Quand il rouvre les yeux, c'est pour s'apercevoir que le matin est déjà là. La main de Gabriel caresse son épaule. Une question résonne dans le silence.
- Des dizaines de partenaires ? Vraiment ?
Gabriel n'a visiblement pas oublié la discussion de la veille la reprenant à l'endroit exact où Yann l'avait sciemment arrêtée.
- Mais je me suis toujours protégé.
- Oui, mais des dizaines, quand même...
- Hihihi ! Ça te perturbe ?
- Non, ch'uis étonné qu'tu sois pas en couple, après en avoir essayé autant.
Yann soupire de contentement. Il est bien, là, dans la chaleur de ce corps aimant.
- Pourtant, t'es vachement beau quoi, et intelligent, puis t'as un vrai métier. Et puis merde, au lit comment tu réagis c'est d'la folie ! J'adore ! insiste Gabriel, grisé par l'expérience.
- Rooo qu'il est gentil !
Yann roule sur lui.
- Et toi ? Pourquoi es tu seul ? Avec tes performances... D'ailleurs je m'avance, il est possible que tu ne le sois pas après tout !
- J'ai une tête à être infidèle ? Moi, c'était plus par choix. J'ai eu plein d'occaz' ! L'dernier j'ai été un gros nase. J'me suis vengé après une grosse déception. J'étais pas prêt et il en a fait les frais. Ch'uis pas très fier d'moi alors j'ai préféré m'mettre au vert, jusqu'à c'que j'ai encaissé. Tu vois ?
- Je vois. Et maintenant ? Tu es prêt ?
- Ch'uis guéri.
- Je suis très jalouse, tu sais ? hihihi !
- Ça m'étonne même pas, ha, ha !
Ils s'embrassent.
- Et tu as mis combien de temps à guérir, dis-moi ? l'interroge le réunionnais, curieux.
- Un peu plus d'un an.
Yann ne relève pas, vu la sensibilité de son jeune ami, il réfléchit que dans six semaines, il ne sera sans doute pas le seul à souffrir.
- Et il s'est passé quoi ? Il t'a largué ?
- Oui. Il m'a quitté pour une fille. C'est pas tant d'm'être fait j'té, j'étais jeune, c'était mon premier copain, donc bon... Mais j'me suis senti trahi.
- Parce que c'était pour une fille ?
- En partie, ch'ais, c't'idiot mais c'gars là, il défendait la cause homosexuelle. C'était l'genre grande gueule, tu vois ? Il f'sait même partie d'une assoce'. Un mec super sportif, en plus. Malgré ses attirances sexuelles, il avait réussi à s'imposer au lycée.
- Humm, le mec viril qui joue les machos alors qu'il se fait prendre le cul comme une pucelle, je vois le genre tout-à-fait, ça m'insupporte ça.
- Heuu, ouais. Dit comme ça... Il était un peu mon héros et l'voir r'tourner sa veste aussi facilement, sans explication, ça m'a tué ! Le pire c'est qu'il m'a même pas dit : " C'est fini ", il s'est juste tiré. Du jour au lendemain, il a arrêté de répondre à mes messages et a déménagé en deux mois ! Sa lâcheté m'a déçu et rempli d'ressentiments pendant un bon moment.
- Mon pauvre chéri !
- Maintenant j'm'en fous, j'ressens plus rien, ni colère, ni chagrin, parfois ch'uis même étonné, j'me d'mande comment ça à pu avoir autant d'importance et pendant si longtemps. C'était vraiment ridicule, il en valait pas la peine.
Le téléphone portable de Yann les coupe, affichant l'appel de Marie, avant même l'alarme sonore.
Yann décroche, enjoué, s'attendant à devoir faire un rapport sur sa nuit d'amour à une curieuse toute émoustillée. Il n'en est rien, et le ton de son interlocutrice le déconcerte quelque peu.
- Saluuuuuuuuuuuut !
- Tu as vingt minutes pour ramener tes fesses au resto, Paolo est malade et on doit préparer la salle pour un mariage privé, les extras et le cuistot n'arriveront pas à temps pour le faire.
