(Réalité)

Notes de l’auteur : Je ne l'avais que très peu présenté, nous voilà donc chez Liam. Et pour ne pas qu'il soit en reste, une petite visite chez Yann aussi :)
 
DSL pour les fautes je n'ai plus de correctrice T_T

 

 

 

Liam avale son septième café, il commence à en être écœuré, en plus il n'a pas vraiment l'impression que la caféine lui fasse de l'effet aujourd'hui. L'insomnie a repris depuis qu'il l'a revu. Cette histoire ne va-t-elle donc jamais finir ?

- Je suis con mais qu'est ce que j'suis con bordel !  se lamente-t-il.

Il repose son gobelet, tourne sa chaise, regarde par la fenêtre. C'est gris ce samedi après-midi, tout comme son humeur. Il se tourne, observe le bureau vide de son collègue : Un pot avec une plante verte, une photo de famille, le dessin d'un de ses mômes.

Il l'envie. Cette semaine, celui-ci est absent pour cause de grève à l'école.

- Rien que ça ! Et moi je viens bosser le weekend ! soupire-t-il.

Il va passer une bonne partie de l'après midi encore au bureau, plus tard, il ira faire quelques courses, qu'il déposera dans son loft avant de repartir pour la radio, où il animera l'émission pendant quarante cinq minutes. Il va les entendre tous ces jeunes paumés, avec leurs problèmes d'agressions, leurs peurs, leurs soucis d'argent, leurs ennuis avec la famille, leur boulot, leurs amis. Il faudra les conseiller, laisser de côté ses propres préoccupations et ne surtout pas ramener les leurs à la maison. Il finira, tard ce soir dans les locaux d'ATAC de la manière qu'il a commencé la journée avec un peu d'administration, de la rédaction et la correction de divers articles. On lui proposera d'aller prendre un verre, « parce que quand même c'est samedi soir ! » Proposition qu'il refusera aimablement, car trop fatigué. Il rentrera enfin chez lui, dans cet immense appartement vide. Où est-il ce colocataire tant espéré ? Celui qui ferait semblant d'être son camarade ! Pourtant le loyer qu'il demande pour la mezzanine est ridiculement bas.

*

Quelques heures plus tard, la télévision est en route, le son est trop bas pour entendre le message publicitaire, il baille. Pourquoi n'arrive t-il pas à dormir ? Le café sans doute.

- Je devrais peut-être reprendre mon chien.

Il a mis les " Dorrs " dans la chaine hifi et se vautre dans son fauteuil en cuire blanc " Natuzzi ". Il matte son reflet dans l'immense baie vitrée, sur fond de nuit noir. Il  a l'air d'un vieux con de richard, avec son peignoir en éponge de l'hôtel Hilton, ses savates assorties et son verre de bourbon. Il a vingt quatre ans et il ressemble à son père. Dans la salle à manger, il traine ses pieds de la moquette épaisse bouclée couleur crème, au marbre blanc du salon, jusqu'au carrelage portugais, glacé, de la cuisine. Le bruit du réfrigérateur résonne. L'endroit passerait presque pour un appartement témoin. C'est tellement propre, vide et rangé que personne ne semble y vivre.

C'est une chose qu'il avait en commun avec Uzu ça. Il s'en souvient, ce vide. Uzu, encore lui !

- Y'en a marre !

Il se penche au dessus de l'évier pour rafraichir un peu son visage. Il ne ressent plus cette douleur qui l'a accompagnée pendant si longtemps. Non, plus de sentiment de ce genre, de la colère simplement et depuis quelques jours, cette envie de tout casser en hurlant.

- Mais pourquoi pas avec moi ?

Le pire, c'est qu'il est content pour lui.

-  Liam ! Tu es un putain d'imbécile, doublé d'un crétin !

Depuis que Uzu a re-débarqué dans son bureau à l'association, il passe de nouveau son temps à réfléchir sur le sens de sa vie.  À regretter ses choix, à se poser des questions sur le bien fondé de ce qu'il entreprend. Tout y passe, du renouvellement de son abonnement au club de gym, à son évolution de carrière, en passant par le choix de sa nouvelle voiture. Il a l'impression que tout va de travers !

