(Réminiscences)

Notes de l’auteur : C'est un chapitre que je n'apprécie pas trop, des passages, notament un sur les sentiments de Uzu, sont un peu trop longs et confus.
Bon sinon, il y a l'explication (ou le début d'explication) d'une scène relativement violente, donc je préviens quand même et je tiens à préciser qu'il s'agit d'un fait divers réélement produit. Donc âmes sensibles'abstenir (bon après c'est court pour le moment.)

Gabriel dort depuis des heures. Quand il s'éveille enfin, la nuit est déjà complète. Allongé sur le lit, il s'efforce de remettre ses idées en places. Quand s'est-il endormi ? Il se souvient juste avoir pris un calmant. Assis sur le lit, il observe la pièce dans la pénombre, laissant sa vision s'habituer au manque de lumière. Il sourcille, le lit du bébé n'est plus là ! Et Uzu ? Paniqué il saute sur ses pieds. Dans le couloir, des cartons, un sac poubelle, du bordel, passant devant son ancienne chambre, il découvre son petit lit remplacé par celui de Hugo. Uzu est à la cuisine, le repas cuit. La salle à manger est pleine d'objets divers.

- Tu es réveillé !

- Qu'est-ce tu fous ici ? C'est quoi tout ça ? 

- Ne te fâches pas, je me suis dit qu'il fallait changer des choses. C'est pour t'aider. Et je suis certain que Hugo sera mieux et toi aussi, si vous avez tout les deux votre chambre. 

Il remarque les changements tout autour de lui, puis considère Uzu un instant, cherchant son expression.

- Il est souvent fuyant, remarque t-il, il tourne la tête, le dos ou baisse les yeux.

Il avait su être franc au début de leur rencontre, lui parler simplement, droit dans les yeux, pourquoi a-t-il l'impression parfois qu'il le craint maintenant ?

- Peut-être est-ce dû ma façon d'agir, comme cet après midi ? 

 Il pense que Uzu a raison de déménager et ranger toutes ces affaires. Il aspire à le rassurer tout en lui donnant des précisions sur la raison, pour laquelle lui même ne s'en est pas encore occupé.

- Ouais, sans doute. Y'a peu temps qu'c'est arrivé. J'avoue qu'je supporte pas de m'sentir seul, c'est maladif. Pour tout dire, quand nous nous sommes installés ici, j'ai eu beaucoup d'mal à m'habituer à ma chambre. Quand son mec est parti, j'me suis installé dans la grande chambre avec ma sœur. 

Uzu tressaille, surpris ? Curieux ?

- J'cauchemardais souvent quand j'étais enfant, après la mort d'mon grand père. Il vivait avec nous, il est mort, j'avais cinq ans, ça m'a marqué j'crois. Après c'sont mes parents, puis l'copain d'ma sœur, j'admets qu'être seul c'est très difficile. Il y a quelque temps, ça m'occasionnait encore des crises d'angoisses très souvent, comme cet aprem'. Il m'a fallu travailler sacrément sur moi-même t'sais, j'en fais moins.

Gabriel balaie du regard la salle. Uzu commence à comprendre. Il craint n'être pour lui qu'une « sœur » de remplacement, juste une présence nécessaire. Ne l'a-t-il pas cherché ?

Il réfléchi un instant, puis prend la parole.

- Un jour, mon père m'a dit, que dans la vie, nous sommes forcément seuls, au milieux des autres certes, mais seul quand même. Je sous entendais alors qu'il était difficile pour moi de ne pas avoir d'amis à force de déménager. En plus d'être trimballé entre la France et le japon, mon père était souvent muté.

Gabriel analyse cette façon que Uzu a de se dérober au regard de l'autre encore une fois, celui-ci remue le contenu de la casserole, ayant parlé en lui tournant le dos.

- Est-ce si dur d'affronter les gens en face ? A-t-il peur d'être jugé sur ses mots ? 

Gabriel interprète cette réaction, comme étant une manière de ne pas le laisser lire en lui. Il cache ses sentiments le plus possible. Mais le goth n'est pas dupe car si contrairement à lui, le japonais ne se laisse pas envahir par ses émotions, en contre partie il a besoin de mettre des mots. Uzu, fort mais sensible, déterminé mais timide, effacé et gentil a peur d'être jugé mais éprouve l'obligation de se justifier ! Gabriel souhaite de tout son cœur apprendre à le connaître vraiment mieux. Que cache t-il ? Se connait-il lui même ? Pourquoi ce manque de confiance en lui ?

