Cette nuit, Julius dormit d'un demi-sommeil, le sommeil qui nous rend spectateur de notre propre vie – enveloppé dans une sensation de douceur, de liberté et d’impuissance. Il entendait très bien les légers gargouillis de la gouttière affamée ; les roulements des volets des dernières maisons éveillées ; le soufflement de la lune qui respire sa royauté ; les froissements de ses draps dès qu'il se recroquevillait en position fœtale, leur tiédeur contre son corps ramolli.
Il sentait aussi des lueurs caresser ses paupières closes : le halo lunaire, les reflets du falot des réverbères projetés contre sa lucarne et le reflet du souvenir, aussi, qui le hantait dès qu’il s’asseyait seulement sur son lit.
En effet, dans son esprit à demi-éteint, il se repassait le fil de sa conversation avec Danaé et lorsqu'il se sentait trop honteux d'avoir réagi d’une façon ou d’une autre, si maladroitement, si sottement, il rembobinait ce lacet un tantinet informe, préférant se tricoter une nouvelle réalité.
Il trouvait ça bien, d'analyser les réalités sous un nouvel angle, d'en modifier les tirs, d'en arquer les trajectoires. Il les tournait et les tournait agilement, s'émerveillait de ce qu'il arrivait à dégoter en-dessous.
Comme il était facile de se réfugier dans le rêve... !
Julius se sentait bien, là, entre les tissus de sa vieille courtepointe, qui grattait parfois contre son cœur un vieux sentiment usé, salé, effiloché, un vieux sentiment d'enfance étroite, pas assez crûe. Il avait le nez enfoui dans Dentelle, dans l'âcre et lacté parfum de son enfance. Il se reposait, ignorait superbement les quelques aboiements dans l'avenue. Le rêve lui apportait tant depuis des années, qu'il se disait. Sans lui, que serait-il donc devenu ?
Il s’ennuyait à voir défiler des ribambelles de gens dans son existence, masqués de sourires crispés et ensevelissant de leur mieux leurs soucis – ceux qui collent, courbent et abîment le dos – entre les coutures de leurs vêtements qui sentent le neuf, le cher.
Le désir de paraître, de plaire.
Cette envie affamée sonnait difforme et élastique sous la dent.
Julius ne voulait pas commettre la même erreur, à se réfugier sous un trait de caractère incohérent aux siens. Pourquoi devrait-il plaire à chacun de ses clients, au fond ? Plaire était pour ceux qui trichent, coincés dans leurs costumes trop serrés de mieux-que-soi, de plein-dans-les-poches, de plein-dans-le-cœur ou de Souriant, tout simplement.
Pourquoi ne pas laisser tomber ces bêtises et revêtir enfin son vrai visage, son vrai costume, celui juste assez large pour évoluer, juste assez étroit pour ne pas trop s’éloigner ? Ils sont douillets, ces costumes dépourvus de cravate ou de boutons de manchette, ils sont bien pratiques pour les activités de tous les jours. Aux yeux de l'intelligent, ils ont tout à fait atteint l’imperfection qui les rendent parfaits.
Tiens ? Cela signifierait-il donc que lui, Julius, médiocre antiquaire, brandissait un dosage de réflexions respectable ?
Il soupira entre les broderies de sa courtepointe.
Pourquoi ne pas demeurer ici, dans cette pièce, dans ce lit, pour le restant de ses jours ? C'était doux, confortable et chatouilleux comme idée. Comme les cils d'une mère vous caressant la joue sur laquelle elle aimerait déposer un baiser.
Oh, il ne serait pas seul – du tout ! Loupiote lui tiendrait compagnie, s'enroulant autour de ses épaules en chantant de toute sa gorge de locomotive. Sa présence ne lui réchaufferait pas uniquement le corps, contrairement à ses plaids. Elle serait aussi comme une petite bouillotte au cœur, ces choses qu'on aime tant presser contre sa poitrine lorsque la neige tempête, par la fenêtre...
Décidément, se nicher éternellement dans le Rêve paraissait la meilleure des idées !
Il pourrait réfléchir. Il pourrait s’évader. Il pourrait éviter le monde et ses habitants un peu bêtes, quand même, bien plus mal dégourdis qu’un canard si on cherchait à vraiment comparer.
Le Dehors faisait peur ; le Dedans était chaud. Le Dehors respirait l’injustice ; au-Dedans, on pouvait l’inventer cette justice sur laquelle on débat tant – tellement sa simplicité paraît inacceptable. Toujours à tout compliquer, les gens, au-Dehors ; bien plus doux et vulnérables ils devenaient, au-Dedans, ces mêmes êtres.
Ses pensées se rythmaient à présent selon le grattage de sa plume contre le papier.
A défaut de disposer d’un carnet et d’une brillante mémoire, Julius griffonnait maintenant sur l’emballage crasseux de son chausson aux pommes acquis chez Quintus le soir dernier, juste avant cette fameuse rencontre avec Danaé. Cependant, dès lors où son poignet se fatiguait, où ses yeux se refermaient, la musique du stylographe fut comme plongée dans l’eau.
