Ce qui n'a jamais été écrit est féminin.
Carole Martinez.
Le corps allongé là était celui de leur mère.
Sa peau grise et cireuse s'était détendue. Ses traits, ses rides, ses lèvres : lissés par la mort. Ses cheveux et la fièvre avaient écrasé son crâne et collaient à son front. Sa tête était devenue petite, minuscule sans ses coiffures épaisses, sans ses yeux brûlants et ses sourires mutiques. Nue, méconnaissable, les jumeaux la découvrait elle, presque fragile.
Pourtant, dans son alcôve de draps et de tissus, leur mère était devenue immense. Comme un astre effondré sur lui-même, son corps déformait l'espace, aspirait à lui toute lumière, toute perspective, les arrachait et tirait. Tirait. Lourd de noirceurs et d'une telle gravité. Les jumeaux eux-mêmes, eux qui avaient grandi dans ce ventre affamé, luttaient à présent pour ne pas y être avalés.
Il n'y avait guère que la robustesse de la tête, de la nuque et des épaules de la Maria pour rester en place, inchangée, à la seule force de son entêtement. Elle brodait, solidement voûtée sous sa bosse, à la lueur fuyante des flammes du foyer ; abîmant ses yeux que ternissait un chagrin sec dans le silence et la minutie. Par son ouvrage familier et ces gestes de grand-mère, elle rendait à cette veillée macabre une couleur connue et une texture humaine.
La Maria n'avait jamais été belle. C'était depuis toujours une femme trapue, grossièrement taillée dans un bois sommaire, aux œillades noires et aux mains calleuses. Une femme limitée, murée dans le silence. Jamais les jumeaux n'avaient vu ses lèvres craquelées et surmontées de poils noirs, s'ouvrir pour prononcer un mot. Mais elle avait toujours été là, assise sur sa chaise, endossant d'un même tablier les rôles de servante et d'ogresse.
De son vivant, leur mère ne leur avait jamais conté l'histoire de cette vieille femme, dont l'étrangeté ne leur fut jamais tout à fait familière. Mais la Maria, dans sa mémoire de tombe, se souvenait de tout. Sous son aiguille et à son fil, elle savait comment, et elle cousait pourquoi.
*
Elle s'était présentée un jour devant cette femme qu'on disait sorcière, offrant son aide en échange d'un service. Miséreuse, offrant sa vie contre la mort des assassins impunis de sa fille, les mains tordues et le cœur en guenilles.
« Mes deux aut' filles sont mariées et on les a emmenées loin d'moi. Elles m'ont oubliée en chemin, au bras d'leurs hommes qui les blesseront, chaque nuit d'leurs vies. Mais ma p'tite Sophia, elle voulait pas des hommes. Elle savait tous leurs mensonges et tous leurs gestes qui détruisent, elle savait qu'ils ont l'cœur noir, égoïste et assoiffé. C'était une bonne fille, intelligente et qui aidait sa mère sans malice. Mais c'tait une belle fille. Les belles filles se font cueillir loin d'leur mère. Quand elles le veulent bien elles s'marient et tout le monde se réjouit d'ce qui recommence, d'ce qui est pareil pour tout le monde, même l'bon Dieu. Ma p'tite Sophia a pas voulu obéir, alors leurs mains m'l'ont prise de force. Ils ont fait leurs affaires d'hommes... Leurs désirs ivrognes, des puits sans fond. Ils ont arraché la seule chose qu'ils savent tenir, et ils l'ont laissée là, mourante au bord d'un ch'min, dans une telle posture qu'même l'bon Dieu a pas voulu regarder. Le matin, ma p'tite Sophia était morte et moi j'ai vu, j'ai vu ! Les mains sales des hommes, râpeuses l'une contre l'autre, pis l'regard vide quand on m'a ramené son tout p'tit corps. Ces mêmes mains qui iront s'joindre à l'église l'dimanche matin ! J'les ai bien vus les coupables, j'connais bien leurs noms. Y'aura pas de justice pour punir ces hommes-là. Leurs mères, pis leurs épouses, pis leurs sœurs me d'mandent de m'taire, d'oublier. Parce que c'est comme ça, on peut pas blâmer tant d'monde pis on peut pas blâmer les hommes. Mais moi, j'oublie pas, non. J'crois pas au diable m'dame, mais vous faites de drôles de choses ici, ça j'le sais. Faites-les pour ma p'tite Sophia, j'vous offrirai ma vie sans malice ! J'ai pas grand-chose, mais j'suis brave à la tâche, pis dans votre état il vous faudra quelqu'un pour chercher le bois, pis ramener les provisions, pis... J'vous en prie m'dame, pour ma p'tite Sophia ! »
Soledad l'avait entendue en silence et s'était écartée pour la laisser entrer. Elle avait lavé ses larmes et secouru ses mains tremblantes. Puis elle s'était assise, comme un homme : jambes écartées et coudes appuyés sur ses genoux, par-dessus son ventre rond des enfants qu'elle portait. Maria avait choisi sa chaise, en face, la plus petite et la seule paillée. Soledad avait dit :
« Tu vengeras ta fille. Je t'apprendrai. »
Et ces mots-là avaient eu un pouvoir immense sur l'âme de Maria. Son corps massif s'était affaissé, ses larges épaules avaient déchargé le fardeau qu'elles ne porteraient plus seules. La vieille mère endeuillée de rage s'était couchée petite fille, confiante, entre les mains savantes de la sorcière. Un lien nouveau était né de ces paroles si simples ; une nouvelle fille, une nouvelle mère, toutes deux confondues dans cette voix profonde où la petite Sophia tenait toute entière. Une nouvelle lignée de femmes unies par une promesse sacrée, par une loi secrète. Tellurique. Un lien si véritablement salvateur que jamais plus Maria ne quitta Soledad, résolue à la servir chaque jour et chaque nuit, et que jamais plus elle ne parla. Les mots, ce soir-là, lui avaient paru si puissants, capables de joindre et de dénouer tant de souffrances, que leur emploi ne devrait plus se faire à la légère. Ce soir-là, la Maria avait raconté tout ce que sa vie lui avait permis, puis s'était couchée, libérée de l'esclavage du verbe des hommes. Rien, depuis son silence, n'avait pu égaler sa liberté.