- Je n'suis pas certain d'avoir, un jour envie de connaître ton père, déclare Gabriel.

Uzu sourit en coin puis poursuit la conversation, en égouttant des pâtes, sans s'apercevoir que l'autre le détaille d'un œil perçant.

- Il y a beaucoup de choses à trier, j'aurais besoin de ton aide pour ça, j'ai... j'ai mis les vêtements de ta sœur dans des cartons. Je suis persuadé que ça ne sert à rien de souffrir chaque jour, en tombant dessus rien qu'en ouvrant l'armoire. 

- Oui, c'est gentil. J'me crois pas capable d'régler ça maintenant, enfin d'continuer, tu parts à quelle heure ? 

- Je reste cette nuit et j'ai pris trois jours de congés. 

Gabriel ouvre de grands yeux pétillants. Touché, alors que Uzu lui tourne le dos, il s'approche et se serre contre lui.

- Hooo ! Merci, merci ! T'es vraiment un ange ! dit-il très bas, troublé.

- Heu, oui, le repas est prêt, réplique Uzu timide et confus.

- J'te demande pardon pour cet après midi.

Tout en l'étreignant, il l'oblige à se retourner, puis lui offre un magnifique sourire. Et de ses yeux brillants Uzu y découvre qu'ils changent de couleur, Gris, Verts... Gabriel s'empare de ses lèvres, subitement.

Le baiser est empreint de délicatesse mais Uzu est surpris, il en laisse tomber ce qu'il a en main, une cuillère en bois. Il se retrouve, totalement captif de l'étreinte, une situation qui s'est si souvent répétée. Il n'ose rien et cela le gène un peu.

Gabriel l'embrasse à pleine bouche, le caressant tendrement, agissant comme on touche quelque chose de précieux. Ce qui l'empêche de le repousser, tout ceci est enivrant. Mais Uzu n'a, depuis son adolescence, su qu'attirer les hommes, pas donner. Il s'offre lui, ne sachant quoi leur apporter, ignorant l'échange ou comment faire autrement. De quelle façon réagir aux caresses ? Il les laisse agir avant de les quitter, attend que ça se passe. Quand à l'amour, ordinairement il le fuit. Ce soir quelle alternative lui reste-t-il puisque présentement l'amour s'en mêle de son côté aussi ? N'ayant jamais eu aucun ascendant, il se contente généralement d'y répondre avec détachement en prenant en permanence bien garde de ne pas s'attacher, là il ignore proprement quoi faire.

Dans la vie de tout les jours Uzu aime garder de l'emprise sur les choses, il n'est capable de vivre qu'en prévoyant que, en se protégeant de. Cependant en amour c'est bien sûr impossible, en ce cas, pas de protection signifie pour lui, pas d'amour non plus. À l'instant il se trouve tourmenté, parce que Gabriel domine. De part sa présence, de part ses actions, parce qu'il l'entraîne malgré lui aux travers d'émotions jusque là inconnues. Il n'ose donc pas le repousser, pour autant, comme à son habitude, incapable de le gratifier de quoi que ce soit, il a peur.

Peur de se laisser aller, de ce qu'il éprouve pour Gabriel, de ne plus être capable de se défendre et d'être blessé finalement. Oui, surtout, il craint de se tromper.

Pendant que Gabriel lui offre ce si tendre baisé, il est assailli par des monceaux de questions. L'aime-t-il ? Est-ce que ce garçon tient à lui vraiment ? N'est-il pas qu'une main tendue ? Ou une fois de plus, un simple jouet ? Et lui-même? Ses sentiments que sont-ils donc ? D'où viennent-ils ? Les choses se bousculent dans sa  tête. Il a tellement envie d'y croire enfin, pourquoi maintenant ? Jusqu'où va-t-il aller ?