La tête de Julius retomba sur le côté, molle et lourde, le fil de ses chimères définitivement coupé. Un peu trop vite, un peu trop brutalement, un peu trop hasardeusement, Julius s’était endormi.
Le lendemain, l'antiquaire avait tout oublié.
*
Le couvercle du sucrier tinta tandis que Julius le repositionnait dans son socle. Devant lui, une énorme tasse de café pigmentée de trois sucres et d'une pincée de sel, une théière fumante et deux tartines dégoulinantes de miel l'accompagnant. Afin de savourer son festin sans le moindre risque d’ « accident », l'antiquaire avait également retroussé les manches de sa chemise fraîchement enfilée. Tout frais également, ses cheveux humides rebiquaient sur son crâne.
Julius dégustait cet instant autant que son café. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas accordé un tel répit au petit déjeuner : au fil des années, il avait pris la fâcheuse habitude de se dépêcher lors de ces heures laiteuses, afin d'accueillir au plus vite son premier client. C'était là encore le Père Métal qui lui avait inculqué ces manies, lui qui se levait tous les jours à l'aube. Le binoclard, du moins, n'avait pas le souvenir d'avoir un jour déjeuné en sa présence. Quand il dévalait l'habituel escalier étroit et grincheux, jadis, juste à l'instant où neuf coups retentissaient dehors, son grand-père s'affairait déjà dans la boutique, à conseiller un habitué ou à astiquer les émotions qui prenaient la poussière, du haut de leurs étagères. Il était méticuleux et Julius, neutralisé par sa permanente nervosité, avait tendance à bâcler ses actes. Le Père Métal avalait le travail, s'en enivrait ; lui le mâchait péniblement.
La tasse crochetée entre les phalanges, les bésicles embuées par la fumée, Julius, bien que très fier d'être parvenu à se défaire de ses tocs, ne pouvait en revanche supprimer le goût amer implanté dans sa bouche.
Cinq gorgées de café n'y remédièrent non plus.
Avec un petit soupir de regret, Julius s'arracha à son sentiment de quiétude. Le cœur mécanique de sa montre à gousset pulsait contre sa hanche, le rappelant à l'ordre.
Eh oui, il était à présent temps d'ouvrir la boutique.
- Hâte de venir à l'encontre de nouveaux êtres humains ? demanda-t-il à Loupiote, pointant l'embout de son museau entre les vapeurs de la cuisine.
Les yeux du chat, ceux qui lui valaient d'ailleurs son nom, étincelèrent au son de sa voix. Sa bouche toute de moustaches sertie, toutefois, demeura muette. Ni un ronron, ni un miaulement.
Avec un énième soupir encore, Julius avança la main pour flatter l'animal au niveau de la pointe du crâne, entre les deux oreilles. Une espèce de mélodie ronflante résonna cette fois-ci.
- Aujourd'hui est une nouvelle journée, et demain en sera encore une autre. Je me demande si je dois espérer en leur banalité ou plutôt en leur originalité. Les traditions sont sécurisantes et ennuyeuses, le changement palpitant et dangereux. Aussi bêta qu'il est, Barthélomeo a bien raison. Que faire, Loupiote, que penser ? Hein ?
- Moww...
- Oh. Oui, ce n'est pas faux... Voilà de quoi me faire avancer dans le désordre de mes questions existentielles. Donc tu y crois ? Une grande inspiration et hop ! on y va ?
Il croquait dans sa tartine de miel ; la chatte croquait l'intensité d'une réflexion.
- Roww...
- A vos ordres, capitaine Loupiote !
D'un bond presque adroit, comme si finalement il n'attendait que ça, Julius se jeta hors du dossier de son siège, congédia tasse et cuiller dans l'évier puis redressa fièrement le col de sa chemise. La boutique lui paraissait plus que jamais poussiéreuse lorsqu'il posa un premier pied sur son plancher, mais il ne préféra pas s'en décourager. « La poussière est douce au toucher, elle est peut-être aussi douce au moral ? » Quelle chance si chacun de ses clients pouvaient se laisser envahir par cette douceur de particule lors de leurs confessions si souvent laborieuses. Il pourrait gagner un temps précieux de cette manière, sans avoir à bombarder les âmes de questions dont il ne désirait pas forcément de réponse, d'ailleurs...
Tout serait indubitablement plus pratique.
Alors qu'il se glissait vers la vitrine pour troquer la plaque « FERME » contre sa sœur « OUVERT », Julius remarqua qu'il y avait déjà une silhouette, plantée devant sa porte, les mains dans les poches et le menton tressautant.
Après s'être félicité de ne pas avoir plus prolongé son déjeuner, l'antiquaire lissa instinctivement son pantalon. Déverrouilla la porte.
