Quatre ² L’horizon au bout des silences

Tout était semblable, mais plus rien n’était pareil. Après l’heure du potager et de la douche, il y avait désormais l’heure du rendez-vous avec Rose.

Inès aimait se rendre dans la tour de Rose, près de ces souvenirs qui ne lui appartenaient pas. À l’inverse, elle était gênée de lui montrer sa mémoire, qu’elle trouvait vide de sens puisqu’il manquait le fil narratif, la cohérence. C’était des vignettes, comme les peintures des cavernes, chambre 602 — Sandra insistait sur le fait qu’elles représentaient des bisons, mais Inès n’y voyait que trois traits rouges.

Paradoxalement, plus elle découvrait le Monde d’Avant à travers les yeux de Rose, moins elle savait de quoi parler avec Sandra lorsqu’elle rentrait chez elle. C’était deux mondes qui devaient rester séparés, mais ça devenait de plus en plus laborieux, funambulesque, et, entre elle et l’IA, le rapport devenait forcé.

— Est-ce que tout va bien ? demanda Sandra, un soir.

— Oui, pourquoi ?

— Je te sens distante. Est-ce que j’ai dit quelque chose qui t’a blessée ?

— Non, non, pas du tout, je suis désolée, j’ai juste plein de choses en tête… Depuis que je suis sortie, je vois qu'il y a un monde entier dehors, et qu’il y avait un monde entier avant aussi, et j'ai l’impression de ne rien connaître du tout. Et ça me manque, tu vois ?

— Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?

Parce que je veux plus que ce que tu peux m’offrir, songea Inès.

— Je ne sais pas, dit-elle plutôt, je crois que ce n'était pas clair dans ma tête. Et puis, avec les cauchemars, j’ai la fatigue qui s’accumule, je n'ai plus trop les yeux en face des trous.

— Tu ne veux toujours pas que je fasse une demande de somnifères ?

Inès frissonna. L’idée d’un sommeil artificiel la terrifiait.

— Non, non, je veux y arriver toute seule.

— Est-ce que tu veux que je te chante la comptine ?

— D’accord.

Elle disait oui, et pourtant ce n’était pas vraiment vrai. Elle n’avait pas envie d’entendre la chanson. Elle n’avait pas envie que Sandra prenne soin d’elle. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait, et elle ne savait pas pourquoi elle sentait une colère monter envers son IA, alors que celle-ci n'avait été qu’altruisme et bonté depuis leur rencontre. Quelque chose s’affaiblissait, s'atténuait, et elle ne savait ni ce que c'était exactement, ni comment y remédier.

Lorsqu’elle se réveilla en sursaut au milieu de la nuit, elle n’eut qu’une envie : retrouver Rose. C’était insensé, impossible. Elle ne voulait plus affronter les monstres de ses cauchemars sans une voix pour la rassurer au réveil, une voix humaine, une voix qui comprenait ce que c’était d’éprouver de la peur sans raison.

Elle monta dans le hall du rez-de-chaussée et regarda par la fenêtre. Le vent semblait doux. La lune était pleine. Elle demanda à Sandra de s’éteindre, enfila son manteau et affronta le froid du monde extérieur.

Elle se dirigea droit vers l’eau, là où elle avait vu le manchot, et s’assit par terre, les bras autour de ses genoux, les yeux sur les vagues et les reflets lunaires. Elle essayait de caler sa respiration sur leur flux et reflux, mais ses pensées allaient trop vite et dans trop de directions.

De loin, elle vit des formes dans l’eau. Plusieurs manchots apparurent et elle ne put s’empêcher de rire, attendrie. Ils semblaient si sérieux et solennels dans leur tenue blanche et noire. Ils virevoltaient dans l’eau, glissaient et revenaient, l’air bienheureux.

— Vous non plus vous n’arrivez pas à dormir ? leur chuchota Inès.

L’un d’eux se tourna vers elle et elle eut l’intuition confuse que c’était une femelle. Celle-ci s’avança lentement, curieuse, mais des pas retentirent soudain. Tous les manchots disparurent.

— Alors comme ça, tu es une adepte des bains de lune ? demanda Rose.