Le ton et message est laconique. Elle raccroche sans lui laisser le temps de répliquer.
- Hé bha, mazette, c'est la joie dès le matin ! Je vais devoir te laisser doux prince, ou la reine mère va me faire une scène. Je reviens après, promis !
- Ok !
- ROoo quand même, je bosse pas le dimanche normalement, c'est terrible ça ! ajoute-t-il en se rhabillant rapidement.
Ni le message téléphonique de Marie, ni la douche prise en hâte, ou la course pour être là-bas au plus tôt, n'a réussi à démoraliser un Yann galvanisé par son expérience de la nuit.
Marie, visiblement seule en salle, met déjà le couvert. Son air sombre et la petite ride marquant le milieu de son front ne présage rien de bon.
- Salut chérie, tu es seule ?
- ...
- On reste jusqu'à quelle heure ?
- ...
- Heu... J'ai couru aussi vite que j'ai pu.
-Jusqu'à midi... On reste jusqu'à midi.
- Tu es en colère pour une raison particulière contre moi ou bien ?
Marie sort alors son portable, lui colle à l'oreille et lui passe un message laissé la veille au soir par Jean-François. Le discours est assez explicite. Le jeune homme avoue à Marie qu'il a comme elle devait s'en douter, un penchant pour son meilleur ami. Il se vante d'aller passer la nuit avec Yann, en cumulant les mots vulgaires et les expressions grasses. Il ajoute que, même tenue secrète, leur relation se devait d'être au moins connue d'elle.
- Alors voilà, hein ! Ça te suffit pour tomber dans le panneau ! Ce connard accepte de tout m'avouer et en échange, toi, tu te fais prendre le cul par le premier obsédé abruti qui passe ! Tu m'avais dit que c'était terminé avec ce con ! Tu m'dégoutes, n'as-tu pas honte de ce que tu te fais à toi-même, hein ? Y'a quelques jours tu lui foutais ton poings dans la gueule et là tu le laisses te fourrer sa bite dans le cul ! Je rêve !
Le fameux sourire se trace de travers sur la face un peu crispée d'un Yann assez déçu.
- Que de mots vulgaires dans ta bouche, chérie.
- Et c'est toi qui parles de vulgarité ? !
- Il devait être bien sûr de lui pour t'envoyer ça avant de me voir ! Il a dû être désillusionné, le coco.
- Qu'est-ce que tu entends par là ? Ne tente pas de me faire croire qu'il ne s'est rien passé, tu n'as pas dormi chez toi cette nuit !
- Tu es venue vérifier, en plus !
- ...
- Je rêve ! Pour ton information, j'ai effectivement découché ! Et je me suis bel et bien envoyé en l'air !
Marie grimace de dégoût. Il s'adosse au bar, bras croisés et l'observe plier les serviettes nerveusement.
- Tu me déçois ! déclare-t-il à brûle-pourpoint.
- C'est la meilleure celle là, qu'est-ce que je devrais dire moi ? !
- Écoute, je n'étais pas avec lui. Je couche avec des mecs pour des histoires sans lendemain, je n'ai nullement l'intention de m'impliquer dans une relation si elle doit être cachée parce que le mec assume pas. Et que toi tu sois au courant ne me suffit pas, ça n'y change rien. De plus, contrairement à ce que tu penses, je m'estime un minimum et j'exige qu'on me respecte aussi. Je ne me vois pas sortir avec une personne passant son temps à m'avilir. Je cherche soit l'aventure, soit l'amour, pas à me faire démolir mentalement, physiquement ou sentimentalement.
- Alors, il a menti ? conclut Marie, mi-figue, mi-raisin, les larmes aux yeux et la voix tremblante.
- Je suppose qu'il était persuadé que j'allais monter dans sa voiture. Je n'en ai jamais eu l'intention.
- Pffff ! Le con, ho lala, ouf ! Il s'est vraiment fait mousser pour rien ! Je l'crois pas, comment j'ai eu peur ! Je suis désolée, fais c'que tu veux, avec qui tu veux du moment que ça n'est pas avec lui, quoi !
