Quatorze - Loup-Garou

Notes de l’auteur : Il y a des silences qui sont de dangereux explosifs !
Daniel Pennac

Le printemps s’était déjà bien installé à la fin du mois de mars. Quelques tulipes pointaient le bout de leur nez, les rameaux reverdissaient après le froid de l’hiver. Peu à peu, on avait quitté la grosse doudoune pour ne porter qu’un léger blouson. Ce jour-là, Sélène s’était revêtue d’un pull bleu marine, sa couleur favorite. Les manches étaient un peu trop grandes, mais peu lui importaient. C’était confortable, et surtout, c’était son préféré.

L’adolescente l’avait choisi pour lui donner un peu de courage lors de l’après-midi jeux prévue. Aujourd’hui, avait-elle décidé, elle demanderait de but en blanc à Léo s’il avait reçu son texte du Carnet Créatif. Le fest-noz ne lui avait pas suffi, finalement. Car c’était possible que Léo eût reçu uniquement l’enveloppe avec le texte, et pas l’autre petit mot qui l’invitait à parler lors de la soirée. Sélène avait besoin d’être certaine que l’enveloppe ne lui était pas parvenue.

La famille Gavillet se tassait devant la porte des Sherwood. Abu aboyait joyeusement pour avertir ses maîtres de la présence d’invités, dans l’attente que quelqu’un ouvrît pour aller faire la fête aux nouveaux venus.

– Hey ! Comment ça va ?

James les accueillit avec un grand sourire, ouvrant largement la porte pour laisser entrer tout ce petit monde. Le chien vint réclamer quelques caresses, et Sélène oublia momentanément ses appréhensions et la mission qu’elle s’était donnée. Ce jour-là, la jeune fille parlerait pour la première fois de ses sentiments à Léo. Peut-être qu’il savait déjà ce qu’elle éprouvait. Dans ce cas, que ferait-elle ? Sélène n’en avait aucune idée.

– Bien, et vous ? répondit Adeline en embrassant ses amis sur la joue.

Comme d’habitude, l’adolescente se contenta d’un sourire pour saluer l’aîné des Sherwood.

– Bon, vous voulez jouer à quoi ? s’enquit Lauren, qui finissait d’enfourner une tarte aux pommes pour le goûter.

– Quelqu’un a une idée ? renchérit James.

– Un Loup-Garou[1] ! s’écria Mathéo.

Son grand frère ne manqua pas de ronchonner.

– Encore ? Mais on a déjà joué la dernière fois… Et on n’arrête pas d’en faire à l’école !

– Quelqu’un a une meilleure idée ?

Un silence suivit la question – rhétorique – de Mathéo, qui ouvrit l’armoire à jeux pour s’emparer de la petite boîte bordeaux. D’un accord tacite, Loïc distribua les cartes et commença directement la mise en scène ; les joueurs n’avaient plus besoin de récapituler les différents rôles.

– Le village de Thiercelieux s’endort ; les gens qui dorment ne parlent pas, Mat !

– Mais j’ai rien dit ! protesta l’intéressé.

– Je te connais. Enfin bref. J’appelle Cupidon. Cupidon… ? Aaah. Il me désigne les personnes qui seront victimes de l’amour… Cupidon peut se rendormir. Je vais toucher la tête des deux amoureux, qui se jureront fidélité jusque dans la mort.

Sélène croisa les doigts pour que son père passât devant elle sans s’arrêter. La jeune fille avait une fâcheuse tendance à se faire tuer au premier tour. Et ne voulait entraîner aucun autre joueur dans sa chute. Hélas, le destin en avait décidé autrement, et l’adolescente fut contrainte d’ouvrir les yeux. Elle chercha son « amoureux » du regard. Être à nouveau unie à Léo semblait impossible. Une fois, pas deux. Et pourtant… En face d’elle, Léo faisait exactement la même chose. Encore. Peut-être était-ce un signe du destin ?

Cette fois, Sélène éprouva de la reconnaissance pour Cupidon. Désirant à peine savoir qui était l’angelot qui les avait unis, elle profita de l’instant. La joie que lui apportait cette situation improbable. Sous l’effet de l’adrénaline, ses mains tremblaient, ses joues étaient devenues brûlantes et sûrement cramoisies. Après un dernier coup d’œil l’un à l’autre, les jeunes gens se « rendormirent ». Seul Loïc avait été témoin de leur échange.

