Dans une petite pièce, en un coin reculé du hangar abritant les aéronefs, une lueur est apparue accompagnée d’une brève bourrasque. L’ensemble se condense et se stabilise sous la forme d’un ouvrier lambda qui, après quelques secondes d’immobilité, sort de la pièce et se dirige d’un pas nonchalant vers un des vaisseaux. Après s’être assuré qu’il n’avait pas attiré l’attention, il se hisse dans un des appareils. Une fois à l'intérieur de celui-ci, soulevant une trappe de contrôle, il fourrage à l’intérieur, mais sa manœuvre est quelque peu différente de celles de ses nouveaux collègues.
Quelques minutes plus tard, s’étant assuré que personne ne surveillait l’appareil, il se laisse glisser au sol et du même pas nonchalant s’en retourne vers la partie du hangar d’où il est arrivé. Soudain, une voix l‘interpelle :
« - hé, toi, viens nous donner un coup de main, ça urge ! »
Faisant un geste de dénégation, l'être désigne du doigt une porte peinte en jaune, située à une vingtaine de mètres et portant le signe reconnaissable : cabinet d’aisances.
- Moi aussi ! » répond-il, détalant en direction de la porte.
X X X X X
Le jour se lève.
Narwen, accoudé à son bureau, l’esprit vide, parcourt lentement du regard sa surface. Son attention se fixe sur un objet hors d’âge. Il y a des millénaires, il était déjà rangé dans la case des artefacts anciens. Le dernier cadeau d’un ami du passé, tué lors de l’ultime bataille de l’ultime défaite. Une scène surgit alors en sa mémoire :
Trevsha lui tend un petit paquet mystérieux accompagné d’un sourire et de paroles sibyllines. « Je t’offre l’éternité en cadeau. Elle ne sera interrompue que si ta main, devenue divine pour un temps, n’intervient pas. ».
« Trevsha, le dernier de la lignée de sept bricoleurs de génie, entre autres qualités. Trevsha, le poète, dont les formules énigmatiques enrobaient de lumière, la réalité la plus banale, soliloque Narwen. En sept générations, toi et les tiens avez fait faire un bond prodigieux aux technologies de notre Peuple. Mais, comme vous pouviez être très chiants par moment !
Quand je t’ai demandé ce que tu entendais par là, tu m’as juste répondu : tu verras... N’ouvre jamais la cloche sans pompe à vide inversable, munie des filtres les plus fins que tu puisses trouver. Jamais d’air ambiant. Pose-le toujours sur une surface bien plane. Pour activer le mécanisme, appuie sur le personnage du mois de ta naissance. À faire une fois par an, au cours de ce mois, sinon tu perds une partie d’éternité. Sans un mot de plus, tu es parti, absorbé dans tes pensées. C’est la dernière fois que je te voyais, mon ami.
J’ai, alors, défait le paquet, levé le couvercle de la boite et découvert un sablier, plus précisément une clepsydre. Tu avais entièrement fabriqué, pour moi, un compte-temps muni d’une étrange mécanique !
Un clin d’œil aux nombreuses conversations que nous avions eues à propos des saisons, du temps qui passe, de sa quantification, si nécessaire en physique, donc concret et pourtant demeurant si énigmatique.
Problème de cette éternité de l’Univers qui semble avoir eu un début, mais n’aurait pas de fin... Ou alors entrelacs des temps de multiples univers ? Questions éternelles que doit se poser tout être intelligent dans l’univers, le percevant, en subissant les conséquences, mais ne le maitrisant pas et n’en comprenant pas la nature réelle.
Questions, dont les réponses risquent bien, un jour, d’ébranler nos certitudes actuelles.
Ce mécanisme, je devais le réarmer une fois par an, en mai. Mais… presque un million d’années plus tard, sans intervention de ma part, ton invention fonctionne-t-elle encore ?...
« On va voir ! » Joignant le geste à la pensée, Narwen le réarme en appuyant sur l’image qui illustre son mois de naissance.
« Rien ! … Bon, je crois bien que ton œuvre n’a pas survé…
Un discret ‘Tic’ provenant de l’appareil, surprend alors Narwen. Plus vite que l’œil puisse le percevoir, le réservoir bascule et se retrouve en haut. Une goutte perle et tombe dans le réceptacle inférieur. Une voix aigrelette, celle de Trevsha, se fait alors entendre :
« -taux hydrométrique trop bas,
-et taux d’oxygène trop haut », poursuit une autre voix
Narwen se fige une fraction de seconde, puis se retourne brusquement. En face de lui se trouve Vifkla.
