Shimmering Manor, dimanche 28 octobre 1877

Par Beatrix

 

Mon cher cousin,  Bien qu'il m'en coûte de l'avouer, sans doute avez-vous raison sur ma situation.  Comme vous me l'aviez conseillé, j'ai fait l'expérience d' « oublier » de verrouiller ma porte la nuit dernière. Au matin, quelqu'un s'en était chargé à ma place. Je reconnais avoir été assez irritée par ce fait : j'aurais admis qu'on me réveille pour m'en charger en personne. Même si je brûlais de sortir, j'ai attendu que madame Fooley vienne me « délivrer ». Elle m'a fait part de sa désapprobation et a pris une mine sévère en déclarant que si je me montrais aussi irresponsable, elle ne pourrait promettre que rien ne m'arriverait.  Je lui ai répondu en feignant l'innocence que j'avais égaré ma clef, que je gardais habituellement dans ma poche et qui avait dû glisser dans le jardin. Elle m'a promis de m'en fournir une autre. Si elle tarde trop à le faire, je vais devoir penser à la lui réclamer pour ne pas éveiller ses soupçons. 

Une fois auprès de lady Rafaella, je lui ai fait part – à mots fort mesurés – de mon irritation. Elle a fait le nécessaire pour me tranquilliser, en m'expliquant que madame Fooley prenait sa tâche très au sérieux et qu'elle tendait à se montrer un peu trop zélée. Elle m'a promis de lui parler pour la faire revenir à de meilleurs sentiments.  Je dois avouer, malgré tout, que je ne me sens plus aussi sereine. Une étrange tension semble s'être installée au manoir Shimmering. Peut-être les choses vont-elles progressivement se détendre. Mais je peux saisir à quel point ces faits m'ont affectés : ce soir, en m'installant face à la coiffeuse, mon visage m'a parut étrangement changé, plus dur, plus insensible...  En attendant de vos nouvelles,  Votre cousine,  Elisand Hartley 

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