portière.

Ce petit gars le cherche, il ressemble finalement assez bien au portrait que lui en a brossé Uzu.

Ils roulent depuis un peu plus de cinq minutes en silence. L'odeur des sièges en cuire et du sapin déo à la noix de coco assez entêtant, ne parviennent pourtant pas à passer au dessus du parfum de Yann, « Égoïste de Chanel ». Pour Liam, Yann ressemble assez à certains mecs en souffrance qui viennent dans les locaux de son asso pour demander de l'aide. Ce côté narquois, un peu sarcastique, présent la plupart du temps pour cacher une faiblesse ou une douleur. Liam ne le connait pas et d'après Uzu, son seul problème présent est celui du logement. Pourtant il pressent autre chose. Ce gars dégage une aura tragique.

Absorbé par la conduite parisienne de Liam, Yann ne s'aperçoit pas que chaque fois qu'il en a le loisir, celui-ci le détaille.

- Vous êtes sorti longtemps ensemble Youzseu et toi ?

- Quelques mois, répond impassible son interlocuteur.

Yann ne supporte pas ce calme dans la voiture, cette espèce de timidité l'oppresse, il doit trouver une parade, parler. Par conséquent il se trouve désagréablement surpris d'une réponse si rapide. Il aurait aimé inverser la tendance et gêner l'autre plutôt que de le rester lui-même.

- Il était comment ? insiste-t-il alors.

- Constamment sérieux, au début plutôt indifférent ou joueur, par la suite généralement méchant, cruel, sans cœur, un peu tordu et carrément égoïste.

Yann relève un sourcil et le considère un instant.

- Hé ben, tu as l'air de parler d'un autre gars.

- Je n'étais sans doute pas la bonne personne.

- Et au lit ?

- heu, Blasé, il donnait franchement l'impression d'avoir fait le tour de la question depuis longtemps ...

Les yeux gris de Yann sont perçants, son regard aiguisé. Liam en éprouve une sorte d'intrusion. Il a conscience que l'autre possède le pouvoir de lire en lui facilement, cela le contrarie un peu.

- Pourquoi être resté avec un mec pareil ? poursuit Yann.

- Je suis maso sans doute. Nous sommes arrivés ! l'avertit-il en entrant dans le garage sous terrain, plus pour tenter de détourner l'attention qu'autre chose.

- C'est lui qui t'as largué ? l'interroge t-il encore.

- Oui.

- Tu l'aimais ?

- Oui.

- Tu l'aimes encore ?

- Non.

- Tu réponds toujours à toutes les questions ?

- Tu te moques ? !

- Un peu.

- ...

- Mon chou, je suis familier. Je prends de la place. Je suis pas forcément bien élevé. Je triche, je mens. Je vais souvent trop loin quand je fais des blagues. Je ne sais pas toujours m'arrêter. Je suis bordélique mais pas trop bruyant, je suis curieux et parfois mauvaiiiiiise ! Je suis pas très honnête seulement je ne vole pas et... je suis PD ! ajoute-t-il sur le ton de la plaisanterie.

- Intéressant CV ! Et tu fais la vaisselle ?

- Haha ! Tu trouveras pas mieux chéri ! Avec moi on s'ennuie pas !

- C'est un peu ce que je craints.

- Tu n'as pourtant pas l'air d'avoir peur de moi.

- Je fais semblant...

Le rouge revient aux joues de Yann qui retire sa ceinture, le regard franc et l'expression malicieuse de l'homme en face de lui le perturbe décidément un peu trop.

- Bon, allons voir mon palais !

*

De l'autre côté de Paris, en Banlieu, Uzu vient de rentrer.

 

- R'garde r'garde ! s'exclame Gabriel surexcité à son arrivée.

- Quoi ? !

Uzu s'imagine un problème au sujet du bébé, ou bien la nounou ou il ne sait quoi encore. Pour que Gabriel lui ai demandé instamment de revenir, il doit y avoir une bonne raison. Tout a l'air de rouler, à part qu'il sera bientôt quatorze heure trente et que Hugo ne se trouve pas chez son assistante maternelle. Il lui emboite le pas dans le couloir, le suivant jusqu'à la chambre, où l'enfant allongé dans son lit contemple calmement son mobile musical.

Le jeune oncle le prend dans ses bras et l'allonge sur le matelas à langer.

- Ça m'rend complètement dingue haha ! R'garde ça !

Uzu observe alors ce bébé d'un mois regarder son tonton droit dans les yeux.

- Gloudiboudiboudibou ! bêtifie le jeune homme sous l'œil perplexe de son copain.

Le bébé sourit.

- T'as vu ? ! lance Gabriel visiblement excité.

- Quoi ? Que tu as inventé une nouvelle langue ? l'interroge Uzu.

Les épaules du goth s'affaissent légèrement.

- Mais non... regarde ! insiste-t-il Doubidoubidou !

Un nouveau sourire du bébé s'affiche alors.

- Tien ! Hein ? !

- Heu...

- Y'm'sourit ! s'exclame Gabriel. Y sourit pas aux anges ou à rien du tout ou quoi, y ME sourit ! Y m'voit, y m'comprend ! Putain y m'sourit quoi !