- Triple imbécile, il reste immobile un petit instant reprenant son souffle, tu m’as foutu une de ces frousses ! il désigne le sablier de l’index. J’ai cru que Trevsha avait franchi la barrière ! Ce n’est pas que cela me gênerait outre mesure, mais que chacun reste où il est !
La voix de Trevsha se fait alors entendre de nouveau : « taux hydrométrique trop bas »
- Ça va, j’ai compris. Je vais faire le nécessaire ! Je ne vais pas me laisser emmerder par un spectre, même si c’est celui d’un de mes meilleurs amis.
- Narwen, tu devrais parler sur un autre ton à tes amis !
Moment de flottement silencieux… Puis Narwen commente à l'adresse de Vifkla :
- Pas de panique, j’ai compris ! Messages préenregistrés, mots-clefs, l’intelligence et l’humour très spécial de Trevsha, tout cela enfermé dans un micro-ordinateur. De nouveau, la voix aigrelette de Trevsha se fait entendre :
« Bravo Narwen ! Bon anniversaire et à l’année prochaine. »
« À l’année prochaine, Trevsha. ! »
Il se retourne vers Vifkla et s’excuse :
« On ne sait jamais ! Des fois, que… si on ne lui répond pas, l’ordi risque de se remettre en marche. »
Vifkla pose trois doigts sur la bouche et dodeline plusieurs fois de la tête en signe d’acquiescement.
« - Bien. Revenons à nos Kals. Tu disais que… Ah oui ! Le taux d’oxygène est trop haut ! Mais ça, je le savais déjà.
- Désolé, mais quand je suis rentré dans la pièce, j’ai cru que tu parlais à quelqu’un. J’ai juste complété la phrase à propos du problème que l’on trouve à l’extérieur. Je venais te prévenir que l’on peut sortir les aéronefs.
- Parfait ! Tu transmets à l’équipage du F2-Q : Procédure de vérifications aux limites supérieures des hautes couches atmosphériques, sans oublier la phase stationnaire. Quelles conditions météo ?
- Le jour se lève ; mêmes conditions qu’hier et cette nuit : ciel dégagé, pas de nuages. À signaler que l’amplitude thermique nocturne est sensiblement la même que celle que nous connaissions, mais avec, comme pour la journée, la perte de Syb.
- Si ce n’est pas déjà fait, tu donnes l’ordre de sortir de stase le plus ancien de nos météorologues. Il aura l’honneur d’être le premier à dresser le tableau journalier des conditions météorologiques de cette nouvelle ère.
- Et lorsqu’il aura rejoint ses ancêtres, que son nom soit donné à une nouvelle station météo.
- Nouvelle ère, nouvelles mœurs : on le fera de son vivant, quand il quittera ses fonctions. Qu’il puisse jouir du plaisir de voir son travail reconnu !
Pour le chasseur : Procédures de vérifications en vol. Circuit de vol : trente kilomètres autour de la base. Bien vérifier la consommation énergétique de l’écran d’invisibilité, poussé au maximum, sur le temps le plus long possible. Nous sommes les locataires de nouvelles terres qui nous sont totalement inconnues, donc, pour les aéronefs de combat subspatial, on va rester le plus possible en mode furtif.
Puisque nous en sommes au ciel et à l’espace, l’astrophysicien qui, selon le protocole, a été sorti de stase hier, était-il opérationnel cette nuit ?
- Je n’en sais rien.
-IRAL
- Bonjour Narwen !
- Bonjour IRAL. Un astrophysicien de service, cette nuit ?
- Oui. Il m’a remis son rapport, ce matin.
- Tu me le résumes de manière concise et pour un Exerys moyen, merci !
- Une seconde…voilà : c’est le bordel !
- Bravo ! jamais un rapport d’astrophysicien n’a été si laconique. Quelques détails pertinents tout de même ?