– Bon, il faut voter, maintenant !

Les joueurs se jaugèrent en silence

– Sélène, tu dis rien… suggéra Mathéo. Tu serais pas un loup par hasard ?

– Elle parle jamais, la défendit Léo.

L’adolescent n’avait pas le choix de protéger son amie, mais Sélène fut tout de même touchée par l’attention. Le débat continua encore quelques instants, puis Loïc les interrompit pour passer au vote. Heureusement pour la jeune fille, le plaidoyer de l’aîné des Sherwood fonctionna. À la place, Corine – la sorcière – « agonisa douloureusement sur le bûcher », comme le précisa si bien Loïc.

Le tour suivant, James mourut. Lui, hélas, personne n’avait pris sa défense. Sélène écarquilla les yeux en découvrant la carte rose et bleu de Cupidon. C’était donc lui… Encore ? L’adolescente referma les yeux pour un énième tour, confuse. La première fois, elle aurait pu croire au hasard. Mais deux ? Léo avait-il parlé à son père ? Pour lui dire quoi, en ce cas ? Éprouvait-il des sentiments pour son amie d’enfance ?

Bientôt, tous les joueurs moururent sauf les deux amoureux et Coralie. Une des trois personnes était un loup, mais qui ? Sélène soupçonnait son âme-sœur, mais elle n’avait pas le droit de tuer Léo, puisque cela entraînerait sa propre mort. Les amoureux se jetèrent un coup d’œil complice tandis que Coralie essayait tant bien que mal de défendre sa vie en accusant sa grande sœur.

– Eh bien, Coco… Tu veux vraiment qu’on vote ? lui demanda gentiment Léo.

Entêtée, la jeune fille acquiesça.

– Un, deux, trois… compta Loïc.

Deux doigts pointèrent Coralie, qui retourna rageusement sa carte : un loup.

Les amoureux avaient gagné !

Sélène avait l’impression de nager dans une bulle d’euphorie. L’adrénaline parcourait le moindre vaisseau sanguin de son corps, faisant frissonner ses orteils et frémir la pointe de ses cheveux. Ils avaient gagné. Ensemble. Et seulement à deux. Ils pouvaient s’aimer et créer de belles choses. Des choses qui les rendraient heureux. Des choses qui lui feraient frissonner ses orteils et frémir la pointe de ses cheveux.

Les trois derniers joueurs abandonnèrent les cartes pour se réunir avec les autres près du bar.

– Sélène ? Jus de fruits ou sirop ?

– Euh… Jus de pommes, s’il te plaît.

– Pareil, lança Léo en se plaçant dans le dos de l’adolescente.

Sélène frissonna à nouveau. Tout son corps fourmillait, elle avait chaud, ses mains étaient moites. Pourtant, la jeune fille ne laissa rien paraître ; seule sa main droite pianotait un menuet de Bach sur le bar de marbre. Même si cette stratégie l’avait déjà calmée quelques fois, elle n’eut aucun effet sur l’atmosphère électrique qui apparaissait avec la présence de Léo.

Un clavier invisible courait sous ses doigts, mais malgré leur frénésie, l’adrénaline mit un temps considérable à disparaître. Impossible pour Sélène de se défaire du regard qu’elle et Léo avaient échangé lorsqu’ils avaient gagné. Durant une fraction de seconde, ils avaient été seuls au monde. Et Léo se tenait encore là, juste derrière elle. Comme pour prolonger cet instant. L’intensité de sa présence, dans son dos, lui rappelait ce regard, si profond. La jeune fille avait l’impression que Léo essayait de lire en elle, de la déchiffrer, elle et ses intentions, elle et ses sentiments…

– Qui veut une part de tarte ? proposa Lauren.

– Moi ! s’écria Maëlys. T’as mis quoi dedans ?

– Abricots et pêches… Goûte, je pense que tu vas aimer.