- Bonjour, Monsieur. C'est la première fois que vous venez ici, si je ne m'abuse ?
- Effectivement. Je... je m'appelle Hippolyte Pouchanteur, aussi.
Ne sachant pas trop quoi répondre à cette subite déclaration, Julius s'effaça de l'encadrement de la cloison pour lui céder le passage. Hippolyte était un homme très frêle aux manières précipitées. A l'étroit entre deux âges, ce bonhomme perdu avait l'allure d'un oisillon trop vite tombé du nid. Son bec toutefois majestueux endossait sans mal le poids de ses binocles, fines et d'argent, lui acérant curieusement le regard.
N'osant à peine écraser le plancher de ses souliers de cuir, cet étrange personnage voleta jusqu'au comptoir, là où il hésita à déposer ses doigts gantés. Il portait un châle en cachemire dans lequel il flottait complètement, une culotte courte toute fade, sans le moindre charme. Les broussailles ternes qui lui servaient de chevelure s'attachaient en un laborieux catogan lacé avec la ficelle dorée d'une reliure de livre. Le résultat était assez lamentable.
- Seriez-vous le nouveau bibliothécaire ? questionna Julius en fronçant les sourcils.
Ledit bibliothécaire avait pour réputation de ne quitter que très peu le domaine livresque, ce qui expliquerait pourquoi son visage lui était inconnu. Julius ne lisait pas, il considérait cette action comme une totale perte de temps. Néanmoins, il aimait infiniment traîner dans les lieux tels que la bibliothèque, ils débordaient d’une aura magique lui semblait-il, quelque chose de tangible et papillonnant. Établie en arc de cercle au niveau de la Grande Fontaine, cette bâtisse-ci se présentait sous la forme imposante d’une coupole avec de larges et hautes fenêtres et le revêtement blanc parcheminé qu’on retrouve souvent dans les anciens grimoires. En son cœur à la générosité impressionnante, sous le toit taillé en voûte, on faisait face aux plus opulentes étagères du monde, s’élevant à plus de dix mètres de hauteur jusqu’à caresser de leurs coins les mosaïques du plafond. Fortement éclairée, les vitres rejetaient directement le soleil prisonnier contre l’or des bésicles du plus assidu liseur, contre les feuilles étincelantes d’un livre fort ridé, contre les minuscules rouages des échelles coulissantes qui permettaient à des douzaine d’hommes de se sentir flotter dans l’air perchés sur ces échelons, armés de parchemins qui battaient comme des ailes tandis qu’ils filaient d’étagères en étagères.
- Je suis bel et bien bibliothécaire, répondit Hippolyte qui choisissait minutieusement ses mots. L'adjectif « nouveau » est toutefois de trop. Cela fait bien deux ans que j'ai emménagé ici...
- Ah.
Julius rougit légèrement, embarrassé ; Hippolyte se tordit les mains, également peu confiant. Cet entretien promettait.
- J'ai... j'ai un petit problème.
- Petit, vraiment ? Ou grand ? Pas d'euphémisme à l'intérieur de cette boutique, Monsieur Pouchanteur, j'y tiens.
- Euh... un moyen problème, alors.
- Vous avez un moyen problème ?
- Voilà.
Au prix d'une importante hésitation, Hippolyte retira ses lorgnons afin de se frotter les yeux. Verts, ils se surplombaient de cernes rouges. Les ridelles les entourant se recouvraient si soigneusement de mèches rebelles que le binoclard se refusait de croire à une coïncidence, même si les boucles jaillissaient en l’occurrence de partout.
- Et en quoi consiste ce problème, Monsieur Pouchanteur ? Excusez mon indiscrétion, se reprit Julius en surprenant le froncement de sourcils de son client. Il me serait seulement bien compliqué de vous soumettre une émotion si vous boudez l'expression orale de la sorte. Ma foi, je serai en fait d'une absolue impuissance.
L'antiquaire repensa à ses hypothèses sur la poussière émises il y avait quelques minutes déjà. La poussière, bien que douce au toucher, ne savait comment l'être au moral. Hippolyte prendrait donc un certain temps avant de se confier tout à fait.
Julius rabattit les paupières, quelque peu démoralisé. Il se reprit vite néanmoins et d'un raclement de gorge, convia Hippolyte à parler.
- Euh... Un moyen problème, donc. Vous... C'est à propos de la fête de demain soir...
- Excusez mon interruption, mais de quelle fête parlez-vous exactement ?
La figure d'Hippolyte cracha aussitôt un étonnement coriace, suivi de près par un découragement sans borne. Il allait devoir parler un peu plus – l'encoignure de ses lèvres en tressautait d'insatisfaction.
- Vous... vous n'en avez pas entendu parler ?
Il était rageant de mesurer à quel point Julius vivait dans son propre monde, sans jamais se renseigner sur quelque activité extérieure. Pour lui, « demain » sonnait particulièrement doux à l'oreille, car c'était ce même jour qu'aurait lieu son énième rencontre avec Danaé. Une bouffée d’excitation lui étreignit la poitrine mais il se dépêcha de la ravaler. Hippolyte ne parlait certainement pas de cet événement-là.