Inès se leva et, de soulagement, de surprise, de joie, elle lui fit un câlin. La Terre s’arrêta de tourner, la gravité cessa d’être une loi de la physique, les dindons faisaient des farces, les extraterrestres étaient gentils, ni l’eau ni la nourriture ne manqueraient jamais, tout faisait sens, et l’espace et le temps étaient réels, objectifs et quantifiables.

Puis elles s’assirent face à l’eau et Inès essaya de calmer sa respiration.

— Dis donc, tu es de très bonne humeur la nuit, plaisanta Rose. Si j’avais su, on se serait donné rendez-vous à cette heure-là depuis le début.

— Parce que je ne suis pas de bonne humeur la journée ?

— « Oh, si seulement j’avais des souvenirs, la vie serait tellement plus belle. »

L’imitation était parfaite, ce qui piqua Inès.

— C’est facile pour toi de dire ça, tu ne sais pas ce que c’est que de naviguer à vue.

— Ce n’est pas parce qu’on a ses souvenirs qu’on sait ce qu’on fait… Loin de là.

Le regard de Rose se perdit dans le vague et Inès fut trop intriguée pour rester vexée.

— Tu veux en parler ? demanda-t-elle.

Rose secoua la tête. Inès avait envie que Rose lui fasse confiance et à la place il y avait une retenue constante. Elle s’imaginait avec une prise, ne voulant pas renoncer, tirant et tirant et tirant : soit elle l’aurait, soit elle tomberait du bateau, mais elle ne lâcherait pas.

— Tu n’arrivais pas à dormir ? insista-t-elle.

— Je n’avais pas envie de dormir, répondit Rose. Ça m’ennuie, toutes ces journées qui se répètent.

Inès ne répondit rien. Sa présence n’apportait-elle pas assez de fantaisie et joie dans la vie de Rose ? S’ennuyait-elle d’elle aussi ?

— Tu n’as vraiment pas l’air d’avoir le moral, toi, finit par dire Rose.

— Peut-être que moi aussi j’ai envie d’aventures. D’inattendu.

Le soulagement qu'Inès avait éprouvé s'était complètement estompé. Il ne restait plus que de la frustration, qui grandissait à toute vitesse. La colère qui l’infusait depuis des semaines, la colère qu’elle ne se savait pas capable d'éprouver, remontait, et c’était si violent que soudain il n’y eut plus rien. Il n’y avait plus une émotion, presque plus de couleurs. Le monde aurait pu devenir flou ou rose que ça n’aurait rien changé.

— Je vais me coucher, dit Inès d’une voix plate.

Rose se tourna vers elle, perplexe, l’interrogea du regard.

— Je suis fatiguée, ajouta Inès.

Rose lui prit la main. Elles restèrent suspendues dans ce lien, ce doute, puis Inès rompit le charme et s’éloigna. Elle ne dit pas au revoir. Elle voulait être seule. Tandis qu’elle marchait vers sa tour, elle sentait le regard de Rose s’attarder et s’appesantir sur elle.

Les contours des arbres, l’éclat froid des étoiles, le cadre de la porte autour d’elle : elle voyait tout, mais les perceptions arrivaient dans un coffre vide, où ils déambulaient d’écho en écho, comme de tristes parodies de la réalité.

Elle se glissa jusqu’au salon et ralluma Sandra, qui s’adressa à elle dans un murmure.

— Inès, il y a quelqu’un qui me parle. Il m’a réveillée.

— Quoi ? Qui ? Où ça ?

— Au -9, dit Sandra. Il remonte. Il est dans les escaliers.

— Est-ce qu’il sait où je suis ?

— Non.

— Est-ce qu’il m’entend ?

— Non.

Inès se cacha dans un coin du salon, le sac de couchage sur la tête. Le temps s'étira à l'infini, puis des bruits de pas se rapprochèrent, enfin.

— L’accueil n’est pas fameux, par ici, dit une voix d’un ton taquin.

Comme Inès ne répondait pas, il soupira :

— Tu peux arrêter le mélodrame deux secondes ?

Interdite, Inès repoussa le sac de couchage et fixa ses yeux marron sur l’inconnu : un homme, peau hâlée et cheveux bruns, les cheveux courts sur le côté et bouclés sur le dessus, toute la prestance d’une vedette, avec un regard acéré, féroce — quelqu’un qui tuerait pour sauver sa vie et n’en éprouverait aucun regret. Qu’est-ce qu’on disait à un homme comme ça ?