« Les ombres sont des fils tendus entre le monde des vivants et celui des morts. Comme le fil, il faut les caresser avec précaution et les tisser avec minutie pour que ta volonté soit faite. Si ton cœur est sûr et ta main ferme, alors tu ne craindras rien de ce qui dort le jour et marche la nuit, et tu ne craindras plus les hommes qui se lèvent et se couchent avec le soleil. Mais si tes doigts tremblent sur l'aiguille et que tu te piques... »
Soledad redressa la tête et sa lourde chevelure respira comme un nid de serpents.
« Tu ne seras plus rien que l'on puisse nommer. »
La promesse fut tenue. Les ombres se lièrent une nuit et formèrent un geste, un acte, silencieux et mortel, cousu de leurs mains, au fil de leur volonté. Mais la mort d'un homme appelle une vengeance collective. Son corps est porté à bout de bras par une clameur guerrière, prête à tout retourner, à tout mettre à sang. Pas comme la mort de Sophia, portée sans bruit jusqu'à sa vieille mère veuve, abandonnée à elle, enterrée dans le silence, ensevelie au plus vite et dans l'oubli comme un fantôme sage.
Le corps du village se souleva devant ses morts. Des époux, des fils, des frères, mystérieusement frappés par la nuit, hurlant dans leur sommeil sans plus pouvoir en sortir. La révolte, la colère, l'inconcevable. Les doigts se tournèrent vers elle, Soledad, la sorcière des ombres. Elle, cette femme poison, cette faiseuse d'anges et son ventre impie qui s'arrondissait depuis des mois alors même qu'elle vidait celui des femmes. Elle, et cette vieille folle de Maria. Les mains saisirent des bâtons, les lèvres se relevèrent, les bouches enragèrent. Les épouses, les sœurs, les vieilles mères retroussèrent leurs jupons et ouvrirent la marche, comme pour s'innocenter de s'être un jour allongées, les cuisses écartées, dans cette cabane sur la colline. Les hommes suivirent tels des chiens excités que la faim talonne.
Maria les entendit arriver à la tombée du jour, alors qu'elle cueillait des herbes dont elle commençait à connaître les vertus. Son couteau trancha la pulpe de son pouce. Elle courut, ses yeux et ses cheveux affolés, son souffle difficile, jusqu'à la baraque de fortune. À l'intérieur, une femme hurlait. N'avait-elle pas couru assez vite, aussi vite que son corps raide comme le vieux bois qui craque le lui permettait ? D'un coup et sans un cri, elle ouvrit la porte à la volée, prête à tremper son couteau grossier dans la chair d'un homme. Mais d'homme, il n'y en avait pas.
Soledad était seule, pliée en deux contre la table au milieu de la pièce. Son buste, soulevé par les flots, les spasmes, les râles, chavirait d'avant en arrière. Ses épaules laissaient tomber ses cheveux noirs comme vipères venimeuses entourant son corps. Le bras tendu, rigide, agrippé avec fureur, les jointures blanchies, les ongles écorchés sur le bois sec et fendu. De son autre main, elle retroussait ses jupes. Elle avait les pieds nus, solidement ancrés dans le sol, écartés l'un de l'autre, et les jambes ruisselantes. L’apercevant entre ses mèches lourdes de batailles, elle souffla :
« Maria. »
La grande femme lâcha son couteau, ferma la porte qu'elle bloqua d'un loquet et se précipita auprès de la sorcière.