- Je crois bien que... non, personne ne m'a renseigné sur une quelconque célébration. Que fêtons-nous donc, demain ?
Monsieur Pouchanteur possédait des traits délicats et vigoureux, mais dès qu'il fut témoin de l'ignorance de Julius, ces mêmes traits s'affaissèrent à en perdre leur relief.
- Mais… demain, voyons. Nix de Forgeron va se remettre à chanter et à danser aussi afin de célébrer l’arrivée de Noël. On trouvera également à cette fête pleines d'autres surprises ! Des jeux, des concours... Ce gala aura lieu au Kiosque Abandonné, rue des étoiles volées, 21 heures tapantes.
Julius sentit son cœur fondre dans sa poitrine, puis glisser tortueusement le long de sa carcasse recourbée. Ce ne pouvait être un hasard… Danaé l’avait bel et bien convié à cette fête, à cet antique kiosque presque effondré qui jouxtait par ailleurs un café-bar fort réputé. L’antiquaire s’abîma soudain dans un merveilleux sentiment aussi moelleux que pelucheux. Le sang qui filait dans ses veines bouillonnait, accélérait l’allure. Quittait ses pieds, aussi. En effet, Julius avait présentement du mal à tenir debout, comme si ses jambes – ses si solides jambes d’accoutumée – s’étaient transformées en énormes morceaux de gomme mie de pain. En ce qui le concernait alors, il n’était plus bien décidé à se rétablir sur Terre. Quel privilège de pouvoir grimper sur son propre nuage, cotonneux et sucré, de s’étaler entre ses mousses, sans que personne ne sache comment t’arracher à cette période flottante, heureuse !
Pourtant, Julius se savait déjà atterrir.
De murmure presque indistinct et ténu, la rumeur d’un retour à la réalité s'était ensuite faite petits mots ronds et rassurants, puis gros débit verbal difficile à apprivoiser. Peu à peu, elle avait gonflé, enflé, débordé – tant elle était à bout de souffle. Et enfin, le binoclard s’était retracé un sentier jusqu’à un autre binoclard d’ailleurs, plus petit, plus fragile, moins nébuleux pour sa part.
Hippolyte avait réussi à le brûler d’un seul regard.
- J’ai un moyen problème, Monsieur l'antiquaire à émotions. Et si vous êtes encore trop ensommeillé, si vous vous trouvez encore dans les « vapes » comme le précisent les jeunes d’aujourd’hui, je vous prierais de regagner votre lit, ou la réalité en cherchant un seau d’eau glacée dans votre cuisine. Je me ferais moi-même un plaisir de vous le déverser sur la tête.
Sur ce, entre deux frissons cristallins, le bibliothécaire se retroussa le nez, les manches, et attendit. Bien heureusement, ses menaces directes avaient atteint leur destination : le cerveau épineux de Julius.
- Je… vous écoute, murmura ce dernier en se rendant aussitôt compte de son erreur professionnelle.
« Ne jamais se laisser aller ; écouter » : c’était une instruction bien plus difficile à respecter que ce dont on pourrait penser. Julius comprenait à présent pourquoi le Père Métal redoutait ainsi chacune de ses réflexions trop intenses… Ces pensées sinueuses faisaient de lui un bien bête antiquaire, ou alors de bien fragile niveau. A première vue, personne n’aurait pensé qu’il exerçait en fait ce métier depuis dix ans…
Et ce n'était pas comme si Danaé avait choisi la bonne épice à ajouter, celle qui soulignerait ses qualités. Au contraire, même. Avec l'allumeuse de réverbères dans sa vie, Julius sentait ses défauts bien plus accrus qu'à l'accoutumée.
A cause d'elle, en plus, il n'était même plus en possession de ses brochures pianotées au bord de la Grande Fontaine, ni même d'une machine à écrire valable. Il devrait sans doute convoquer Vulcain afin de remédier aux dégâts causés. Cela permettrait également de refaire le point quant aux émotions du mécanicien...
- Voyez-vous, Monsieur, je suis un peu ce qu'on appellerait un homme de foyer...
Sans prévenir, Hippolyte avait ébauché sa confession. C'était du moins ce qu'il laissait transparaître avec ses airs de ceux qui ne veulent pas parler du tout pour ne pas trop dire. Il hissait à travers ses bésicles un regard lointain, se tordait furieusement les mains et haussait ses sourcils ébouriffés jusqu'à transformer son front en accordéon. Les plis sur ses lèvres s'étaient accentués : on aurait dit qu'il voulait qu'une partie de ses paroles se coincent dans ces creux.