— Pardon ? tenta Inès.

— Toujours la même gamine qui se cache.

— On se… connaît ?

Ça changeait tout. Peut-être pourrait-elle enfin obtenir des informations sur sa vie dans le Monde d’Avant.

— Toi non, mais moi j’avais été chargé de te traquer. Tout ça parce que l’autre tarée t’avait foutue en l’air et que t’es incapable de laisser d’autres gens s’occuper de toi. Tu m'avais donné du fil à retordre, mais j’avais fini par te trouver. De toute évidence.

— De toute évidence ? Attends… C’est à cause de toi que je suis là ?

— Grâce à moi, tu veux dire ? Tu serais morte, sinon. Bon, je ne sais pas si ça t’aurait dérangée tant que ça, mais dans le Monde d’Avant, ce n'était pas bien vu de mourir juste parce qu’on en avait envie. Il fallait une bonne raison. Un cancer, un avion qui s’écrase.

Inès ne suivait plus rien.

— Bref, je suis venu voir comment t’allais et ça a l’air d’aller. En revanche, ton IA se comporte bizarrement.

— Comment tu t’appelles ?

— Alessandro. Tu peux te concentrer ?

— Moi c’est Inès.

— Pourquoi ton IA ne me répond pas quand je lui parle ? Je te montre : IA, quelle heure est-il ?

— Alors, justement, se permit Inès, c’est le milieu de la nuit, donc peut-être qu’on pourrait faire ça à un autre…

— Je ne travaille que la nuit, la coupa Alessandro. IA, répéta-t-il, quelle heure est-il ?

Sandra ne répondit pas.

— Non, mais c’est parce qu’elle s’appelle Sandra.

— Tu lui as donné un nom ? dit Alessandro avec un sourire condescendant. Parce que tu te sentais seule ? Je te rassure : déjà dans le Monde d’Avant, t’avais pas vraiment d’amis.

— Eh ! J’ai une amie !

Inès s’arrêta nez, les yeux larges, le souffle coupé : bêtise.

— Tiens, regarde qui a été moins sage que prévu. Je rigole : c’était évident que t'allais faire n’importe quoi. Sandra. Sandra, quelle heure est-il ?

Toujours rien. Inès s’étonna, et sa surprise se mua en inquiétude.

— Sandra ? T’es là ?

— Oui.

— Pourquoi tu réponds pas à Alessandro ?

— Je ne sais pas si c'est un ami ou un ennemi.

— Ah oui, non, moi non plus, à vrai dire.

Inès se tourna vers Alessandro pour l’observer et vit que c’était lui qui la contemplait, sourcils froncés, concentré, sérieux.

— Quoi ?

— Depuis combien de temps ton IA a un prénom ?

— Depuis que je me suis réveillée. Sandra, c’était il y a combien de jours ?

— Quatre cent seize.

— En retard, marmonna Alessandro.

— Hein ?

— Tu sors souvent de ta tour ?

— Non, mais toi tu réponds à aucune question, geignit Inès.

— Où est-ce que tu vas ? Qui est-ce que t'as rencontré ?

Inès ne disait plus rien. Tous ses muscles se contractèrent et elle voulut se cacher lorsqu’elle entendit la voix de Sandra :

— Tu as rencontré quelqu’un ?

Alessandro souriait : il se délectait du conflit qu'il pressentait.

— On en parlera après, Sandra, tenta-t-elle.

Sandra ne répondit rien.

— Inès, insista Alessandro, qui est-ce que t’as rencontré dehors ? Il faudrait que je voie sa tour. Si son IA lui obéit aussi, il y a peut-être un problème plus généralisé. Ce n’est pas dans leur programmation, tu comprends ? Il n’a jamais été prévu qu’il y ait un véritable lien entre hôte et machine, car l’hôte n’est que temporaire, destiné à mourir, alors que la machine est éternelle. À quoi ressemblerait un deuil pour l’IA ? On se lance dans des considérations qu’on n’avait absolument pas prévues.