Dehors, la foule vociférait en grimpant sur le chemin de terre. « Chienne païenne ! », « Putain du Diable ! ». Tout entière et ivre de son nombre, elle moissonnait aux flancs de la colline de nouveaux chefs d'accusation repris à qui mieux mieux de l'avant à l'arrière du cortège. Mais lorsqu'elle arriva aux abords de la cabane de la sorcière et de son ogresse, la colonne des villageois s'étala et se fit hésitante. Les cris qui s'en échappaient avaient dissipé l'audace belliqueuse et refroidi les esprits les plus téméraires.
Que se passait-il entre ces murs ? Quelle magie était à l’œuvre ? Quel mauvais sort ? Un silence anxieux, agité par quelques rumeurs pressantes, s'était abattu sur l'assemblée vengeresse. C'était toutefois sans compter la hargne verveuse de la Dolores qui avait enterré un mari et un fils cette semaine.
« Cette salope est en train de chienner ses bâtards ! »
Elle cracha, la ponctuation était chose importante pour elle. Son exclamation fut suivie d'une indignation coléreuse chez les autres femmes du village, mais aucune ne fit le moindre pas en avant. Les hommes aussi restèrent immobiles, guettant les hurlements de la sorcière, sursautant dans leur rage et leur sueur devenue froide. Qu'elle mette bas ou non, cela ne rendait pas la situation plus rassurante. Qu'est-ce que c'est, hein, une sorcière qui met bas ? Quelles sortes de monstres cela peut-il bien donner ? Ils étaient peut-être bien les rejetons du Diable, alors comment être sûr que le père ne ferait pas le déplacement ? La Dolores n'était pas décidée à en rester là. Un mari et un fils, ce n'était pas rien. Elle attrapa le bras de Carolina, aînée de ses filles, et la tira à sa suite. La jeune fille poussa un glapissement affolé. Pourquoi elle ? Pourquoi sa mère n’entraînait-elle pas Carlito à sa place ? Tordant l'épaule et plantant ses talons dans le sol jusqu'à sentir les heurts dans ses genoux, elle résista en vain derrière Dolores jusqu'à la masure. Les longues suppliques que ses yeux rond adressaient à la foule restèrent sans réponse. Et dans son corps remuait la peur la plus concrète qu'elle ait jamais éprouvée.
Dolores tourna la poignée, mais la porte ne s'ouvrit pas. Carolina épousa l'ombre des planches, s'aplatit le plus possible contre le mur, tandis que sa mère se postait devant l'unique fenêtre pour voir de ses yeux ce qui se passait en dedans.
Les cris, la panique et la chaleur de l'âtre ne lui laissaient aucun repos. Maria sentait tout son corps fondre comme la cire exposée au feu ardent. Un linge à la main, elle essuya en désespoir le front rougeoyant de la future mère qui, entre deux plaintes déchirées, râlait des syllabes inversées, dépourvues de sens, des mots d'une langue primitive qui rendait ses yeux fous. Délirait-elle ? Maria se souvenait de son premier accouchement. Elle aussi avait crié, mais elle s'était allongée, elle avait soufflé comme on le lui avait dit, elle avait pleuré. Soledad restait debout, et tout son corps, à présent nu, se redessinait de muscle en muscle. Chaque contraction roulait sous sa peau huilée de sueur. Difforme, sensuelle ; brûlante, abyssale. Maria était terrifiée. Son silence l'étouffait, précipitait son cœur contre sa cage et faisait trembler ses mains calleuses.
Il fallait qu'elle se reprenne, qu'elle ne regarde pas, ou alors seulement cette tête sale et poisseuse qui faisait soudain son apparition entre les cuisses tendues de sa mère. Le visage en chiffon, des cheveux déjà aussi noirs que ceux de la sorcière. Les mains de Maria cessèrent de danser la gigue lorsqu'elles se refermèrent sur le crâne fragile, lorsqu'elles tirèrent doucement et dégagèrent les épaules. Elles devinrent sourdes aux hurlements et à leurs propres prières lorsqu'elles accompagnèrent le dos, soutinrent les fesses et extirpèrent les jambes. Un garçon.
Maria pleurait, mais pas l'enfant. Il ne bougeait pas lorsque la pauvre femme coupa le cordon de son couteau. Elle l'enveloppa dans un linge, les yeux noyés de colère. Une question haletante se précipita de la bouche de l'accouchée :
« Est-ce qu'il vit ? »
Des mots lourds d'un sens funeste se précipitèrent contre les dents gâteuses de la vieille femme. Ils remontaient en elle comme un chant depuis longtemps oublié, le chant de la douleur du ventre lorsque se confondent mort et naissance. Mais, malgré leur âge et les absentes dans leurs rangs, ses dents restèrent obstinément serrées, ne laissant passer ni mensonge ni vérité, aucun son. Soledad trancha, détournant son regard :
« Il dort. »
Maria se hâta de poser l'enfant emmailloté sur la table et retourna s’accroupir près de la sorcière. C'est à ce moment-là qu'elle le vit : toutes les ombres de la pièce avaient disparu.