- Pour tout avouer, je déteste le monde et ses coutumes. Les gens sont bruyants et égoïstes, on dirait des automates mal huilés. Au lieu de construire comme ils le promettent toujours, ils s'emploient à tout casser, à renverser le bonheur, la nature, la beauté. Ils sont dangereux et de fait, l'univers l'est devenu aussi. Voilà, je hais Gilding et je préfère bien plus déployer la totalité de ma concentration sur les pages odorantes d'un livre – les seuls êtres auxquels je témoigne un véritable respect, ceux-là. Je passe donc des chapitres assez volumineux de ma vie cogné aux murs de ma chère bibliothèque, ne levant les yeux de mes ouvrages qu'à un unique moment de ma journée : lorsqu'un client en quête de conseils pense en récupérer auprès de moi.
Julius esquissa un mouvement de menton en signe de continuité : cela devenait intéressant.
- J'aime lire, voyez-vous, j'adore ça plus que tout au monde... Pourtant, quelque part, je ressens comme un manque. Des centaines de pages avalées en une heure ne me préservent aucunement de cette sensation, bizarrement – des milliers non plus. J'ai l'impression que justement, tout ces mots ingurgités m'entraînent vers l'indigestion. J'aimerais vivre, en fait, Monsieur. Vivre autrement qu'à travers des œuvres, des œuvres qui ne peuvent m'être dédiées avec ça. Ou sinon, le plan B serait de disparaître. Se faire complètement oublier.
De la sueur en abondance emperlait son front. Néanmoins, le bibliothécaire haussa au même moment une épaule, comme pour atténuer le profond sens de ses paroles. A ses gestes soudain brusques, on aurait dit qu'il préférait se faire prendre pour un fou plutôt qu'être conseillé. C'était un cas tout à fait étrange, tout à fait fascinant.
Julius n'était pas enclin aux grands élans démonstratifs mais il ne put retenir le bond de sa main vers la sienne. Le récit d'Hippolyte l'avait bouleversé, lui et ses binocles basculées au bout de son nez. Le bibliothécaire avait eu la même idée que lui en soi : lâcher la vie et se terrer avec un livre ou des réflexions sous un plaid – l'antiquaire se souvenait maintenant de cet idéal émis la nuit.
Désormais, il réalisait ce que cela impliquait dans son exactitude.
C'était un peu comme mourir à soi-même, d'une façon ou d'une autre. Se refuser la vie. Et plus que tout, il s'agissait d'un choix immensément lâche.
Il leva ses yeux brouillés vers ceux d'Hippolyte – aux reflets d'un horizon pluvieux. Pour la première fois, ses traits tourmentés se détendaient. Un sourire peu droit, plutôt bancal en fait, grelottait tout neuf sur ses lèvres mornes. Julius tendit la main au bonhomme et à son sourire. Leurs doigts s'étreignirent maladroitement, fermement. Un peu comme on étreindrait un espoir fuyant, gonflé à bloc et sur le point d'éclater. Une amitié scellée, une promesse déclarée.
Du mieux qu'il le pouvait, Julius allait essayer de l'aider.
Très lentement, avec un calme et une tranquillité hors norme, l'antiquaire se détourna du client, reprenant les dés professionnels. Ses doigts osseux, sertis de phalanges noires et crochues, ruisselants de veines saillantes et de tâches de bienveillance s'élancèrent dans une danse gymnastique au fil des étagères. Ils caressèrent au passage plusieurs fioles étiquetées des mots « Apaisement », « Mélancolie », « Extase », s'arrêtèrent finalement au niveau des sept lettres « Courage ».
Il s'agissait d'un flacon aux couleurs automnales, très vives et très fines à la fois, bien que toujours fort distinguées. Un peu comme le pelage d'un renard en mue. Il se terminait par un bouchon d'un noir brillant, que Julius s'empressa de décapuchonner pour réaliser son cher rituel. Ceci fait, il le tendit à un Hippolyte attentif :
- Du Courage, Monsieur Pouchanteur. Croyez-moi, il s'agit de l'émotion la plus utile qu'il soit.
Très beau travail sur le monde intérieur de ton héros qui prend encore plus d'épaisseur et devient encore plus attachant!
Je trouve que ton style s'affirme ! Tu as toujours cette générosité de mots, ces couleurs inédites mais elles se mettent de plus en plus au service du récit au lieu d'être un paravent derrière lequel tu cachais tes émotions.
Encore un chapitre tout doux. J'ai l'impression de ne faire que me répéter, car j'ai oublié ce que j'ai écrit dans mes commentaires précédents xD Je me désole de ne pouvoir lire le récit d'une traite et de ne pouvoir pleinement le comprendre, mettre bout à bout les chapitres, retrouver le sens du texte, les associations, les petits indices perchés dans un coin de paragraphe... Bref. Cela n'enlève rien au plaisir que j'ai à lire ta plume riche et dense, pleine d'images et d'émotions. Parfois, c'est même un peu trop dense, haha. Non pas que ce soit lourd, je pense qu'il y a une nuance. Je me souviens très bien avoir écrit que, justement, la richesse de ta plume conférait au texte une certaine légèreté penchant vers le rêve. C'est plutôt qu'il y a beaucoup d'informations à "ingérer" d'un coup, de réflexions toutes hyper intéressantes mais un peu trop "serrées" si bien que je me perds un peu, n'ai pas le temps de toutes les apprécier, perds un peu le fil de l'intrigue.