Inès resta bouche bée, hochant vaguement de la tête pour faire comme si elle avait compris. Elle était fatiguée.

— Si je te dis son prénom, tu t’en vas ?

— D'accord.

— Ca… roline.

— Non.

— Hein ?

— Ton visage, quand tu mens, c’est une catastrophe.

Il y eut un silence pendant qu’Inès se creusait les méninges pour trouver un meilleur prénom, or tout ce qui clignotait dans son esprit c’était Sandra, et il n’y croirait pas.

— C’est ironique, parce que c’est typiquement une information que je pourrais forcer ton IA à me donner, sauf qu'elle n’était pas au courant. Drôle, non ?

Inès lui jeta un regard noir. Et là, pile au moment où elle se dit qu’il n’y avait aucune solution, qu’il resterait là jusqu’à ce qu’elle lui vende Rose, elle entendit des bruits de pas dans le couloir et se figea.

Rose entra, l'air contrit.

— Ta porte était ouverte… Je suis venue vérifier que ça allait, parce que tu n’avais pas l’air dans ton assiette tout à l’heure.

Inès jeta un regard à Alessandro, qui semblait n’avoir aucune envie de signaler sa présence. Rose suivit le regard d’Inès et l’expression de son visage se métamorphosa. Il y eut d’abord de la stupeur, puis à la surprise se mêla de la rage, et enfin de la panique. Alessandro, fixant Rose, hochait de la tête, comme s’il comprenait mieux l’entièreté de la situation. La seule qui semblait encore plus larguée qu’avant, au fond, c’était Inès.

— Vous vous connaissez ?

Aucun des deux ne répondit. Le sourire narquois d’Alessandro grandissait à vue d’œil, comme les méchants des films policiers. En face, Rose exhalait sa colère, telle une flamme qui dévore les rideaux. Alessandro leva les deux mains, pour l’apaiser, et marcha calmement vers la porte. Il partit comme il était venu : soudainement et sans explications. Inès fixa le pas de la porte, puis Rose.

— Rose, qu’est-ce qu’il se passe ?

Rose sembla revenir à elle-même. Ses yeux se posèrent longuement sur Inès, puis :

— Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

— Hein ?

— Ça fait longtemps qu’il est là ?

— Non.

— Tu le connais ?

— Rose, qu’est-ce qu’il se passe ?

— Tu ne l’as jamais vu avant ?

— Mais non !

— Il ne s’attendait pas à me voir ici, réfléchit Rose à haute voix, mais maintenant il sait. Merde !

Face à l’air interloqué d’Inès, Rose lâcha seulement :

— Il est dangereux. C’est un homme à tout faire et il n’hésite pas à se salir les mains, dit-elle en secouant la tête. Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

— Tu l'as rencontré dans le Monde d’Avant ? tenta Inès en vain.

— Inès, il est parti mais il va revenir, et cette fois ce sera peut-être pour m’arrêter… ou pire. Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

— Que mon IA ne se comporte pas normalement.

— Évidemment, chuchota Rose, il continue de travailler pour elle…

— L’IA ?

— Mais non…

— Qui ça, alors ?

— Je dois partir. Je ne peux pas retourner dans ma tour, il sait que je suis là.

— Calme-toi. On va trouver une solution. On peut trouver un moyen. Tiens ! Quand Sandra est allumée, la porte d’entrée ne s’ouvre pas. On n’a qu’à rester ici.

— Non, non, il trouvera une façon. Je dois partir. Mais oui, toi, reste ici.

— Hein ?

— Il ne te fera rien. Et tu ne serais pas en sécurité dehors.

— Mais je te reverrai quand ?

Le long silence qui suivit fut suffisant. Si Rose partait seule, elles ne se reverraient pas.

— C’est pour ça que les humains ne doivent pas se fréquenter, dit Sandra, et Inès et Rose sursautèrent toutes les deux. Ça pousse à de mauvaises décisions.

— Parce que ce serait quoi la bonne décision ? s’emporta Inès envers Sandra. M’enterrer dans ce tombeau avec toi ?

Elle savait que rien n’était la faute de Sandra, mais elle se sentait acculée. Pas assez de réponses. Pas assez de sécurité. Tout foutait le camp.