- Ça doit pourtant pas être compliqué d'être heureux !

*

Un " Stilnox ", deux doigts de " Maker's Mark " et le voilà qui s'éveille comme un charme dans son canapé, toutes lumières allumées onze heures plus tard le lendemain matin. Le téléviseur toujours en sourdine, la chaine hifi en veille et : - Putain c'que ça caille !

C'est dimanche, il est trop tard pour la piscine, trop tard pour le marché et il sera bientôt trop tard pour le repas en famille, s'il ne bouge pas son cul. La douche rapide s'impose, il ouvre le gigantesque dressing, sort sans regarder un jean, une chemise et le pull tricoté par sa mère.

- Elle sera contente de voir que je le porte ! s'imagine-t-il la mine réjouie.

Ses pieds crissent un peu sur le parquet ciré de sa chambre, se raidissent sur le bois d'essence rare de la salle bain et reposent enfin sur la descente de douche moelleuse en poils de coton. Quand on y réfléchit l'appartement s'avère avoir été aménagé pour le confort et la découverte plantaire, vive les pieds nus !

Il passe rapidement devant le miroir de l'armoire à pharmacie, s'aperçoit vaguement de son teint d'aspirine et de ses yeux cernés. Il ne relève pas cet état de fait. Ses cheveux bouclés sont dans tout les sens et sa barbe du même blond vénitien, transparente mais piquante envahie tout son visage.

Hâ ! Moment bénis entre tous, l'eau bouillante coule enfin sur ses taches de rousseurs et ses grains de beauté. Ses pieds glissent sur les émaux bleus du bac à douche, les effluves de son " CKfree " réveillent ses sens. Quelques huit minutes plus tard le cheveu dégoulinant dans son dos, il avale le premier café de la journée, tout juste sorti de sa " Citiz ". Dernière ligne droite vers la sortie. Un coup de brosse à dent au dentifrice mentholé, une rasade d'after shave hors de prix puis il secoue sa crinière de lion sous le souffle de son " Remington SpinCurl ". Il prend sa veste de jean fourrée mouton, ses " Convers " old school et passe vingt minutes à chercher ses clefs de voiture tombées entre la table basse et le ficus " Benjamina ".

Dehors il fait beau, soleil d'automne, rien de mieux pour une virée à la campagne. Direction Senlis au volant de son Ford noir rutilant.

*

- Bienvenu chez moi ! annonce Yann l'air plus blasé qu'autre chose.

Uzu analyse lentement l'ensemble du lieu. La chambre est petite, pas plus de onze mètres carré. Deux lits non fait, deux bureaux, une porte au font entre-ouverte, laissant voir une salle de bain tout aussi exigüe. Il y plane une odeur de baskets sales et de renfermé. Le ménage n'est visiblement pas la préoccupation principale des locataires. Bien que seule la poussière et les vêtements suspects trainant un peu partout puissent éventuellement le prouver. Il est clair que cette chambre ne sert que de dortoir. Certains cartons ne sont même pas vidés.

- Oui, c'est le lieu glauque où je vis depuis que je suis en métropole, chouette n'est-ce pas ?

- ...

- Je t'offre un thé ? Assieds-toi là, c'est mon lit.

Uzu l'observe un instant mettre en route une théière électrique.

- J'ai compris que tu en veux à Gabriel pour ça.

- De quoi ?

- Du fait que vous ne vous êtes jamais installé ensemble. J'en ai discuté avec lui. J'ai posé des questions, je voulais comprendre un peu ce qui n'avait pas fonctionné entre vous.

- ...

- Je suis désolé, ce ne sont pas mes affaires. Je n'insiste pas, voilà les photos dont je t'ai parlé.

Il dépose sur le matelas, le petit album où il a placé les quelques photos mises de côté par Gabriel.

Yann s'active referme la porte de la salle de bain vide un paquet de biscuits bon marché et jette deux sachets de thé vert dans des mugs cassés.

- On dirait une prison ici... Je déteste cet endroit ! J'y ai vécu pour rester avec lui. Je n'avais pas le choix, avec mon seul salaire, on n'accepte pas de me louer. Avec nos deux paies, il n'y aurait pas eu de problème pour avoir un appartement, il n'a jamais voulu.