Uzu lui rend son baiser mais Gabriel s'aperçoit qu'il se raidit. Ses lèvres sont étrangement froides, les mains sur son épaule, tremblent nerveusement, tout son corps se crispe. Croyant deviner ses craintes et ses pensées, Gabriel stoppe quelques instants, pour lui dire quelques mots à l'oreille.

- Juste ta bouche, mon ange, seulement tes lèvres et ta langue, par c'que ch'uis fou d'toi, par c'que j'te trouve adorable et que j'te résiste pas, par c'que j'ai envie d'être doux, c'est mon cadeau, pour m'faire pardonner. J'irais pas plus loin, juste tes lèvres. J'te demande rien d'autre. Et t'as l'droit de m'repousser.

Il soupçonne à cet instant un blocage, une éventuelle virginité ? Il ne serait pas impossible que le japonais n'ai jamais été plus loin, tant sa réaction oscille apparemment entre hésitation et désir.

A ses mots Uzu est ému et une partie de son angoisse s'envole. A partir de là, il se laisse envahir par les sensations diverses qui l'assaillent, son cœur s'emballe. Ils s'embrasseront ainsi pendant de longues minutes et Gabriel tiendra sa promesse de ne jamais se permettre un geste de plus. Le seul bémol, Uzu souhaiterait être libre et capable de donner égallement, mais il est impuissant face à ses doutes et son ignorance. Il ne saura que recevoir et répondre, comme de coutume.

- Bon et si on mangeait ?

Content de lui et apaisé, l'odeur de fleurs encore plein le nez, Gabriel fait mine d'aller s'assoir. Il est de suite surpris par la réaction de l'autre. Uzu attrape sa manche au vol, alors que déjà, il s'éloignait, puis l'attire brusquement à lui.

- Moi aussi. Moi aussi j'ai besoin de toi, moi aussi j'ai perdu beaucoup de monde, bien que ce ne soit pas de la même manière. Je crains de te perdre aussi, ne me fais plus peur et je t'en pris, ne me repousse plus.

Il se blottit tout contre lui.

- Arf ! Mangeons, s'tu continu, j'vais finir par t'violer sur place !

Ils mangent en silence, le bruit des cuillères sur le fond des assiettes ne couvre pas les pensées bruyantes de Uzu. La dernière réflexion de Gabriel, le laisse effectivement interrogateur. Il n'a pas pensé à ça, où va-t-il dormir ? C'est vrai, il a installé Hugo dans l'ancienne chambre de son oncle, pour ça, il a dû démonter le petit lit. Gabriel s'imaginait sûrement qu'ils dormiraient ensemble. Dormir ? Vont-ils réellement dormir s'ils partagent un lit ? De toute évidence non.

Uzu n'a pas pour habitude d'entretenir bien longtemps ses relations, il s'agissait depuis pas mal de temps, d'aventures d'un soir, souvent sans lendemain. Pour cette raison, ordinairement, il n'attendait jamais pour consommer. La situation est différente aujourd'hui, Gabriel est différent. Pour lui donc, et aussi à cause de l'horreur de sa dernière expérience, il ne pense pas être capable d'aller plus loin pour l'instant. C'est à bien y réfléchir totalement impensable. Quoi alors ? Et de quelle manière le lui faire comprendre ?

- A quoi tu penses ? T'as l'air perturbé ?

- Hein ? rougit-il.

- Y'a un problème ? T'as l'air ailleurs depuis t'à l'heure, tu serres ta serviette et j'trouve le r'pas calme aussi.

- Pardon, je suis un peu gêné. 

Gabriel allonge son bras et lui prend la main.

- Qu'est c'qui t'chiffonne ?

- Je me suis invité chez toi, je ne t'ai pas demandé s'il y avait la place que je dorme ici.

Le goth relève un sourcil, ses paupières se plissent, il le dévisage, puis semble étudier autant la question, que les sous-entendus qu'elle soulève. Elle est en effet lourde de sens et bien sûr, il ne va pas lui dire pourquoi la réponse lui paraissait jusqu'alors limpide, puisque de toute évidence, elle ne l'est plus.

- T'as peur d'moi ?

- ...

 Pour toute réponse Uzu se lève et entreprend de débarrasser la table. Gabriel se calle dans son siège et l'observe de plus bel.

- T'as le choix d'dormir dans l'canapé, ou si tu préfères j'te laisse mon lit.

