N° 3
Ses yeux s'ouvrirent lentement, clignant plusieurs fois pour disperser les tâches noires qui obstruaient son champ de vision. N° 3 s'assit sur son lit. Un lit ? Depuis quand avait-il trouvé un lit ? Soudain il se souvint. Le toit de l'immeuble, le jeune homme blond, la bagarre. L'adolescent détailla la pièce dans laquelle il se trouvait. Il y avait trop de mobilier pour dire que c'était une cellule mais ces meubles se limitaient au strict nécéssaire : Un lit, une armoire, une chaise et une petite table. La pièce n'était pas grande, la seule lumière provenait d'un néon clignotant. L'athmosphère était la même que celle d'une chambre d'hôpital. Où était-il ? Le jeune homme voulut se lever mais il en fût empêché par une paire de menottes qui relier son poignet gauche à son lit. Il était donc bel et bien captif. Et cette idée le rendit claustrophobe. Trois serra les dents et respira lentement : Ce n'était pas le moment de paniquer. S'il voulait sortir de là, il devait découvrir où il était. Malheureusement, il n'y avait personne à qui demander. Sur cette pensée, un homme entra. N° 3 le reconnût sans aucune difficulté : Le garçon blond. Soudain, la rage l'envahit. Il se leva brusquement, déplaçant son lit de plusieurs centimètres à cause des menottes et tendit le bras, attrapant le col de la chemise de son visiteur :
- T'es qui toi ?! Qu'est-ce que tu me veux ?! Je suis où là ?!
Le blond plongea son regard châtain dans celui de son prisonnier et lui donna un coup de pied. N°3 en eût le souffle coupé et se rassit sur le lit, lâchant la chemise du jeune homme qui s'épousseta nonchalament avant de prendre l'unique chaise de la pièce et de s'assoir dessus. Il prît la parôle :
- Je suis Loren. Tu n'as pas besoin d'en savoir plus.
- Si justement ! J'ai besoin de savoir ! Parce que je ne compte pas m'éterniser ici.
- Qui voudrait ? demanda le blond avec un sourire triste.
Il était clair que cette personne n'était pas ici de son plein gré.
- Pourquoi je suis là ?
- Parce que quelqu'un veut que tu sois ici.
- Qui ?
- Tu verras bien.
- Pourquoi tu m'enlèves pas les menottes ?
- Je peux te les enlever si tu promet de ne pas essayer de faire du mal à quelqu'un ou de t'enfuir.
Ils se fixèrent longuement du regard. Dans les yeux de Lorenn se lisaient de la tristesse. Dans ceux de Trois, de la haine. Douceur contre Froideur.
- Tu sais qui je suis. N'est-ce pas ? demanda Trois : Tu connais mon vrai nom, mon âge, mon passé. Hein ?
- C'est vrai.
- Alors tu peux me dire ?
- Non.
- Pourquoi ?
- C'est comme ça.
- Ils sont ici les autres ? N° 1, 2, 4, et 5 ?
- Non.
- Tant mieux.
- Peut être.
- Quand est-ce que je pourrais partir ?
- Qui te dit que tu pourras partir ? répondit Lorenn.
- La discussion est finie alors.
- Ce n'est pas à toi d'en décider. J'ai des questions à te poser.
Trois s'allongea en soupirant. Si ce gars croyait qu'il allait répondre à ses questions...
- Comment nous avez-vous repérés ? demanda le gars en question.
- ...
- Qu'essayez-vous de faire ?
- Non. Vous qu'essayez vous de faire.
- Peut être que tu partirais plus vite si tu répondais à mes questions petit...
- Et si je n'attendais pas votre accord pour partir ?
- Personne ne s'est jamais enfui d'ici n° 3.
- ...
- Tu serais prêt à tuer quelqu'un si on t'en donnais l'ordre ?
- Non.
- Et pourtant...
- On ne m'as jamais donné d'ordre. affirma N° 3 : Je n'ai jamais tué.
- Pas dans ce monde. Mais peut être dans l'autre ? Peut être étais-tu une mauvaise personne de ton vivant ?
- TAISEZ-VOUS ! JE NE SUIS PAS CE GENRE DE PERSONNE !! s'écria N° 3.
- Si.
- NON ! TAISEZ- VOUS !
- Tu m'as demandé de te révéler ton passé ? En voilà une partie. annonça Lorenn.
Il claqua des doigts. Les paupières de N° 3 se fermèrent. Les souvenirs déferlèrent dans son esprit.
~*~
Le garçon marche dans la rue, seul. Il paraît pressé et déterminé. Il est tard, aux alentours de 23 heures minuit. Le garçon tourne à un coin de rue et enez à nez avec un jeune homme plus grand que lui. Le nouveau venu s'exclame :
- Quelle surprise ! Alexandre ! Comment ça va mon pote ?!
- La ferme Mathéo ! Tu vas me faire repérer ! répond l'interréssé.
- Bah quoi ? T'es en mission ?
- Ben ouai ! C'est pour s'occuper de tu sais qui.
- Aaaah c'est donc toi que Ralph a envoyé pour cette mission ?! Eh ben il doit avoir confiance pour confier cette tâche à un gamin !
- Très drôle. Bon. J'y vais.
Le garçon s'en va. Noir. Changement de décor. Le garçon est dans une chambre assez vaste. Au fond de la chambre, il y a un lit. Un homme se tient prostré par terre, gémissant :
- S'il te plaît ! supplie-t-il : Je t'en prie !
- Pourquoi je t'épargnerais ?
- Ecoute petit... T'as quoi ? 15 ans ?
- 16.
- C'est ce que je dis. T'es qu'un môme. Je te donnerais tout ce que tu veux mais s'il te plaît ne fais pas ça ! Tu gacherais ta vie gamin !