C'était une lumière d'autre monde qui s'agitait en tout sens, rugissante entre les murs de la cabane. Un océan de feu léchant les corps et emportant leur contour dans sa fureur. Les yeux écarquillés de la Dolores, devant ce spectacle, se mirent à lui piquer, chauffer, brûler le visage. Dans une plainte rauque, elle y porta ses mains et frotta fort. Rien n'y fit. Elle tomba à genoux, à la renverse, aveugle de douleur, désorientée par les hurlements qui déchiraient sa bouche. Carolina, pétrifiée, la regardait se débattre, impuissante à travers ses sanglots.
Les villageois ne bougèrent pas. Leurs esprits étaient redevenus sages et dociles. La fièvre était passée, les corps étaient de nouveau chancelants devant la puissance du feu et celle des ombres. Spectateurs, se tenant à bonne distance, attendant le dénouement. Et sur la terre battue devant eux, le supplice de Dolores devenait la morale d'un conte cruel. Du sang coulait sur ses mains de matrone alors que ses doigts tournaient et retournaient encore l'intérieur de ses orbites.
Soledad avait commencé à rire comme une démente lorsque son regard avait croisé celui de Dolores. Puis à jouir des cris fous de la mégère.
« Tiens ma grande, tu en auras pour ton argent ! Je vais t'apprendre ce que c'est que la brûlure du jour et l'effroi de la nuit, je vais t'apprendre à ramper et à demander pardon pour la pitié que tu inspires ! Je vais t'apprendre à n'être qu'une chienne qui aboie contre le soleil ! »
Maria n'écoutait plus. Ces leçons-là, elle ne voulait pas les apprendre. La poche du second bébé était percée et il fallait l'accoucher lui aussi, au plus vite.
Dans une plainte rauque et lancinante, le travail reprit et les larmes de Maria se remirent à couler lorsque le jumeau se présenta. À peine la tête et la poitrine furent-elles délivrées du giron de la mère que la voix criarde de l'enfant s'éleva dans la cabane. Le corps entier de Soledad tressaillit . Il vivait. La sorcière feula sa joie. Lui, il vivait. Pas comme ses nombreuses sœurs, venues mortes au monde. Pas comme cet enfant muet, posé sur la table. Lui, enfin, pleurait, criait. Il avait mal : il vivait.
Avec la même précision et les mêmes gestes, Maria acheva de tirer le reste du petit corps vociférant. Les yeux brouillés d'émotions vives, elle coupa le cordon avant de se remettre à pleurer pour de bon.
Soledad s'affaissa sur le plancher. Agenouillée haletante, elle s'adossa au pied robuste de la table et se réfugia sous son plateau, comme le scorpion cherchant son nid. Ses yeux, deux billes luisantes, et un sourire sauvage étiré comme une cicatrice, elle riait encore.
Maria s'occupa de laver l'enfant, laissant Soledad se délivrer seule de son hilarité, de ses mauvais sorts et de son placenta. Un fils. Elle observait le sexe minuscule avec un dégoût certain tandis que tout son corps se défaisait de son angoisse jusqu'à la faiblesse et la divagation. Un fils qui deviendrait un homme. Pouvait-elle le haïr sur ce simple constat ? Pourrait-elle vivre sous son toit en le regardant devenir celui qui aurait pu violer et tuer Sophia ? N'aurait-il pas pu être une fille, sage, gentille, sans malice ? Il serait bientôt nourri pour croître. Il avalerait tout ce qui lui sera donné, dévorerait tout, puis irait mordre ailleurs d'autres seins, visiter d'autres sexes, remplir d'autres ventres. Elle aimait bien mieux l'enfant mort sur la table, l'ange silencieux, éternellement calme, que ce petit homme braillard se tortillant entre ses mains désireuses de l'étrangler.
Soledad tira Maria de ses pensées obscures lorsqu'elle se mit à défaire une latte du plancher. Le craquement sec surprit la vieille femme qui se retourna pour découvrir l'accouchée, toujours nue, en sang et en sueur, creuser de ses mains dans la terre, les cailloux, la poussière. De nouveau, des mots pleuvaient de sa bouche, des sons gutturaux qui remontaient de loin, de sa gorge, de son ventre, des choses qu'elle avait été, des vies qu'elle avait connues. Le souffle roulé, ses consonnes constrictives enfermaient un sens connu d'elle seule - et peut-être de celles qui furent ses mères, ses grand-mères - avant d'ensemencer le sol découvert de secrètes promesses de vie et de mort.
Maria savait. Elle avait déjà vu cette folie ardente dans les yeux brillants de Soledad. Elle était amoureuse de sa puissance, de sa maîtrise, de ses volontés. Une femme de caprices et de colères, une femme cruelle comme une enfant. Par ses paroles magiques et par sa voix, par ses actes et par ses gestes, elle tissait les ombres aux formes de ses désirs. Celles-ci, fidèles, répondirent encore, joyeuses à l'appel. Elles tombèrent des lèvres de la sorcière, trop lourdes et poisseuses pour que son souffle les porte. Elles s'agglutinèrent sur ses genoux, entre ses cuisses serrées où attendait la délivrance. Elles emplirent le placenta, désormais orphelin, et lui donnèrent leur couleur. Celle de la nuit, ce noir de suie d'où nulle lumière ne revient.