- Le canapé sera bien oui, je n'y avais pas pensé, c'est stupide, ça ne te dérange pas ?

Il y a un silence, Gabriel l'examine encore, dubitatif.

- Non ! J'comprends qu'ça puisse être encore un peu tôt pour toi.

Il se lève, Uzu reçoit Gabriel une fois encore dans son dos, il le laisse lui prendre les assiettes des mains. Une fois la vaisselle posée sur le côté, l'autre l'attrape par la taille. Posant doucement, la tête sur son épaule, il ajoute :

- J'vais t'attendre, je s'rais patient, t'inquiète pas, quoi qu'j'avoue qu'j'ai hâte de t'serrer contre moi quand j'rêve.

Uzu hésite un instant à changer d'avis, Gabriel est si... Mais il tient bon.

 *

Il gare sa voiture en bas du parking, lève la tête et aperçoit de la lumière dans la cuisine, il doit juste rester dix minutes chez sa mère, prendre quelques vêtements, mais il est certain qu'il devra encore se justifier. Il l'a prévenu par téléphone, elle lui a, à peine répondu. C'est sa manière à elle d'afficher son désaccord. Il entre, passe devant la salle et se dirige directement vers sa chambre. Pas besoin de se retourner, pour la savoir sur ses talons.

- Tu comptes vraiment découcher ? Tu le connais à peine ! Et combien de temps tu t'absentes ? 

- Oui,  à vingt quatre ans je suis un grand garçon maman. Je rentre dans trois jours. 

- ... 

Elle l'observe.

Sa mère, une femme de quarante sept ans, encore une très belle allure quoiqu'un maintien et un comportement un peu trop sévères pour attirer. Un chignon serré, des lèvres constamment pincées, des vêtements stricts.

- Ton père a appelé, lâche t'elle, sûr de l'effet.

Penché sur la préparation de son sac, il sursaute au mot "père" et se retourne.

- Que voulait-il pour nous faire l'honneur d'un coup de fil ? rétorque-t-il.

- Plusieurs choses, il désirait être informé, sur ce que tu décides pour son offre. Te soumettre autre chose de très intéressant si tu acceptes et il vient quelques jours à la fin du mois. Il voudrait passer un peu de temps avec toi. 

Se courbant au-dessus de son sac, fronçant les sourcils, faisant la moue, il réfléchit. Il meurt d'envie de demander quelle est l'autre proposition, mais il se sait manipulé par ses parents.

- Non je ne veux rien savoir. Quelque chose va encore détruire tout ce que je construis ici, je le sens. Tu lui as dis que je refusais ? 

- Non, ce n'est pas à moi de le faire. 

- Tu lui as parlé de Gabriel ? 

Surprise par la question, sa mère prend des grands airs, elle doit frapper fort, s'imagine-t-elle.

- Non ! Pour quelles raisons? C'est sans importance, toi et tes lubies ! Pour mettre ton père inutilement en colère ! Il t'offre quelque chose de vraiment bien, si tu décides de tout gâcher, c'est à toi qu'appartient cette responsabilité, sûrement pas à moi. 

Touché ! Piqué au vif, il s'emporte.

- Mes lubies ? J'essaie de construire ma vie ! J'ai continuellement l'impression de vivre dans un château de cartes, le moindre souffle de lui et tout s'écroule. Qu'a t-il encore inventé pour me la pourrir, que bien sûr tu cautionneras, comme tout le reste jusque maintenant ? 

- Tu passes ton temps à fuir la réalité Youzeu ! On voit où ça t'as mené, la vie n'est pas un rêve !

- Non c'est vrai, c'est un véritable cauchemar ! Je n'ai pas l'intention de m'expatrier encore. Et pour vivre avec lui en plus ! 

- Et tu projettes d'en faire quoi de ta vie ? Ton père te promet un emploi convenable et bien payé et également à présent, un logement pour toi seul. Tu pourras enfin la construire TA vie ! Qu'espères-tu devenir si tu restes ici ? La nounou d'un gagne petit ? Accumulant les boulots de traduction pour joindre les deux bouts et élever le chiard d'un autre ?  

Il toise sa mère avec fureur.

