Questions

Le bas et long couloir beige était jalonné de portes en bois sombre. Lidka suivait Maureen jusqu'à sa chambre.

"On pourra peut-être demander à être dans la même. Qu'en dis-tu ?"

Maureen hocha la tête. 

"Je ne sais pas si c'est possible. Et pour l'instant, je m'entends bien avec ma colocataire. RIkki. Une italienne. Mais à l'avenir, pourquoi pas."

"Oh, d'accord."

 

Elles avaient atteint le numéro 17. Maureen frappa et ouvrit la porte dans la foulée. Une fille mince, plutôt petite, les cheveux courts et ébouriffés, lisait sur son lit.

Elle leva la tête.

"Salut Maureen" dit-elle.

"Salut Rikki. Je te présente Lidka."

"Enchantée. Quelle majeure ?"

"Scientifique."

Rikki se redressa un peu et observa Lidka plus attentivement.

"Vraiment ? Du genre chimiste, ingénieure, biologiste ?"

"Astrophysique."

"Oh, ça tombe bien, je suis scorpion. Et toi ?"

Lidka ouvrit de grands yeux et dévisagea Rikki. Elle avait l'air sérieuse.

"Je… En fait, je n'en sais rien."

Déconcertée, Lidka se tourna vers Maureen, hilare.

"Second degré, finit par dire cette dernière. Tu t'y habitueras."

"Je comprends pourquoi vous vous entendez bien, toutes les deux", admit Lidka, un peu rassurée.

Elle parcourut la chambre du regard qui s'avérait dentique à la sienne : une fenêtre percée dans le toit en pente, deux lits, deux petits bureaux, deux armoires. Pour l'instant, aucune décoration sur les murs. Sur les deux bureaux, des livres empilés.

"Tu es dans le même cursus que Maureen ?"

"Oui, littérature. Plus précisément écriture créative."

"Parce que l'écriture non créative, ça existe ?"

"Bien sûr, répondit Maureen. Tout ce qui concerne les lois, les manuels techniques, les notices de médicaments, par exemple."

Lidka pencha la tête. 

"Je comprends. Je n'avais pas pensé à ça."

Rikki s'était replongée dans sa lecture.

"Assied-toi, proposa Maureen qui s'assit sur le lit. Prends la chaise du bureau."

Lidka s'exécuta.

"Mais c'est quoi cette université ? Comment font-ils cohabiter ces domaines complètement antinomiques en un seul endroit ?"

"Aucune idée. Mais si tu veux mon avis, ceux qui l'ont créée ont une idée derrière la tête. Il y a sans doute un projet qui nécessite des matières aussi différentes."

"Un truc du genre qui existait à la Renaissance ? Quand les savants étaient autant des littéraires que des chercheurs ?"

"Oui, probablement. Il y a peut-être un De Vinci parmi les étudiants."

Lidka sourit.

"On devrait demander aux 2e ou 3e années, tu ne crois pas ?" proposa-t-elle.

"Tu veux dire que je devrais leur demander, c'est ça ?"

"Ne me dis pas que ça te dérangerait outre mesure, intervint Rikki. Je t'ai vue manger du regard un grand brun l'autre jour." 

Maureen se mit à rire.

"Ce n'est pas parce que Newton est mort vierge que je dois faire pareil ! Je suis irlandaise, pas nonne."

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