Seule

Par Carl

Elle avait été seule. Durant toute une nuit. Toute une nuit d’angoisse.

Elle s’étouffait allongée. Elle s’étouffait debout. Elle s’étouffait en marchant. En pensant. En pleurant. Elle avait lavé ses petites cuillères. Chacune. À trois reprises. Mais rien n’y avait fait. Elle s’était effondrée dans la cuisine. Assise sur le carrelage glacé. Elle avait pleuré. Toute la nuit.

Entre deux sanglots, lors de courtes respirations, elle l’avait appelé.
Même au milieu de la nuit, il avait répondu. Mais anesthésié. Il n’avait eu ni idées claires, ni paroles rassurantes. Il avait tenté de lui répondre, mais les mots qui étaient sortis de sa bouche avaient refusé de s’assembler en une phrase. Certains avaient même refusé de sortir. Il avait bafouillé quelques absurdités. Elle avait raccroché sans même dire au revoir. Elle avait été seule. Et avait pleuré seule.

Au matin, elle tremblait encore. Immobile dans l’appartement ordonné. Gardienne et captive.
Et puis de l’air s'était infiltré sous la porte. Une odeur de tabac. De café. Et des voix.
Alors, grelottante, pâle et les joues encore trempées, elle s’était levée. Elle avait ouvert la porte. Elle avait laissé entrer l’air. Le parfum du tabac. Du café. L’anarchiste. Et le paumé.

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