Je ne discerne pas la tension, les enjeux de l'histoire qui, finalement, créent du suspens, tu vois, quand le lecteur commence à se dire "Mais comment il va faire ? Il est dans la mouiiiiiise !" ça provoque de la curiosité et de la tension, il faut qu'on sache comment il va faire xD. Quand les dominos vont-ils commencer à tomber ? Quand Julius sera-t-il mis "au pied du mur" ? Comment va-t-il faire pour se sortir de "ce pétrin" ? Il m'avait semblé que les dominos ont commencé à tomber au moment où Julius a commencé à penser (un peu beaucoup) à Danaé mais il y a eu comme un retour en arrière ; rien n'a semblé "changer" dans son quotidien, se bousculer de manière "radicale". Bon, c'est vrai que dans la "vraie" vie, les choses ne sont pas si distinctes, visuelles... peut-être est-ce voulu ?
Parmi toutes ces réflexions-descriptions, un peu d'actions (pas l'action superman à la rescousse, hein, les actions avec le corps, les décisions) permettrait d'éclaircir (comme on éclaircit une forêt pour laisser entrer la lumière, révélant ainsi toute sa beauté) le texte, je pense. Il me semble d'ailleurs avoir peu rencontré de verbes de mouvements d'ailleurs, (tels que marcher, courir, etc.) qui concernent directement Julius, ce qui donne une impression statique, même si Julius évolue intérieurement, il manque cette dimension extérieure qui le mettrait à rude épreuve et le révélerait dans ses retranchements, alors on accèderait à beaucoup plus de facettes de sa personnalité.
Enfin, voilà mes impressions. Je ne sais pas si cela rentre en accord avec la vision que tu as de ton récit, ma foi, je suis sûre que ce texte "a atteint l'imperfection qui le rend parfait" ! ;-D
J'ai hâte de lire la suite, quand Julius rencontrera Danaé !
Des petites phrases que particulièrement aimé <3
"Comme il était facile de se réfugier dans le rêve... !" Oh, que c'est vrai ^^ Je me demande à quoi rêve Julius d'ailleurs ;-)
"Aux yeux de l'intelligent, ils ont tout à fait atteint l’imperfection qui les rendent parfaits." ça aussi, c'est si vrai. *Dominos.* regorge de citations, c'est fou.
" - Effectivement. Je... je m'appelle Hippolyte Pouchanteur, aussi." Le "aussi" m'a bien fait rire. C'était inattendu !
Sur-ce, je te souhaite de giga cool vacances et de réussir avec Galli ! Une avalanche de feuilles d'automne en forme de cœur ^^
Je ne sais pas quoi répondre à cet immense commentaire si doux, bienveillant, constructif... Lescomsparfaitsdeprupru : ce devrait être une légende universelle, ça. Je n'arrive pas à croire la chance que j'ai de t'avoir dans mes lectrices <3 Merci, merci...!
Peu importe si tu te répètes, Monsieur Doute aussi n'est qu'un gros radoteur et l'important est que le cœur y est, tout simplement. Voilà <3
Haha, je me souviens presque à nostalgie du temps du Monde des Nuages, lorsque tu jugeais mon texte trop lourd. De trop lourd on est passé à trop dense. Ce qui est déjà une petite réussite en soi ^^ Pour l'avenir, je tends à garder cette densité dans mes textes bien qu'en éliminant ce "trop" qui chagrine. Je comprends ce que tu reproches au texte par ce "manque d'action" (encore xD) ce à quoi je ne pourrais répondre que deux piètres justifications : 1) j'aime trop les descriptions 2) je crois que je veux écrire une histoire un peu "psychologique" dont une grande partie, de fait, se déroulera dans la tête et dans le cœur de Julius.
Malgré tout, ces justifications demeurent justifiables qu'à moitié seulement... Je vais tenter d'aérer tout ça, promis, promis <3 Ce que je crains le plus, je crois, c'est que mon texte en devienne "mort".
Aller... En te souhaitant non pas une tartiflette de bonheur cette fois (faut être modeste) mais une tarte à l'inspiration ! (parce que le sucre, c'est bon !)
A bientôt <3
Pluma.
J'ai bien pris mon temps pour lire tout ça mais c'était pour en profiter le plus longtemps possible parce que woaaah, qu'est-ce-que c'est beau ! C'est le genre de récit tout doux dans lequel on vient piocher quand on a besoin d'un peu de chaleur.