Avec mille précautions, l'accouchée le recueillit comme un enfant, le porta comme elle n'avait pas encore porté son fils. Elle berça l'organe de quelques mélodies redoutables avant de le coucher dans le trou creusé et de rendre à la terre le paiement de son dû. Elle l'ensevelit par des gestes tendres, replaça la planche déclouée et y déposa un baiser, scellant le mystère cher à son cœur.
Et, au moment précis où ses lèvres épousèrent le bois, le premier-né, seul dans son linge souillé, accepta cette vie et se mit à vagir. Fort. De plus en plus fort.
Devant la cabane de la sorcière, le silence étreignait l'assemblée villageoise. Les hurlements, ceux de Soledad et ceux de Dolores, s'étaient définitivement tus. Le corps de la matrone gisait à présent non loin de sa fille qui, toujours accolée au mur de la masure, pleurait sans bruit entre ses paupières closes. Quelques hommes entreprirent d'approcher la dépouille. Quand ils la soulevèrent, Carlito s’aperçut qu'elle respirait encore et, aussitôt, les femmes l'entourèrent de rumeurs et accompagnèrent la malheureuse et ses porteurs jusqu'au village. La foule se dissipa ainsi. Elle s'émietta, oubliant derrière elle une de ses âmes.
Lorsque la porte de la cabane s'ouvrit, la pauvre Carolina, qui n'avait pas osé bouger, poussa un cri de souris. La sorcière parut face à elle, les mains recouvertes de sang et de terre, nue, les seins gonflés, la peau moirée de ses efforts. Ses deux yeux fauves luisaient sous sa chevelure épaisse et posèrent sur elle tout le poids de leur cruauté. Carolina bredouilla entre ses lèvres tremblantes, implorant la magicienne de lui laisser la vie sauve. Soledad descendit la marche qui menait à sa cabane et se mit à réciter d'une voix rauque, ronronnant ses syllabes, grondant ses silences. Chacun de ses pas tombait comme une sentence, ponctuant le sortilège qu'elle tissait de sa voix. Parvenue devant la fille de Dolores, Soledad plaqua sa main au ventre secoué de terreur de l'adolescente et y enfonça sa poigne avec fureur. Elle cracha.
« Va et dis-leur que ton ventre ne portera que la mort. Qu'il en sera ainsi de celui de tes cousines, de tes tantes, de tes sœurs, et de toutes les femmes qui quittèrent un soir leur foyer pour punir le mien. Vos hommes vieilliront sans fils, vos noms sont morts cette nuit. Va et dis-leur. »
La jeune fille hoqueta et s'enfuit, trébuchante, lorsque la sorcière la poussa vers le village. Ses mains toutes blanches tordaient frénétiquement l'empreinte sanglante et boueuse que la main de la sorcière avait laissée sur sa robe.
Lorsqu'elle disparut sur le sentier, Soledad ferma les yeux et laissa son épuisement glisser au sol, tomber dans la poussière.
Alors, lentement, pareille au souffle que l'on reprend, l'obscurité revint dessiner les contours du monde.
Les gestes affolés de Maria, réveillés par les cris du premier-né, avaient réuni les enfants dans un même linge et les avaient allongés au fond du large panier d'osier qu'elle utilisait d'ordinaire pour porter les bûches destinées au feu sous la marmite. Elle les avait jetées au sol, les bûches, et regardait à présent les deux frères qui, l'un contre l'autre, avaient cessé leurs pleurs et tenaient yeux et poings fermés. Des jumeaux parfaits, impossibles à distinguer. Peut-être le premier était-il un peu plus grand, un peu plus gros. Ces différences-là disparaîtraient avec le temps, emportées avec l'innocence de leur fragilité première. Un calme épuisé se déployait sur les épaules de la vieille femme, séchant ses yeux et ses sueurs, tandis qu'elle observait les nouveau-nés se blottir et se chercher. C'est alors qu'enfin, à la lueur des flammes de la cheminée, Maria le vit.
Les jumeaux n'avaient qu'une ombre pour deux.
*
Aujourd'hui encore, Maria le voyait alors qu'elle regardait les fils de la sorcière. Derrière leurs corps adultes, cette ombre s'élançait de l'un à l'autre, reliant à jamais leurs deux naissances. Une ombre grandie, étirée pour qu'ils y tiennent tous deux. Car la vieille femme le savait : un seul des deux enfants était né vivant. Ce qu'elle ignorait en revanche, c'était les conséquences que pourrait avoir ce maléfice étendu sous leurs pieds.
