Je prends mes cliques, je claque la porte. Je vais partir à l’avant de ma voiture. À l’aventure. Je remonterais bien vers le vent, comme l’équipe à l’autre auteur, mais je vis dans un monde moins mouvementé, plus mou-venté, où la météo va nous plaquer au sol autrement, en nous liquéfiant. On l’aura bien mérité. Héritiers des plus voraces, volontiers rapaces déplumés, on n’en a plus pour longtemps. Alors je pars en fête. Je pars en fait : je le fais, je veux l’effet. Des orteils aux paupières, du crâne au col, du cil au cul ! Sentir mon corps en entier, en matière animée. Je n’ai plus de verrou, j’y vais et je roule.
Je vais voir la mer, le prochain poème, car malgré le cliché, rien n’égale le bruit du ressac et les chants des mouettes ressassés, l’air où le sel devient une odeur, le reflet sur la couleur qui diamante la peau tissée de l’eau plissée.
Je vais voir mon père, la terre, la terre-mère, le parterre, l’amertume terrassée par la puissance de l’écorce cachée sous du vert plus vert que tout vert ; ouvert, elle respire ! la forêt où fond le rêve des quadrupèdes qui n’ont jamais pu plaider. On entendra le froissement d’une queue d’écureuil près de noisettes mûres, et ça fait tout.
Et je fuis la vie, suivant le vrombissement sous mon volant excité de la suite. J’éloigne les gens, gentiment. Toujours est-il. Jours étirés qui me touchent dans mon lâchage, faites indulgence. Je sais ma chance. Je sais mon mal, mais je ne puis parler encore sur du béton, ni cramer fort derrière les verres, ni toucher terre quand on ne voit plus la voie lactée. C’est acté. La solitude est un thème vétuste, tâchons de lui faire une santé. Sans achever le bonheur fou. Sans faroucher l’aveu des bêtes.
En premier lieu je voudrais commencer par dire que j'aime beaucoup ton style d'écriture. J'ai lu ce texte un peu comme un poème à décoder, et comprendre chaque phrase dans sa complexité et dans ses jeux de mots était vraiment amusant et agréable.
Je trouve le paragraphe sur la mer (le deuxième) particulièrement doux et plaisant, bien qu'il soit peut être moins codé (ce qui par ailleurs allège la lecture et peut plaire à un plus grand public).
L'image de couverture fonctionne très bien avec l'ambiance, au moins celle de ce texte.
Concernant ce dernier paragraphe, je ne sens pas vraiment de soucis de rythme réellement perturbant pour la lecture de mon point de vue. En revanche, peut être que ce passage mériterait d'être légèrement simplifié par rapport aux autres parce qu'il aborde une idée plus profonde et moins imagée, qui mériterait peut être d'être exprimée avec un tout petit peu moins de poésie pour en faciliter la compréhension.
Pour conclure, j'ajoute que j'ai été attirée vers ce texte parmi les autres pour son titre, et qu'il m'a donné envie de découvrir avec plaisir les chapitres précédents !