C'est drôlement bien écrit et original avec des associations de mots un peu alambiquées, dont on n'a pas l'habitude. J'aime beaucoup, tu le maîtrise bien et je n'ai pas hésité à relire quelques passages juste pour le plaisir de ta plume. Après (c'est juste mon ressenti, j'ai peut-être complétement tort) ce genre de style, tout en image, peut avoir tendance à alourdir le texte quand on en abuse, donc attention de ne pas "en faire trop" ^^
Tu nous dévoiles cet univers avec justesse et parcimonie et c'était une bonne surprise de voir qu'il y avait une continuité dans ton récit et que tu ne t'es pas contenté de chapitres qui pouvaient se lire les uns indépendamment des autres. Chaque personnage est unique, tes descriptions les rendent parfaitement tangible et chaque rencontre apporte quelque chose de nouveau à Julius et lui permet d'évoluer, ce qui est une idée formidable !
Bref, je serai là pour lire la suite, évidemment :D
PS : Je suis fan des titres de tes chapitres <3 Et, si je peux faire ma curieuse, tu n'es pas obligé de répondre, pourquoi "Dominos" ? (la raison est peut-être évidente et je suis passée à côté, ou bien je manque de culture, ce qui est aussi possible)
Pourquoi "Dominos" ? Tout d'abord parce que je trouve cette association de syllabes très jolie, très "ronde" ; elle reflète bien, je trouve, l'ambiance insérée dans cette histoire. Au fil du récit, ce titre revêt aussi plusieurs sens assez métaphoriques. Je ne les révélerais pas ici : après tout, c'est peut-être préférable que tu les découvres par toi-même au fur et à mesure de ta lecture ;)
Merci encore, et à très vite sur *Chapelière* !
Pluma.
"Comme il était facile de se réfugier dans le rêve... !"
"Sans lui, que serait-il donc devenu ?"
Je reviens là-dessus plus tard dans mon commentaire, mais tu te doutes évidemment que ces petites phrases me touchent en plein cœur et que je fais "oui oui" avec la tête. <3
"Pourquoi ne pas demeurer ici, dans cette pièce, dans ce lit, pour le restant de ses jours ? C'était doux, confortable et chatouilleux comme idée. Comme les cils d'une mère vous caressant la joue sur laquelle elle aimerait déposer un baiser." Ah, comme je vois tout à fait ce sentiment ! Parfois ça m'arrive de rire quand je me mets au lit, tant j'aime m'emmitoufler sous la couette qui me promet plein de beaux rêves. C'est si agréable de reconnaître ce sentiment sous ta plume :)
"Le Père Métal avalait le travail, s'en enivrait ; lui le mâchait péniblement." J'aime beaucoup cette image, et avant elle je me rendais compte de cette présence très particulière de son grand-père à travers l'espace et le souvenir. Elle rend la maison vivante, elle qui n'est pourtant pas si désagréable, et cette place laissée au passé (littéralement) permet aussi de comprendre ce qui fait le présent de Julius. :)
"Il croquait dans sa tartine de miel ; la chatte croquait l'intensité d'une réflexion." Oh <3
"La poussière est douce au toucher, elle est peut-être aussi douce au moral ?" Tu reprends cette question plus tard, mais je ne l'aime pas moins. Je dois dire qu'elle me bouleverse assez, et que je vois bien la béance des parallèles qui peuvent être faits. Leurs images me viendront plus tard, car pour l'instant je crois que je n'ai envie que d'en apprécier les sensations. :)
"Après s'être félicité de ne pas avoir plus prolongé son déjeuner, l'antiquaire lissa instinctivement son pantalon. Déverrouilla la porte." L'absence de description de l'arrivée (ou de la présence au pied de la porte à déverrouiller) de cet autre personnage me surprend un peu, mais tu cherchais peut-être ce contretemps intentionnellement...?
"Ledit bibliothécaire avait pour réputation de quitter que très peu" de ne* quitter que très peu, non ?
"Julius ne lisait pas, il considérait cette action comme une totale perte de temps." C'est bien surprenant, de la part de quelqu'un qui aimait tant rêver quelques lignes plus haut ! En même temps, sa façon de rêver trouve tellement son écho dans le moindre recoin de la maison que ça ne m'étonne pas tant que ça non plus. Ou n'est-ce pas là la différence entre la rêverie et le rêve ? La rêverie, qui s'égare dans les plis de sa maison, qui se dilue dans l'espace ; au contraire du rêve qui se recentre entre les doigts par le livre, ou sous les paupières par le sommeil ? J'ai tendance à croire que rêver et lire convoquent beaucoup de choses similaires (mais ce n'est que ma théorie), et ça expliquerait un peu cette réflexion de Julius... qui se dilue d'ailleurs dans les émotions des autres (ta première partie) mais éprouve quelque difficulté à se recentrer sur lui (ta seconde partie)...?