Les yeux fatigués de l'ogresse se tournèrent de nouveau vers les flammes et son ouvrage. Ce n'était pas cette histoire-là qu'elle se devait de leur raconter ce soir. Pas celle de leur venue au monde, ni la sienne à elle. Mais une autre, bien plus secrète, que Soledad avait gardée jusque sur son lit de mort : l'histoire de leur père. Elle tenait en un nom. Alors que le premier-né de Soledad se détachait de la contemplation du corps sans vie de sa mère pour venir se pencher sur elle et l'embrasser sur le front comme une grand-mère, elle répéta ce nom, surprise par le parfum oublié de sa propre voix :
« Caleb. »
Ce prologue est fort. L'ambiance sombre et le style c'est déjà quelque chose mais en plus de ça les thèmes abordés sont particulièrement forts. Les scènes d'accouchement sont intenses et douloureuses.
L'idée des jumeaux qui partagent une ombre est très originale et intéressante. Je suis curieux de voir comment eux le vivent adultes (si on leur pdv plus tard) et s'il y a une explication à ce maléfice.
Les chutes de paragraphe sont souvent très soignées et ça donne beaucoup de rythme au texte.
Mes remarques :
"Ce qui n'a jamais été écrit est féminin. Carole Martinez" super citation ! j'adhère à 100%
"et des épaules de la Maria pour rester en place, inchangée," -> inchangés ? "une femme cruelle comme une enfant." -> très sympa cette métaphore
Je poursuis ma lecture !
Le moins que l’on puisse dire c’est que je ne suis pas déçu !
Etant moi même un écrivain débutant, en te lisant je me disais : voila comment, en quelques mots bien choisis, on fait vivre l’histoire de l’intérieur sans que le lecteur ne puisse lâcher le livre (ou le smartphone pour PA ;) )
Bref tu m’a servis de modèle, comment beaucoup d’autres livres publiés, mais le fait sue ton texte soit sur PA me fait penser que tu cherche encore à progresser alors je te rassure:
Ce prologue est brillant !
Je suis sur PA pour découvrir justement ce rapport du texte à son lecteur, et je suis ravie d'apprendre que les Oiseaux t'ont emporté dans leur migration ~
En attendant je te souhaite sincèrement bonne continuation
Claire
Effectivement, il y a ici aussi du réalisme merveilleux, et une généalogie hispanique qui m'est propre également. Je suis heureuse de m'être réapproprié cela par l'écriture ;)
A bientôt !
Pouah.
Pouah.
Je ressors de cette lecture absolument conquise. L’ambiance m’a beaucoup fait penser au film The Witch de Robert Eggers (que j’adore) dans une certaine mesure. Je suis subjuguée par le style, le vocabulaire, c’est un vrai délice à lire, je suis totalement sous le charme ! Cette histoire est un énorme coup de coeur ! Je ne sais trop quoi dire de plus, si ce n’est que je compte savourer les chapitres qui suivent au plus vite ! Tu as toute mon admiration pour avoir écrit un prologue aussi incroyable.
Je ne connais pas encore ce film que tu mentionnes, mais j'irai voir ça, ça m'intéresse ;)
À bientôt ~
Sincèrement.
Je suis venue ici sur recommandation d'une autre Plume et... waoh, je ne suis pas déçue du voyage. Il y a dans les mots de ce chapitre, dans les descriptions de tes scènes, une intensité que j'ai l'habitude de trouver dans les romans que je met en avant à la librairie. J'espère de tout mon coeur que le reste est de cet acabit, parce que si c'est le cas, tu vas avoir une lectrice assidue qui n'attendra que la suite de tes chapitres !!!
Bravo, franchement. Wa.Oh.
Ma phrase préférée pour l'instant : "Sous son aiguille et à son fil, elle savait comment, et elle cousait pourquoi. "
J'espère tout autant que la suite te plaira même si le style s'y transforme autrement ~
La présentation du roman évoquait un roman russe, une fresque familiale noircie de secrets. La foule et l'omniprésence de la terre et du sang m'ont évoqué des souvenirs de Zola. Un agréable mélange de réalisme cru, de drame familial et de mystère gothique. Un plaisir pour un nouveau venu sur cette plateforme.
Quelques points rythmiques m'ont par moments dérangé toutefois. Ils sont mineurs. Je pourrais essayer de les mentionner et de les formaliser dans un prochain commentaire si tu le souhaites.
Je cours à présent lire la suite. Cet univers sombre et si physique, si vivant, j'adore !
Merci pour cette lecture !
Je suis très touchée que tu aies pris le temps de découvrir l'histoire de ce roman et savoir qu'elle t'a parlé me rend à mon tour curieuse de ce qu'est l'écriture pour toi, et ce qu'elle essaie de saisir.
Je veux bien, si tu as le temps, que tu me fasses part de tout ce qui peut te sembler gênant à la lecture. C'est une des raisons de ma présence ici, pas juste l'histoire, le texte aussi.
Encore merci pour ta lecture et du temps que tu m'accordes !
