C’était une soirée chaude... Les rafales de vent qui voltigeaient en tous sens au travers des rues et des places de la Cité phocéenne annonçaient par leurs douces et chaleureuses caresses que la tempête n’était plus loin, grondant là-bas, à quelques kilomètres au large, tapie dans un voile de ténèbres. Alors que de leurs effleurements, sortes de murmures à peine audibles dans le tumulte de ce crépuscule d'été, elles exhortaient les foules à rentrer sans ne trop plus tarder, moi, je me tenais là, assis à la terrasse en rooftop d’un restaurant avec vue sur mer, un dry Martini à hauteur des lèvres, regardant d’un œil bousculé cette femme s’asseoir à ma table.
Le teint doré de sa peau, le vert ambré de ses yeux, ses traits gracieux, sa flamboyante chevelure bouclée, la volupté de son corps, l’onctuosité de sa bouche, le rehaussement léger de sa lèvre supérieure, ses délicieuses taches de rousseur, tout, tout en elle respirait le charme et la beauté. Verre en main, elle s’assit sans mot dire, son regard perçant et hypnotisant braqué sur moi, me donnant aussitôt le sentiment d’être sa proie. Bien que cela ne me déplut pas, ce fut là une étrange et singulière impression pour un séducteur tel que moi. Cherchant à me ressaisir, je voulus engager la discussion mais à l’instant où mes lèvres reçurent l’ordre de se mouvoir, elle me devança, me demandant si j’en avais pour longtemps.
Cette phrase eut sur moi l’effet d’une gifle. En une fraction de secondes, une volée de questions m'assaillirent : « Voulait-elle que je parte? Avait-elle rendez-vous avec un autre, ou une autre ? Me trouvait-elle à ce point peu attirant ? Une chose est certaine, c’est qu'elle perçut ma confusion car au moment où je tentai de lui répondre, avant même que de ma bouche ne sorte le moindre son, elle posa sa main sur la mienne et d’un air détaché ajouta : « Car j’ai toujours voulu savoir ce que ça fait de se faire prendre par un homme qui boit du Martini dry ? »
Je faillis recracher mon olive tant le propos fut inattendu. Si son premier verbe m’avait fait l’effet d’une gifle, le second m’hydrocuta sur place. Figé, ma main crispée autour du verre qui manqua tout juste de me glisser des doigts, mes tempes se mirent à battre à tout-va puis des gouttes à perler sur mon front. Je ne sais par quelle sorte de magie, mais en deux phrases seulement, ou plutôt en deux incantations, elle venait de briser toutes mes défenses, de me déposséder de toutes mes armes. J’étais nu, incapable de prononcer le moindre mot, comme cet adolescent qui s’éprend d’une femme déjà mûre, si lointaine dans le champ de ses possibles, désir seul assouvi par une main salvatrice. Mais je n’étais cependant plus cet enfant et cette femme venait explicitement de me faire savoir qu’elle serait le point final de notre escale.
Le contenu est fidèle à la promesse du contenant. C'est beau, c'est de la littérature.
"Deux incantations", en voici des termes qui vont me permettre de rire avant de dormir. XD
Charmant ! J'adore. Magnifique chapitre.
J’ai lu ton chapitre, car la couverture m’a fait de l’œil! Quelle belle femme! XD haha
Ensuite , je t’avoue que ce n’est pas tellement mon genre d’histoire, mais c’est bien écrit! 😉
Et malgré le fait que ce soit court, j’ai quand même envie de connaître la suite!
Pour finir, si je peux me permettre une petite remarque, tu devrais peut-être mettre plus de points. 🙂
Je la trouve aussi particulièrement jolie 🙃.
En espérant que la suite te plaira 🙂