Recherches

Par Sebours
Notes de l’auteur : Troisième rajout sur Ugmar à la recherche des sept présents des Sept

Maître Slymock.

Mes investigations ont permis de corroborer vos soupçons. Il y a bien dans la cité gnome de Slalve un artisan qui prétend pouvoir découper n’importe quelle matière. Il s’appelle Pimdap et officie dans la rue des tisserands dans l’échoppe « Le ruban bleu ». D’après nos informateurs, il travaille seul et on ne lui connaît ni épouse, ni enfant. A priori, ce Pimdap n’a mis en place aucun dispositif de protection spécial pour protéger sa boutique. Cependant, sur le sujet, les données sont floues parce que personne n’a jamais pu observer le gnome au travail dans son atelier. Désirez-vous que j‘engage une prostituée pour obtenir davantage d’informations ?

Je reste votre obligé.

Flagorn

Chevalier de la Huchette

Message envoyé par pigeon voyageur

 

L’ambiance était solennelle ce matin dans le cabinet de travail de Ugmar. Avec Slymock, son éminence grise, ils s’étaient décidés à impliquer un peu plus Ome dans leurs manigances. Après tout, le dernier né de Nunn donnait satisfaction dans son travail de renseignement auprès de prince Hector. Il infiltrait même à présent l’hermétique ligue des ombres. Le temps était venu d’impliquer le garçon dans la recherche des sept présents des Sept. Le grand chambellan lui expliquait donc depuis une demi-heure l’origine et la puissance de ces artefacts. Se concentrer sur sa conquête du pouvoir et la recherche des sept présents des Sept lui permettait d’oublier les pulsions qui le malmenait depuis que cette divine Fame avait percé à jour sa véritable nature. Il but une rasade de la fiole de la solution de bromure qui ne le quittait plus avant de poursuivre.

« ...Nous possédions le formidable sac microcosmique. Il s’avérait fort utile pour enfermer les prisonniers et les supprimer en toute discrétion. Pareillement nous y avions dissimulé d’autres présents des Sept. Malheureusement, mon garçon, le sac est introuvable ! »

«  J’ai passé la salle du trésor au peigne fin. Je n’ai trouvé nulle part trace du sac microcosmique ! » se désola Slymock..

« Qu’as-tu à répondre à cela Ome ?! » demanda Ugmar en plantant son regard doré dans celui du gracile garçon.

« Hein !!! Qu...quoi ? » s’interrogea le jeune espion éberlué par l’invective du baron.

« Nous pouvons en déduire qu’il a été volé ! Allons ! Mon garçon ! »

S’étaient-ils trompés sur la vivacité d’esprit du garçon ? Pourquoi restait-il coi ? Le grand chambellan déployait des montagnes d’effort pour se rendre agréable auprès de ce petit adolescent ahurit alors qu’il l’aurait giflé pour obtenir une réaction. Ou bien était-ce parce qu’il lui rappelait trop cette tentatrice de Fame ? Slymock insistait pour qu’il cultive une relation quasi filiale avec le dernier né de Nunn. Un jour, celui-ci serait peut-être un pion essentiel de son parti sur l’échiquier politique. Mais qu’il était exaspérant de se montrer empathique ! Ugmar aimait dominer, ordonner et être craint. Il exigeait et on exécutait. Il porta la fiole à ses lèvres avant de reprendre.

« Tu dois accentuer ton enquête sur le prince Hector, mon garçon ! C’est forcément lui qui l’a volé ! »

« Les dryades et les satyres l’ont certainement missionné pour récupérer les sept présents des Sept que nous possédons. » tempéra Slymock. « Le prince a dû agir rapidement après son arrivée, lorsque tu n’étais pas encore suffisamment aguerri aux techniques d’espionnage. La disparition du sac coïncide avec son arrivée à Zulla. Il faudrait que tu interroges le prince au cours de vos échanges. Tu deviens de plus en plus proche de lui. Cela pourrait délier sa langue à un moment donné. »

« Et nous allons te fournir des prétextes d’aborder le sujet avec le prince Hector, mon garçon ! S’il est effectivement à la recherche des sept présents des Sept, il ne pourra pas résister à l’occasion de t’accompagner à la recherche d’un autre présent ! Slymock, expose nous les résultats de tes dernières investigations. »

« Nous avons potentiellement localisé les ciseaux universels. Originellement, ils appartenaient à la horde des orcs violets. Nous savons qu’après la prise de pouvoir du roi Orokko, les orcs violets ont fui vers Aquira en passant par les marais du Nord des fées libellules. C’est à ce moment-là que nous perdons toutes traces des ciseaux universels. Et depuis peu, un gnome de Slalve est en train de faire fortune en prétendant couper n’importe quelle matière. »

« Vous pensez que se sont les ciseaux universels ? »

Que ce garçon était stupide à déblatérer des évidences. Ugmar s’efforça tout de même de répondre à sa futile question.