Quant à ce que représente l'écriture pour moi, je ne sais pas si les commentaires sont le bon endroit pour ça ? Mais je peux donner quelques idées générales tout de même, j'imagine. L'écriture, pour moi, c'est une musique qui sonne dans ma tête et que je me sens obligé de porter sur papier pour sentir que les choses sont comme elles doivent être. En quelque sorte. J'ai tendance à entendre les sons avant de trouver du sens ! Et puis, c'est aussi l'occasion de découvrir des mondes encore inexplorés !
Très bonne soirée à toi !
Ahah, je ne te demandais pas véritablement de réponse, je pensais simplement venir te lire pour le découvrir, mais je ne suis pas étonnée de celle que tu donnes, et je m'y retrouve un peu, lorsqu'il s'agit pour moi de poésie. Le roman m'apparait davantage comme une peinture.
Je te souhaites une bonne journée !
J’ai eu la chance d’avoir une première rencontre avec ton univers cet été et il est temps de m’y plonger pour de bon.
Pas de critiques constructives par ici, car tout m’a paru juste. Tes images sont exceptionnelles. Tes personnages sont puissants. Et le côté mystique de ce monde, qui flirte constamment avec la métaphore, est un délice.
En te lisant je n’ai cessé de me dire « c’est comme ça qu’il faut le faire » et je te remercie pour ça.
Ce que je connais des autres personnages - mais aussi ce prologue incroyable - me donne envie de courir lire la suite de leur histoire.
J'espère à présent que la suite sera à la hauteur de tes attentes, en tout cas Léandre sera heureux de te recevoir, pleinement habillé cette fois ~
Quel univers tu nous offres ! Sorcellerie, mystère, vengeance...
J'ai bien aimé la narration, les personnages avec leurs désirs ainsi que toutes ces descriptions. Je trouve que l'ambiance est sombre et mystérieuse.
Le seul problème auquel je me suis heurté, c'était le fait que je confondais les personnages. Au début, j'ai confondu Maria et Soledad et comme je me suis emmêlée les pinceaux j'ai mal interprété certains passages.
Sinon, en général, c'est un début prometteur qui me fait déjà rêver :)
A plus sur PA !
Cherry
Je te remercie pour ta lecture et ton retour. Je vais essayer de revoir un peu ce début, si j'arrive à prévenir cette confusion qui a pu te gêner.
A bientôt sur PA !
C'est marrant, en lisant le résumé de ton roman, je ne m'attendais pas du tout à cette ambiance de campagne reculée et à de la sorcellerie. Je voyais plutôt l'atmosphère guindée d'une grande famille et à des secrets moins flamboyants que ceux-ci !
Mais je ne suis pas déçue, au contraire ! Quelle puissance dans cette scène d'accouchement ! Malgré ta plume ô combien maîtrisée, riche et élaborée (parce que je suppose qu'on en arrive pas à se résultat du premier coup !), le récit fait appel à des émotions primaires : peur, dégoût, vengeance, haine, sauvagerie. Et je dois dire que j'adore ça.
Ca te surprendra peut-être, mais quelque chose dans ton chapitre m'a fait penser au sublimissime Beloved, de Toni Morrison. Peut-être justement parce que c'est une écriture très imagée, très travaillée, qui évoque pourtant des instincts humains, au sens le plus profond du terme.
Quoi qu'il en soit, je serais bien en peine de t'apporter quoi que ce soit de constructif en termes d'amélioration possible, parce que je trouve que tu as une véritable identité scripturale et que ce prologue m'a fait l'effet d'être déjà très très abouti.
En tout cas, il m'a fait beaucoup d'effet !
C'est vrai que là, on est assez loin du faste de la haute aristocratie de l'Empire : deux salles, deux ambiances ! Mais ça va viendre ;)
Je suis très flattée du rapprochement que tu fais avec Beloved, et si j'ai pu donné à vivre cette primauté des émotions humaines, j'ai atteint l'un de mes objectifs principaux.
Merci beaucoup de ta lecture et de ton retour, c'est tout aussi constructif de se voir apporter un tel soutien !
S'il y a une seule remarque que je pourrais faire (en plus d'un petit détail : tu as un espace qui s'est glissé avant un point à un endroit) c'est qu'au début, j'ai cru que c'était Maria qui était morte et que c'était elle la mère des jumeaux. En relisant, je ne sais pas trop pourquoi j'ai cru ça, mais je voulais te le signaler, peut-être qu'il y aurait moyen de nettement distinguer les deux, par exemple en mentionnant Maria et la mère morte dans la même phrase, histoire de dissiper tout doute.
Je ne sais pas si je commenterai chaque chapitre suivant, d'abord pour des questions de temps (les HO, tout ça) mais aussi parce que j'ai bien envie de me laisser porter ^^ Mais promis, je te ferai quand même des retours !
Merci d'avoir partagé cette histoire :D
Le lien entre le résumé et l'histoire se laisse vaguement entrevoir avec la parodos, et s'établit clairement avec le chapitre 2, je te laisserai donc découvrir ça !