- Je sais, il m'a dit qu'il ne se sentait pas prêt à vivre avec toi.

- Haha ! Par contre en quelques jours, il a été prêt à t'installer chez lui.

- ...

- Tu veux savoir pourquoi ça n'a "pas marché" ? Gabriel et moi on est resté ensemble quelques mois ici. J'ai supporté de ne faire l'amour que le lundi soir dans une chambre d'hôtel, il ne fallait pas qu'on " couche " chez sa sœur. Le reste du temps, on avait des horaires de dingues et presque jamais en même temps, la même pour les jours de repos.

- Je me doute que ça ne devait pas être facile, il m'a dit que tu n'étais pas heureux de la situation.

- Pas heureux de la situation... J'étais obligé de réclamer pour le voir, pour sortir, pour faire des choses avec lui, sans ça, on ne se croisait qu'aux répètes du groupe. Jamais seuls tout les deux, jamais de sexe, pas de lieux pour. J'ai tenu bon, un certain temps, puis j'ai commencé à craquer effectivement ! A lui en vouloir et à lui faire la vie dure. Je voulais que ça change.

- Peut-être que tu en as trop voulu trop vite, mais je ne suis pas là pour juger. Si j'essais de comprendre, c'est aussi pour savoir ce qui déplaît à Gabriel et ne pas faire des erreurs similaires. Tu me pardonnes de te poser des questions ?

 - Tu veux un vrai conseil ? Pense à toi. J'ai fini par me dire qu'il ne tenait pas tant que ça à moi au final. Et je suis persuadé que j'ai raison. Je suis, pas mal de fois, passé pour un emmerdeur au prés de toutes ses connaissances et il ne dément pas. S'il est vrai que je lui ai fait une vie de patachon, j'avais mes raisons. J'ai tenté plusieurs fois de le larguer, seulement, je l'ai dans la peau moi ! Au début, j'ai cru que si je lui prouvais qu'il avait besoin de moi, il agirait différemment, qu'il se mettrait un peu à ma place.

Il se relève et apporte les tasses, avant de poursuivre.

- Je le larguais et j'attendais qu'il se rende compte de la douleur que c'était. Il s'en fichait. Je ne lui manquais même pas. Je suis sûr qu'il était soulagé. Y'a que moi qui souffrais de tout ça. Pour finir je faisais tout pour le récupérer, comme une pauvre connasse. Pour ça j'appuyais sur la corde sensible, qu'il ait au moins pitié de moi. Puis je tentais de nouveau de supporter la situation, j'avais pas le choix. Au fil du temps, j'en suis venu à le détester autant que je l'aimais, j'ai fini par être agressif. Je ne supportais plus rien. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs, et ce con n'a jamais compris les raisons. Ou il n'a pas voulu piger.

Il balaye sa chambre du regard.

- Ma vie à Paris est un enfer, je n'ai pas d'ami, je n'ai que bossé et mis de l'argent de côté, tout ça pour être avec lui et pour une formation que je ne vais plus pouvoir faire faute de piaule. Finalement Gabriel et moi on ne se voyait plus que pour se disputer. Ses amis, ses connaissances et les membres du groupe, au mieux ne m'apprécient pas, au pire me détestent ou se fichent de moi. Je n'ai pas pu revoir ma famille depuis longtemps car je gardais tous mes congés pour le voir lui. Et bien que séparés, je continue à profiter du moindre moment que je peux voler, pour être avec lui.

- C'est que tu comptais un peu trop sur lui pour être heureux non ?

- La bonne blague ! Je n'ai pas quitté mon île parce que j'en avais envie, je suis venu car Gabriel me l'a demandé ! Pas certain que ton expérience sentimentale personnelle te permette de juger mes actes ! C'est quoi ça ? Une leçon de psy à deux balles ?

- Je suis désolé, c'est pas ce que j'essaie de faire. Je cherche simplement à comprendre un peu mieux. Gabriel m'a dit que tu étais un peu dépendant affectif et plutôt à regarder souvent ailleurs, tu as besoin qu'on t'aime et peu importe la façon dont on te traite, balance Uzu honnête et directe sans le moindre ménagement.