Un air hilare s'affiche lentement sur le visage de Uzu qui vient de comprendre.

- Gabriel est décidément vraiment ingénu. Je fonds devant cet andouille qui gâtifie avec un nourrisson d'un mois... C'est à ce demander lequel est le plus adorable, s'interroge Uzu pour qui le naturel de Gabriel le rend à cet instant totalement irresitible.

- Il a un r'gard trop intelligent matte son r'gard ! Ch'uis sûr qu'il éclate d'jà l'QI des autres bébés !

- C'est sûr ! C'est d'ailleurs pour ça qu'il se marre, en réalité, il se moque de toi !

- Quoi ? Pfff ! C'est toi qui t'fout d'moi ! râle-t-il en faisant la moue.

- Ouais, on est deux maintenant, hein Hugo ? Il est tout con con ton oncle Gabriel hein !

Hugo sourit de nouveau.

- Haan c'trop kawaï y t'le fait aussiii !

- Ça s'arrange pas hein ! Et pour être un peu plus sérieux, y'a un souci avec l'ass-mat ?

- Hein ? De quoi ?

- Bha il est déjà quatorze heure trente passée et...

- MEEERDE ! J'ai zappé ! 

Uzu est heureux, il a l'impression de ne s'être jamais autant amusé, et à cause de quoi ? Est-ce dû à la gravité soudaine de Gabriel qui se décompose et blanchi à vu d'œil après avoir été si comique ? Cette supplique visible sur son expression ? Ou l'intégralité de cette scène surréaliste ? Certainement un ensemble de choses qu'il n'explique pas. Il a envie de le prendre dans ses bras tant il le trouve mignon, de le rassurer et d'être présent auprès de lui tant il le pense innocent et donc vulnérable.

- En voiture on irait plus vite...implore le goth. P'tain ch'uis désolé !

Uzu se mets à rire carrément.

- Ha haha ! Tu m'appelles, tranquille, tandis que je règle un problème super grave, je laisse les gens en plan, je rapplique ni une ni deux et là.... Non mais ha haha ! Et toi tu.... Gloudiboudiboudibou mouhahaha !

Il rit à présent si fort qu'il lui est presque impossible de poursuivre.

- Arrête de t'foute de moi. Tsss ! C'est lui qui...

- Ha oui hi hi ! C'est vrai, j'oubliais, c'est la faute à Hugo huhu ! Aller Hugo, la prochaine fois on t'apprend à tenir un agenda ! Putain j'en pleure !

Uzu, est pris d'un tel fou rire, qu'il quitte la pièce afin de se calmer un peu, pour pouvoir prévenir la nounou. Il laisse Gabriel, un peu vexé, habiller le bébé pour sortir.

- Oui, nous serons là dans cinq minutes, promet Uzu à l'assistante maternelle au téléphone. Excusez-nous encore pour ce retard, la prie-t-il.

- Ça va ? Elle a rien dit ? s'inquiète Gabriel.

- Hihihi !

- Ça vaaa ! bougonne le goth voyant son petit ami rire de plus belle. Au moins j'te fais rire.

- Ça, y'a pas de doute ! Ha lala !

Dans la voiture qui les mène chez la nourrice et alors que Uzu rayonne de cette nouvelle hilarité, Gabriel, lui, reste de son côté extrêmement silencieux.

- Tu n'es pas fâché quand même ? Je ne voulais pas me moquer, j'ai trouvé ça mignon et assez touchant.

- J'ai l'air débile.

- Mais naaaan ! C'est ton bébé, c'est normal !

- J'me marre pour des conneries et à côté d'ça ch'uis un irresponsable qu'oublie l'heure.

- Ce ne sont pas des conneries, c'est une première fois, c'est important voyons ! J'ai rigolé car tu as l'air tellement candide, c'est beau je trouve et ça tranche avec ce qu'on pourrait penser de toi au premier regard.

- ...

- Je te sors le bébé, tu prends le sac ? demande-t-il en arrêtant la voiture dans le parking. Je te laisse monter, pas besoin qu'on y aille en délégation !

- Et j'ai l'air de quoi au premier r'gard ? demande Gabriel en ouvrant au ralentis la portière, un instant décontenancé et pensif.

- D'un déprimé de la vie, un adorateur de la mort, on s'imagine que tu vas sacrifier Hugo sur l'hôtel de Belzebuth ! ironise Uzu toujours rieur.

-...

Ce qui n'est pas du goût de son alter ego pour qui visiblement, les plus courtes sont les meilleures.

- Je rigooole ! Tu as perdu ton humour ? Tu sais, même avec ton nez en coin et ta moue boudeuse t'es mimi !

- Tu continus d'te foutre d'moi, se plaint Gabriel en prenant le bébé.

- T'es trop adorable, qu'est-ce que tu veux, j'y peu rien ! Tu m'as vraiment fait rire !

- Ch'uis un clown genre mioche un peu idiot, ch'uis pas sûr d'aimer l'rôle tu vois.

- C'est aussi pour ça que je t'aime hein ! Haha !

Le mot est lâché, il arrête le temps. Est-ce un rêve éveillé ?

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