- J'aurais en tout cas pas de mal à réussir mieux que vous ! Je ne vais pas rester ici, c'est pas mon sac que je prend ce soir, c'est ma valise !

- Haha ! Tu ne sais rien de la vie, tu crois qu'un couple, ça se construit sur un coup de tête ? 

- C'est lui, ce père qui a abandonné femme et enfant, qui va m'apprendre à vivre convenablement, en homme responsable ? Et toi maman c'est toi, qui vas m'expliquer comment on construit un couple ? Toi qui vit seule depuis vingt ans et qui as été incapable de garder ton mari ? 

Le son de la gifle sort par la fenêtre ouverte de sa chambre et résonne dans toute la cité. Elle quitte la pièce, des larmes de dépit aux yeux. Déjà sa joue gonfle.

Il se décide à prendre le plus gros sac de sport qu'il trouve, y met l'intégralité de ses vêtements.

- Y'a que la vérité qui blesse maman ! Je t'enverrais et à lui aussi, mon adresse quand j'en aurais une, balance-t-il en sortant.

Arrivé dans sa voiture, il tremble, la rage ? La douleur ? L'incompréhension ? En bas de chez Gabriel, il hésitera. Finalement, il ne prendra qu'une partie de ses affaires, dans un petit sac, décidant de laisser le reste dans le coffre, afin qu'il ne se doute de rien. Lorsqu'il entre, celui-ci est en train de changer Hugo.

- Je n'ai pas été trop long ? 

Gabriel montre qu'il apprécie son retour d'une simple phrase.

- Sans toi, c'est forcément trop long désormais. 

Uzu sourit, cependant malgré ses efforts pour paraître naturel, Gabriel se doute de suite que quelque chose s'est mal passé. Uzu sent son regard perçant même quand il lui tourne le dos.

- Ça c'est passé comment avec ta mère ? 

- Comme d'habitude, elle m'a pris la tête.

Le japonais rejoint son ami et décide de jouer avec la petite main de Hugo, histoire de trouver une diversion.

- Coucou bébé ! On n'est pas couché encore ? 

- Ta joue est rouge et tu grinces des dents.

Quelle perspicacité, il est surpris, serait-il possible que Gabriel s'intéresse tant à lui, qu'il perçoive les moindres détails ? ! Ne peut-il rien lui cacher ? C'est embarrassant, un peu grisant aussi, comprendre que l'on captive quelqu'un à ce point. S'il n'était pas vexé par le geste de sa mère et le gonflement de la joue qui en découle, pour un peu, il en rougirait d'aise.

- Je n'ai pas tellement envie d'en parler, se contente-t-il de lâcher.

Gabriel ne réplique rien, couche simplement le bébé, non sans se retourner plusieurs fois. Il prépare ensuite le canapé, dans un silence qui devient bientôt pesant.

- Voilà, bonne nuit.

- Je... 

- Oui ? 

Uzu baisse la tête et n'ajoute rien, il s'assoit sur ce qui sera, ce soir, son lit. Gabriel hésite, puis fait demi tour et se pose à son côté.

- J'veux pas être une source de problème entre ta famille et toi.

Uzu sourit amèrement.

- Rassure-toi, tu n'y es pour rien, mes problèmes sont bien plus profonds.

- Pt'être un jour tu m'fras suffisamment confiance pour m'raconter. 

Il pose la main sur la joue marquée des cinq doigts de la mère de Uzu.

- J'la connais pas, mais j'lui en veux de t'avoir frappé, la violence n'est jamais une réponse. 

- Je l'ai cherché. 

- Est-ce que t'avais tord ? 

- Je ne crois pas, en revanche ça prouve bien que toute vérité n'est pas bonne à dire, surtout quand on aime les gens et surtout de cette manière là.

- Ça n'prouve rien du tout et p't'être qu'elle aussi, l'a cherché non ?

- Ha ça !

- Allons dormir ! 

Gabriel se penche pour déposer un baiser chaste sur sa joue. Alors qu'il effleure tout juste la peau rougie, le japonais lui passe la main derrière la nuque, l'attire à lui, prend sa bouche d'assaut et ébauche une caresse sur le torse. Tandis qu'il commence déjà à lui déboutonner la chemise Gabriel réagit.