« Un gnome découpe tout à moins de trente lieus de la disparition d’un artefact il y a de cela à peine dix mille ans ! Je ne crois pas aux coïncidences ! Il faut agir vite ! Nos espions racontent que les Marteaux d’Airain recherchent activement tous les artefacts magiques. Il nous faut envoyer une personne de confiance pour vérifier ! Et peut-être dérober l’objet. Ainsi tu pourras mettre à profit les enseignements de la ligue des ombres, mon garçon ! »

Qu’il était fastidieux de brosser dans le sens du poil les créatures à sa botte ! Définitivement, il était plus simple pour le grand chambellan de converser avec Slymock. Nul besoin de rond de jambe ou de mise en forme avec lui. Il ne s’offusquait jamais et obéissait toujours. Point de question superflue avec son fidèle parmi les fidèles. Enfin, peut-être Ome se montrerait-il à terme aussi servile et efficace. Il restait très jeune après tout. Même le meilleur des chiens de chasse demandait un minimum de temps et de dressage avant de devenir un fin limier obéissant. Encore fallait-il qui ne se révèle pas revêche comme sa mère, cette catin qui s’était refusé à lui ! Ugmar but du bromure pour calmer la bouffée de colère qui montait en lui.

« En signe d’alliance entre les peuples dryade et elfe, je vais proposer au prince Hector de fonder un comptoir commun à Slalve. Et nous profiterons du voyage pour enquêter sur ce fameux gnome découpeur. Tu voleras le ciseau avec ton ami hybride. Cela ne devrait pas poser de problème. Après tout, vous êtes des ombres ! »

« Et je profiterai de notre connivence pour aborder le vol de ce sac magique qui a disparu. C’est bien ça, seigneur Ugmar ? »

Le baron révisa son jugement. Finalement, Slymock pourrait peut-être faire quelque chose de cet adolescent. Sans doute fallait-il plus l’impliquer dans les actions du cabinet noir afin qu’il apprenne. Ome avait simplement besoin de verbaliser ses pensées parce qu’il ne possédait pas pour l’instant la même vivacité d’esprit que son maître espion. Le grand chambellan avait envie de balafrer son visage juvénile qui ressemblait par trop à Fame, mais il se contenta de poser calmement ses mains sur son bureau. A part sa physionomie trop semblable à sa mère, le garçon présentait de nombreux avantages. Il apparaissait néanmoins bien moins bêta que Barouf. Il tardait déjà au baron de se débarrasser de ce stupide lutin. Slymock dû deviner les pensées du baron et présenta l’opération en étalant une carte sur le bureau.

« Le chevalier de la Huchette, Flagorn, chef de notre cellule de Panamantra se trouve le plus prêt de Slalve. Il s’occupera de préparer l’opération. Je vois deux possibilités d’extraction une fois le vol commis. Option un, tu « empruntes » le courant l’aqueduc qui alimente Panamantra. Option deux, tu vas jusqu’à la cité dryade d’Aquira d’où tu embarques sur un bateau pour Anulune. Nous privilégions la deuxième option. Elle brouillerait les pistes et nous disculperait. »

« Je dois prendre un bateau à Aquira ? En impliquant Hector ? Mais comment puis-je le convaincre ? Et les dryades voudront garder les ciseaux ! »

« C’est à toi de te débrouiller mon garçon ! Je t’ai sélectionné pour tes capacités d’adaptations. Si un jour tu comptes devenir mon allié politique et le représentant des peuples alliés, tu dois faire tes preuves ! Si tu es incapable d’emberlificoter un jeune prince écervelé, tu ne seras d’aucune utilité au sein du conseil du roi ! »

« L’improvisation et l’anticipation constituent des qualités essentielles pour un espion. Nous t’informons bien en amont de l’opération afin que tu puisses développer une stratégie. Bien sûr, nous en parlerons régulièrement lors de nos réunions matinales. Tu as un mois pour penser à tout. Je peux faire parvenir tes demandes logistiques à Flagorn à Panamantra. Nous passerons par la cité blanche pour nous rendre à Slalve. »

Slymock venait de recentrer la conversation. Heureusement qu’il l’assistait en toute chose. Sinon, Ugmar aurait à nouveau glissé vers son naturel dominateur et sans pitié. Il maniait mieux le bâton que la carotte. Avant de le craindre, Ome devait déjà le vénérer et lui vouer une fidélité sans borne. Le grand chambellan radoucit donc le ton.

« Considère cela comme un examen, mon garçon ! Soumets-nous régulièrement tes idées. Avec nos expériences millénaires,nous te fournirons des conseils avisés. Ne t’inquiète pas pour les ciseaux si tu dois les donner aux dryades. L’important est de savoir où ils se trouvent et qui les possède ! Il sera toujours temps de les récupérer plus tard ! »

Ugmar mentait effrontément et pour la première fois depuis longtemps, cela lui en coûtait. Peut-être parce qu’à l’accoutumée, il mentait pour duper un adversaire politique et semer des fausses pistes. Présentement, il ne supportait pas l’idée de la perte d’un artefact aussi puissant que les ciseaux universels. Il venait de perdre le sac microcosmique. Passer à côté d’un autre présent des Sept serait une catastrophe. Comment pourrait-il atteindre son objectif de domination ultime si tous ces instruments de pouvoir se dérobaient à lui ?

Le grand chambellan sentait une nouvelle vague de colère monter en lui. Sa fiole était vide et c’était la dernière. Il voulait décharger sa rage. Il clôt hâtivement la réunion et contrairement à ses habitudes, il sortit lui-même en ville quérir de nouvelles potions chez son apothicaire.

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