Mathilde étouffe. Là, sans bouger, inspiration, expiration, et tout est sombre autour d'elle. Pas un éclair ou un rayon de lumière, pas un bruit. Le silence est affreux à écouter. C'est glacé, ça ne l'empêche pas de transpirer à grosse gouttes. Depuis combien de temps n'a t'elle pas vu la lumière ? Sa peau est craquelée comme celle d'un vieux reptile mal luné qui attend sa fin, sa propre odeur corporel, preuve qu'elle est coincée dans cette endroit depuis longtemps, lui donne la nausée. Ses doigts et ses jambes tordus sont... Sont comment ? Il fait si noir, elle n'arrive même plus à les voir, à peine à les sentir, mais en a-t'elle seulement encore, des doigts et des jambes ?
P***** mais je suis où ?!
Elle tambourine contre les parois en bois (?) noueuses comme des racines, veut les casser, les briser mais elles ne font que se ressérer autour de Mathilde comme un piège.
C'est là qu'elle réalise.
Elle est dans un placard.
Sombre.
Dénué du soleil qu'elle n'a plus.
Mathilde cherche l'oxygène quasiment inexistant. C'est trop éttouffant, ce froid sombre comme un grand drap qui l'enveloppe et l'étrangle comme une corde, pauvre condamnée au gibet parce que crime d'aimer.
Elle appuit de toutes ses forces contre la porte du placard et espère puissement:
Par pitié, ouvre toi s'il te plaît !
Le placard n'est pourtant pas fermé, c'est évident...
Alors elle comprend, plus que ce qu'elle aurait voulu d'ailleurs: quelqu'un lui bloque la sortie, appuit monstrueusement fort sur la porte pour l'empêcher de passer. Cette personne de l'extérieur à la clé du placard, mais cette ordure ne lui ouvre pourtant pas. Autant la laisser mourir ici, elle ne doit plus ressembler à quelque chose de vraiment humain de toutes façons.
Ce ne peut être qu'une personne, une seule ne peut-être capable que de cela: mais bon sang pourquoi tu me fais ça, papa ?!
Seule.
Mathilde se réveille dans son lit, les cheveux collés à son front qui transpire, elle s'éveille en sueurs comme si son corps avait pleuré pour elle.