- Pas mal d’écarts entre ce qui a été calculé lors des projections et le ciel actuel. Apparition de nouvelles étoiles, disparition d’autres. Le plan écliptique nous amène à une année de 365,25 jours au lieu des 371,025 prévus. À première vue, en ciblant nos repères lunaires, Exerys s’est incliné de quelques degrés. Fait le plus marquant lors de cette première nuit d’observation : un nombre incalculable de corps inconnus, de toutes tailles, a perturbé les prises de mesures. Il semblerait qu’un nuage de matière indéterminée entoure la planète.
- Donc, par mesure de précaution et en attente de renseignements plus précis, nos vaisseaux spatiaux ne peuvent actuellement, dépasser le point de libération.
- Mesure statistiquement préférable/
- Merci IRAL. Je vais prendre mon premier repas du jour, si besoin, tu me joins par l’autre canal.»
Debout devant une petite table haute, Narwen regarde son assiette avec un manque évident d’enthousiasme. Trois portions de viande reconstituée, dont la couleur et le léger fumet exciteraient les papilles olfactives et gustatives d’un charognard de bas étage. Il se remémore ses chasses d’antan, le goût du sang et de la chair fraiche transcendé par les molécules produites par le stress de la victime. Même leur ennemi avait meilleur goût que cette « chose » trônant dans son assiette… Heureusement, l’eau servie est fraiche, mais … c’est également de l’eau en conserve ! En soupirant, il constate qu’il va falloir se contenter de ce régime encore pour six mois, peut-être moins… se rassure-t-il, si les kals se reproduisent facilement. Tout en mâchant mélancoliquement la viande reconstituée, il perçoit un signal. Portant une main à l’oreille, il bouche avec un doigt son conduit auditif.
« - Oui IRAL.
- Pilote au rapport dans ton bureau !
- Dis-lui que j’arrive. Terminé !
- Et alors ? On ne dit pas merci ?
- Merci IRAL ! »
Si je tenais ses programmateurs qui ont confondu subtilité et susceptibilité ! fulmine Narwen in petto.
Au terme d’une poignée de minutes, Narwen, ayant rejoint son bureau, en pousse la porte. Un Exten est penché sur la table de travail, regardant attentivement l’horloge et la clepsydre.
« - Toujours aussi fasciné par mes deux joujoux, Plygfac ?
Plygfac se retourne vivement et se met au garde-à-vous.
- Toujours Tseschen !
- Repos. Je reconnais qu’il y a de quoi !
- Je me demande si l’installation d’appareils mécaniques, ayant les mêmes performances que vos deux ‘joujoux’, ne serait pas bienvenue, en doublon dans nos appareils volants. Surtout quand on subit un orage solaire à 30 000 m ! Cela m’est arrivé et je vous avoue que je n’ai pas du tout apprécié l’expérience : presque toute l’électronique était devenue folle. Heureusement, je venais d’entamer ma descente, sinon vous seriez venus récupérer mes morceaux entre quelque part et ailleurs.
- Je sais, je connais ! Moi aussi, jadis, j’ai été pilote de chasse Plygfac. J’avoue que ton idée n’est pas stupide et qu’une mise à l’étude pourrait être menée. D'autant plus qu'actuellement, nous ne savons pas encore comment notre astre de lumière éternel se comporte. Si son cycle a changé ou pas. Cela dit, j’écoute les conclusions de ton rapport.
- Vol normal, sans problèmes. La consommation d’énergie, en invisible, est normale. Vu d’en haut, le coin est resté le même. Actuellement, l’appareil rentré au hangar est entre les mains des mécanos, pour sa visite post-vol. Pas pris mon premier repas !
- Va vite ! et bien que cela soit devenu de l’humour noir, je te souhaite un bon appétit ! … Oui IRAL ?
- Le F2-Q est rentré, il est dans le hangar en révision post-vol.
- Le rapport de vol ?
- Rien à signaler.
- Où en est-on à l’extérieur ?
- Tous les générateurs d’eau sont opérationnels ; deux serres sont opérationnelles et en cours de plantation ; un pacage est terminé, des kals sont en cours de transfert. En ce qui concerne l’élevage, plusieurs animaux adultes sont en cours de sortie finale de stase.
- Qui a donné l’ordre ?
- Reken Endoewy.
Narwen, peste silencieusement contre l’ordre. Ouai... ! c’est dans tes prérogatives, mademoiselle la Tsezen Endoewy. Mais on va les nourrir comment ? À voix haute, il demande
« - combien d’animaux ?
- Quatre.