- Humm, Uzu non ! Qu'est ce tu fabriques ? Arrête ! Ch'uis resté super zen, là, mec. Ch'ais pas si tu t'rends compte dans quel état t'es en train de m'mettre ? Ch'uis pas sûr d'réussir à m'maîtriser si tu continues ! Et là, t'es pas dans ton état normal ! 

- Et ? C'est bien ce que tu attends non ? Depuis le début c'est bien coucher avec moi que tu veux ! J'ai envie d'oublier là, j'ai envie d'être bien ! 

Gabriel le regarde, la mine mi-étonnée, mi-dépitée puis se lève sans un mot et quitte la pièce pour rejoindre sa chambre, le laissant seul dans le noir.

- Je suis trop con !  rumine le japonais.

Gabriel se couche, quelques larmes viennent mourir le long de son oreille. Depuis la mort de sa sœur sa sensibilité est exacerbée.

- J'l'ai cherché moi aussi, il ma fait comprendre de l'laisser tranquille, qu'il n'avait pas envie d'en parler et j'insiste forcément, il était pas d'humeur.

Il a beau relativiser la réaction et les paroles de son invité, il ne peut s'empêcher de réaliser que Uzu ressent forcément au moins une partie de ce qu'il a avancé et ça l'effraie.

- Est-ce qu'il s'imagine vraiment que d'puis le début je n'désire que coucher avec lui ? Est-ce que c'est l'impression que j'donne ? Non, non j'ai accepté qu'il dorme à côté, j'ai jamais été pressant merde ! Être juste bien, tsss mais qu'est c'qu'il attend de moi ? Rien d'autre ? Est-ce qu'il a juste l'intention de se servir d'moi pour « oublier » et oublier quoi ? Il a dit qu'il tenait à moi. Il a dit qu'il avait besoin d'moi lui aussi, à quel propos ?

Plusieurs longues minutes plus tard, il s'inflige encore une véritable torture morale en ressassant des questions du genre, quand l'autre se poste sur le pas de sa porte.

- Gabriel ? 

Le goth qui a les yeux mouillés et refuse qu'il s'en aperçoive, ne remue pas un cil, laissant croire qu'il dort.

Uzu s'avance doucement pieds nus sur le plancher.

- Gabriel ? Je suis désolé.

- ... 

- Gabriel ?

Il finit par retourner se coucher sans avoir pu s'expliquer, de toute façon que lui dirait-il ? Ils s'endorment tout les deux, l'un s'en comprendre, l'autre en se maudissant.

 *

Il subissait cette main qui lui écrasait la bouche, plaquée si fortement sur ses lèvres, que ses propres dents commencèrent de les blesser et le sang de couler sur sa langue.

Hein que tu aimes ça ? Salope ! 

Cette voix et celles des autres, leurs rires, résonnaient. Il avait mal et envie de vomir chaque fois qu'il se rendait compte de ce qui était en train de se produire. Le quel d'entre eux était en train de lui tordre les poignets en tirant ainsi sur ce qui semblait être de la corde de nylon. Une douleur insoutenable dans son ventre et une nouvelle brûlure immense au niveau de son anus lui fit savoir qu'un nouveau « corps étranger » venait de le pénétrer. Il tenta de hurler de toutes ses forces, mais s'évanouit, tant la douleur, au bout de toutes ces heures de sévices sexuel, était devenue atroce.

 *

Il doit être quatre heures du matin, quand Gabriel sort d'un sommeille profond en sursaut, alarmé par des cris provenant d'une pièce à côté et qui ne ressemblent en rien à ceux de Hugo. Il pénètre dans la salle, trouve certes Uzu endormi mais gémissant et se débattant dans les couvertures, contre un ennemi invisible.

- Uzu ? 

Il s'approche, les gémissements s'intensifient. Lorsqu'il est suffisamment proche, il comprend certaines protestations.

- Par pitié, non, laissez moi, ne me touchez pas, lâchez moi, j'ai mal, j'ai mal !

- Uzu ? Uzu réveille-toi ! 

Il remue d'abord doucement l'épaule de son ami, sans résulta, celui-ci hurle un mélange de français et de japonais haché.

Il le secoue alors carrément.

- UZU !! Debout ! C'est juste un cauch'mar ! 

