Rencontre

Par Nascana

Comme tous les matins, Dasno s’était préparé et une fois cela fait, il avait commencé à nettoyer la maison mise à disposition de leurs invités. Lui-même y vivait, à l’étage le plus élevé. C’était plus simple ainsi, lorsque le village recevait des voyageurs. Son rôle était de toute mettre en œuvre pour que cela soit le plus parfait possible. Il devait leur faire le meilleur accueil.

Du coup, lorsqu’on vint le prévenir que des étrangers arrivaient, il se précipita pour préparer les lits. Sortant de l’armoire du linge qui sentait bon la lavande, Dasno le posa sur le matelas. Il se demandait qui pouvait leur rendre visite. Sûrement des marchands… De quels peuples étaient-ils issus ? Il le saurait bien assez vite.

Peut-être devrait-il leur préparer un repas ? Enfin, mieux valait attendre de connaître leurs goûts.

Il contempla son œuvre d’un air entendu, avant de lisser un pli sur la couverture. Pendant toute la durée de leur voyage, Dasno se mettrait à leur service. C’était son métier et il en était fier.

Entendant des discussions dans la rue, il risqua un coup d’œil à l’extérieur. Les nouveaux venus arrivaient. Il descendit à la hâte les escaliers pour leur ouvrir la porte et se préparer à les recevoir. Reprenant contenance, il se recoiffa d’un geste de la main, avant de tirer sur sa chemise.

Quelques coups eurent le temps de résonner contre le battant avant qu’il le fasse pivoter. Trois personnes attendaient en silence. L’un d’eux était un membre du conseil du village. D’un geste du menton, il le salua poliment. Derrière, se tenait une petite créature avec des yeux immenses, et une tête démesurée. Il la reconnut comme appartenant au peuple des gnomes. Par habitude, il connaissait les défauts que ceux-ci pouvaient avoir : très pointilleux et hautains. Cela n’avait guère d’importance, Dasno savait gérer ses invités.

En relevant la tête, il fut surpris par celle qui accompagnait le marchand. Il n’avait jamais vu semblable femme. Plus grande que lui, elle avait un visage rond aux joues pleines, des yeux noisette bordés de longs cils, et un petit nez qui se retroussait. Des taches de rousseur décoraient joyeusement sa figure aux allures juvéniles.

Dasno baissa les yeux sur sa tenue : une robe rouge mettant parfaitement en valeur ses formes rebondies, mais néanmoins harmonieuses. Jamais il ne lui avait été donné de voir quelqu’un comme elle. Au contraire de ses congénères, fines dont la peau semblait s’étirer sur leur muscle, paraissant presque prête à craquer parfois, elle avait un ventre formant des plis, donnant une toute autre allure à sa silhouette. Il aurait aimé pouvoir la toucher, s’imaginant une douceur qu’il n’avait jamais encore rencontrée.

L’espace d’un instant, il la fixa comme un idiot. Sur son visage, se dessina un doux sourire. Il la trouvait rayonnante. Alors à son tour, la commissure de ses lèvres remonta pour l’imiter. Évidemment, c’était sûrement beaucoup moins agréable de son côté. Il imaginait sans peine, les rides s’étendant sur ses joues en cet instant. Gêné, Dasno reprit son air impassible.

– Voici deux visiteurs qui séjourneront dans notre village le temps d’effectuer une tâche, pour le conseil. Je vous laisse leur faire un bon accueil. Nous mettrons à leur disposition la forge, ainsi qu’un stock de matière première nécessaire à réalisation du travail demandé par le conseil. D’autres commandes pourraient s’ajouter à la première en fonction du résultat. Pour cette raison, nous ne savons pas combien de temps, ils resteront séjourner ici.

– Très bien. Je me mettrais à leur disposition aussi longtemps qu’il le faudra.

– Le conseil compte sur toi, Dasno.

– Il en sera fait ainsi.

– Tu es exempté d’aider à la récolte, pour te concentrer sur nos invités.

D’un geste de la tête, il montra qu’il avait bien compris quelle était sa mission.

– Je vous laisse entre les mains de Dasno, je sais qu’il fera tout pour faire que votre séjour se déroule au mieux.

Il salua les étrangers, avant de s’en retourner dans la salle du conseil.

Ouvrant plus grande la porte pour leur permettre d’entrer, le majordome s’inclina délicatement.

– Madame, monsieur, je me présente, je me nomme Dasno. C’est moi, qui m’occuperais de vous, durant votre séjour.

– Enchantée, je m’appelle Nielle, déclara la jeune femme, alors qu’un sourire illuminait son visage.

– C’est juste un domestique, pas besoin d’en faire trop. Il est là pour nous servir. Maintenant, montrez nous donc les chambres. J’espère qu’elles disposent d’un minimum de confort, grogna-t-il.

– Tout dépend de ce que monsieur, entend par là. Les lits sont confortables et…

Le gnome paru s’impatienter, et Dasno jugea plus prudent de les précéder dans l’escalier.

– Je parie qu’il n’y a pas l’eau courante dans cette maison…

– Non, mais je me tiens à votre disposition pour vous faire chauffer de l’eau, et remplir une baignoire, au cas où vous voudriez prendre un bain. De même, je préparais vos repas. Il vous suffira de demander. D’ailleurs, si vous avez des requêtes particulières, je serai ravie de pouvoir les entendre.