- Tu me passes la Tseszen Endoewy, j’ai deux mots à lui dire !
Quelques secondes passent et la voix d’Endoewy retentit dans le bureau.
- Oui Narwen ?
- Tsezen Endoewy ! Comment nourris-tu les quatre bêtes que tu as fait complètement sortir de stase ? Avec l’air du temps et de l’eau de pluie ?
- Ne vous fâchez pas Tseschen Narwen ! Je vais essayer avec des rations dévolues aux Salkes. Juste un essai. Si le bétail refuse, j’aurais au moins essayé. On les abat et même dans ce cas, nous aurons au moins de la viande fraiche pour quelques jours. Pour l’eau, environ quarante-cinq litres par jour, on peut les sortir…
- Ouais ouais… Si le bétail accepte les rations ! TU TE DÉMERDES AVEC LES SALKES ! Je ne suis absolument pas au courant de ton initiative !
- J’ai un argument à faire valoir auprès des Salkes : les plants retenus pour l'expérience ont une pousse rapide. De plus, j’ai demandé que l'on force les doses de nutriments chimiques. Il y aura donc du volume... Pour ce qui est du goût… à eux de juger !
- Bon courage Endoewy ! Terminé. »
Narwen reprend en direction d’IRAL
« - IRAL où en sont les pourcentages de la base intramuros ?
- Cent pour cent.
- Très bien. Rien d’autre à me signaler ?
- Rien. Ah si ! un fait insignifiant : un rapport disait qu’un membre de la base avait disparu. Comptage fait, il ne manque personne !
- En substance, que disait ce rapport ?
- Qu’un ouvrier de la zone aéronef s’est rendu au cabinet d’aisances et n’en est pas ressorti ! L’un des membres de l’équipe de maintenance a voulu utiliser les lieux. La porte était bloquée. L’équipe a dû la forcer, mais il n’y avait personne à l’intérieur. Tout ce qui m’a été rapporté, en plus, c’est qu’à un moment donné, un des ouvriers a remarqué, du coin de l’œil, un éclat de lumière jaillissant de dessous de la porte.
- Et c’est au moment où ils ont enfoncé la porte qu’ils ont signalé la disparition ?
- Peut-être ! Je n’ai pas reçu d’éléments temporels suffisants, pour établir un lien de causalité.
- IRAL, je soumets à ta sagacité ce petit problème. Étant donné un endroit clos sans autre issue possible qu’une unique porte ; étant donné que cette porte est verrouillée de l’intérieur par l’individu qui s’y trouve et une fois verrouillée, ne peut être librement ouverte que par la personne qui s’est enfermée dans ce lieu totalement clos ; étant donné qu’il a été nécessaire d’enfoncer la porte pour constater que les lieux étaient vides, donc en principe que personne ne s'y était enfermé. Problème : sachant que cela n’est pas un tour de magicien à base de double fond ou autres artifices, que s’est-il passé ?
Quelques secondes de silence passent.
- IRAL, tu es toujours là ?
- Oui ! Je cherche une réponse logique… Désolée Narwen, je n’ai pas de réponse !
- Peut-être que la vérité est ailleurs ? classé dans un dossier X.
- J’ai un dossier X dans mes mémoires. C’est là que je dépose les faits ayant engendré des interrogations auxquelles je n’ai pu répondre de manières totalement satisfaisantes. Le problème que tu viens de me poser, par exemple, y est déposé.
- Cherche avec les mots : lumière, lueur, éclair, ou autres mots apparentés par ce sens.
- Trouvé ! Dans le rapport à l’origine de notre conversation : « un éclat de lumière au seuil de la porte »
- À tout hasard, remonte dans tes mémoires, y compris celles chargées des dossiers X.
- Trouvé !
- Déjà ? Cela doit être très récent. Quand ?
- Quelques secondes avant le début de la procédure de réveil de l’abri. Juste avant la mise en route des générateurs de lumière et de ma sortie du mode veille.
- Ne te froisse pas de ma question. As-tu la capacité technique de rechercher des événements similaires au cours de ces 998 527 dernières années ?
- Pas compris le début de ta phrase : Je ne suis ni du papier ni du linge. Pour le reste, j’aurais la capacité de le faire, mais au détriment des autres tâches qui m’incombent… Je vais atteler IRAL 2 à cette tâche. Elle a d’ailleurs en charge les dossiers X.. Cependant, scruter près d’un million d’années va être long. Elle n’a pas, loin de là, ma fabuleuse capacité de calcul.