La petite sœur de Sélène croqua dans sa tarte et approuva vivement de la tête. Sur cet encouragement, les enfants réclamèrent tous leur part. Allongeant le bras pour atteindre le morceau que sa mère lui tendait, Léo effleura l’épaule de son amie. Aussitôt, une décharge se répandit dans tout le corps de Sélène. C’était étrange : avant, elle ne réagissait pas au moindre contact du garçon. Et pourtant…

C’était l’amour et son excitation. Léo aurait-il été différent s’il avait reçu la lettre ? Ou au contraire, s’il ne l’avait pas reçue ?

S’ils n’avaient été que tous les deux près de ce bar, Sélène lui aurait bien posé la question. Mais il y avait les deux familles au complet, alors elle préféra attendre.

– Mathéo, content d’être bientôt en vacances ?

– Vraiment ! On va partir dans le Sud, en plus, ça va être incroyable.

Sélène aurait aimé connaître l’avis de son grand frère, mais elle n’osa pas se retourner pour lui poser la question. L’adolescente semblait s’être pétrifiée. Léo était partout, derrière elle, sur son épaule, dans son cœur. Son odeur d’épices l’enivrait, lui faisait tourner la tête. Alors Sélène renonça à savoir pour seulement ressentir.

C’est alors que Léo lui pinça les côtes pour la chatouiller. Retenant le cri de surprise qui lui montait dans la gorge, elle ne put s’empêcher de sursauter. Sélène fit volte-face pour… quoi ? L’adolescente se retrouva nez à nez avec l’inconnu de la balançoire. Il était si grand, si rassurant. Un sourire étirait ses lèvres quand il fit sa proposition :

– Tu veux tester un nouveau jeu ?

– C’est quoi ? réussit-elle à articuler.

– Awalé[2]. Viens, je vais t’expliquer.

C’était un jeu assez simple, mais quand les deux aînés commencèrent une première partie, Sélène se rétama allègrement. Il y avait trop de hasard, même si ça paraissait stratégique. Les graines s’alignaient dans leurs cases, ils dansaient, ils disparaissaient. Et pas chez Sélène. Lorsqu’il ne resta plus que trois graines sur le plateau, les deux adolescents comptèrent leur butin : Léo avait ramassé neuf perles de plus qu’elle.

– Revanche ?

La jeune fille commençait à saisir quelques stratégies qu’elle pourrait utiliser. À nouveau, Léo remporta la partie haut la main. C’était frustrant, mais peu importait à Sélène, au fond. Elle était avec l’inconnu de la balançoire, rien qu’avec lui. L’adrénaline ne disparaissait jamais complètement. L’adolescente n’oubliait pas sa mission. Demander s’il avait lu le texte de son Carnet Créatif. Mais l’occasion ne voulait pas se présenter.

Chaque fois que Sélène y pensait, des frissons de nervosité parcouraient son corps. C’était comme les vagues de l’océan qu’elle chérissait tant. D’abord, la fébrilité se retirait. Et puis la fièvre revenait, décuplée. L’excitation, mais aussi l’anxiété. Et ainsi de suite. Si c’était grisant, au début, cela la lassa vite. Elle aurait préféré être en possession de son sang-froid. Elle aurait préféré être calme auprès de celui qu’elle aimait. Elle aurait aimé que tout ne fût pas aussi difficile.

Mais ça n’aurait pas eu la même saveur.

Au bout de six ou sept parties – Sélène avait perdu le compte – le butin des joueurs parut à peu près égal. L’adolescente compta les graines qui s’alignaient devant elle, Léo aussi.

Sélène avait gagné. Enfin.

Alors son courage se raffermit un peu, juste assez pour qu’elle ouvre la bouche pour formuler sa question. Ce fut le moment que choisit Maëlys pour apparaître et supplier sa grande sœur d’aller voir la mer – en vain, car sa grande sœur refusait de quitter Léo.

– Mily, tu as déjà été ce matin, prétexta Sélène. On retournera demain, promis. Sauf si tu trouves quelqu’un d’autre pour t’accompagner ce soir, ma puce.

– Mais Papa et Maman veulent pas venir avec moi ! pleurnicha la petite fille.

– Viens, Mily, on va faire un cache-cache, proposa Léo. On range Awalé et on arrive.

L’aînée des Gavillet lui était reconnaissante de sauver la situation, mais elle était déçue. Déçue de la situation qui lui avait échappé, déçue d’elle-même de ne pas avoir osé lui demander. Ce n’était qu’une petite phrase ! Et pourtant, Sélène le savait. Ces mots signifiaient tout pour elle. Sa chance était passée, un peu à cause d’elle, un peu à cause de sa petite sœur.