Nielle ouvrit la bouche.

– J’adorais…

Mais elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase, que le gnome l’avait devancé.

– De la viande ! Est-ce que vous êtes capable d’en cuisiner ?

– Bien sûr, monsieur. Avez-vous en préférence particulière ?

– Du moment qu’elle est bien cuite, ça me va.

– Très bien de la viande bien cuite, pour monsieur. Et pour madame ?

– Vous pouvez m’appeler Nielle.

Face à ce discours, son compagnon leva les yeux au ciel.

– Cesse de fraterniser avec lui ! Dis-lui juste ce que tu veux manger ou je le fais à ta place ! De toute façon, vous n’êtes pas regardant sur la nourriture, ton peuple et toi. Donc serviteur, n’importe quoi pour elle ! Montrez-nous nos chambres.

La violence de ce discours crispa Dasno. Ce n’était pas pour lui, qu’il était énervé. Certains visiteurs avaient déjà preuve de ce genre d’incorrection, il ne le prenait pas personnellement. En vérité, il était heureux de faire son métier, cela lui permettait souvent de jolies rencontres. Au quotidien, il en apprenait plus sur ses visiteurs et sur les façons de vivre propres à leur espèce.

Seulement, là, les choses étaient différentes : voir cet homme s’en prendre à une jeune fille qui avait l’air aussi gentille, faisait monter en lui la colère. Cependant, il se contint et les précéda dans l’escalier en bois.

En haut, le couloir desservait plusieurs chambres. Dasno ouvrit l’une des portes.

– Votre chambre, monsieur.

Le gnome y entra, à la hâte. Son regard se posa partout, avant qu’il ne prenne la parole.

– Je ne m’attendais pas à grand-chose de toute façon, marmonna-t-il dans sa barbe.

La petite créature se tourne vers le majordome.

– Vous êtes encore là, vous ?! Vous n’avez rien d’autres à faire ?!

– J’attendais de savoir si la chambre convenait aux attentes de monsieur…

D’un geste de la main, son interlocuteur le chassa.

– Ça ira.

– Bien.

Dasno s’inclina, avant de l’abandonner. Il progressa encore de quelques pas dans le couloir, puis poussa l’un des battants.

– Votre chambre, madame !

La jeune femme lui sourit tendrement.

– Nielle. C’est beaucoup mieux que vous m’appeliez ainsi.

– Ce ne serait pas très respectueux de ma part.

– S’il vous plaît. J’insiste.

Elle posa sa main sur son bras, dans un geste amical. Il sentit son cœur s’accélérer à ce simple contact. C’était complètement idiot de réagir ainsi. Elle n’était même pas de son espèce, sûr que les hommes avec la peau sur les os comme lui, ne devait pas être son idéal. Était-il vraiment assez fou, pour s’intéresser à une femme qui n’était pas zombie ? Ce genre de choses n’étaient pas admis. Seulement aucune d’entre elle n’était aussi rayonnante que sa nouvelle invitée.

– D’accord, Nielle.

Il hésita, puis s’inclina.

– Je vais vous laisser vous installer.

Alors qu’il s’apprêtait à tourner les talons, elle le rappela.

– Excusez-moi !

Son regard se posa sur elle.

– J’aimerais goûter des spécialités locales, si c’est possible…

– Oui, bien sûr.

– Enfin si ça ne vous fait pas trop de travail…

Dasno secoua la tête.

– Vous n’avez pas à vous faire de souci pour ça. C’est mon travail et j’aime cuisiner. Je vous ferai donc découvrir notre gastronomie locale.

– Merci beaucoup.

Nielle entra dans la chambre.

– N’oubliez pas de me demander si vous souhaiter que je vous fasse chauffer de l’eau pour prendre un bain.

– Ce serait…

– Pas le moment ! déclara le gnome en surgissant derrière eux. Montrez-nous plutôt la forge. Nous avons à faire ! Le temps, c’est de l’argent !

– On pourrait se reposer, proposa Nielle. Si je ne commence que demain, ce n’est pas grave…

Son compagnon croisa les bras sur son torse.

– Cesse donc de faire l’enfant capricieuse et fainéante ! Nous avons à faire ! Je ne compte pas m’éterniser ici !

En disant ses mots, il jeta un regard noir à Dasno qui resta de marbre. Situation qui fut facilité par le fait que les zombies n’avaient que peu d’expression faciale.

À regret, la jeune femme accepta de le suivre.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Lydasa.
Posté le 13/10/2020
J'ai repris la lecture de cette histoire, par rapport au dernier texte que j'ai lu de toi, je me rend compte que ton style a beaucoup changer. Mais surtout changer en bien, contrairement a ici, la lecture est plus fluide a présent. Je ne sais pas trop comment l'expliqué mais ça se voie, surtout au niveau du vocabulaire que tu utilise.
Nascana
Posté le 27/10/2020
Coucou,

Oui, moi aussi, je m'en suis aperçu. C'est ce qui me pose problème. Il va falloir que je reprenne tout depuis le début pour poser de nouvelles bases.

Merci pour ta lecture.
Vous lisez