- Nan ! Et t'inquièt' rien n'entachera ma bonne humeur, ce matin !
- Vraiment ? Un bon coup ? Va-y donne-moi son pseudo débile et son numéro, que je rigole un peu ! Apollondu974 ? Ou c'était quoi le dernier déjà ? Ha oui ! Erection22! Hihihi !
Le téléphone de Yann s'allume.
- Deux minutes, je viiiivbrrrre, chérie !
- Yann ça va ? Marie n'est pas trop en colère après toi ?
- Salut beau gosse ! Nannnn, elle m'a pas tué, tout va bien !
Il tire un bout de langue et Marie fronce les sourcils pour tenter de comprendre.
- Je suis désolé, je suis parti sans nettoyer mes bêtises sur le mur, après tout c'était un peu de ta faute hi hi !
- T'inquiét', dis, Marie voudrait faire un truc ce soir avec nous ? Mater un film ou ch'ais pas ?
- C'est qui ? Je le connais ? l'interroge-t-elle curieuse.
- Gabriel aimerait savoir si tu veux te faire un film ce soir ?
Stupéfaite, elle reste bouche bée.
- Elle a p't-être envie d'autre chose ?
- Naaaaa, je crois qu'elle a perdu sa langue là ! Je te rappelle plus tard hi hi !
- Ok !
Il jubile, tant du plaisir d'avoir eu Gabriel au téléphone que de voir l'expression stupide de sa bonne amie.
- Tu as passé la nuit avec Gabriel ?
En réponse, les joues de Yann rosissent.
- Ça t'étonne tellement ? C'est pourtant bien toi qui lui as dit comment me piéger à la sortie du boulot, je me trompe ?
- Heu, mais... Et alors ? Vous heu...
Il se contente de la serrer contre lui.
- Merciiii ! J'ai sans doute passé la plus belle nuit de...
Il lève les yeux au plafond secoue la tête négativement et ajoute :
- Non peut-être pas de ma vie, j'exagère ! Mais il y a longtemps que je n'me suis pas senti aussi bien !
*
Ses doigts fébriles dansent sans but sur les cordes, les notes s'égrainent au hasard, laissant s'enfuir une suite de sons sans mélodie. Un souffle chaud pénètre dans la chambre, soulevant légèrement les rideaux, l'arbre du jardin se balance nonchalamment.
- Décidément je n'arrive à rien ! se lamente-t-il, reposant sa guitare à terre en se laissant tomber, bras en croix, sur le lit.
Tournant son nez contre l'oreiller, il y relève un léger reste du parfum de Yann. Gabriel ferme les yeux, tentant de l'imaginer. Il l'a plusieurs fois observé pendant son sommeil, si paisible. Il a balayé la petite mèche de cheveux tombant sur son large front, redessiné du bout des doigts les sourcils épilés, s'étonnant du traçage lisse et fin. Il a admiré les deux rangées fournies de longs cils roux, effleuré de sa bouche les lèvres entre-ouvertes, frôler de son nez le sien, couché sa joue sur la sienne... Il a également palpé ses parties intimes et leur peau si soyeuse et tendre, sans pour autant le réveiller. Que de choses a-t-il osées cette nuit. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le séduisant nymphet a le sommeil lourd. Au début, un peu déconcerté par la découverte de l'épilation complète du jeune homme, Yann lui évoque à présent une gourmandise pour le moins exotique.
Se repasser le film de leurs ébats dans sa tête, comme si l'action se déroulait à l'instant sous ses yeux, lui fait inexorablement monter une nouvelle érection, quelle félicité ! Dans les brumes de ses pensées, il voit de nouveau ce magnifique physique, les fesses et les hanches d'une fille, pas ou peu de largeur d'épaules, un torse étroit, un cou gracile et néanmoins un corps noueux. Il se rappelle du dessin des muscles tels des racines, lui sculptant un buste presque elfique. Quelle étrange créature, combien il est intéressant, attirant, envoûtant. Gabriel est charmé. Il voudrait continuer d'entendre cette voix éraillée, légèrement faussée, au timbre clair si particulier. Il a envie de se saouler de son sourire de travers, de son rire cristallin, de l'entendre, et de le regarder se déhancher encore et encore. Il se perd en revoyant les scènes jusqu'à avoir l'impression de le toucher, de le sentir. Quelques heures seulement que Yann a quitté la pièce et le manque l'engloutit déjà tellement.
