— Je n'ai pas envie de t'aimer.
Les mots cinglent, sont cyniques et sinistres, toujours ce regard désabusé qu'elle pose sur lui comme si faire éclater son cœur en mille morceaux n'a aucune importance. Ses sourcils se froncent et Justin fait mine de ne pas comprendre.
— Pas envie, ou peur ?
Comme si la différence peut compter, quand ils savent tous les deux qu'Olivia fait toujours ce qu'elle a envie de faire, au moment où elle a envie de le faire, sans la moindre considération pour ceux qui l'entourent.
Et égoïstement, il a pensé qu'il serait exception à la règle, se rêvant muse de cette brune et s'imaginant bien plus intéressant que tous ceux croisant son chemin.
Qu'est-ce qu'il croit, au juste ? Qu'il va trouver une jeune femme de dix-huit ans fascinante à la seule force de son caractère et la seule beauté de ses yeux verts ? Que tout d'un coup, elle va changer d'avis et abandonner toute sa vie pour lui ?
Elle s'est toujours fichue des avertissements, des papillons noirs qui se sont figés dans son cœur, dans toute son existence. Son idéal est démoli, depuis longtemps déjà.
— Je ne veux pas répondre à ça.
Il se trouve ridicule, s'en veut plus qu'il ne lui en veut à elle : elle pèche par excès de naïveté, par vie romancée qu'elle veut à l'eau de rose, mais qui s'écroule lentement, pierre par pierre.
Il y a eu les mensonges chaotiques d'une mère désormais victime de son propre karma à la réputation brisée et aux finances englouties par l'alcool faisant subir les conséquences de ses actes à toute sa famille. Ce n'est pas pour ça que son père a signée, lui, il voulait la gloire, la cage dorée, mais c'est la prison qu'il l'a enfermé. La sentence finira par tomber, et ça, Olivia le sait.
— Comme tu voudras, finit-il par répondre, feignant un désintéressement certain pour la situation parce que c'est plus simple que de lui dire que là, tout de suite, il a juste envie de crever.
L'évidence au bout des lèvres, qu'elle lui balance sans aucun scrupule :
— On reste amis de toute façon, non ?
"Va te faire foutre !" Qu'il veut lui répondre froidement et sans la moindre émotion. Mais à la place, il se fend d'un simple sourire forcé.
— Bien sûr.
Que peuvent-ils être d'autres, après tout ?
Cela fait trop longtemps qu'ils gravitent dans un environnement malsain pour s'en extirper du jour au lendemain et dans le fond, ce n'est probablement pas de l'amour ce qu'elle ressent pour lui. Juste de l'attraction qu'elle nourrit de l'intérêt qu'il lui porte.
Et si Justin a la poitrine qui se serre, c'est seulement parce qu'il n'aime pas être pris de court, ni voire son égo être malmené avec si peu de considération.
— Les meilleurs amis du monde, renchérit-il, les lèvres retroussées en un sourire qu'il espère convaincant alors même que le ton de sa voix transpire de son habituel sarcasme.
— De toute façon, je t'aurais quitté si tu ne l'avais pas fait.
Elle crie le désespoir dans ses travers, dans son regard, dans sa voix qui déraille. Le même désespoir que lui.
Tant pis, si elle se ment à elle-même, elle sait qu'elle va finir par y croire - il n'y a rien qu'elle aime moins que de ne pas pouvoir être en contrôle, total. Elle a toujours agi de façon pulsionnelle, sans trop savoir pourquoi et sans trop mesurer les conséquences. C'est pour ça que, souvent, elle se prend les pieds dans le tapis.
Les rapports se sont effectivement mélangés, Justin tente de comprendre et de voir pourquoi les limites ont été dépassées. Il n'y a aucune illusion, aucune déception. Peut-être bien que si.
La conclusion se veut ferme, le chapitre d'une histoire avortée, définitivement refermée. Ce n'est pas comme ça que les choses doivent se passer.
Il le sait que son cœur est une terre de misère et d'obscurité, alors à quoi bon vouloir y mettre les pieds ?
Sous sa poitrine, quelque chose sommeille qu'il ne soupçonne même pas :
Olivia est la chevalière de la débauche, la maitresse des mystifications, l'architecte du déni et la préceptrice du chaos.
Bienvenue au milieu du chaos actuel de leur vie.
J'avoue que l'univers m'intrigue beaucoup ! Voir que c'est une femme qui parait plus froide qu'un homme, que c'est lui qui cherche à être aimé (si j'ai bien comprit) change des romances qu'on peut rencontrer.
Le seul truc qui m'a un peu dérangé ce sont les temps qui ne concordaient pas tous, je crois, mais je suis un peu nulle pour ça donc je me trompe peut-être xD
Très bon début d'histoire, hâte de voir la suite !
Oups, j'ai corrigé cela (Au début j'avais écrit l'histoire à l'imparfait, mais ça ne me plaisait pas, alors j'ai tenté de modifier au présent. C'est un oubli de ma part )
Merci encore, grâce à toi j'ai pu recorriger mes erreurs !