- Et en plus de ta capacité de calcul, ta modestie !
- Et alors ?
- Rien IRAL, rien ! Merci IRAL ! -»
Silencieusement, Narwen, en souriant, commente sa conversation avec IRAL : en plus d’un sale caractère, je ne savais pas qu’elle était si modeste. À noter.
Ce début d’après-midi s’annonce plus agréable que la matinée un peu trop fraiche à son goût. Les thermomètres extérieurs de la base indiquent, en effet, 34 Syb, soit plus 5 Syb, par rapport au petit matin.
« - Narwen !
- Oui IRAL ?
- Les prototypes des masques respiratoires sont prêts.
- Déjà ! Combien ?
- Trois, un par ethnie. Pour le ‘déjà’ : le problème de la teneur en oxygène et des autres gaz dans l’atmosphère était déjà dans les cartons. Un prototype, avec une fonction ‘plus et moins’ selon la teneur des gaz, était en cours de réalisation quand nous avons été obligés de nous mettre en sommeil prolongé. Une analyse de mes statistiques prédictives m’indiquait un potentiel problème au sujet de la composition de l’air dans l'avenir. J’avais donc décidé de mettre quelques membres des bureaux -Recherches et Conceptions- sur le sujet.
- Que ferais-je sans toi, IRAL ?
-Eéééh oui !... Que ferais-tu sans moi ? Autre chose : Outre le problème de l’oxygène, il existe, entre autres, un très vaste écart entre mes statistiques prédictives et la teneur actuelle en dioxyde de carbone et en monoxyde de carbone.
- Un problème avec la sonde ?
- J’ai vérifié, réponse : non.
- Combien d’écart ?
- Alors ça ? Cela fluctue tous les jours ! Plus ou moins ; mais cela fluctue. Il est inutile que je te donne un pourcentage précis, d’ici demain il sera faux.
- Cela peut nous poser un problème ?
- Dans l’immédiat non. Mais pour la suite, j’avoue que je n’en sais rien. Je n’ai pas assez de recul temporel et quantitatif pour apporter une réponse fiable. Dans une dizaine de jours, j’y verrais plus clair. Ce qui m’inquiète un peu, c’est que si l’augmentation du dioxyde de carbone est la bienvenue, au-delà d’un certain seuil, le monoxyde de carbone est mortel pour nos organismes. On en est encore loin, mais…
- Je fais accélérer la production des masques, pour que tout le monde en ait un rapidement !
- Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans ma dernière phrase ?
- Rien !
- Rien ? Il faut donc que je la reformule toute entière, d’une autre manière, depuis le début ?
- Non ! j’ai tout compris.
- Alors pourquoi m’as-tu répondu : rien ?
- "Rien" voulait dire que j’avais tout compris. Tu comprends ?
- Vous vous moquez de moi, Monsieur le Tseschen ? À moins que vous n'ayez un court-circuit dans ce qui vous sert de neurones ? Pour ma part, mes circuits fonctionnent à cent pour cent ! Je ne vous salue pas Monsieur le Tseschen !
- IRAL ! attend ! C’est juste un problème de linguistique. Il y a des concepts de notre langue que tu ne comprends pas et ….
- Et mon cul, c’est du zituf ?
- IRAL ! Je te prierais de ne pas être vulgaire !
- Vulgaire : qui est commun, ordinaire, prosaïque, bas. Pour ce qui est du commun, je vous signale que j’ai appris cette expression quand j’ai perfectionné mon Exérys, en écoutant les habitants parler entre eux. Pour ce qui est du reste… cela vous va très bien !
- IRAL, je m’excuse ! Je ne pensais pas te froisser quand j’ai dit ce que j’ai dit. Pardonne-moi !
- "Je ne pensais pas te froisser"… Je t’ai déjà dit que je n’étais ni du linge ni du papier. Et c’est moi qui, selon tes dires, ai des problèmes de compréhension de la langue ?
- Je ne pensais pas te vexer et je prie d’accepter mes excuses !
- Excuses acceptées Tseschen Narwen !
-Merci IRAL, tu peux disposer.
À défaut de pouvoir écrire, elle a du caractère notre Intelligence Artificiel ! songe Narwen.