– Hey ! Mathéo, Coralie ! On fait un cache-cache, expliqua Léo. Va chercher Bruno, intima-t-il à Maëlys.

Une fois tous réunis, Coralie se sacrifia pour compter. Aussitôt, les cinq autres enfants s’éparpillèrent dans toute la maison. Sélène se tortilla pour se coincer derrière le canapé. Elle entendait le décompte de sa petite sœur, dans la pièce d’à côté. Les pas légers de Bruno qui sautillait dans l’escalier. Le rire de Léo près des adultes – une cachette qui fonctionnait très bien, parfois.

Hélas, Coralie connaissait trop bien sa sœur. Ou alors n’était-ce que de la malchance. Quoi qu’il en fût, Coco trouva Sélène en premier. En attendant les autres, l’adolescente profita pour prendre part à la conversation des adultes. Enfin, elle écouta, plutôt. Quand elle n’était pas concentrée sur ses pensées qui divaguaient sur Léo.

Si Sélène lui demandait s’il avait reçu cette enveloppe, cela entraînerait d’autres questions. D’autres réponses. Si Léo avait lu son contenu, il devrait répondre à la question muette de Sélène : éprouvait-il la même chose, ou pas ? Et, sinon, il faudrait lui expliquer ce que racontait cette lettre.

Cette perspective la terrifiait.

Même si c’était une bonne chose.

– Voilà ! J’ai terminé ! s’exclama la sœur de Sélène, satisfaite.

– Et qui doit compter ? s’enquit Mathéo.

– Sélène, haha, rigola Coralie. C’était trop facile.

– Eh ! s’offusqua l’intéressée. C’était très bien.

Et avant que les autres n’eussent pu lui demander plus de précisions, l’adolescente commença à compter. Elle les entendit s’éclipser, sans demander leur reste.

D’abord, la jeune fille chercha dans le salon. Personne. Près des adultes : idem. Elle fit le tour du rez-de-chaussée sans dénicher personne. Sélène s’étonna qu’ils fussent tous cachés en haut, mais elle finit par gravir l’escalier. Là, elle entreprit de fouiller la chambre de Mathéo. Et, oh ! surprise ! Bruno dans une armoire, Maëlys dans l’autre. Coralie et Mathéo pouffaient sous le lit, peu discrets. Pourquoi s’étaient-ils tous cachés là ? Mystère. Mais Léo manquait à l’appel. Son absence était une évidence.

Les quatre plus jeunes joueurs retournèrent en bas pour se préparer à la prochaine manche. Sélène, quant à elle, pénétra dans la chambre de Léo, le dernier endroit où il pouvait se trouver si elle n’était pas passée à côté de lui en cherchant.

La pièce était éclairée par les rayons du soleil qui entamait sa descente. Tout était nimbé d’or, du lit défait à la bibliothèque où les livres ne suivaient aucune logique. Distraite, Sélène oublia quelques instants sa mission pour s’intéresser aux ouvrages qui trônaient là. Il y avait surtout de la fantasie, quelques bandes dessinées. Un recueil de légendes celtiques aux coins cornés.

– Tu veux que je t’en prête un ?

Sélène sursauta en entendant la voix de l’inconnu de la balançoire.

– Quoi ? Ah, non, non, je regardais juste. Pourquoi les légendes celtiques ?

– Ah, ça… Quand on était petits, avec Mat, Papa nous racontait ces histoires. J’aimais bien le voir imiter toutes les créatures… C’était marrant. Je les connais toutes par cœur, je crois.

– Raconte-moi ta préférée.

Léo secoua doucement la tête, un éclair de mélancolie assombrit son regard avant de disparaître.

– Une autre fois, peut-être. Les autres nous attendent.

Sélène ravala tout rond sa déception. Elle faillit tousser pour la faire ressortir, mais tint bon. Ces quelques minutes avec Léo avaient déjà été exceptionnelles. L’adolescente avait confiance en lui, en la situation. Alors elle avança un peu :

– Léo ?

– Oui ?

Il avait la tête légèrement inclinée sur le côté, attendant la suite. Sélène s’apprêta à ouvrir la bouche…

Soudain, tous ses doutes lui revinrent. Alors elle recula.