- Howowo stop là tout de suite ! Moi je suis dépendant affectif et je regarde ailleurs ? Moi ? !

- T'énerves pas je...

- C'est la meilleure celle là ! Alors là non ! Je t'arrête tout de suite chéri ! Déjà aller voir ailleurs... Je n'ai eu qu'une seule relation d'amour sérieuse et c'était avec Gabriel. Avant lui, il n'y a eu personne dans ma vie sentimentale, seulement des aventures de passage. Jamais je ne me suis impliqué affectivement avec personne en dehors de lui. Jamais je n'ai attendu quelque chose d'un mec à part Gabriel ! J'hallucine, c'est pas moi, qui, suite à notre rupture, suis sorti avec tout ce qui passe ! On croit rêver d'entendre des idioties pareilles ! Celui qui est incapable de vivre seul c'est bien lui ! Pas moi ! Pour quelles raisons tu crois qu'il est avec toi ? Nan mais faut arrêter hein !

- Avant lui, il n'y a eu personne, vraiment ?, Tu n'avais pas elle ? Et tu n'as pas foncé à peine largué vers elle ? avance Uzu en sortant une photo de Marie.

Yann montre les gros yeux, puis son expression se déforme pour montrer un sourire en coin largement ironique. Uzu poursuit.

- Gabriel m'a dit que lorsque vous avez rompu, tu es allé la voir pour lui déclarer ton amour ! Vous veniez de vous séparer et hop !  Tu fonces vers elle, parce que tu n'avais plus personne ! tu vois, toi aussi...

- Nous nous sommes séparés plein de fois avec Gabriel et en dehors de la dernière fois où effectivement je suis allé voir Marie, je ne suis jamais tombé dans les bras de personne d'autre. J'ai aimé Marie, Gabriel le sait. Marie ignorait ce que je ressentais pour elle, j'avais peur, de la perdre. Depuis que je suis en France, à cause du boulot et de ma relation avec Gabriel qui se trouvait compliquée, j'ai eu de moins en moins de contact avec elle. Je l'ai mise de côté, je n'ai pas su gérer Marie en plus du reste. J'ai commencé à la perdre sans m'en rendre compte, sans rien avoir dit.

- Pourquoi le faire à ce moment là plutôt qu'un autre ?

- Il se trouve que trois jours après ma rupture définitive d'avec lui, j'ai reçu une invitation de la part de Marie, qui m'annonçait ses fiançailles. Si je me suis décidé alors, c'est que je n'avais plus rien à perdre coco ! Ça n'est pas sauter sur le premier inconnu qui passe ! J'étais vraiment et pour de bon célibataire et elle, elle allait se marier. Je ne voulais pas qu'elle le fasse sans le lui avoir dit. Je ne voulais pas avoir plus de regrets que j'en avais déjà.

Tout ce que Yann explique à Uzu est du plus cohérent, la version de Gabriel n'est tout bonnement que sa vision très personnelle des choses.

- Hâ mon chou, Marie m'en a voulu, elle était déjà en colère à juste titre d'avoir été mise de côté pendant ces derniers mois et que je vienne lui poser un cas de conscience à un moment où j'aurais dû simplement lui dire à quel point j'étais heureux pour elle et son fiancé, ça a été de trop. Elle a eu l'impression d'être une bouée de sauvetage, ce qui n'était pas le cas. Elle s'est sentie trahie par toutes ces années où je ne lui ai rien dit, de ce que je ressentais vraiment. Je ne lui reproche pas de m'avoir rejeté à ce moment là. Elle avait toutes les raisons de m'en vouloir.

- Tu n'as pas tenté de reprendre contact avec elle ?

- Chéri nous sommes en contact ! Enfin voyons, ça s'est passé y'a plus d'un an ! J'étais son témoin au mariage.

Uzu s'étonne.

- Gabriel m'a dit...

- Gabriel et moi ne sommes plus ensemble, cela implique, mon chou, qu'il ne connaît plus tout de ma vie ! Quand Marie m'a claqué sa porte, j'étais abattu et il a tout su, je suis une petite fragile moi ! Fallait que j'en parle à quelqu'un qui puisse comprendre. Par la suite, me détachant, j'ai cessé ce genre de confidences. Ma vie ne regarde plus Gabriel.