- Ha ! Faut que je prenne l'air ! prononce-t-il à voix haute.
Il sort s'installer dans le salon de jardin.
Proposition que Yann ne se sent pas de refuser une fois de plus." => ... se contente Gabriel de lui souffler à l'oreille.
"Les précautions, prisent cette fois sans un mot, " => prises
"Même ainsi, la personnalité de Yann transpire par tous les ports de sa peau." => les pores de sa peau
"- On reste jusque qu'elle heure ?" => jusqu'à quelle
"et les expressions grâces" => grasses
Je déteste ce Jean-François !!! là, c'est vicéral. Autant Yann est parfois imbuvable, mais celui-ci dépasse tout. Non mais quelle enflure ! C'est pas un poing dans la gueule qu'il mérite, mais... je lui arracherais bien tripes et boyaux !! Non, l'émasculer tiens ! ça lui apprendra !
Bon ! Enervement mis à part, voilà une partie de jambes en l'air qui scèle définitivement une relation qu'on sait plus durable que ce qu'ils pensent en ce moment. À part toujours un manque d'incises récurrent et quelques fautes qui trainent, c'est bien raconté. Sauf que j'ai quand même une petite remarque à faire sur l'orgasme et l'éjaculation. "Est-il vraiment approprié, au moment d'éjaculer son orgasme, dans la bouche de son amant,... " Là, tu cumules même les deux et moi, ça m'a fait bondir. Mon expérience me fait dire que les deux peuvent être parfaitement distincts. On pourrait mettre ça sur le compte de leur jeunesse à tous les deux car quand on est jeune, on confond forcément orgasme et éjaculation. Or, c'est toi qui raconte, alors, sans aucune intention d'être désobligeante, tu observeras ce que je dis un jour ou l'autre. L'expérience montre qu'un homme peut jouir sans éjaculer. Pour un homme c'est d'autant plus confondant que l'association est vite faite, mais pour une femme, c'est un peu plus subtil, pour peu qu'elle sache qu'elle a sa propre manière d'éjaculer. Oui, je sais que je pinaille, mais un bel acte d'amour est ainsi construit. Bon, ici, ce sont deux jeunes mâles fougueux, alors forcément leur éjaculation est à la mesure de leur plaisir à peine contrôlé. Donc on va dire que ce n'est pas bien grave. C'est juste une nuance narrative qu'il y aurait pu y avoir dans ce passage.
Ceci dit, l'impression est toujours celle dont je parlais dans mon précédent commentaire au sujet de l'intrigue. Ça manque toujours d'intérêt narratif.
Mon expérience m’a évidement également appris que les deux peuvent être distinct d’ailleurs dans mon histoire il va l’être le plus souvent de même que les deux persos ne vont pas forcément toujours jouir ensemble, je suis la première à dénoncer ce genre de manies que les filles ont de penser ça. Sauf que jouir et éjaculer en même temps, même si ça n’arrive pas à chaque fois, bha ça arrive AUSSI parfois et là c’est le cas. Donc je ne changerais pas ça d’autant que j’aime assez ma formulation un peu choquante. Par contre ne t’inquiète pas je ne trouve aucune de tes interventions désobligeantes, la plus part m’aide énormément, ne change rien. Et pour celle là, au contraire je suis la première à faire ce genre de remarques :)
Ceci dit, l'impression est toujours celle dont je parlais dans mon précédent commentaire au sujet de l'intrigue. Ça manque toujours d'intérêt narratif.
Pour l’intrigue je ne vais pas revenir dessus sur ce commentaire, je vais étudier la chose disons.