– Non, rien.

Léo lui jeta un coup d’œil interrogateur avant de hausser les épaules. Le garçon lui fit signe que les autres attendaient, et franchit la porte. Sélène brûlait de tout lui avouer, là, maintenant, alors qu’il disparaissait dans la cage d’escalier.

Plus tard, Sélène partir le cœur lourd. Un cruel sentiment d’échec lui enserrait la poitrine. Elle avait eu deux occasions, et pourtant, elle avait abandonné. Les deux fois. Et à cause de quoi ? La peur. Ce stupide sentiment qui l’empêchait d’être celle qu’elle voulait. Une fille courageuse.

Une fille amoureuse.

Les Gavillet quittèrent leurs amis peu après. Léo se tenait sur la première marche d’escalier, encore plus grand que d’habitude. Sélène bredouilla un simple « bye bye » en passant devant lui, renonçant à lever les yeux pour croiser le tourbillon de feuilles mortes qui habitaient ceux de Léo. Même quand elle sentit le poids de son regard sur ses épaules.

Léo

Je la vois s’éloigner, la tête basse. Que s’est-il passé ? C’était une après-midi… intéressante. J’ai vraiment cru qu’elle allait le faire. Pourtant, non. Pourquoi ? Cette fille ne cessera de m’étonner. Elle ignore beaucoup de choses, mais je suis persuadé qu’elle parviendra à ses fins malgré sa timidité.

Sélène écrit bien… Elle n’aime pas parler, en revanche. Je le vois à ses joues qui rougissent légèrement quand je lui adresse la parole. J’ai l’impression de commencer à peine à la connaître, alors que ça fait des années. C’est une nouvelle Sélène que je dois réapprendre.

Une Sélène dont je ne sais absolument rien.

– Léo ? Tu viens voir un film ?

Papa me regarde avec insistance. Que sait-il ? Pourquoi nous avoir encore mis ensemble au Loup Garou, Sélène et moi ? Ça devient étrange. Voit-il que notre amitié s’effiloche ? Essaie-t-il de nous rapprocher ?

– Quoi comme film ?

– Action, science-fiction… C’est égal.

On s’installe sur l’écran, il lance un film dont je ne connais même pas le titre. Il me l’a dit, pourtant, mais je n’ai pas écouté. Je suis ailleurs. Je revois le regard de Sélène quand on a ouvert les yeux pour se découvrir amoureux. Les siens exprimaient tant d’espoir que je ne pourrai jamais satisfaire…

Je lui ai prêté une attention particulière, aujourd’hui. Ma meilleure amie les joues cramoisies et les yeux brillants. Ma meilleure amie qui sursaute quand je lui pince les côtes. Ma meilleure amie qui observe tendrement ma bibliothèque, comme si elle avait avec eux une conversation particulière.

Je ne la reconnais plus.

C’est elle, mais chaque fois, elle a des réactions différentes. Je voulais savoir comment elle réagit à mon silence, et je n’ai pas été déçu. Mais je suis incapable d’interpréter ce qu’il s’est passé. J’ai seulement gagné un mal de tête insupportable, qui ne s’arrange pas avec le sifflement des pistolets à l’écran.

Je finis par m’endormir sur le canapé. Mais c’est un sommeil agité de points d’interrogations qui dansent devant mes paupières.

 

[1] Voir lexique

[2] Voir lexique

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Aylyn
Posté le 05/10/2024
Un chapitre tout aussi intéressant que le précédent ! La partie du point de vue de Léo aide beaucoup a comprendre son comportement vis à vis de Sélène, même si des questions demeurent, notamment la raison de l'impossibilité qu'ils soient ensemble. Il semble au courant des sentiments de son amie mais éprouve -il les même ?
Hâte de lire la suite 😊.
coeurfracassé
Posté le 06/10/2024
Recoucou !
Heureuse que ça te plaise toujours autant <3 Ça me touche toujours beaucoup ☺️
Pourquoi parles-tu d'impossibilité qu'ils soient ensemble ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Je suis curieuse XD
Et oui, toute la question est de savoir si l'amour de Sélène est réciproque ;-)
À bientôt j'espère, et merci mille fois d'être là <3
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