- Je vois.

-  Bon, tu avais des choses à me montrer ?

- Ha oui, Gabriel hésitait à te les donner, bredouille-t-il en lui tendant les photos. Il avait peur que tu ne te méprennes. Il ne vire pas les souvenirs de toi, il en a gardé beaucoup, les plus belles ou celles qui avaient des choses à lui dire sur ce que vous avez vécu. Il a dit que tu n'en avais pas.

Yann montre un petit sourire, le premier vrai depuis que Uzu a pénétré son antre.

- Tu le remercieras ma louloute, ça me fait plaisir.

 

Un vieil escalier dans le style des années vingt, en fer forgé, des murs blanchis à la chaux, un couloir extérieur qui sent le moisi, une cour intérieur qui résonne, des bacs à poubelles de toutes les couleurs un peu trop modernes pour les pavés vieillots, la porte de la concierge constamment ouverte, des boites aux lettres déglinguées, Uzu découvre ce que peut admirer Yann chaque jour, par sa fenêtre.

Il faut évidement faire fi du linge pendu un peu partout et oser pencher la tête au dessus des odeurs sortant des sachets de super marché, entreposés sur l'appui de fenêtre du voisin du dessous. À qui il manque certainement un réfrigérateur.

Le thé vert aux Jasmin est bon. Uzu écoute sans oser le regarder, le bruissement des pages plastique que l'on tourne. Derrière lui, Yann examine les photos paisiblement. La japonais préfère tourner la tête. Il observe la cour par la fenêtre, afin de le laisser respectueusement tout à son inventaire de souvenirs. Une question de pudeur, il ne se voit pas surveiller la scène par-dessus de son épaule.

Devrait-il partir, là maintenant ? Ils ne se parlent pas. Cependant Uzu a le sentiment que ça n'est pas le bon moment et puis une question le taraude.

Yann referme l'album, Uzu se rapproche et leurs regards se croisent.

- Je peux te poser une question ? tente l'asiatique.

Yann se contente de croiser les bras et d'attendre en souriant.

- J'ai plus où moins deviné que tu avais été viré de ton boulot, mais c'est quoi le rapport avec le fait que tu doives rendre ta chambre ? Tu as peur de ne pas pouvoir trouver un autre job ? Tu m'as dit avoir mis de l'argent de côté.

- Gabriel ne t'as pas expliqué ?

- Je ne lui ai pas posé la question.

- Mon patron est un chef cuisinier Basques, ici c'est un foyer de jeunes travailleurs basques. J'ai obtenu cette chambre uniquement parce que je bosse pour lui, il a des fréquentations ici. N'étant plus un employé du resto, je perds le droit à la chambre. J'ai les moyens de payer le loyer d'un studio et la formation que je devais commencer est à mi-temps, je peux donc bosser en supplément. Malheureusement cette chambre, je ne l'ai eue seulement parce que la sœur de Gabriel qui avait un très bon salaire, se portait caution solidaire pour moi. Je ne gagne pas trois fois le prix d'un loyer, ce serait sans doute possible de trouver avec un peu de temps, sauf que du temps, je n'en ai plus. Je n'ai qu'un mois, c'est un contrat de bail spécial.

- Tu t'es renseigné au prêt d'associations ?

Yann ramasse les tasses vides, se lève et pouffe de rire à la question, au lieu d'y répondre.

- Il y a des aides je pense, insiste Uzu.

- J'y connais rien, je n'suis un petit gay paumé ici.

Voir un jeune homme si têtu, de ce qu'il a découvert du spécimen, baisser ainsi les bras, le contrarie beaucoup. Dans les yeux de Yann, Uzu redécouvre cette amertume mêlée de chagrin présente depuis leur première rencontre. Il ne l'a pourtant pas vu sur les photos. Sur quelques unes, une certaine mélancolie apparait parfois, sans doute dans ses traits de caractère. Ce soir à cela s'ajoute l'abattement. C'est un jeune homme découragé et cela l'attriste.