Pour ce qui est de cette confusion, j'avoue que c'est la première fois qu'on m'en fait la remarque, je vais regarder quand même ;)
Merci de l'avoir lue !
C'est très fort ce début ! J'ai beaucoup aimé le côté très organique de ces naissances, et mêlé à cela la sorcellerie qui punit les hommes et celles qui les suivent et ferment les yeux.
Je sens que je vais me faire happer !
Quelle puissance dans l'écriture ! Je ne sais pas si c'est le mot approprié pour décrire ce que j'ai ressenti à la lecture, mais il y avait une sorte de violence comme une tempête tout du long, une intensité folle. Et puis cette noirceur organique, visqueuse qui nous ferait presque sentir à travers l'écran la chaleur de la chair qui saigne.
En très peu de lignes tu créées des personnages forts, qui marquent l'esprit.
Il y a un goût du mot, de la formulation qui me plaît énormément.
Je suis très curieux de lire ce que tu nous offriras jusqu'au terme de cette histoire.
Chapeau bas en tout cas !
Contente que ce prologue t'ait plu dans sa densité et sa chaleur moite !
Je conçois un peu chaque chapitre comme un tableau, donc on peut sans doute dire au final que c'est un roman musée, et j'espère que la visite te plaira dans ces variations de sujets et de voix.
Tu as une justesse dans la narration qui est impressionnante : le style est intense quand il faut de la puissance, poétique quand tu veux distiller du mystère, le rendu est parfait ! (j'ai beaucoup aimé aussi l'image du trou noir au début, ça préfigure vraiment de ce qu'on peut attendre du texte, avec ce mélange un peu fantastique/horrifique).
Bref bravo et merci pour ce texte, j'aime beaucoup !!
Écoute, merci beaucoup, parce que dieu sait que sur cette image initiale du trou noir, j'ai usé stylo et clavier à essayer de rendre mon idée fluide et compréhensible !
Ravie que le reste te plaise également ;)
Autant le fond que la forme m'ont complètement transportée. Les thèmes que tu explores, déjà, l'univers de la sorcellerie, des violences sexuelles, des femmes qui s'allient pour contrer l'injustice patriarcale et intemporelle. La violence du monde extérieur, les villageois qui font bloc, les femmes qui malheureusement s'opposent entre elles. Bref. La féministe en moi dit : oui.
Et puis montrer un accouchement, montrer une naissance, c'est extrêmement rare, autant en littérature qu'en images. On emploie quels mots ? Pour dire quoi ? Comment on mélange la douleur, l'horreur, la joie, etc. ? On décrit comment les corps ? C'est tout un terrain à explorer (bon, très égoïstement, je suis sur le point de faire accoucher l'un de mes personnages, alors je suis à l'affut de quiconque traitera de cette question en fiction, et j'ai très, très peu de choses à me mettre sous la dent).
Et au-delà de toutes ces considérations, ta plume est tout simplement belle. Très fluide, très imagée, un peu intemporelle comme ton histoire, on glisse dessus avec beaucoup de plaisir tout en se cognant sur des passages plus douloureux que d'autres.
Bref. A bientôt :-)
Tu me fais réfléchir à ce que ça peut vouloir dire, ouvrir un roman par un accouchement. Je crois que ça m'a moi-même terrifiée au début, parce que ce n'était pas du tout comme ça que j'avais planifié mon prologue, mais c'est comme ça qu'il s'est écrit. On manque en effet de modèles dans la littérature ou l'art. C'est un acte qui appartient au drame de la mère qui meurt en couche en fantasy, ou alors au corps médical. Il y a beaucoup à se rapproprier sur l'accouchement, et donc beaucoup de mots à écrire à son sujet. Je serai très curieuse de lire les tiens !
Pour ce qui est du féministe, je suis évidemment touchée que ça puisse te parler ainsi et que le "portrait" des ses principaux enjeux puisse être ainsi posé. Je me sens obligée de te dire, pour que la féministe en toi et toi-même ne soyez pas trop déçu, que le premier tableau des Oiseaux explore paradoxalement l'intériorité des problématiques masculines. Il faudra attendre le deuxième tome, ou tableau, pour que l'histoire s'attache au pouvoir politique féminin. Mais finalement, cette thématique féministe, ou en tout cas ce propos sur les sexes et genres, traverse le roman : il commence par la mort d'une femme qui transmet un nom à des hommes, il se terminera sans doute par la mort d'un homme transmettant une arme à une femme.
Bref, je parle trop, comme toujours. Merci infiniment pour ton retour, et à bientôt !
Désolée, je m'emballe haha, ça m'arrive parfois quand je tombe sur une histoire que je kiffe bien et je sens que je vais apprécier suivre la tienne pour le coup. Excellent ce début, non vraiment, je n'ai rien à ajouter ou à conseiller héhé, juste te dire que j'ai beaucoup aimé !
Ton enthousiasme fait très plaisir, j'espère que la suite te plaira également ;)