Un rictus apparaît sur le visage d'Alex :
- Ah bon ? Pourtant... Ma vie est déjà fichue. Oui, ça fait bien longtemps que je ne peux plus avoir de vie normale.
- Hein ?! s'exclame l'homme, effrayé par ce revirement d'attitude.
- Tu sais, des crimes, j'en ai commi... Je n'ai encore jamais tué. Mais qui sait ? C'est peut être amusant...
- DIABLE ! TU ES LE DIABLE ! COMMENT PEUX-TU TROUVER CE CRIME AMUSANT ?!
- Tu m'ennuies. Tu cries trop fort. Les voisins vont se réveiller.
- JE SAIS QUE TU NE FAIS QU'OBEIR AUX ORDRES ! JE SAIS QUE TU N'EN AS PAS ENVIE !
Alexandre penche la tête, marque un temps d'hésitation. Il semble troublé, nostalgique. Il sort de ses pensées et baillone sa victime en affirmant :
- Oui. C'est vrai. Mais je ne suis rien sans cette bande.
Puis il lève un couteau de boucher au dessus de sa tête et le plante dans le coeur de l'homme. Le sang gicle, lui éclaboussant le visage.
Noir. Changement de décor. Alexandre se tient dans un bureau, face à un agent de police. Il lui serre la main et s'en va du bureau. Alexandre arrive dans la rue, il a l'air soulagé. Soudain, dans une rue très animée, quelqu'un lui prit le bras pour le tirer dans une impasse. Alexandre essaye de crier mais sa bouche est bâillonnée par une main. Un jeune homme apparaît dans son champ de vision :
- Quelle joie de te revoir Alex !! s'exclame-t-il d'un ton faussement enjoué.
- Vincent, salaud ! Tu m'as suivi ?!
- Un peu que j't'ai suivi ! T'étais louche toi à te balader tout seul sans dire au gens ou tu allais ! Alors comme ça t'as trahi Ralph ?
- J'ai fait ce qui était bien.
- Et tu vas en payer le prix. Les gars ! On se casse !
Un garçon et une jeune fille attrapent chacun un bras d'Alexandre et l'emportent dans un passage qui était caché parmi les briques rouges d'un mur proche.
Changement de décor. Vincent arrive avec Alexandre retenu par le garçon et la fille qui le déposent brutalement au sol. Ralph apparaît et s'approche du risonnier. Il lui prend le menton et le soulève :
- Alexandre... Alexandre. Toi que j'ai choisi pour accomplir la tâche la plus importante, toi, une de mes meilleures recrues... Tu m'as donc trahi ?
- Oui.
- Je t'ai recueilli, j'ai fait de toi u' homme capable de se battre et de gérer les pires situations. Et tu as osé me trahir ?! Tu m'as dénoncé à la police ? Mais tu t'es bien gardé de parler de tes crimes hein ?!
- ...
- C'est bien ce que je pensais... Eh les gars ! Apportez moi les lanières !
Deux gars arrivent avec des lanières de cuir en main. Le chef reprend la parole :
- T'as un énorme potentiel Alex. Mais je peux pas juste te punir ou tu parleras.
Alexandre se rend compte que c'est la dernière fois qu'il va voir la base de sa bande de criminels, la dernière fois qu'il va faire face à son chef. Il va mourir. Mais il n'a pas peur. Alors il lève les yeux vers ceux de Ralph et clame haut et fort :
- Ouai je t'ai trahi. Et tu sais quoi ? J'ai pas honte, ai pas peur de toi. Alors tu 0eix aller te faire voir Ralph.
Le concerné vire au rouge, il semble ne rien trouver à dire, ivre de rage. Alors il lève son fouet et frappe une fois. Deux fois. Trois fois. Alexandre part dans un rire dément, mais au huitième coup de fouet, il n'en peut plus, il hurle. Il craque. Le chef continue. La souffrance est atroce, chaque coup l'affaiblit un peu plus. Le sang coule sur son d'eau, ses plaies sont à vif. Le 273 ème coup et le coup fatal. Les lanières atteignent le coup de l'adolescent et s'enroule t autour, le privant de sa respiration. Le chef ne déssère pas sa prise. Puis Alexandre s'écroule sur le sol. Sa vie est terminée. A l'âge de 16 ans.
~*~
- AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!
Un cri déchirant retentit dans la pièce et, malgré la présence de son geolier et la fierté qu'il avait, N° 3 fondit en pleurs :
- C'est faux, c'est faux ! se répétait-il à lui même, tentant de se calmer.
- Non. C'est la vérité.
- TAIS-TOI ! VAS-T'EN ! DEGAGE D'ICI JE TE DIS !!
Mais Lorenn ne bougea pas d'un poil :
- Alexandre... Calme-toi. On va discuter.
- NON ! JE SUIS PAS ALEXANDRE ! JE SUIS PAS ALEXANDRE ! JE SUIS N° 3 !
- Si. Tu es Alexandre.
N° 3 se calma. Il respira lentement et regarda Loren dans les yeux :
- Je vais sortir. Enlève les menottes.
- Non.
- Tu me fais perdre mon temps, les autres m'attendent en ville.
- Tu ne sortiras pas d'ici puisqu'on a besoin de toi. Tes amis te rejoindrons bientôt.
- Non. Je ne vous laisserais pas les enlever.
- De toute façon tu ne peux rien faire.
- Je trouverais un moyen de sortir. affirma Alexandre.
Sans ajouter un mot, Lorenn sortit de la pièce, jettant un dernier regard à son prisonnier avant de fermer la porte. Trois se retrouva seul. Il soupira et s'allongea sur son lit. Il considéra ses menottes du regard : Il ne faudrait pas plus d'une nuit s'en libérer.