"Vous avez déjà entendu parler de la fête de demain soir, naturellement ?" Cette question me paraît un peu curieuse, puisqu'elle semble posée comme si Hippolyte n'était pas si sûr que Julius en ait entendu parler. À mon sens, soit on devrait avoir conscience de ce doute un peu insistant d'Hippolyte qui cherche à s'assurer que Julius va savoir de quoi il va parler, soit cela devrait être plus évident, un peu à la "- C'est à propos de la fête de demain soir... / - Excusez-moi, mais de quelle fête parlez-vous ?". Bon, j'ai conscience que ça fait très tranché présenté de cette manière, alors qu'il s'agit d'un détail avant tout.
"Il rabattit les paupières, quelque peu démoralisé. Il se reprit vite néanmoins et d'un raclement de gorge, convia Hippolyte à parler." J'ai dû me relire car je me suis demandé un quart de seconde si c'était Hippolyte qui fermait les yeux. Peut-être qu'un premier "Julius" éviterait par ailleurs la répétition du "Il" ?
"tout ces mots" tous*
"Il leva ses yeux brouillés vers ceux d'Hippolyte – aux reflets d'un horizon pluvieux. Pour la première fois, ses traits tourmentés se détendaient. Leurs doigts s'étreignirent maladroitement, fermement. Un peu comme on étreindrait un espoir fuyant, gonflé à bloc et sur le point d'éclater. Une amitié scellée, une promesse déclarée." J'aurais aimé voir cette promesse naître dans le comportement d'Hippolyte, pour que la réciprocité soit tout à fait entière...
Ce chapitre me surprend assez (dans le bon sens) et je le trouve très bien pour plusieurs raisons. Celles que je t'ai présentées, déjà. Mais surtout, je trouve qu'il permet vraiment de faire le lien entre tes première et deuxième partie. Si j'attends toujours de voir comment Julius évoluera, ça m'a permis de clarifier un peu (si je ne fais pas fausse route !) la dynamique de ton histoire. Au début, je me suis dit que l'on gagnait peut-être un peu en lenteur à repousser son rendez-vous avec Danaé, mais je crois tout compte fait que cette boucle est bienvenue et prépare bien le terrain. J'aurais presque eu envie que l'on vive cette prise de conscience sous les mots de Julius, et qu'à travers sa promesse d'amitié envers Hippolyte, et la choix du flacon de Courage, il soit peut-être aussi question de ce que ça lui fait, clairement, de "se" voir tel qu'il était avant de rencontrer Danaé, ou de se voir tel qu'il aurait pu être s'il avait cédé à sa timidité face à elle...? Si, encore une fois, je ne fais pas fausse route dans ces parallèles. Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé ce chapitre très parlant, et puis j'ai toujours autant de plaisir à lire des sentiments ou des passages écrits particulièrement jolis sous ta plume.
À dès que possible pour la suite. <3
Savoir que tu te reconnais autant sous ma plume m'enracine de ravissement. Je ne pensais pas pouvoir toucher autant mes lecteurs... ("bah voyons, Pluma, c'est que dans les rêves, ça...") Merci, merci, merci à toi <3
"J'aime beaucoup cette image, et avant elle je me rendais compte de cette présence très particulière de son grand-père à travers l'espace et le souvenir. Elle rend la maison vivante, elle qui n'est pourtant pas si désagréable, et cette place laissée au passé (littéralement) permet aussi de comprendre ce qui fait le présent de Julius. :)" C'est très vrai. En écrivant cette histoire, je me suis rendue compte de l'importance des "ancêtres" dans cette boutique et dans le cœur de Julius. (mais comme lui ne peut les avoir tous connu, il rattache donc l'entièreté de son admiration et de son effroi à son grand-père) L'image du souvenir m'étant indispensable, je n'envisageais pas d'écrire sans l'apporter ici, entre les émotions embouteillées et les petites réflexions de Julius. Si un souvenir rend donc la maison vivante, on peut dire que j'ai réussi mon coup :)
Pour moi aussi, lire et rêver sont deux images qui se convoquent, mais à travers Julius, j'ai cherché à donner une autre image, plus indescriptible du rêve. On ne peut lire sans rêver mais on peut rêver sans lire. Ce qui rend peut-être le rêve plus puissant que la lecture...? Si Julius ne lis pas , s'il rêvasse plus qu'il ne rêve en fait, je pense que c'est parce qu'il ne prend pas le temps. Julius se presse pour pas grand-chose, et il n'y a aucun intérêt à se presser, en lisant. (je vais m'arrêter ici, sinon je sens que je vais m'égarer.)
Merci aussi pour tes suggestions, elles vont m'être utiles ! <3
En tout cas, je prends avec une infinie reconnaissance tout le temps et tout l'intérêt que tu portes à Dominos ; et dès que je publie un chapitre, je suis dans la hâte de savoir ce que tu en penses, de quel œil tu vois cette histoire... Alors une fois encore, (bien qu'à la longue ça peut paraître désuet) merci du fond du cœur !
Bonnes inspirations à toi et à bientôt sur Loup ! :D
Pluma.