En preux chevalier qui devait affronter une créature félonne, il ouvrit la porte. Sa bravoure fut de courte durée, lorsqu’il sentit une présence dans son dos. Il ne put retenir un cri, petit certes, mais un cri quand même. Un miaulement menaçant s'en suivit aussitôt. Merlin se retourna lentement, et se retrouva face au gros chat noir, qu’il avait aperçu un peu plus tôt. Ce dernier le fixa intensément de ses yeux couleur… L’enfant réalisa alors, que leur couleur était d’un bleu indéfinissable. Les fentes, deux minces filets noirs, étaient posés sur une surface où des formes inconnues paraissaient s’agiter. Ils brillaient intensément et changeaient rapidement de nuance. Son pelage noir portait les traces de multiples batailles. On aurait dit à la fois un vieux général harassé, et un jeune soldat prêt à en découdre. Ses fines et longues moustaches lui donnaient un air distingué, et sa posture aussi. Deux petites oreilles pointues semblaient toujours en alerte. Elles contrastaient avec des pattes puissantes et musclées dignes d'un lionceau.
« Sapristi ! La maîtresse t’attend ! », pesta soudain Lilwenn au loin.
Merlin abandonna l'animal du regard. Pas question d’être en retard le premier soir. Il avait repéré où se trouvait la salle à manger. Il possédait un bon sens de l’orientation depuis toujours. Bien sûr, il aurait préféré « faire son entrée officielle » accompagné de ses parents, mais pour l’heure, ils étaient introuvables.
« Sapristi ! Dépêche-toi, arrête de nous faire poireauter ! », s'impatientait la cuisinière. Me voici sur des terres de vieilles légendes et de vieux jurons, pensa Merlin. Cela lui rappela son maître d'école, qui les régalait de ce genre d'expressions désuettes, qu'ils trouvaient rigolottes. Le petit garçon avait un faible pour "saperlipopette", même si au début il confondait avec "salopette". Puis, il avait adopté ce mot au point de le répéter à tout bout de champ à ses parents. Il aimait le prononcer comme une incantation magique.
Pour lors, ça commençait mal, à peine arrivé, il se faisait déjà houspiller. Il vit alors le gros chat noir foncer sur lui, le dépasser et entrer finalement avec un port de tête royal dans la pièce dont la porte venait de s’ouvrir.
Une voix caverneuse s’exclama : « Ah ! Te voilà mon tout beau ! »
Elle appartenait sans l’ombre d’un doute à la maîtresse des lieux. Les reproches ne s’adressaient pas à lui. Enfin, pas encore !
Il entendit sa mère s’étonner :
« Sapristi, c’est original comme nom pour un chat ! »
Et puis, il ne put plus retarder le moment de la rencontrer. Il se dit que si Gauvain avait franchi le pont de l’épée pour sauver la reine Guenièvre, il pouvait bien franchir ce seuil pour sauver son estomac de la famine.
Bien ce n'est pas encore cette fois que je découvrirai celle qui fait trembler le petit Merlin.. J'aime beaucoup la dernière réflexion de Merlin entre le sauvetage de Guenièvre et celui de son estomac. :)
Et oui, l'apparition de l'ancêtre se fait attendre... comme toutes les bonnes choses. J'espère que la découverte sera à la hauteur de tes attentes. Merci encore pour tes retours réguliers. A bientôt.
La seule petite chose serai que dans la premier chapitre Merlin semble clairement agacé par son nom et au fur et à mesure il fait beaucoup de référence à la légende, peut-être que cela pourrai être intéressant d'expliquer comment il connait si bien la légende (Gauvain est loin d'être le chevalier le plus connus) alors qu'il est quand même jeune en âge et que son agacement pourrai laisser penser qu'il veut se mettre à distance de son prénom et donc de la légende. Cela pourrai, pet-être, être être intéressant d'en savoir un peu plus à ce niveau là et de comment il connait tout ça sur la légende à son âge.
Désolée d'avoir été si longue à répondre à ton commentaire. Je pense que dans la suite j'explique que Merlin lit beaucoup notamment les romans de chevalerie et qu'il est un petit garçon à haut potentiel. En tout cas, merci pour tes remarques constructives. A bientôt.
Merci encore de suivre avec autant d'attention le fil de l'histoire. Tu as raison, ce chat est particulier, mais pas du tout démoniaque. J'espère que tu seras surprise par son rôle. A bientôt.
En revanche, j'aime beaucoup la fin de ce chapitre! Les parallèles entre la vie de Merlin et les légendes Arthuriennes sont totalement logiques et bien amenées.
Merci encore pour ce retour qui me permet d'avancer dans mon écriture. Dans un premier temps, je n'avais pas explicité le quiproquo à propos de "Sapristi", et puis je me suis dit que c'était un juron un peu désuet que les jeunes lecteurs ne connaissaient peut-être pas. Je vais essayer de retravailler ce chapitre en tout cas en tenant compte de tes remarques. A bientôt.