 Quand l'autre finit enfin par s'éveiller Gabriel est repoussé de suite brutalement.

- Laisse-moi ! Ne me touche pas !

Recroquevillé de l'autre côté du canapé, Uzu est en nage et son visage est marqué par la terreur. Dans son regard on peut lire l'horreur d'un évènement semblant être encore en train de se dérouler.

- Ça va ? C'est rien qu'un cauch'mar mon ange, tu m'as fait super peur !

- Ha, je t'ai réveillé ? Désolé ça va mieux maintenant, ça va. Laisse-moi.

- Tu trembles, tu veux que j'reste un peu ? 

- Nooon ! 

Uzu s'est dérobé lorsque la main de l'autre s'est posée sur son épaule, comme piqué d'une décharge électrique.

- Ok ok ! J'te laisse ? 

- Oui.

- Bonne nuit, si t'as un problème hésite pas hein ? 

- Oui.

Il se sent impuissant et de plus en plus anxieux le concernant, certain qu'il y a beaucoup plus qu'une simple dispute avec ses parents.

- C'que j'ai envie d'le serrer dans mes bras. Ce mec m'aide et moi, ch'uis incapable de lui rendre la pareille.

 

Uzu est très gêné vis à vis de Gabriel. Il avait décidé de l'aider et en fin de compte, il arrive avec une montagne de problèmes personnel, va-t-il les ajouter à ceux de son ami ?

 - Ma mère n'avait pas totalement tord après tout. Il se retrouve avec tellement de responsabilités, c'est déjà très compliqué pour lui. Je voulais lui rendre service, en réalité je ne suis qu'une source de problèmes supplémentaires.

Allongé dans le noir, il a peur de se rendormir marqué par cette impression d'être traqué.

Le lendemain matin quand Gabriel se lève et entre dans la salle, c'est un Uzu très gaie qu'il y trouve. Un sourire lui rend le sien, il se sent de suite plus léger

Ohayo* ! Je descends à la boulangerie, tu as une préférence ? 

- Heu non. T'as réussi à t'rendormir ? l'interroge tout de même Gabriel surpris par ce revirement.

- Je prends des pains au chocolat et des croissants alors ! Ne t'inquiète pas pour moi, j'ai l'habitude des cauchemars débiles, je suis juste désolé de t'avoir réveillé.

- Débiles...Ce sourire mon pote n'est pas naturel ! 

Il pressent le mensonge éhonté, Uzu lui cache vraiment quelque chose. Ce rêve tourmenté, son arrivée de la veille, l'ambiance pesante toute cette nuit, il est clair que même si ce matin tout a l'air d'aller pour le mieux, il y a un je-ne-sais-quoi dans l'air qui empeste les ennuis. Il souhaite une conversation, vite, mais comment l'engager ?

Quand le téléphone sonne.

- Monsieur Carbonel ? 

- Heu, oui ?! 

- Bonjour, je suis la maman de monsieur Obata.

 

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vefree
Posté le 20/12/2012
"Ce connait-il lui même ?" => Se connait-il...
"..., tu parts à quel heure ? " => tu pars à quelle heure ? 
"Ce soir quelle alternative lui reste-t-il puisque présentement l'amour s'en mêlent ?" => s'en mêle 
"Dans la vie de tout les jours Uzu aime garder de l'emprise sur les choses,..." => tous les jours
"tant sa réaction oscille apparemment entre hésitation et désire." => désir
"Gabriel se calle dans son siège et l'observe de plus bel." => se cale... de plus belle.
" Je t'enverrais et à lui aussi, mon adresse quand j'en aurais une, balance-t-il en sortant." => t'enverrai 
"Gabriel se penche pour déposer un baisé chaste sur sa joue." => baiser (je ne t'en site qu'un mais reprend toutes les occurences du mot dans le chapitre. C'est presque tout le temps la même faute)
"- J'l'ai cherché moi aussi, il ma fait comprendre de l'laisser tranquille, qu'il..." => il m'a fait...
"Il doit être quatre heures du matin, quand Gabriel sort d'un sommeille profond en sursaut,..." => sommeil
"Le lendemain matin quand Gabriel se lève et entre dans la salle, c'est un Uzu très gaie qu'il y trouve. => gai
"il y a un je-ne-sais-quoi dans l'air qui empeste les ennuies. " => les ennuis
 