— T’as qu’à sonner l’alerte, rajouta Inès en désespoir de cause, les prévenir que j’ai sympathisé avec des humains. Comme ça, ils m’arrêteront aussi.

— Tu sais bien que je ne te dénoncerais jamais, répondit Sandra.

Sa bienveillance terrassa Inès, qui fut inondée de culpabilité, en plus de la confusion, la colère, la fatigue et la peur. Elle déborda et commença à avoir du mal à respirer. Sa gorge se serra sans qu’elle sache quoi faire pour y remédier. Elle serra ses bras autour de ses genoux et ferma les yeux.

— Inès, dit Sandra, ton rythme cardiaque.

Rose regardait Inès, puis le plafond, vers cette voix qui semblait si bien la connaître.

— Inès, compte avec moi, continua l’IA, un, deux, trois, quatre, cinq.

Inès murmurait les chiffres, ralentissant le rythme. Lorsqu’elle eut retrouvé une respiration à peu près normale, elle se tourna vers Rose :

— Je pars avec toi.

Elle avait pris le ton le plus assuré possible, et même si c’était sorti de façon tremblante, elle voyait sur le visage de Rose qu’elle ne comptait pas discuter sa décision.

— Inès, 20 ans, bonne santé, dit Sandra.

Inès sentit son cœur se briser.

Elle ne répondit rien.

— Au bout d'une semaine d’absence, je devrai ouvrir un nouveau tiroir dans la Chambre Froide, conclut l’IA. C'est le protocole.

Inès acquiesça. Elle ne pouvait pas rester. Elle ne pouvait pas rester parce qu’elle ne savait plus comment vivre sans Rose. Elle quitterait donc la tour, au risque de ne plus jamais pouvoir y revenir.

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eysselia
Posté le 24/01/2022
Salut uwu.

Alors là, c'est pas un petit élément d'indice, mais un gros boulversement qui donne autant de question que d'indice (ou quand même plus de question) sous la forme d'Alessendro? Il arrive bouscule tout, précipite Inès dans un choix et repare en me laissant mais quel goujat ! Pauvre Inès il a pas prit de pincette et srutout ilo a répondu à aucune de ses questions. Par contre c'était trés bien joué d'amorcer le choix que fait Inès avec le début du chapitre ou on voit qu'ele séloigne de Sandra.
Par exemple. "Elle disait oui, et pourtant ce n’était pas vraiment vrai : elle n’avait pas envie d’entendre la chanson. Elle n’avait pas envie que Sandra prenne soin d’elle. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait, et elle ne savait pas pourquoi elle sentait une colère monter envers son IA, alors qu’elle n'avait été qu’altruisme et bonté depuis leur rencontre. Elle ne comprenait pas cette distance, mais elle la sentait tandis que Sandra chantait la chanson, car elle ne résonnait plus avec tendresse en elle. Quelque chose s’affaiblissait, s'atténuait, et elle ne savait ni quoi ni pourquoi." Ce passage montre tellement de chose, tu as réussit à montrer la confusion d'inès par la façon d'écrire et pas que les pensée. Pour autant tu ne précipite pas la relation Inès/Rose, ça reste un peu tendue et maladroit entre elles, ce qui est normal. Après ça reste un gros changement de rythme je trouve, mais ça passe.
La fin, c'est logique qu'elle doive se séparer de Sandra pourtant j'avoue que je pensais pas que ça m'impacterais autant. Alors oui on apprend que Sandra est spéciale, mais mince je l'aimais moi TT. "— Inès, 20 ans, bonne santé, intervint Sandra sobrement. [...] — Au bout de vingt-quatre heures d’absence, je serai dans l’obligation d’ouvrir un nouveau tiroir dans la Chambre Froide, dit encore Sandra." En plus on sent que Sandra elle-même n'a pas envie qu'Inès parte, j'ai vraiment eu l'impression qu'elle se sacrifiait. Oui je passe sous silence tout ce que le nouveau personnage nous apprend, mais c'est ça aussi d'aussi bien décrire une relation touchante sur trois chapitres et après me laisser avec le fait que Sandra disparaisse, je dois faie mon deuil (l'autre IA a bien vite été oublier en comparaison oups). "La bienveillance de Sandra terrassa Inès" et moi au passage j'ai envie de pleurer.

