Quatrième Fragment

Notes de l’auteur : Bonjour et joyeuses fêtes de fin d'année à ceux qui en célèbrent :D
Cette semaine, on revient un peu aux sources, alors si vous avez lu le prologue il y a longtemps, je vous conseille d'y jeter de nouveau un petit coup d'oeil. Bonne lecture !

Myria reposa sa tasse de thé encore fumante devant elle, et inspira l’arôme frais des épices. L’air était doux dans le petit village de Queue-de-Carotte, et elle n’avait rencontré aucun obstacle sur sa route, pour le moment. Aucun obstacle, et elle était déjà à mi-chemin ! 

L’auberge était vide, si ce n’était pour elle et la serveuse, une naine qui avait reposé son tablier pour s’occuper de son bébé gnome. Le rouquin tordait sa bouille adorable dans une grimace outrée lorsque Myria le regardait trop longtemps, mais éclatait de rire dès que sa maman appuyait sur le bout de son petit nez.

— Quel est son nom ? demanda Myria.

— Chaussette ! 

Elle se permit de rire lorsque la naine rit aussi. Maro - c’était son nom, si elle en croyait la broderie sur son chapeau de service.

— C’est toi qui l’a choisi ?

— Bien sûr. Tout le monde a besoin de chaussettes, dans la vie. C’est un excellent nom. 

De jolies bas tricotés dépareillés couvraient ses petits orteils. Maro déposa un bisou sur son front, et puisqu’il semblait prêt à fermer l’oeil, elle l’installa dans un panier où dormait déjà un louveteau. Ce dernier était bien trop large pour être un simple animal : c’était soit un Oranimus, soit un hybride un peu étrange. Quelle que soit la réponse, le bébé gnome l’agrippa immédiatement comme une peluche, et s’endormit contre lui.

— En excellente santé, tous les deux, commenta Maro. Il y a Edgard Dune au village, en ce moment, tu sais ? J’en ai profité pour lui demander de regarder si rien ne clochait. 

— Ils sont mignons…

Son coeur se serra. Le bébé lézard qu’elle avait laissé derrière elle lui avait manqué dès qu’il avait quitté sa vue, et elle était impatiente de retrouver la petite fille vers laquelle elle courait. Sa peine n’échappa pas à la naine, qui la regardait avec des yeux compatissants.

— Tu as des enfants, petite Nuit ? 

Le surnom la surprit mais la rassura tout autant, alors elle sourit. 

— Je… Deux. Nodia et Sehar. Sehar est avec son père, en ce moment. En sécurité. Mais Nodia…

Elle baissa les yeux, et Maro lui attrapa les mains.

— Où est-elle, ta petite ? l’encouraga-t-elle doucement.

— Je l’avais laissée au manoir aux Cerises, murmura-t-elle. Je n’étais pas prête… Mais maintenant, je ne peux plus m’imaginer sans elle. 

Myria serra les mains de la naine, qui lui sourit avec attendrissement.

— C’est pour ça que je suis sur la route, continua-t-elle. Je vais la chercher pour la ramener chez moi, où elle et Sehar seront aimés plus que tout au monde.

— Je ne doute pas un instant qu’ils le seront. Je le vois dans tes yeux.

Elle lui sourit avec reconnaissance, et se retint de pleurer, apaisée par la douce générosité cordiale de cette naine qu’elle venait à peine de rencontrer, mais qui aurait pu facilement devenir sa nouvelle meilleure amie, si elle était restée en Abradja.

— Tu vis ici depuis longtemps ? lui demanda Myria.

— Non, je suis sur la route aussi. Mais avec ces deux-là il faut bien que je m’arrête de temps en temps… Je m’arrêterais pour de bon qu’à Pied-de-Troll. C’est là que je suis née et c’est là que je veux qu’ils grandissent.

Myria sourit encore. Elle voulait que la naine lui dise tout ce qu’il y avait à dire, sur ce village qu’elle imaginait déjà fantastique.

Un cri l’en empêcha.

Le hurlement d’une Féroce, qui brisa la quiétude du dehors. 

Un second cri, puis d’autres encore.

Myria avait déjà sa lance à la main, mais Maro la retint, le regard paniqué.

— Ne va pas te battre ! Il y a des soldats pour ça !

— J’en suis une aussi. 

— Mais ta fille t’attend, ce n’est pas le moment de prendre un risque pareil ! C’est des Féroces !

Myria attrapa la main de Maro et la serra, un sourire confiant sur les lèvres.

— Ne t’inquiète pas pour moi. Je suis la meilleure combattante que l’Abdraja ait connu. 

Elle ne mentait pas pour la rassurer. Alors qu’elle passait la porte pour affronter les Féroces, Myria ne doutait pas un seul instant qu’elle retrouverait sa fille, et qu’elles pourraient toutes les deux vivre avec Tsisco et Sehar dans la tour de Kèvres.

Tout irait bien.

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Nanouchka
Posté le 20/05/2022
Une capsule entre parenthèses. C'est doux, gentil, nostalgique, comme un bout de film qu'on verrait avec un filtre sépia. Tu peux glisser des informations supplémentaires là, si tu le souhaites.
AnatoleJ
Posté le 22/05/2022
Oui, Myria n’a pas eu que des moments de douleurs, il y a des petits bouts tout doux :) C’est noté pour la possibilité de rajouter des petits bouts d’informations !
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