 
Ah ! Voilà que la mère de Uzu s'en mêle. Ça sent pas bon, c't'affaire. Déjà que c'est pas simple entre eux deux à cause de leur passé respectif plutôt sacrément lourd. On en a un petit extrait plutôt bien violent au travers d'un souvenir ici dans ce chapitre. Je crains que môman-Uzu ne jette de l'huile sur le feu.
C'est un chapitre plutôt réussi sur le point de vue de l'écriture. Je veux dire par là que tu arrives à passer d'un point de vue à l'autre assez facilement et ne se perd pas trop dans le qui-pense-quoi. Bravo pour ça. Le relationnel aussi est bien géré. Avec autant de passif négatif, ils ne pouvaient pas se sauter dessus histoire de nager dans le bonheur, non, c'était pas possible. L'un qui se laisse faire, passif et si peu sûr de lui, l'autre trouillard de la solitude, au point d'en être limite manipulateur... mouais... bah ça promet !
L'histoire du passé de Uzu est très violente, en effet. Racontée ainsi, c'est même carrément brutal. Rien ne prévoyait que cet événement allait être rapporté ici. Bon, je comprend bien que ça surgi au moment où il faut prendre la décision de faire l'amour ou non, donc, ce n'est qu'une pensée fugace, surgie là, alors qu'il aurait sûrement préféré ne jamais s'en souvenir. Ensuite, le cauchemar nocturne, ce qui fait le lien avec le présent et sa nouvelle relation avec Gabriel. Non, finalement, c'est opportun. Peut-être aurais-je insisté sur les émotions qu'il ressent à propos de cet événement passé, mais faut voir.
Mais j'aime pas savoir que sa mère vient mettre son nez dans cette nouvelle relation. Je l'sens pas, j' l'sens pas.
à ++ pour la suite.
Biz Vef' 
dominosama
Posté le 20/12/2012
Ouai ce sont des fautes récurrentes que je fais en fait, il faut que je me les imprime dans la tête >_<
Merci beaucoup de les relever, je vais évidement corriger ça. (Il y en a de vraiment stupides aussi bref…)
Hum la maman de Uzu… Uzu ne lui accorde pas tant d'importance, d'ailleurs, peut-être que s'il lui en accordait un peu plus elle le ferait moins "chier  " si je puis me permettre.  
Elle va même être assez utile d'ailleurs en fin de compte, car pour le moment Uzu ment à Gabriel, même si c'est par omission.  Pour avoir une relation stable rien ne vaut l'honnêteté. ^^
Gabriel un brin manipulateur, on peu le voir comme ça, mais honnêtement je crois qu'il est justes un peu égoïste et lâche. De plus on comprendra un peu plus tard les raisons de sa trouille vraiment maladive.
Les réminiscences de Uzu  : alors je me suis bien renseignée là-dessus en plus de m'être servie de ce que je connaissais déjà au prés de certaines de mes connaissances ayant un vécu du genre.  Uzu a malgré lui  "oublié" les détailles de son agression, certaine victime de sévices graves ont ce reflexe d'autoprotection.
Uzu est un personnage complexe dont la vie est en train de changer, et pas seulement à cause de Gabriel, sa guérison avait commencée avant, enfin c'est comme ça que je le vois, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a réussi à être en situation de pouvoir s'ouvrir à Gabriel au moment venu. Mais la guérison comporte son lot de choses bonnes et moins bonnes, si Uzu est aujourd'hui capable de nouveau d'éprouver des sentiments, il va également devoir assumer son passé douloureux. Et ce passé lui revient en pleine figure un peu n'importe quand même si en vérité les réminiscences sont bien souvent motivées/provoquée par le vécu du moment. Effectivement, le fait de devoir ou non "coucher" avec Gabriel peut être une des raisons du cauchemar de ce soir là (ou pas…). Mais de toute façon la machine de la guérison est en route, il ne pourra pas la stopper.
Les émotions de Uzu sont assez complexes elles aussi (comme le bonhomme) pour le moment Uzu vit cela comme de simples cauchemars pas drôles, ce qu'ils ne sont pas. Mais je n'en dirais pas plus ^^
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