 

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vefree
Posté le 22/04/2013
Bon, j'avoue que Liam ne me fait pas beaucoup d'effet. Je ne saurais pas trop dire pourquoi, d'ailleurs. C'est un gars rangé, installé, plutôt banal, faisant partie du système. Mais ça bout à l'intérieur de lui. Y'a un truc qui l'empêche d'être heureux. Et alors lui aussi en pince pour Uzu ? Enfin... disons qu'il ne le laisse pas indifférent. Homo, lui aussi, mais on dirait qu'il n'a pas fait son coming-out, c'est ça ? J'suis pas sûre d'avoir tout compris de sa personnalité en fait.
Ensuite, c'est la visite de Uzu à Yann. Eh beh ! On ne peut pas dire qu'il pète dans la soie, c'est certain. Ça fait de la peine, quand même. Mais j'apprécie qu'il ne saute pas au cou de Uzu juste pour assouvir ses bas instincts. En fait, il est suffisamment affecté par tout ce qui lui arrive que le cul n'a plus vraiment d'importance. Ce qui est très juste. Lui rapporter les photos a finalement quelque chose de bon. Je pensais que ça l'aurait beaucoup effecté et finalement pas tant que ça. Il faut dire que Uzu sait pas mal y faire. Pour le coup c'est assez diplomate, même si la démarche était sacrément risquée. Et puis finalement, ça permet de comprendre les deux points de vue sur leur relation avec Gabriel. 
Mais que va-t-il advenir de Yann ? Il perd son boulot. Licencié, c'est ça ? ou fin de contrat, je sais plus. Visiblement, son CV n'est pas convaincant auprès des directeurs de restaurant. Le pauvre est dans une situation pas tenable. Que va-t-il décider ?
je lis la suite dès que je peux. 
dominosama
Posté le 22/04/2013
Liam ne fait d’effet à personne, c’est voulu (en tout cas pour le moment) dans la vie de tout les jours Liam ne fait pas beaucoup d’effet de toute façon, il est du genre transparent. Il y a clairement un truc qui l’empêche d’être heureux, en même temps la société « oblige » les gens à être heureux. Si on arrive pas à l’être…
 
Si Liam en pince pour Uzu ? Bha c’est son ex, il est toujours resté proche de lui, par contre leur relation n’est pas du tout au même niveau que Gabriel et Yann, pour Liam et Uzu c’est une vielle histoire, disons qu’ils finissent d’enterrer les vestiges. Mais les liens qu’ils ont gardé et l’état de Liam appuie un peu sur un point sensible voilà tout.
Liam a fait son coming out en même temps que Uzu, d’ailleurs on va survoller ça dans un prochain chapitre dans pas très longtemps.
Il n’y a rien d’intéressant chez Liam, rien dans sa vie, ou en tout les cas c’est ce qu’il pense. Parfois les gens ont tout pour être heureux et aucune raison de ne pas l’être et pourtant, ils ne le sont pas. Il va falloir creuser. Liam on apprend à le connaitre au fur et à mesure cependant ce sera sans doute le personnage en retrait de l’histoire. Il en est de même dans sa propre vie face aux autres, je cherche pas a nous mettre à sa place, pour le moment mais plutôt à la place des gens qui le côtoient.
 
Ha ! Oui C’est clair Yann a dû être bien désillusionné en arrivant en métropole.
Ce que Yann éprouve pour Uzu  s’avère plus de la  « vénération » qu’autre chose, disons qu’il est un peu perdu le Yann pour le moment. Et puis Yann aime Gabriel…
Uzu découvre l’amitié (en même temps que l'amour) et je trouve qu’il se débrouille pas trop mal :)
Très important les deux points de vu en effet.
 
Yann a été licencié pour de nombreuses absences injustifiées (son comportement est dû à la séparation d’avec Gabriel).
Son CV est au contraire très bien fourni, (j’en parlerais plus tard dans les retours en arrière) mais Yann a un souci de taille (hormis le problème pour trouver un logement) mais je spolierais en le révélant maintenant. Cependant le fait de ne pas avoir de logement quand on est sur paris est déjà suffisamment important (je suis moi-même resté SDF, pendant un an sur Paris alors que j’avais un emploi au smig à plein temps.) Si on ne peut pas squatter quelque part impossible de garder son emploi (moi j’ai eu de la chance d’avoir des amis).
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