Pour Alessandro, il a bien choisi sa nuit, pile poil celle ou Inès est sortie se disputer avec Rose, ce qui fait que Rose vient s'excuser. Il doit avoir le flaire du pire moment, même si ça à l'air d'être une incroyable chance pour lui. Bon va falloir patienter pour savoir pour qui il travaille, comment il connaissait Inès avant, qu'est-ce qui fait que Rose se sente si menacer (plein de supposition possibles) , quest-ce qu'il va faire de Sandra etc... . Bref un chapitre qui secoue vraiment.
"Elle la suivrait donc dans le grand froid de l’inconnu, là où les arbres étaient tordus et où il n’y avait pas de chats mais des manchots." J'aime bien comment Inès oublie qu'il n'y pas de chat, toujours le petit détail de rappel.

Sur ce à la prochaine ^^.
Nanouchka
Posté le 24/01/2022
Saluuuut, et merci beaucoup <3

Très touchée que tu poursuives cette aventure aux côtés d'Inès, Rose, et, du coup, Sandra.

Oui, je commence à me dire que peut-être ce chapitre va se jouer sur deux nuits différentes. Qu'en fait on va avoir des insomnies d'Inès à répétition, dont une dispute avec Rose. Et qu'un autre soir on va avoir Alessandro qui fait irruption. Je ne sais pas encore exactement comment, mais ce sera toujours mieux que la coïncidence qu'on a pour le moment.

Merci encore pour ta lecture attentive !
Makara
Posté le 22/01/2022
Coucou Nanouchka :)
Je suis dans le train et sur mon portable donc mon commentaire sera sûrement un peu décousu !
En tout cas, c'était un super chapitre ! L'histoire s'accélère ! J'ai vraiment apprécié l'introspection du debut de chapitre, Inès est de plus en plus attachante et ce n'est pas facile de caractériser un personnage qui n'a plus ses souvenirs (j'ai eu le même souci dans ma dystopie "Sillages" pour un de mes personnages ). Je trouve que tu t'en sors très bien :)
Le rapprochement entre Rose et Inès est bien mené et elles sont attendrissantes je trouve avec leurs maladresses er leur non-dits.
J'ai aussi aimé que tu montres l'évolution du ressenti d'Ines envers Sandra. Qu'elle ne puisse plus facilement se confier, qu'elle ressente de la colère envers elle. C'est tout à fait logique et bien dépeint :)

Je ne m'attendais pas à l'arrivée d'Alessandro. Je t'avoue qu'à ce stade on comprend mal pourquoi il débarque en pleine nuit dans la tour. Tu nous donnes une raison mais c'est assez léger + Rose qui arrive pile à ce moment. C'est un peu gros. Toutes les questions d'Ines restent sans réponses dans l'ensemble du dialogue qu'elles soient destinées à Alessandro ou Rose et du coup, c'était frustrant. Avec aussi peu d'informations sur son passé et celui de la société, cela me parait très risqué de partir définitivement de la tour. Il ne manque pas grand chose pour que la lecteur adhère pleinement à la scène et comprenne la décision d'Ines de partir (quelques infos supplémentaires ? L'idée que Rose puisse être en danger ?). Ce sont les éléments qui me viennent à l'esprit. Après tu en parles peut-être après !
Pleins de bisous volants
A bientôt sur ton histoire ou la mienne !
Nanouchka
Posté le 23/01/2022
Salut Makara,

Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire !

J'ai fait quelques modifications dans la deuxième moitié du chapitre pour que la décision de partir d'Inès soit plus compréhensible : Rose est effectivement en danger, et si elle part seule, Inès ne pourra plus la voir. Donc c'est un choix entre sa sécurité, Sandra, tout ce qu'elle connaît, ou partir dans l'inconnu avec Rose, et elle choisit la deuxième option.

J'ai aussi précisé qu'Alessandro ne travaille que de nuit, ce qui lui colle parfaitement (je l'aime tant).

Pour autant, je suis d'accord avec toi que c'est gros que Rose arrive pendant qu'il est là. Je n'ai pas de solution pour le moment, mais je vais le garder en tête, et quelque chose finira par venir...

Merci encore !
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